Premier Grain

Son visage était doux.
Des jolis yeux chocolats, une chevelure brune soyeuse, des lèvres rougies et pulpeuses, des joues rondes, un nez droit, un sourire charmeur.
Oh oui, il était beau.
D'une beauté douce, angélique, d'une beauté délicieuse.

Une goutte de pluie atterrit sur la photo, roulant sur la joue du visage figé comme s'il pleurait.

Et le ciel se mit à pleurer à grosses gouttes.

Vous avez déjà vu les enterrements dans les films, où il pleut, où tout le monde est vêtu de noir ?

Ceux où vous ne pouvez vous empêcher de verser une ou deux larmes parce que un de vos personnages préférés vient de mourir ?

Et bien, c'était le même chose. Sauf que ce n'était pas un film.

La douleur de Jungkook, elle, était bien réelle. Des larmes roulaient sur ses joues, et on aurait dit que des éclats de miroir brisés caressaient sa peau. Et ça le rendait beau. Parce qu'en plus d'avoir déjà un visage magnifique, il faisait partie de ces gens qui étaient beau lorsqu'ils pleuraient, qui sanglotaient avec grâce (alors que ces deux mots n'était pas censés s'associer). Et c'est exactement ce à quoi pensait Taehyung, son petit-ami, qui le regardait, la main posée sur son épaule.

Ce dernier, les larmes aux yeux, se sentait spectateur de la destruction de son amant. Depuis la mort de Jimin, Jungkook semblait avoir changé et Taehyung ne parvenait plus à le reconnaitre : comme si une part infime de lui s'était perdue dans les flammes qui avaient tout détruit. Il savait bien que dans le passé, leur relation avait été au-delà de l'amitié, mais il ne pouvait empêcher la jalousie de lui ronger l'âme alors qu'il voyait son noiraud pleurer encore et encore, les yeux rivés sur des photos d'eux.

Jungkook se détacha de sa prise pour s'avancer un peu parmi la vingtaine de personnes présentes, dans le but de faire un discours. Mais à peine eut-il ouvert la bouche qu'il éclata en sanglot, sous les yeux larmoyants des autres invités, et il revint rapidement sous le parapluie de son copain qui s'inclina légèrement vers les autres pour s'excuser.

Un autre homme s'avanca alors. C'était un grand châtain, entièrement vêtu de noir, et honnêtement, il ne semblait même pas vivant. On en venait à se demander si ce n'était pas à son propre enterrement qu'il assistait ; d'une pâleur cadavérique, et le visage tâché de cernes violacées, son regard était vide et ses joues rouges de larmes. La pluie le trempait, mais il semblait ne pas le remarquer. Il avait presque l'air fou, fou de douleur, fou de vivre, fou de tout. Et il l'était, n'est-ce pas ?

Namjoon était fou. Parce que Namjoon a aimé Jimin. Parce qu'ils étaient fous l'un de l'autre, fou l'un pour l'autre.

Et que restait-il de lui à présent ?

Un sourire éclatant sur une photo énervante, immobile, mais surtout irréelle.

 Et l'éclat de ce sourire détruisait Namjoon, alors qu'il prononçait son discours en bafouillant, laissant les mots s'échapper de ses lèvres comme s'ils appartenaient à quelqu'un d'autre. Les phrases n'avaient pas vraiment de sens, mais peut-être était-ce là la beauté de son discours ; juste un enchevêtrement de jolis mots qui s'associaient à un visage doux en une étreinte doucereuse. Et douloureuse, aussi.

D'ailleurs, ses lèvres brûlaient. En réalité, tout son corps brûlait. Ses yeux brûlaient de larmes, sa tête brûlait de douleur, son corps brûlait de froid et son coeur brûlait de solitude. Et c'était probablement lui qui souffrait le plus, d'eux tous.

Il avait trop aimé Jimin. Tellement que tout était parti avec lui, tellement qu'il ne vivait même plus vraiment. Il se tenait en vie, pour une raison obscure, soutenu par quelques amis, mais il semblait mort de l'intérieur et personne ne savait comment l'aider.

Sitôt son discours fini, un rouquin vint l'enlacer, et son visage qui était devenu d'une froideur impassible au fil des mots s'était décomposé à nouveau en une image de douleur inconfortable.

Et, à nouveau, ce fut Jungkook qui s'avanca. Mais cette fois, il réussit à prendre sur lui-même. Les quelques mots qu'il déclama parurent sincères et droits. Un petit texte sans faute, mais qui paraissait bien faux, bien mal raconté. Comme s'il avait le coeur au bord des lèvres, comme si des milliers de mots se pressaient contre sa lippe mais qu'il les retenait en la mordillant nerveusement. Quelques larmes furent versées, puis le jeune homme éclata en sanglots et reprit sa place, le dos tremblant sous le poids du deuil.

La cérémonie continua pendant une bonne demi-heure, presque quarante minutes qui leurs parurent interminable.

Puis ils se retrouvèrent en voiture. Le roux conduisant, Namjoon assis à côté de lui, et derrière, Taehyung et Jungkook, qui, de leurs mains liées, tentaient de trouver un peu de chaleur dans la froideur de l'hiver qui s'annoncait.

Et c'est seulement à cet instant, vraiment à cette seconde précise, alors que Taehyung glissait sa main dans la sienne, que Jungkook réalisa.


Bordel, Jimin était mort.


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Hello ! alors j'espère que ça vous plaît, je me suis laissée aller mais le rendu est un peu bizarre...

On ne commence pas sur une note très positive, il est vrai, mais cette fiction tournera beaucoup autour du deuil ( je vais essayer de traiter le sujet du mieux que je le peux sachant à quel point c'est délicat)

Je vais essayer de poster plutôt régulièrement, à bientôt, je vous aime, et merci de me lire !

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