Cinquième Grain

Our destinies collide
I need you by my side
This bed is way to cold
There is no one else to hold

Namjoon soupira, et, d'un geste rageur, supprima en quelques clics le paragraphe. Il tenta d'écrire quelques chose d'autre mais, après quelques minutes de réflexion, il retourna en arrière et le premier texte apparut de nouveau à l'écran.

Les larmes aux yeux, il changea le verbe de la première phrase et le conjugua au passé.

Our destinies have collide...

Il se relut, murmurant les paroles de sa voix grave, puis referma sèchement le vieil ordinateur d'Hoseok avant de se précipiter vers la cuisine pour se faire un chocolat chaud. Quelque minutes après, de retour dans le canapé, il portait la tasse à ses lèvres. Le jeune homme ne buvait plus de café. Le simple fait de penser au breuvage qu'il idolâtrait, quelques semaines auparavant, suffisait à le faire frissonner de dégout.

À chaque fois qu'il en buvait, à chaque fois qu'il laissait l'amertume se répandre dans sa bouche, à chaque fois que le familier goût corsé, épicé, submergeait ses papilles, il se transformait subitement en un goût métallique, salé, qui lui donnait envie de vomir. Le gout du sang le rendait malade, et les souvenirs de l'incendie revenaient en masse ; sans trop savoir pourquoi son cerveau avait finit par lier le café et Jimin comme étant deux éléments indissociables et désormais, brisé comme était le lien, il le rendait fou.

Le jeune homme passa une main dans ses cheveux châtain, et, alors qu'il sirotait tranquillement son breuvage au cacao, se mit à détailler, par pur ennui, la pièce dans laquelle il se trouvait ; des murs beiges, un faut parquet, une fenêtre à sa gauche entourée de rideaux épais, une porte de l'autre côté du mur, des photos de danseurs et des articles de journaux encadrés, une télévision devant lui, ni trop petite ni trop grande ; un tapis chaleureux surmonté d'une table basse en bois claire tout ce qu'il y a de plus banal. Et sur le gros canapé d'un bleu moelleux, devant la table basse, il y avait lui.

Son regard glisse ensuite sur les objets qui encombrent la petite table ; tasses, feuilles volantes ou tâchées de mots, stylos, gommes, crayons, cahiers, livres, dessins. Un vrai foutoir. Un peu comme dans sa tête, en fait.

Et il comprit qu'il ne parviendrait plus à bosser. Tout était trop confus, embrouillé pour qu'il ne sorte un truc correct.

Très vite, cependant, il s'ennuya. Il chercha désespérément quelque chose à faire, gagné par la lassitude.
Soudain, en survolant du regard les photographies accrochées au mur, une idée lui vint.

Il rouvrit son ordinateur, tapa quelques mots, et, pris d'une pulsion incertaine, appuya sur la touche "Entrée".

Quelques dizaines de vidéos s'affichèrent, des liens, des sites, des photos. Et, malgré qu'il sache que ce n'était pas une bonne chose, il cliqua.

Les images défilèrent devant ses yeux emplis de larmes, alourdissant encore ce cœur qui pesait dans sa poitrine.

Le grand brun, médusé, observait avec une fascination grandissante les mouvements gracieux qui défilaient sur l'écran. Le dos droit, le corps crispé, penché en avant, concentré à deux mille pourcents sur l'écran.

Le Jimin qui dansait était plus jeune. Plus musclé, plus heureux aussi.

Ses cheveux bruns, puis gris dans la seconde vidéo lui firent comprendre qu'à l'époque il devait déjà avoir rencontré Yoongi.

Son corps svelte, son fessier rebondi, ses cuisses musclées et ses abdominaux développés l'auraient fait baver dans d'autres situations. Mais le Jimin qu'il avait connu n'était pas tout à fait le même, alors il avait juste l'impression bizarre de voir un inconnu, un être inconnu au airs familiers.

Et il se mit à pleurer. Déjà, parce que c'était beau. Ensuite, parce qu'il repensait à Jimin, et que celui-ci lui manquait tellement que ça le faisait pleurer quasiment à chaque fois, et ensuite parce qu'il réalisait qu'il n'aurait jamais l'occasion de le voir danser.Ca paraissait évident mais... Il aurait tellement voulu le voir au moins une fois -il pensa au passage qu'il devait rendre visite au autres danseurs du groupe-.

Il ne pouvait plusvoir son ange s'envoler, parce que ses ailes étaient parties en fumées, comme une bombe à retardement, qui le détruisait lui aussi peu à peu.

C'était dur, tout ça. De vivre chez un ami, empêtré dans la mélancolie, d'avoir tout perdu, d'avoir perdu tout le monde -ou presque-. Et Jimin bordel... Jimin lui manquait tellement.

Leur relation avait été si compliquée, ils avaient fait face à tant d'obstacles, et lui avait tant de fois failli renoncer, de peur de ronger Jimin de sa tristesse contagieuse. Mais ils avaient tenu, un an et quelques, ils avaient fait tout ce chemin.

Et leur amour de folie, lorsqu'ils s'étaient installés dans leur appartement, s'était subitement transformé, pour une raison inexplicable, en un amour plus doux. En attachement, en bonheur. La passion folle des débuts s'était peu à peu effacée pour laisser place à ce sentiment terriblement positif. Son coeur ne battait plus tant, il ne se sentait plus tellement retourné, mais il se sentait bien. Il se sentait heureux, calme, en sécurité avec le petit brunet.

En un regard, en un dixième de seconde, tout avait volé en éclats.

En une étincelle, en bouffée de fumée, en une cigarette, en une respiration, en une pensée.

Et il n'avait même pas eu le temps de laisser ses larmes couler, doucement, pour noyer le prénom de l'être aimé. Il n'avait pas pu regarder des photos, abîmer leur papier sous le poids de son chagrin, il n'avait pas pu souffrir en voyant ses affaires en bordel comme s'il venait de les quitter, il n'avait pas pu même goûter une dernière fois au lèvres de Jimin.

Il se laissa retomber, fermant une énième fois le clapet de son ordinateur. Assailli de regrets, la forteresse de son chagrin détruite par ses remords, son regard se perdit dans le vide alors qu'il se mettait à penser.

À penser à toutes ces choses qu'il n'avait pas pu lui dire. À tous ces baisers dont il aurait voulu le couvrir. De tout cet espoir qu'il aurait voulu lui donner. À tous ces sourires qu'il aurait voulu recevoir, encore. Ils avaient pourtant vécu du mieux qu'ils le pouvaient, comme s'il n'y avait pas de lendemain. Était-ce là le destin qui se voulait ironique ? Ou n'avaient-ils simplement pas assez profité ? Auraient-ils du faire le tour du monde ? S'envoyer en l'air chaque seconde ? Ou bien aurait-il du caresser en rigolant ses petites joues rondes ?

Comment vivre ? Comment vivre pour ne jamais le regretter ?

Il ne savait pas. Mais Jimin, lui aurait su. Lui l'aurait rassuré. L'aurait cajolé, embrassé, enlacé, caressé, choyé, bercé. Il aurait deviné que le plus grand en avait besoin, et il aurait fait tout ce qui était en son pouvoir pour le réconforter. Mais où était Jimin maintenant ? Loin, si loin. Trop loin de ses bras. Trop loin de ses lèvres.Trop loin de son âme meurtrie.

Comment était-il supposé sourire maintenant ?

Les gens lui disaient qu'il oublierait, un jour, mais il savait pertinemment que c'était faux.

On oubliait jamais quelqu'un qu'on avait autant aimé.

Souvent, après un chagrin d'amour, on finissait par rencontrer quelqu'un d'autre, par avoir des sentiments plus forts. Mais on oubliait jamais vraiment, ça nous paraissait juste moins important, on y pensait plus autant.

Sauf que cette fois, c'était différent.

Ils s'étaient aimés à la première seconde, d'une passion déchaînée, comme s'ils se connaissaient depuis des années. Ils s'étaient tout donnés, ils s'étaient tellement aidés dans des moments de leur vies ou personne d'autre n'aurait pu les aider. Il n'aurait pu dire pourquoi mais, alors qu'un compliment de quelqu'un ressemblait à une blague idiote, chaque mot positif sortant de la bouche pulpeuse de Jimin lui redonnait terriblement confiance, et espoir. Bien sur, au début, il avait eu du mal. Mais Hoseok était apparu, et c'était soudainement comme si Namjoon prenait conscience, au fur et à mesure des cafés, alors que les jours passaient, de combien il avait besoin de Jimin dans sa vie.Et il s'était abandonné dans les bras grand ouverts de l'autre.

Il ne l'oublierait jamais parce que leur amour, ce n'était pas seulement de l'amour.

Parce que leur amour, c'était de l'espoir, de la joie, des sourires glissés directement dans leur veines. Parce qu'il avait réappris à vivre à ses côtés. Ce n'était pas une bonne chose, il le savait, mais il s'en foutait. Mais désormais, une partie de son ancien compagnon était en lui. Ancrée dans sa mémoire, elle allait ressurgir souvent ; lorsqu'il sentirait une odeur de café, ou une odeur similaire à celle du brun, lorsqu'il verrait un feu d'artifice, ou des gens danser, avec des cheveux colorés. Ça ne partira jamais, et il le savait. Peu importait combien il frottait, grattait sa peau, les souvenirs de Jimin ressurgissaient. Il était imprimé sur chaque partie de son corps, il s'était glissé sous ses lèvres déchiquetées.

Et, tristement, même le fait d'aller mal, de pleurer, le ramenait à lui et à ses crises de paniques impressionnantes.

Il devait essayer de vivre avec, il n'y avait pas d'autre solution.

Ça serait dur. Tellement dur. Il allait faire des erreurs, pleins d'erreurs, et il aurait surement un nombre dix fois plus grand encore de regrets.

Mais pour Jimin, pour Yoongi, pou Hoseok, pour le squelette qu'il avait été un jour, pour ces oiseaux dans le parc qui mourraient eux aussi, il devait vivre.

Soudain, le bruit de la sonnerie le tira de ses rêveries. Essuyant rapidement ses larmes, il se leva, et se dirigea avec lenteur vers la porte, tout en essayant de retrouver une respiration correcte.

Il l'ouvrit en grand, puis écarquilla les yeux.

Dès que son regard croisa celui du plus jeune, leurs yeux se remplirent de larmes. Et Jungkook éclata en sanglots après avoir enlacé sa taille avec force, ne lui laissant même pas le temps de lui demander ce qu'il faisait ici.

La porte refermée, ils partirent s'allonger dans la chambre. Sans parler, sans se regarder, ils éteignirent la lumière. Ils ne se connaissaient pas plus que ça mais n'en avaient pas besoin. Ils se sentaient déjà assez proches de partager leur peine.

Leurs corps allongés, enlacés, ils pleurèrent toute la nuit. Et au petit matin, Namjoon se jura de protéger Jungkook. Parce que pour gagner la bataille, pour vivre, il avait besoin d'alliés. D'amis.

Et qu'eux deux avaient déjà un point en commun ; Jimin leur manquait.

Our destinies have collide
I need you by my side
This bed is way to cold
There is no one else to hold

Cold cup of coffee on the desk
I'm trying to think but my head is a mess
Lonely raindrop knocking on the glass
And suddenly my heart stop beating fast

You, who are you
Without you i'm the one crying here
Me, who is he
This sad boy just seem like a stranger

I am falling on the ground
But there's no one to heal my wound
Remembering this sweet melody
That you sang often to me

There's not so much warmth in other's embrace
I was your joker and you where my ace
I don't know how to keep going now
Memories of your hope tell me to give a try

You, where are you
Because our wonderland is with you no where
Me, its seems to be
Loneliness is heavy to wear

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J'espère que le chapitre vous a plu !

Ci-dessus les paroles d'une petite chanson de moi, je trouve qu'elle colle bien (pour parfaire le tout j'ai modifié quelques détails mais bon.)

Désolée pour le retard ><


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