Une garce peut en cacher un autre.1/2

 Chiara

— Chiara je t'attends dans mon bureau. Tout de suite.

La communication avec mon petit ami a été tellement rapide, que j'ai encore le crayon avec lequel je dessine dans la main suspendu au-dessus de mon croquis.

Sans attendre, une boule d'angoisse coincée au fond de ma gorge, je préviens Carla ma costumière en chef, que je dois descendre au second.

Pourtant, depuis New-York, je sentais Lisandro soulagé, libéré d'un poids, surtout après tout avoir avoué à Lucia, et à nos amis, le lendemain de la bombe lâchée par son ex Livia. Même s'il est absolument certain que Livia n'attendait pas leur enfant, il était en colère et haineux envers Stephano et Livia. Je comprends tout à fait, ce qu'il a pu ressentir en l'apprenant, car si de mon côté mon ex Samuel m'a trompée avec ma meilleur amie, quelques semaines avant notre mariage, je ne sais pas comment j'aurai pris le fait, qu'en plus elle soit enceinte. C'est une double trahison. Mais ce dont nous nous sommes rendus compte, c'est que grâce ou à cause de ces infidélités, nous sommes plus amoureux et soudés que jamais. Parce que nous avons eu les même blessures à cicatriser, les même doutes, les même peurs, quant à comment refaire confiance à une personne, que l'on a envie d'aimer, comment arriver à nouveau à s'abandonner à l'autre sans se retrouver trahi...

Pour toutes ses raisons, notre amour s'en ai vu fortifié et plus les semaines passent, plus les chaînes qui lient nos cœurs sont indestructibles.

Arrivée à l'étage inférieur, je fais un signe à la personne qui a remplacé Carlotta à l'accueil, puis je me dirige vers le bureau de Lisandro, non s'en jeter un coup d'œil à l'open space ou travaille Alessio.

Personne.

Je regarde l'heure et effectivement c'est le moment de la pause déjeuner. Dans ma cage de verre, si mon italien, Carlotta, ou Carla ne viennent pas me chercher, je serai capable d'y rester sans me rendre compte de l'heure, d'ailleurs cela fait souvent râler Lisandro, qui me menace de déplacer mon bureau dans le sien. Mais je le soupçonne d'avoir une autre idée en tête, et quand un soir, après avoir fait l'amour, je lui ai fais part de ma conclusion, il a simplement sourit, de ce sourire canaille, celui qui fait contracter mon ventre et augmenter ma température corporelle, sans ajouter un mot de plus.

Pas besoin.

Après deux petits coups frappés à sa porte, je ne me suis toujours pas autoriser à y pénétrer sans m'annoncer, contrairement à la demande de Lisandro, un "entrez" énoncé par une voix qui ne m'est pas familière se fait entendre. En franchissant le seuil, je constate que mon petit ami est en plein conversation téléphonique, agitée, au vu de ses grands gestes et au ton employé, mais aussi la main frénétique qu'il passe dans ses cheveux, et que la personne qui se tient debout face à lui en appuie sur son bureau, n'est autre que l'avocat personnel de Lisandro. Il me l'a présenté à notre retour des États Unis, pour qu'il ouvre un dossier sur Livia.

— Bonjour maître ! Comment allez-vous ?

— Bonjour Chiara, très bien et vous ?

— Bien merci.

Lisandro me fait signe d'attendre, mais me tend sa main pour que je la saisisse, puis il en profite pour m'embrasser à l'intérieur du poignet, celui où je porte le bracelet qu'il m'a offert pour Noël à Biarritz. C'est devenu une sorte de rituel entre nous. Il le fait soit pour me rassurer, quand je doute personnellement ou professionnellement, ou bien encore, comme maintenant, pour s'excuser, de m'avoir parler sèchement au téléphone. Je la saisie en lui souriant, puis m'éloigne pour le laisser terminer. J'en profite pour rejoindre maître Ricci et parler de banalités.

Lisandro met fin à la conversation téléphonique, non s'en avoir poussé quelques jurons.

— Tu vas bien chaton depuis ce matin ? me demande-t-il en déposant un baiser à la commissures de mes lèvres.

— Oui, mais j'irai encore mieux, quand je saurai ce qu'il se passe !

Le coup d'œil qu'il lance à son avocat ne m'échappe pas, et celui-ci prend la parole.

— Alors... Il y a une bonne et une mauvaise nouvelle...

C'est normal qu'un avocat, de son âge, environ cinquante ans, avec son expérience, soit si peu sûr de lui, et se racle la gorge avant d'annoncer un truc ?

Et se que je perçois dans les yeux de Lisandro fixés dans les miens ne sont pas là pour me rassurer.

— En général dans les films, ils commencent toujours par la mauvaise ! plaisanté-je pour détendre l'atmosphère.

— Tu es sûre chaton ?

— C'est si grave que ça ? Tu me fais flipper là Sand !

Son corps se raidit, ses poings se serrent, et sa ligne de contrariété sur le front apparaît.

— Des photos de Valeria, reprend l'avocat, font la une des journaux ce matin.

— D'accord... dis-je incertaine, mon regard faisant des allez-retour entre mon amoureux et son homme de lois. Et en quoi Lisandro et moi sommes concernés...

Et tout à coup je percute !

— Tu es sur ces clichés c'est ça ? Si ce n'est que ça Sand, ne t'inquiète pas, je sais qu'elles doivent dater d'avant notre rencontre.

Silence. Et puis :

— Disons Chiara, que les photos prises sont plus... Intimes, renchéri maître Ricci.

Lisandro tente une approche, mais je lève mon bras pour le stopper, afin de prendre du recul pour intégrer l'information, et ce que je crois déjà savoir inconsciemment, et s' il me touche, mon degré de réflexion sera proche du néant.

Mes yeux commencent à s'embuer de larmes silencieuses, quand mon cerveau imagine les images de mon petit ami, en pleine séance de sexe avec cette pétasse de Valeria, étalé aux regards de tous. Avant que je ne m'écroule, deux bras fermes me portent pour me déposer sur l'un des canapés, sans tenir compte de mes protestations de ne pas me toucher, Lisandro me tient serrée contre lui, à m'en faire mal, mais cette douleur n'est rien à côté de celle qui s'infiltre dans mon cœur. Je l'entends à peine demander à son avocat de sortir et de prévenir l'hôtesse d'accueil que personne ne nous dérange.

— Parle moi mia cara, insulte moi, hurle, cri, mais dis quelque chose, m'implore-t-il.

— Montre moi !

— Quoi ?

— Je veux voir les photos que cette connasse a donné à la presse.

— Non ! Non ! Inutile de te faire encore plus de mal chaton.

— Soit tu le fais, soit je quitte ce bureau pour les visionner ailleurs. Alors ?

— Okay, je vais chercher mon ordinateur.

En se levant Lisandro caresse ma joue du dos de la main, cela me fait du bien, comme à chaque fois qu'il me touche, mais je refuse encore de le regarder dans les yeux. En soufflant, il se dirige vers sa table de travail, pour récupérer son macbook et vient s'asseoir à ma droite.

— Tu es sûre ? me questionne-t-il fébrile, dans une dernière tentative de dissuasion.

— Si tu me le demandes encore une fois, je ne réponds pas de mes actes.

— Avant, que tu ne visionnes ces... Bref, j'ai fait le nécessaire pour que tous les journaux soient retirés de la vente, par contre sur le net, cela va prendre un peu plus de temps, c'est pour ça que je râle contre l'informaticien en charge de la protection de notre société. Entre les réseaux sociaux...

— C'est bon merci ! J'ai compris l'idée, que des milliers de meufs ou de mecs vont pouvoir mater mon petit ami nu, en train de s'envoyer en l'air avec la sœur de son meilleur pote décédé ! Avant que les images ne soient retirer. Maintenant arrête de tout faire pour retarder le moment et balance, m'énervé-je.

Lisandro tourne l'écran vers moi.

Scandalo !

Alors que l'héritier Lisandro Lombardi, nous présentait Chiara Arlegui comme"la femme de sa vie" à la fin du défilé de la fashion week de New-York, et qui n'est autre que la nouvelle créatrice artistique de la maison de couture Lombardi, des photos on ne peut plus explicites le montre au lit avec Valeria Pirelli, la sœur de son meilleur ami, défunt Stefano....

J'arrête de lire l'article, qui me donne envie de vomir et je me concentre sur les images.

Les photos ne sont pas nettes, c'est moins pire que ce que je croyais, mais l'on ne peut pas se méprendre, quant à la scène qui s'y déroule. Elles défilent, plus trash au fur et à mesure de l'avancée de l'action, il y en même une ou Valéria regarde vers l'objectif, un sourire sans équivoque flottait sur ses lèvres, signe qui me permet de revenir dans un état actif et non plus passif.

— Putain ! La salope ! je jure, sous le regard choqué de Lisandro.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Insiste-t-il.

— Elle était au courant, que quelqu'un vous prenez en photos, elle le savait, et je suis même certaine, que c'est elle qui a mis en place ce plan.

Je lui montre du doigt le cliché, qui avance ma théorie, et sans attendre Lisandro s'empare de son portable, mais avant, je veux des réponses, et le stoppe.

— De quand date cette partie de baise ?

Mon ton est dur, mes mots sont vulgaires, mais j'ai besoin de ça, pour nourrir ma colère tant que je n'aurai pas toutes les réponses.

— Quelques jours après ton arrivée, et c'est la dernière fois que je l'ai touché ! Je te le jure Chiara.

Ses yeux ne me mentent pas, et je sais, que malgré la haine que je ressens, et l'humiliation qui m'attaque, il me dit la vérité.

Sa posture change, et pour la première fois depuis que je le connais, je le sens perdu.

 Lisandro

Le film de cette putain de soirée défile dans ma tête.

Lisandro ? Reviens au lit bébé !

Putain ! Pourquoi j'ai encore craqué et baisé avec Valeria ?

Sous prétexte que j'ai fait la promesse sur la tombe de son frère, il y a trois ans, que je prendrai soin d'elle comme ma petite sœur - enfin c'est surement pas comme ça qu'il voudrait que je m'en occupe-, il a fallu qu'elle me la joue dépressive, et que l'envie de la psychanalyser à ma façon a été plus forte.

Pourtant, depuis quelque jours...

Ce n'est pas ce corps que j'ai envie de caresser,

Ce ne sont pas ses yeux dans lesquels j'ai envie de me perdre,

Ce n'est pas ce prénom que j'ai envie de gémir, quand j'atteins l'orgasme.

Non, celle qui retient toutes mes pensées, des plus nobles, aux plus perverses...

C'est Chiara.

Je suis enlisé dans mes pensées, me repassant la scène de cette dernière soirée, quand la voix inquiète de Chiara arrive à mon cerveau.

— Sand ? T'es toujours avec moi ?

— Oui, je cherchais dans ma mémoire, un indice, quelque chose, mais pour l'instant, c'est le trou noir. Tu te souviens, de cette fois ou je t'ai dit que ma mère avait recadrer Valéria ?

— Oui, mais tu ne m'en as toujours pas donné la raison.

— En rentrant chez moi, après t'avoir raccompagner le soir de notre premier rencard, tu rougis chaton, s'adoucit-t-il, elle m'attendait devant la porte de mon appartement. Et comme je n'ai pas voulu céder à ses avances en couchant avec elle, elle m'a giflé et menacé. Je lui ai fait comprendre assez brusquement que je restais son patron, et qu'elle ne s'avise plus jamais de lever la main sur moi, et de me parler comme elle venait de le faire. C'est la vérité mon amour, je n'ai baisé que trois fois avec Valéria, et ça c'est arrêter bien avant que l'on soit ensemble. De toute façon, à la minute où j'ai reçu ton trousseau de clé... Non en fait, c'est des que je t'ai vu descendre de ta voiture, que je suis tombé sous ton charme. J'ai fait la connerie de recoucher avec elle, un soir où elle n'était pas bien, une chose en entraînant une autre, j'ai craqué, mais crois moi, quand je te dis qu'en la baisant, c'est toi que je m'imaginais tenir dans mes bras, c'est de toi que j'avais envie, c'est ta voix que je voulais entendre gémir mon nom... C'est vrai que j'ai mis un moment à me l'avouer, et tu sais pourquoi.

A la fin de mon explication, où se mélange excuse et déclaration, Chiara prend mon visage en coupe pour déposer ses lèvres que j'aime tant sur les miennes, en un lent et délicieux baiser.

— Ça veut dire que tu me pardonnes Chiara ?

— Je n'ai rien à te pardonner Lisandro, puisque tu n'es pas fautif ! Je suis toujours en colère et je me sens humiliée, mais je ne t'en veux pas, pas à toi. Tu es une victime, pas l'accusé. Celle, vers qui m'a haine est dirigée, c'est Valéria, et crois moi quand je te dis qu'elle va le payer !

— Ma valkyrie que j'aime ! Tu n'imagines pas l'effet que tu me fais, quand tu es prêtes à entrer en guerre, pour défendre ceux que tu aimes. Et je te donne ma parole, qu'elle ne s'en sortira pas sans en payer le prix fort. Ces conneries ont assez duré.

— Bon maintenant qu'est-ce qu'on fait Sand ?

— Là, tout de suite, j'ai vraiment envie de te faire l'amour, mais je crois que l'on a plus urgent à gérer. Je vais rappeler mon avocat pour qu'il lance une enquête et trouver qui a pris les photos. Je reste persuadé que Stan est le photographe, et que Valéria l'a aidé à s'introduire chez moi, ou lui a indiqué où se trouve les caméras, car il ne figure sur aucune d'elle !

— Mais comment a-t-il pu rentrer sans aucune effraction ?

— Facile, cette salope a très bien pu faire un double de mon trousseau, sans que je ne m'en aperçoive, j'en garde toujours un jeu dans le tiroir de mon bureau au cas où...

— Ouais, ben à partir de maintenant, tu évites !

Au moment ou j'allais lui répondre, la porte de mon bureau s'ouvre sur une personne que Chiara ne s'attendait pas à voir ici.

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