Chapitre 7
Pour les parents, les urgences, lorsque notre enfant est malade, sont super stressantes. Et encore, je pèse mes mots.
Ça commence par le voyage jusqu'aux Urgences. Car bien souvent on n'y va pas pour rien. On a la boule au ventre. Même si Lola n'est pas à l'article de la mort, vu qu'elle me parle et répond à mes questions. Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le pire, surtout que c'est mon super pouvoir depuis la première fois que je l'ai prise dans mes bras. A savoir pour moi, sa mort, avec plus ou moins de souffrances, avec plus ou moins de rapidités, avec plus ou moins d'atrocités. Mais le résultat reste toujours le même, la perte définitive de Lola. Ce qui est inenvisageable pour moi.
— Tu vas bien ? Tu as encore envie de vomir ?
J'aimerais pouvoir rouler super vite afin qu'elle rencontre le plus rapidement possible un docteur et que je sois enfin rassuré. Mais ma camionnette ne survivrait pas à une grosse accélération sur une si grande distance, car elle n'est plus toute jeune.
Et en plus, nous avons des limitations de vitesse. Je n'ai pas besoin d'ennuis supplémentaires en me mettant les flics à dos. Je respecte donc les limitations de vitesse.
— Oui, ça va, papa. Et non, je n'ai pas envie de vomir. Comme je te l'ai déjà dit, il y a moins d'une minute.
Ma fille commence à connaitre mon besoin de surprotection à son encontre. Je n'imagine même pas ce qui va se passer le jour où elle me ramènera un copain à la maison. Mais là, je m'égare.
Ensuite vient la super étape de trouver une place de parking. Idéalement, le plus proche possible de l'entrée du service. On tourne en rond dans ce parking, et plus je cherche, plus je m'éloigne de l'entrée. Logique vu que tout le monde cherche la même chose.
Après avoir trouvé une place, pas super bien placée, mais bon je n'ai pas le choix, c'est le mieux que j'ai trouvé. Je cours chercher un ticket à l'horodateur, car oui maintenant même le parking des hôpitaux sont payant. Il n'y a pas de petit profit. Je sélectionne le plus de temps possible afin de ne pas avoir à ressortir au cours de la journée, et de pouvoir rester avec Lola à chaque instant.
Après s'en suit, l'explication du problème qui permet au corps médical de vous classer en fonction des priorités. Puis on continu avec la paperasserie et questionnaire en tout genre, dont tu as l'impression de ne jamais en voir le bout. A peine tu en as terminé un, que la secrétaire t'en donne un autre. Et ainsi de suite. Quand enfin, vous êtes venu à bout de tout ça, ma partie préférée débute, interminable mais pas moins obligatoire : l'attente.
Je ne pense pas être le seul parent à détester cette partie, qui peut durer dix minutes comme une journée entière.
Comme tout le monde, une fois que l'on se soit installé dans la salle d'attente, je compte le nombre de personnes malades présentes. J'ai beau savoir qu'il y a une possibilité pour que l'on passe avant ces gens, je les compte tout de même. Et de savoir qu'il y a juste trois personnes en plus de nous dans cette pièce, ne va pas m'aider à estimer le temps d'attente, et me dire si oui ou non, je pourrai être à mon rendez-vous avec mon comptable à 15h sachant qu'il est à peine 11h30. En plus, il faudrait que je dépose Lola chez ma mère avant pour ne pas qu'elle ait à supporter ces conversations assommantes et soporifiques, mais néanmoins essentielles pour un chef d'entreprise.
J'informe Louis et Nadège, par sms, de la situation actuelle et je leur demande si tout va bien, car c'est plus fort que moi, j'ai besoin de savoir et d'être rassuré continuellement.
Louis : OMG ! La cuisine a pris feu. Je pense que Miguel a péri dans les flammes. Peut pas le dire y a des pompiers partout.
Bien évidemment, je sais que Louis a raison. Celui-là, il a toujours le mot pour rire. Et malgré les bêtises qu'il m'écrit, j'apprends deux choses. La première est que vu qu'il a le temps d'écrire un si long message, c'est que le livreur est passé récupérer les repas du jour. La seconde est qu'il cherche à me changer les idées, de la seule manière qu'il connait, c'est à dire en racontant des âneries.
Nadège : T'inquiète, on gère. Embrasse la puce pour moi.
Nadège, elle est toujours dans la simplicité et l'efficacité. C'est ce que j'aime chez elle. Elle donne sa réponse sans édulcorant.
Lola pose sa tête sur mes genoux. Et on attend. De temps en temps, elle reçoit un message de ces copines sur son portable, du moins je l'espère. Au bout d'un moment, je finis par prévenir Matthieu, je sais qu'il appellera maman pour l'informer de la situation.
Peu avant 14h, pour ne pas déranger les gens présent dans la salle d'attente, je sors téléphoner à mon comptable, ou plutôt à sa secrétaire pour repousser le rendez-vous le plus tard possible dans la journée. J'ai encore l'espoir d'y aller aujourd'hui. Enfin faudrait que j'y soit à 17h30 maximum m'informe cette dernière.
Quelques minutes, après être revenu auprès de Lola, on nous appelle. Enfin, ce n'est ne pas trop tôt. Après qu'un aide-soignant, nous ait conduit dans une petite pièce avec un lit, une chaise et de l'équipement médical. Une infirmière et un autre aide-soignant, nous interroge :
— Qu'avez-vous ?
Je n'ose imaginer ce qu'ils doivent entendre à longueur de journée en réponse à cette simple question. A côté, notre histoire est toute banale. Mais bon, je m'empresse de la raconter.
— Lola a fait une chute d'environ d'1m50 lors d'un cours d'escalade à l'école.
Tout en prenant des notes, l'infirmière hoche la tête. Elle s'est tourné vers Lola, allongée sur le lit, afin de lui poser une série de questions supplémentaires.
— Tu es tombé sur la tête ?
— Euh ... oui.
Je vois bien que Lola est en plein dilemme. Répondre correctement aux questions de l'infirmière ou garder des informations pour ne pas m'inquiète plus que je le suis déjà. Si elle savait. Je suis déjà complètement et totalement flippé. Comme à chaque fois, que ça la concerne. Je lui caresse les cheveux sur le haut de la tête pour la rassurer mais également lui faire comprendre qu'il est plus important de donner les bonnes informations au corps médical, que d'essayer de me préserver.
— Autres choses à signaler, demande l'infirmière ?
Et pour joindre mon geste à la parole, je réponds à la place de Lola.
— Elle a vomi vers 11 heures.
L'infirmière hoche la tête en notant les informations sur son bloc note.
— A-t-elle beaucoup vomi ?
Sérieux comment voulez-vous que je quantifie du vomi. Du vomi c'est du vomi, peu importe la quantité.
— Trop à mon goût !
Je sais, je ne suis pas particulièrement sympa avec cette pauvre fille. Mais pour ma défense, entre sa question vraiment ridicule, les quelques heures d'attente qui n'ont pas amélioré mon humeur générale et pour finir mon inquiétude grandissante pour Lola. Je pense avoir atteind la limite de ma patience. L'infirmière ne semble pas s'en formaliser plus que ça.
— Elle n'a pas revomi depuis ?
Franchement, si elle avait vomi plusieurs fois, j'aurais donné toutes les informations en même temps. Je soulève un sourcil à l'attention de cette femme, qui signifie « A votre avis ? ». Mais Lola reprend la parole à ma place, pour éviter d'aggraver les choses.
— Non, je n'ai vomi qu'une seule fois.
— As-tu saigné de la tête ? Perdu connaissance ?
Au moins, ses questions sont plus censées maintenant. Mais je préfère laisser Lola répondre, car je ne veux surtout pas envenimer encore plus la situation.
— Non, je n'ai pas saigné. Ni perdu connaissance.
L'infirmière a dû enfin comprendre mon état d'esprit actuel, elle poursuit.
— Bien ! Le docteur va venir la voir.
Certes, sa réponse est un peu sèche. Mais je ne lui en veux pas. Car je n'ai pas été très sympathique avec elle, moi non plus, et qu'en plus elle vient de dire les paroles que j'attends depuis trop longtemps.
Ils sortent en refermant derrière eux la porte de notre chambre. Et maintenant, commence une nouvelle attente, celle du Docteur, et je ne suis pas persuadé qu'elle soit plus courte que la précédente. Mais au moins ici, je peux trouver le personnel médical de l'autre côté de la porte. Je prends donc mon mal en patience en rapprochant la chaise du lit où Lola est allongée, avant de m'y assoir.
— Papa, tu n'étais pas obligé de répondre de cette manière à la dame.
Par contre ma fille, n'hésite pas à m'attaquer directement. Dans ces moment-là, elle me fait penser un peu trop à sa mère. Je sais qu'elle a raison. Je souffle pour la forme avant de lui répondre.
— Je sais. Mais aujourd'hui, ma patience a été mise à rude épreuve.
Elle hoche la tête en signe d'approbation et de compréhension. Puis on attend le médecin en silence. Elle, sur son portable, à surfer sur les réseaux sociaux et moi à réfléchir à ma vie en générale.
Mes réflexions me portent sur la relation actuelle que j'entretiens avec sa mère. Je pense qu'elle a plus d'impact sur Lola que ce que je pensais. Nos disputes continuelles, pour tout et pour rien, on fait grandir notre fille bien plus rapidement que les autres enfants du même âge. Fini l'innocence de l'enfance pour Lola. Je m'en veux de la plonger au milieu de tout cela. Mais hélas Natasha n'a pas les mêmes scrupules que moi et la prend régulièrement à partie. Quand moi, je souhaiterais qu'elle reste le plus possible en dehors de nos règlements de compte.
Comme la fois, où elle devait passer son premier noël avec ma famille sans Natasha, juste après notre rupture définitive. A l'époque, Lola avait 5 ans.
Ma mère était tellement heureuse, elle avait décoré toute la maison pour sa petite fille, une vraie féérie. Même moi, je m'étais pris au jeu en concoctant un véritable festin, pour le réveillons de noël et le jour noël. Et puis après le repas ma mère a demandé à Lola d'aller se coucher.
— Aller ma chérie, on va au lit. Il est tard il faut être en forme pour demain pour ouvrir les cadeaux. Et surtout le Père Noël ne passera pas s'il nous voit encore debout.
C'est là que ma fille a anéantis toutes les histoires de contes de noël que se faisait encore toute ma famille et moi-même.
— Mais mamie, le Père Noël n'existe pas. C'est vous qui avez acheté les cadeaux. Vous allez les mettre sous le sapin quand je serai au lit pour me faire croire qu'il existe.
Ma mère, mon père et moi-même sommes restés bouche bée devant son petit discours. Par chance, mes petits neveux et nièces, nous rejoignaient que le lendemain matin pour l'ouverture des cadeaux et le déjeuner de noël, sinon eux aussi aurait eu une sacrée désillusion, en même temps que nous.
— Mais qui t'a raconté des bêtises pareilles ?
Ma mère a toujours était d'une nature optimiste. A ce moment précis, je ne peux pas lui reprocher de vouloir conserver d'un peu de l'innocence de Lola. Mais je connais déjà la réponse à sa question avant que ma puce ne lui réponde.
— C'est maman qui me l'a expliqué. Et pour me le prouver, elle m'a donné mes cadeaux de noël de sa part.
Cette garce sait que j'adore cette fête, surtout depuis que Lola est entrée dans ma vie. J'adore voir le regard émerveillé de ma fille devant les lumières, les décorations du sapin ou de la ville, mais surtout lorsqu'elle aperçoit les cadeaux au pied du sapin. Vu qu'elle est privée de sa fille cette année, Natasha a souhaité me priver de quelque chose également, et elle a très bien réussi, cette garce.
L'arrivée du médecin me tire de mes sinistres souvenirs.
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