Chapitre 5

A 14 ans

A la rentrée qui a suivi notre désastre amoureux, j'avais subi, par mes frères réunis, un relooking complet de ma façon de m'habiller et de me coiffer.

— Finit les vêtements choisis par maman, m'avait expliqué Matthieu, il est grand temps que tu te prennes en main.

— Surtout, si tu veux faire tomber les petites culottes, avait rajouté Sylvain avec un mouvement de sourcil très subjectif à mon attention.

C'est seulement au regard noir de Matthieu que Sylvain s'était souvenu que j'étais peut-être encore trop jeune pour voir les petites culottes des filles. Il s'est donc senti obligé d'ajouter.

— Enfin, on verra ça pour plus tard.

— Ouais, à renchérit Sylvain. Bien plus tard ! Dans des années, surtout si on veut éviter que maman nous tombe dessus. Et puis il n'est pas encore près pour avoir la discussion avec maman.

J'entamais donc une nouvelle année avec un but et une nouvelle confiance en moi, grâce à mes frères. Mais comme l'a affirmé Sylvain, je n'étais pas encore près à avoir la discussion sur la sexualité avec maman. Aucun enfant n'était prêt à avoir cette conversation avec ses parents, or elle approchait à grand pas.

Dès les premières minutes de mon arrivée au Collège, j'avais remarqué Sarah. Ce qui n'était pas étonnant vu qu'elle était toujours avec le même groupe de filles et toujours à trainer au même endroit. Par contre, ce qui fut étonnant, c'est qu'elle me remarqua.

Pendant un certain temps, elle m'a fixé comme hypnotisé par ce qu'elle découvrait devant elle. Tellement bien qu'une de ces amies a dû passer sa main devant ces yeux à plusieurs reprises avant qu'elle se reconcentre sur la conversation.

Fier de l'avoir troublé, j'ai commencé l'année sur les chapeaux de roues. Pendant les mois qui ont suivi, je me suis appliqué à suivre mon plan à la lettre. Éviter le plus possible Sarah ! Pas si difficile que cela, vue que nous ne sommes pas dans la même classe. Avoir de bonnes notes, pour avoir par la suite un bon métier, ce fut plus difficile, mais je m'accrochais comme je pouvais. Avoir de l'expérience avec les filles, pour être sûr que le jour venu, Sarah ne soit pas déçue par mon manque d'expérience.

J'ai très vite remarqué que mon relooking n'avait pas eu d'effets que sur Sarah. Plein de filles, on commençait à me tourner autour, comme des vautours, pour mon plus grand bonheur et celui de mes potes.

Ce fût le début du défilé des filles dans ma vie. Certaines plus longtemps que d'autres, car elles ne me poussaient pas à m'investir dans quelque chose que je ne voulais pas. Car peu importe avec qui je me trouvais, dans un coin de mon esprit se trouvait mon amour pour Sarah. Même mes potes me suggéraient de changer régulièrement de proie. Il faut savoir qu'une fille ne viens jamais seule. Et mes potes en profitaient autant que moi.

Par contre du côté de Sarah, finit le défilé de débiles. Malgré toute ma bonne volonté, je continuais à l'observer, de temps en temps, à la dérobée. Ce qui d'ailleurs était de plus en plus dur, car elle se mit à faire comme moi. Sauf qu'elle n'était pas aussi discrète que moi, du moins j'ose l'espérer.

Ce n'est que quelque temps plus tard, et une bonne discussion avec Matthieu que j'ai véritablement compris le pourquoi ?

— Matt, j'ai une question.

Je me pose sur son lit vu qu'il est à son bureau à faire ces devoirs. Maintenant qu'il est parti faire de grandes études d'architecture, je ne le vois plus autant qu'avant, faut donc que j'en profite ce week-end car il est à la maison. Ce que j'apprécie avec lui c'est qu'il a toujours du temps pour moi. Ce qui n'est pas vraiment le cas de Sylvain, surtout depuis qu'il a demandé sa copine en mariage. Il finit ce qu'il écrit avant de se tourner vers moi, pour bien me montrer que j'ai toute son attention.

— Oui, mon grand.

Je déteste quand il m'appelle comme ça, on dirait que j'ai cinq ans et non dix de plus. Je souffle pour la forme et pour qu'il comprenne que je n'aime pas ce surnom. Ce qu'il sait très bien.

— Y a une fille au Collège...

Je ne précise pas que c'est Sarah, car je préfère que ma famille pense que je suis passé à autre chose.

— Dès que je la croise dans le couloir et que je lui dis juste « Bonjour » ou « Salut », elle devient toute rouge, elle se cache et elle se met à bafouiller avant de partir presque en courant.

Sur le visage de mon frère éclot un sourire, un grand sourire.

— Et j'imagine, que tu veux que je te confirme qu'elle a le béguin pour toi ?

Sa question étant rhétorique, je hoche la tête pour la forme, et surtout pour l'inviter à poursuive.

— Oh oui, elle a le gros béguin pour toi ! Je dirai même qu'elle est sûrement amoureuse de toi.

A ces mots, un feu d'artifice éclate dans ma tête et dans mon cœur. Sarah est amoureuse de moi. Enfin, ce n'est pas trop tôt. Mais les mots suivant de Matthieu ont le don de me faire redescendre immédiatement sur terre. Fini feu d'artifice.

— Mais si tu n'es pas prêt à t'investir dans une relation, tu la laisses tranquille. Tu ne la touches pas, compris ?

Il a raison, c'est trop tôt. Mon plan n'est pas prêt pour elle. Je ne suis pas prêt, et elle non plus, j'ai besoin encore de quelques années pour que tout soit parfait pour nous, pour notre avenir commun et notre future famille.

***

De temps en temps, j'allais la taquiner, juste pour voir d'où partaient ces rougeurs exquises. Je me faisais du mal autant que je lui en faisais. L'approcher était pour moi un vrai supplice, mais je ne pouvais m'en empécher.

Comme la fois, où on a eu un cours de Technologie dans la salle mitoyenne à la sienne. Elle était tellement concentrée sur sa paillasse à souder deux composants ensemble, qu'elle n'a même pas remarqué que ma classe était rentrée dans sa salle pour récupérer du matériel. Dans sa bulle, elle fixait son travail, sa petite langue rose sortie.

Devant cette vision, mu par leur propre volonté, mes pieds m'ont porté jusqu'à elle. Une fois derrière elle, je me suis penché pour lui parler doucement à l'oreille, afin qu'elle soit la seule à m'entendre.

— Sarah, tu devrais rentrer ta langue.

Son parfum a enivré tous mes sens. La douceur de ses cheveux m'ont chatouillé la joue. Ce qui a couvert mon corps de chair de poule incontrôlable. Jamais, je n'avais eu une réaction pareille pour une fille.

Mais sa réaction a elle a perturbé mes songes durant des mois. Ses mains se sont mises à trembler. D'adorables rougeurs ont envahi ses joues, son cou et sûrement d'autres parties de son délicieux petit corps.

Et surtout elle a dégluti, comme si sa bouche c'était subitement asséchée. Tous ces signes étaient la confirmation évidente que je ne la laissé pas indifférente. Une joie immense m'a envahi devant ce constat.

— Euh ... Bonjour, Simon !

Même sa petite voix fluette a fait accélérer mon rythme cardiaque. Instantanément, les paroles de Matthieu me sont revenues en mémoire comme un boomerang « Si tu n'es pas prêt à t'investir dans une relation, tu la laisses tranquille ». J'ai dû fournir un effort surhumain, enfin selon moi, pour m'éloigner d'elle et de son emprise sur moi. Ce fut difficile, jusqu'à ce que mon pote m'appelle et m'arrache en quelque sorte d'elle.

— Simon ?

Toute ma classe avez rejoint ma salle de cours, après avoir fait un petit sourire à Sarah, je me suis empressé de quitter sa salle pour m'éloigner le plus possible d'elle et des sensations qu'elle me faisait naitre en moi.

A partir de ce jour, je l'évitais elle et ses amies comme la peste et lecholera réunis, pour dire. Plus de taquinerie à son encontre, de peur que çaretourne contre moi.

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