Vingtième Et Unième Grain
Ça avait été relativement facile, contrairement à ce qu'il aurait pu penser. Il avait passé la nuit sur les bancs devant l'aéroport. Il était gelé, et ne pouvait pas s'arrêter de pleurer, serrant contre lui son chien tremblant.
Même s'il gardait une certaine beauté, personne n'aurait pu imaginer que ce jeune homme aux cheveux ébouriffés, au visage tuméfié et rougi de larmes, à l'air hagard fut le même qui posait avec tant de confiance devant les caméras.
Il se demandait, assis là, ce qui lui restait vraiment. Il lui avait suffi de péter un câble devant le patron de sa firme, de piquer son égo pour que ce dernier ne le congédie avec colère. Bien sûr il ne serait pas payé, sa tête ne serait plus associée au parfum, et il y avait encore des centaines de papiers à remplir, mais c'était tout de même fait. Il repensait aux mots de Jungkook, à sa haine incomprise pour les caméras et les sourires un peu forcés.
Taehyung pensait avoir compris.
Tout le monde s'en foutait de lui, ils l'avaient viré pour un rien, refusant qu'il n'entache leur réputation. Il était trop mince, il avait froid, il était seul. Et il manquait terriblement d'affection, rêvait qu'on lui prenne la main ou qu'on caresse sa joue avec douceur. Il revoyait Jungkook poser sa tête sur son épaule et ses mains chaudes sur ses hanches. Il n'y avait plus aucune trace de la tendresse et de la douceur de ses jolis mots qui jouaient avec les oreilles, ni de ses baisers qui s'envolaient sur la peau, ni de ses doigts qui cajolaient les frissons naissants un peu partout.
Il passa une main fragile dans ses cheveux blonds abîmés, et soupira difficilement.
Pour la première fois peut-être depuis son départ, il manquait vraiment de son aimant. Il lui manquait vraiment parce qu'il réalisait ses erreurs et la douleur de leurs mots. Seules des excuses se pressaient au bord de ses lèvres. Il avait pensé pouvoir passer à autre chose, mais il n'avait jamais imaginé ne pas le vouloir. Maintenant il savait que c'était la pire décision de sa vie que celle de vouloir suivre un rêve idiot et de laisser derrière tout ce qu'il avait.
Une voix robotisée annonça le début de l'embarquement, et il se dirigea lentement vers la longue file de familles bruyantes et de businessmans pressés.
Assis dans l'avion, dans un siège de première classe, coincé entre un homme qui ronflait et un autre qui n'arrêtait pas de lui mettre des coups de coudes, Taehyung regardait le vide. Il fixait la publicité ridicule d'un parfum onéreux qui s'étalait sur le siège de devant, et il ne pensait à rien.
Il était en mode autopilote : tout ce qu'il voulait, c'était la chaleur réconfortante d'un foyer. Il savait qu'il ne se sentirait jamais plus à la maison, désormais, parce qu'il était seul : mais c'était déjà une maigre consolation que de retrouver son pays.
Il s'endormit sans s'en rendre compte, et dans son sommeil agité il appelait encore et encore Jungkook qui se brisait sous ses doigts.
Personne ne l'attendait, à l'aéroport.
Il s'arrêta un instant et contempla le paysage si familier : il se rappela la colère pure qui se glissait dans ses veines quand il avait passé les portes de ce bâtiment pour la première fois. Cela lui paraissait si loin, maintenant. Encore plus loin que le temps où il appréciait d'être reconnu dans la rue. Lui qui, à l'époque, se vantait de devenir quelqu'un, lui qui avait naïvement pensé être plus qu'un vulgaire bout de chair qu'on habille et qu'on abîme, lui qui disait se plaire dans les bras étouffants de son ancien partenaire alors qu'il essayait juste d'oublier Jungkook...
L'aboiement de son chien le fit sortir de ses pensées. Il se tourna vers l'animal, qui semblait lui sourire, puis le pris dans ses bras avant d'enfouir sa tête dans sa fourrure.
- C'est juste toi et moi contre le monde, pas vrai, Tannie ?
Et, comme si le canidé avait senti l'amertume perçante dans les mots de son maitre bien aimé, il se mit à lui lécher la figure.
Et Taehyung se rendit dans un petit hôtel relativement proche de son ancien appartement sans même savoir que, trois rues plus loin, Jungkook était en train d'essuyer les tables du bar et qu'il pensait aussi à lui.
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Bonne année !
Plus sérieusement, oui, je suis encore en vie, et je m'excuse pour la centième fois de mon manque de régularité. Malgré la qualité et la taille médiocres de ce chapitre, j'ai tenu à le poster parce que je compte sincèrement finir cette fiction.
C'est juste compliqué de trouver le temps, entre le moral qui ne s'arrange jamais vraiment et la pression des examens de fin d'année qui approchent doucement.
Je ne suis même pas sûre qu'il reste encore des gens par ici...?
Mais True Loves aura droit à sa digne fin, et je compte entamer une réécriture du tome 1 puis 2 après sa fin. Je compte aussi finir Bath Singer, sur laquelle je bloque depuis presque un an, et réécrire mon treeshot (qui est une de mes histoires les régulièrement lues et que je déteste presque disons).
Fake Loves et True Loves restent mes petits bébés, probablement bien trop mêlés à ma vie réelle pour ne pas qu'il ne soit dur de les écrire, mais j'ai l'impression sincère de grandir et d'évoluer en même temps que mes personnages si brouillons et incohérents.
Si vous passez encore par là, j'espère que vous allez bien et que vous ne m'en voulez pas trop.
Prenez soin de vous, ça va aller. On va y arriver c:
Je vous aime, à bientôt (et pour de vrai cette fois ci)
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