La Reconquérir

 Lisandro

"Tu vas mourir étouffer sous mon amour. Mon âme, mon cœur, mon corps t'appartiennent à jamais."

Voilà la déclaration, que j'ai faite à Chiara aux douze coups de minuit, sur sa plage favorite, à la lueur de la lune et des torches plantées dans le sable, en lui faisant découvrir le tatouage, que je me suis fait faire sur le flanc. Juste son prénom gravé en travers de ma hanche dans une écriture fluide. Je ne voulais rien de plus, seulement son nom imprégnant ma peau, comme son âme a pris en otage la mienne, ou comme son cœur a su redonner vie au mien.

Trois jours que je suis arrivé à Biarritz. Une semaine que je suis en contact avec Luciana pour mettre au point la surprise de ce soir. Quand je l'ai contacté pour lui faire part de mon projet, elle m'a tout de suite soutenu, non sans vouloir une explication, sur ce qu'il s'est réellement passé avec sa fille. Après une bonne heure de discussion, sa décision était prise. Le plus dur a été de convaincre son père, Payo. Un pur basque au caractère tempétueux, qui avant toutes explications m'a mis une sacrée droite, avant de m'offrir un verre et de me demander de ne surtout rien omettre de mon histoire avec sa fille chérie. Quant à sa sœur Ana, elle était soulagée de me voir arriver car je la cite : je n'en peux plus de jouer les gardes dépressives... En pur égoïste, intérieurement, je dansais la samba en me disant que Chiara était aussi mal que moi, et cela n'a fait que me confirmer, que sans elle, je ne suis rien, et que sans moi, elle ne vit pas.

Une caresse sur ma joue bleuie me ramène à l'instant présent.

— Qui t'as fait ça ?

— Ton père...

— Quoi ? Mais pourquoi ?

— Disons, qu'il a une façon bien à lui, de me montrer que j'ai joué au con avec toi !

— Je ne comprends pas Lisandro, il t'a frappé ou il t'a aidé ?

— Et ben, les deux en fait ! Avant de m'aider à tout mettre en place pour que la soirée soit réussie, il m'a d'abord collé une droite...

— Hein ?

Alors que je lui prend la main pour qu'elle me suive, jusqu'à la couverture étalée sur le sable, Chiara se rend compte de mon geste, et la retire. Une douleur me percute le cœur, mais je ne veux pas en tenir compte, je sais que le chemin des explications va être long, mais je ne désespère pas, puisque je n'ai absolument rien fait avec Valeria. Chiara s'assoit en tailleur et fixe l'océan, comme si toutes les réponses allaient en sortir et s'échouer sur le sable. Nos amis et les siens sont un peu plus loin, en train de boire et de fêter cette nouvelle année, pour nous laisser un peu d'intimité.

— Chiara, j'aimerai que tu m'écoutes jusqu'au bout ! Tu pourras me poser toutes les questions que tu veux ensuite, ok ?

Elle me fixe de son magnifique regard, dans lequel je peux lire le doute, mais aussi autre chose qui me rassure sur ses sentiments, qui n'ont pas changé à mon égard.

Avant de commencer, je glisse un plaid en laine sur ses épaules en la voyant frissonner, et je m'assoie à ses côtés, en faisant un effort surhumain, pour ne pas la prendre dans mes bras pour la réchauffer.

— Le soir où tu es venue me retrouver chez moi, je te promets qu'il ne s'est rien passé avec Valeria. Oui j'avais bu, mais pas au point de ne plus savoir ce que je faisais. Non je ne me suis pas drogué, ajouté-je en anticipant sa question. Je ne t'ai pas menti, quand je t'ai affirmé que je ne touchais plus à cette merde. Je ne vais pas te cacher, qu'elle a essayé par tous les moyens de me faire craquer, y compris en se déshabillant devant moi. Mais au moment où elle a voulu m'embrasser, je l'ai repoussé et tu es arrivée... Je sais que j'ai merdé ce soir là, j'aurai du t'écouter et la laisser faire dans ce bar. Mais je ne sais pas, je pense, que inconsciemment, je n'étais pas encore prêt à dire adieu à ma culpabilité envers Stefano.

— Et maintenant tu te sens prêt ? me demande-t-elle avec une voix empreinte de colère.

— Plus que ce que tu peux croire. Mon erreur je l'a paie tous les jours, depuis que tu es partie. Ne plus pouvoir te serrer dans mes bras, ne plus pouvoir t'embrasser, te murmurer des mots d'amour... Mais d'un autre côté, ta fuite, a été l'électrochoc qui me manquait, pour laisser mon passé derrière moi, et l'enterrer définitivement.

— J'ai réalisé Lisandro, avec le recul et les nombreuses conversations, que j'ai eu avec ma mère ou avec Ana, que tu ne m'aurais pas tromper, même si sur le moment te voir avec cette garce à moitié nu dans ton dos, avec ses bras entourant ta taille, m'a lacéré le cœur. J'avais l'impression de retourner en arrière, de revenir dans mon cauchemar... Mais comment comptes-tu me prouver, que c'est moi, et pas une autre ? Comment puis-je à nouveau rétablir cette confiance que j'ai mis en toi ?

Je me rapproche d'elle pour la prendre dans mes bras, cette fois-ci, Chiara se laisse faire, je passe mes doigts sur ses joues, pour essuyer ses larmes, et lui lève la tête pour qu'elle lise dans mes yeux, toutes la sincérité de mes paroles.

— Avant tout chaton, le lendemain de cette maudite soirée, j'ai viré Valeria de la société.

A son expression, je pense qu'elle ne s'attendait pas à ça.

— Mais qui la remplace Lisandro ? A quelques semaines des défilés...

— Chut... Calme toi amore, j'y viens. C'est Carlotta qui reprend le poste. Elle en a tout à fait les compétences, et je sais que tu vas apprécier de travailler avec elle.

Chiara dans un geste impulsif passe ses bras autour de ma nuque, et me donne un baiser à me vriller le cerveau. Quand elle se rend compte de son geste, elle recule en s'excusant.

— Ne t'excuse jamais pour ça chaton, jamais pour ta spontanéité avec moi, jamais pour m'avoir embrasser, quand tu veux et où tu veux, en lui confirmant ça, je me dis que son ex est un vrai connard. Ensuite, pour ce qui est de te prouver que c'est toi et uniquement toi, je sors de la poche de mon costume un écrin bleu turquoise de chez Tiffany et le lui tend sans un mot.

Ses yeux passent des miens à l'écrin, dans des aller retour qui mettent mon assurance en standby.

Après ce qui me semble une éternité, Chiara se saisie de l'écrin pour l'ouvrir, et quand elle découvre le bracelet en or jaune de la collection Endless, avec ses symboles de l'infini, ses iris voilés par les larmes se plongent dans les miens. Avec un calme maîtrisé, je l'enlève de l'écrin pour le lui attacher à son poignet.

— Voilà qui tu es pour moi Chiara, tu représentes l'interminable amour, l'amour infini... Et pour ce qui est de la confiance, tous les jours, je vais te prouver mon amour pour la regagner. Je t'aime Chiara, je t'aime à vouloir me fondre en toi, je t'aime à un point qui me fait mal...

Je ne peux pas finir ma phrase, car ma belle française se jette dans mes bras en nous faisant basculer en arrière sur le plaid. Mon corps réagit immédiatement à la chaleur de celui de Chiara et à ses lèvres sur les miennes. Les exclamations que l'on entend au loin, ne sont qu'un bruit de fond, tellement nous sommes pris dans une frénésie de nous retrouver. Je l'embrasse plus fougueusement, ses lèvres s'entrouvrent, ma langue va chercher la sienne pour l'inviter à danser, un balai des plus érotique. Mais quand Chiara, commence à onduler sur moi, ses mains attrapant mes cheveux, tirant sur les pointes, une des miennes sur sa nuque, l'autre la maintenant par la taille pour la coller encore plus à moi, je me recule lentement, pour calmer notre désir.

— Il y a des chambres pour ça ! entendis-je au loin la voix d'Alessio.

Je lui réponds avec un doigt d'honneur, mais cela doit être le déclic, car Chiara se redresse, avec une jolie de teinte de rose sur ses joues, ses lèvres gonflées par notre baiser, sa robe remontée sur ses cuisses, et ses cheveux emmêlés, libérés de l'élastique, je n'ai qu'une envie devant cette vision, c'est de reprendre là où nous sommes arrêtés.

— Je crois, dit-elle d'une voix enrouée, que l'on devrait les rejoindre. Mais avant Lisandro, je veux que tu saches, que cet amour infini que tu ressens pour moi, je le partage avec toi ! Je t'aime, comme je n'ai jamais cru possible d'aimer un jour. Alors, ce n'est pas une nouvelle chance que je te donne, puisque il n'y a pas eu de faute, mais c'est mon amour, mon âme, que je te remets... Prends en soin et ne m'arrache pas le cœur une seconde fois, parce que là, je te promets, que tu n'auras pas droit à mon pardon.

A ces mots, je fond sur ses lèvres pour lui dire, lui prouver à travers ce baiser, que j'ai compris et que j'emprisonne à jamais son âme et son cœur.

— Je pense que l'on devrait y aller, murmure-t-elle contre ma bouche;

— Hum, j'ai pas envie, je suis bien là !

— Au fait tu loges où ?

Ça sort d'où cette question ?

— Tu penses à ça maintenant toi ? plaisanté-je en nous relevant tout en la bloquant contre moi. A l'hôtel du palais. Et cette nuit, tu y dors avec moi, impossible que je te laisse chaton ! Et oui, j'ai dit dormir, car je sais que ma reconquête ne fait que commencer.

— Tu apprends vite... Sinon Lisandro, merci beaucoup pour ce magnifique bracelet, mais au delà de sa valeur, c'est ce qu'il représente qui me touche le plus.

— Je le sais mon amour, et ne me remercie pas, parce que tu n'as pas finis d'en recevoir des preuves de mon amour pour toi. Allez viens, allons retrouver les autres, Carlotta doit trépigner d'impatience, et à voir la tête d'Alessio, je pense qu'il est arrivé au bout de sa patience.

En rigolant, nous nous dirigeons vers nos amis, pour finir la soirée avec eux. Les surfeurs, comme j'aime les nommer, ont su mettre l'ambiance, et voir Chiara avec eux, me fait prendre encore plus conscience, que j'aurai pu la perdre. Ils sont protecteurs, complices, avec elle, un sentiment perfide se propage en moi, cette jalousie qui se rappelle à moi, mais qui est vite ensevelie, quand ma belle française ne me lâche pas, m'embrasse devant ses potes, et me murmure des je t'aime entendus de tous.

Nous rentrons, après avoir admiré le soleil se lever sur l'océan. Les surfeurs insistent pour que Chiara fasse une session avec eux, mais trop fatiguée par toutes les émotions de cette nuit, elle refuse, pour le remettre à un autre jour. Sur le chemin de l'hôtel, nous continuons de parler avec Carlotta, Alessio et Natanale, qui nous quitte accompagné d'Ana. Chiara allait ouvrir la bouche, mais celle- ci lui fait signe de se taire, et de s'occuper de moi, plutôt que d'elle. Vexée, ma petite amie boude, les bras croisés sur sa poitrine, comme une enfant à qui l'on aurait refuser un caprice. Je me colle à son dos, et la fait avancer en la poussant, tout en lui murmurant des mots qui lui font monter le rouge aux joues.

Les jours suivants, nous les avons passé entre la chambre, inutile de préciser que dormir sagement ensemble n'a pas duré, la douche prise à deux la plupart du temps, les excursions, Chiara nous a fait visité son pays basque, mais aussi San Sebastian, Hondarribia où j'ai mangé les meilleurs tapas, et les repas dans le restaurant de ses parents. Elle a même essayé de nous convertir au surf, mais comme je le lui ai précisé, je préfère la mater sur sa planche, même en combinaison, ce qui m'a valu une tape sur le bras, mais avec un éclat de rire. Par contre je ne lui ai pas dit, que j'avais hâte d'être à cet été pour la voir simplement en bikini, en train de maîtriser la vague, d'ailleurs j'ai pris un nombre incalculable de vidéos et de photos.

Il est temps de retourner à Milan, les vacances étant finies, les défilés approchent, Chiara a fait du très bon travail, pendant ses vacances.
Quand nous sommes dans l'avion du retour, ma belle française blottie contre moi, une de ses mains posée sur son prénom tatoué sur ma hanche, c'est un rituel qui c'est mis en place cette semaine, elle adore le toucher, l'embrasser, l'effleurer et je dois avouer que cela à un effet calmant sur moi, enfin pas que ! J'ai pu le vérifier, quand j'ai eu ma mère au téléphone, un matin, complètement paniquée, car Valeria menace de porter plainte contre moi.

J'occulte cette pensée pour le moment, et je replonge dans le monde de Chiara, et là, je me sens enfin revivre, apaisé. A moi maintenant de tout faire pour lui prouver que l'infini n'est pas assez.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top