But I Love You...
Chiara
Quand je me dévisage face au miroir des toilettes, un sourire de plénitude sur les lèvres, mes pommettes encore rouges de l'orgasme, que vient de me donner Lisandro, ma bouche que je dessine en passant mes doigts dessus sont gonflées d'avoir été embrassés et mordus.
Je comprend pourquoi mon bel italien ne voulait pas que je passe par ici ! Car rien qu'en me regardant, on peut deviner que je viens de m'envoyer en l'air !
— Les mecs et leur fierté, ne puis-je m'empêcher de ricaner, quand la porte s'ouvre sur la dernière personne que j'avais envie de voir.
Je parfais mon maquillage, en ignorant la nouvelle venue, quand elle se pose à mes côtés, un tube de rouge à lèvres dans les mains. En interrompant son geste, elle me dévisage et ouvre enfin la bouche.
— Profite de Lisandro tant qu'il s'intéresse à toi !
Je stoppe mon geste et la fixe par miroirs interposés, en attendant la suite ! Je sens que ça va me plaire.
— Il me reviendra, tôt ou tard ! Il a fait une promesse à mon frère...
— Certaines promesses sont faites pour ne pas être tenues ! ajouté-je.
— Et puis, sincèrement, Chiara tu penses être à la hauteur de ses attentes... Au lit je veux dire !
— T'inquiète pas pour moi ou pour lui, lui dis-je sarcastique en lui tapotant l'épaule, depuis Capri, je sais exactement qu'elles sont ses attentes !
Et je quitte la pièce sans un regard en arrière, mais avec un rictus sur les lèvres, quand j'entends un bruit sourd.
C'est encore avec le sourire, que je franchi les doubles portes qui me séparent de mon petit ami, que je trouve en pleine discussion devant le bar. A mon air de chat qui aurait dévoré un canari, un coin de sa bouche se soulève sans détacher ses yeux de son interlocuteur, avant de le saluer et de venir à ma rencontre.
— Toi, tu as croisé Valeria.
Ce n'est pas une question. Inutile que je réponde.
— Je ne vois pas pourquoi tu dis ça ! plaisanté-je en attrapant une flûte de champagne sur le plateau d'un serveur.
— Hum... Tu as de la chance que l'on soit en public, parce que là j'ai vraiment envie de mordre cette bouche insolente ! chuchote-t-il proche de mon oreille.
— Dommage que l'on ne soit pas seul alors...
— A vous voilà ! Lisandro tu peux lâcher ta conquête du mois, je voudrai que l'on rencontre le directeur de l'institut du monde arabe pour...
Je ne relève pas sa pique... Pas la peine. Pas envie de me casser un ongle en lui arrachant ses extensions. Et puis, si elle me pense assez idiote pour faire un scandale ici, et flinguer ma réputation, mais encore plus celle de Lombardi, c'est qu'elle est encore plus bête que ce que je pensais. Alors, je souris en buvant ma coupe, sous son regard de tueuse.
— C'est ton job ça ! Déblaie le terrain et on en parle ensuite. Chiara et moi sommes crevés, on rentre à l'hôtel. Nous avons vu toutes les personnes que nous souhaitions.
— Lisandro, ta queue peut attendre...
Au tressaillement de la mâchoire de Lisandro, je sais qu'il se retient pour ne pas envoyer promener violemment cette pétasse.
— Parle moi encore une fois comme ça, et tu dégages ! Parle encore une fois de Chiara comme tu viens de le faire et tu degages. Comme tu n'as eu l'air de me prendre au sérieux, je te le répète : À partir de maintenant, je ne suis plus que ton patron ! Est-ce que c'est clair ?
Je pose une main sur son bras pour qu'il baisse sa voix, car quelques convives ont les regards tournés dans notre direction, et ça marche, puisqu'il me prend la main et que nous quittons la soirée en ayant salué plusieurs personnes.
Allongés face à face après notre moment d'amour, je passe une main le long de la mâchoire de Lisandro, et dans un murmure lui demande :
— Parle moi de Valeria et de son frère.
Je le vois prendre une grande inspiration en se mettant sur le dos, et à ce moment là, je me dis que j'ai tout gâché. Que j'aurai dû attendre que cela vienne de lui, mais j'en ai tellement marre de cette garce qui n'hésite pas à remettre la promesse faite par Lisandro à son frère, depuis qu'il la rejette, que j'ai vraiment envie de connaître la vérité.
— Désolée, lui dis-je, je ne voulais te mettre mal à l'aise, j'attendrai que tu te sentes prêt.
Je me glisse contre son torse, en posant ma tête dans le creux de son épaule, tout en passant un bras autour de son ventre.
J'attends...
J'attends...
Quand soudain d'une voix rauque et qu'il semble maîtriser, il me déclare :
— Stéfano était mon ami d'enfance, nous avons grandi ensemble, et d'aussi loin que je me souvienne, nos familles se fréquentaient. Il a toujours été l'électron libre du groupe, autant Alessio est celui qui m'apaise, et qui trouve les mots pour me tempérer, autant Stéfano m'entraînait dans des situations plus pourries les unes que les autres. D'ailleurs, c'est lui qui nous a présenter son dealer. Au début, on fumait que quelques joints de temps en temps, puis nous sommes vite passer à des drogues plus dures, le week-end, et puis la semaine...
Il laisse un temps mort, en me fixant mais d'un hochement de tête, je lui fait comprendre qu'il peut continuer, et pour le rassurer, je raffermis ma prise sur son torse.
— Alessio voyait ça d'un mauvais œil, surtout que je commençais à sortir avec Livia la sœur de Stan notre fournisseur. Au début, ce n'était qu'un plan cul parmi tant d'autre, et puis petit à petit, la drogue aidant surement... Je me suis attaché à elle, et nous sommes tous partis à New-York pour nos études. Nous avions intégré le Moda Doman Institute, enfin Stéfano, Livia et moi, Valéria étant plus jeune de trois ans, Alessio, et Carlotta sont restés ici pour leur cursus et Nanatale lui a continué sa vie de mannequin. Les trois premières années ont été magique, entre fêtes, drogue, sexe et études, je faisais le minimum, juste ce qu'il fallait pour que mes parents soient satisfaits de mes notes.
— Mais... Je suppose que l'engrenage...
— Mais, à partir de la quatrième année, le comportement de Livia a changé, elle se droguait de plus en plus, elle séchait tout autant, seul la fête et le sexe l'intéressaient, pour Stefano, c'était pareil, je commençais à prendre du recul, surtout quand Alessio et Carlotta sont venus passer des vacances. Ils m'ont ouvert les yeux, mais j'avais besoin de cette montée que la drogue te procure. Alors oui je sortais moins, mais je n'ai pas arrêté pour autant la coke. Et puis, un soir de défonce, Stéfano m'a fait promettre que s'il lui arrivait quelque chose, il voulait que ce soit moi qui m'occupe de Valéria. Et comme un con, j'ai accepté... La suite tu la connais.
— Oui, enfin tu ne m'as pas tout raconté en ce qui concerne Valeria ! Mais qu'est-ce qui s'est passé, pour que tu ne sois plus avec Livia ? J'ai mon idée, mais...
Je l'entend déglutir et fermer les yeux un moment, avant qu'il ne resserre son emprise sur moi.
— Pour Valeria, je te raconterai tout, mais pas maintenant ok ? J'acquiesce, et Lisandro reprend d'une voix neutre. Un soir que nous devions nous retrouver dans notre boîte habituelle, je l'ai surpris sur les genoux de mon pote entrain de l'embrasser... Je suis parti sans me retourner, comme un lâche, tu me diras...
— Je te rappelle que j'ai fait pareil ? lui dis-je en souriant.
— Hum ! Et quand je suis arrivé à mon appart, j'ai pris le sachet de coke que j'avais gardé pour la soirée ; tout en me jurant que c'était la dernière fois que je tombais amoureux... Enfin bref ! Dans la nuit le téléphone a sonné, quand j'ai vu de qui venait l'appel, j'ai répondu, Stefano complètement défoncé voulait que je vienne le chercher, je lui ai dit que non, que s'il était assez connard pour se taper ma petite amie, il avait cas se d'emmerder pour rentrer, surtout qu'il était toujours accompagné d'un garde du corps, que lui imposait son père, et je lui ai raccroché au nez.
J'essuie une larme avec mon pouce qui roule sur sa joue.
— Tu n'es pas obligé de continuer mon amour.
— Non c'est bon, m'affirme-t-il en embrassant mon front. Sauf que c'était la dernière fois que je l'entendais ! Il s'est fait renversé par une voiture, alors qu'il traversait sans regarder, et est mort sur le coup. Si tu savais comme je m'en veux d'avoir laisser ma colère et ma haine prendre la décision pour moi.
Lisandro éclate en sanglot, et putain que ça fait mal, de voir toute cette peine, cette culpabilité qui le ronge. Je me hisse sur lui, en m'allongeant pour pouvoir le serrer de toutes mes forces, en lui caressant les cheveux, en lui murmurant des paroles réconfortantes, comme pourrait le faire une mère à son enfant. Lisandro, m'étouffe, mais peu importe, je le laisse faire.
— Ce n'est pas ta faute mon amour, chut ! Je mets un doigt sur ses lèvres pour qu'il me laisse continuer. Tu ne pouvais pas prévoir qu'il allait rentrer seul, sans attendre son garde du corps, je comprends que tu te sentes coupable, mais le coupable, c'est lui et uniquement lui, c'est Stéfano qui couchait avec Livia, c'est lui qui se défonçait, il savait ce qu'il risquait, c'est lui qui a été malhonnête avec toi, qui t'a trahi de la plus vile des façons. Personne ne peu te blâmer pour ça ! Et personne n'a le droit de te faire culpabiliser avec une promesse...
Je le regarde droit dans les yeux en lui avouant tout ça, et je fais exprès de laisser ma phrase en suspend.
— Merci de m'avoir tout raconté, merci de me faire confiance... Je t'aime Lisandro.
— Merci d'être restée, de ne pas me juger comme aurait pu le faire certains...
— Je ne suis pas les autres ! dis-je en plaisantant pour détendre cette atmosphère anxiogène.
— Ça je le sais amore ! C'est pour ça que je suis tombé amoureux de toi comme un dingue.
A ces mots, je capture ses lèvres pour lui donner un baiser qui nous fait plonger dans un monde sans fin.
— Tu veux finir ton histoire ? lui demandé-je encore à bout de souffle.
— Oui, comme ça, on en reparlera plus, et le passé sera derrière nous. Donc, je te passe la suite entre le retour en Italie, pour les obsèques, ma descente qui aurait pu être pire si mes parents et mes amis n'avaient pas été là ! Je suis retourné à New-York pour finir mon cursus, il me restait une année, Livia a essayé de me récupérer, en me sortant le baratin habituel, mais pour moi elle n'existait plus ! Je ne sais pas ce qu'elle est devenue, elle a arrêté les cours, et comme je ne me droguais plus, nous n'avions plus personne en commun. Quand j'ai eu mon diplôme, j'avais une proposition d'une maison américaine, mais tu connais la fin de l'histoire, mon père est décédé et j'ai du revenir vivre à Milan. Avec le recul, je pense que c'est une bonne chose, surtout que cela m'a permis de rencontrer la femme de ma vie... Car oui, je peux te l'affirmer Chiara, tu es celle que je veux pour le restant de mes jours.
Il prend mon visage en coupe, ses pupilles fendent mon âme, et dans un mouvement de lèvres, il me mime :
— Je t'aime.
Cette nuit, beaucoup de choses ont été dite, avoué, montré.
Cette nuit, nous avons laissé notre passé, pour affronter notre présent et préparer notre avenir.
Le reste de la semaine a été éreintante, entre les défilés, les rendez-vous professionnels, pour mettre au point notre futur défilé, les sorties avec mon bel italien. Nos dîners en tête à tête, sa déclaration d'amour le soir où il m'a emmené dîner tout en haut de la Tour Eiffel au, Jules Verne, nos promenades nocturnes malgré le froid qui commence à s'installer. Mais peu importe, pour Lisandro, je suis prête à me surpasser. Cette prise de conscience soudaine, me renvoie à mes années passées aux côtés de Samuel, et je réalise, enfin, que l'amour que je croyais lui porter, n'était rien en comparaison de celui que je ressens pour Lisandro. En parlant de mon bel italien, il bouge dans son sommeil, et j'en profite pour remonter le plaid que l'hôtesse m'a donné quelques minutes plus tôt, en l'embrassant sur le crâne.
Nous allons atterrir d'ici deux heures à Milan, et cette semaine à Paris nous a soudé plus que jamais. Je me sens prête pour dévoiler notre amour aux journalistes, par contre, j'étais loin de l'être, quand mon passé c'est trouvé face à moi...
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