♕ La robe de la défense (DNB blanc) ♕
Hello hello les grenadines ♡
Je vous présente ici mon expression écrite du brevet blanc, qui est le résultat obtenu en suivant le sujet d'imagination, autour d'un texte de Joseph Kessel tiré du livre "Le Paradis du Kilimandjaro". Le texte d'origine parlait des guerriers Masaï, un peuple situé à l'époque sur les terres de colonies anglaises, mais malgré tout autorisé à conserver leur mode de vie traditionnel sur leur territoire. L'une des particularités de leur culture était d'offrir une vache à la naissance, qui deviendrait plus tard la meneuse du troupeau de l'enfant. Elles avaient un statut sacré.
Le sujet: "Par la suite, un jeune Masaï tue un administrateur qui a mené sa génisse (vache) à l'abattoir. Vous êtes l'avocat(e) qui défend le jeune homme. Imaginez la plaidoirie que vous feriez pour le défendre. Votre texte peut être inséré dans un récit qui mettra en avant les réactions des différents protagonistes du procès (jurés, famille de la victime,...)."
Je n'ai presque rien modifié dans mon texte, à part quelques fautes d'orthographe qui traînaient. Dîtes-moi si vous souhaitez connaître ma note et mon appréciation ou si vous n'en voyez pas l'intérêt. ^^
Bonne lecture ♡
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Le silence est de mort dans le tribunal de la dernière chance. Ce soir, mon client perdra peut-être la liberté et la vie, exécuté pour un crime incompris. Je porte sur moi la robe de la défense, teintée d'un noir espoir pour ce jeune garçon et ses parents. Je ne dois pas les décevoir.
"Bonjour à vous mesdames et messieurs les jurés. Bonjour aussi aux malheureuses personnes impactées par ce procès. Et bonjour aux curieux venus prendre connaissance de l'affaire. J'aimerais tout d'abord adresser mes plus sincères condoléances à la famille de la victime, les évènements sont un drame terrible pour nous tous."
Je marque un silence, comme pour illustrer ma tristesse. Un sanglot désespéré comble le blanc, ponctué de reniflements hideux. Je jette un bref coup d'œil à la femme qui larmoie dans les bras de son mari, boucles blondes impeccables et mouchoir à la main. C'est sans doute la mère de l'anglais, je déduis à ses rides et à son maquillage surchargé: de ce que je sais, l'administrateur était très proche de ses parents.
"Cependant, si c'est bien un horrible drame, ce n'est en aucun cas un assassinat volontaire, comme j'ai pu vous l'entendre dire. La mort de ce brave homme n'est que le fruit d'une incompréhension effroyable, aussi tragique soit-elle."
La foule murmure, comme une vague immense attendant le bon moment pour s'écraser. C'est le cri d'indignation de la mère qui y met fin, profondément choquée. "Comment osez-vous ?" Le silence revenu, elle retourne à ses pleurs.
"En effet, vous n'êtes pas sans connaître la situation du Kenya et des guerriers Masaï. Vous n'êtes pas sans savoir que leur culture, aussi particulière soit-elle, est à traiter avec le plus grand respect, au même titre que nos villes et inventions. Là-bas..."
Je n'ai pas le temps de continuer que l'autre avocat me coupe, avec un air goguenard.
"Leur culture ? Vous appelez ça respectable ? Un homme est mort, très chère. Mort et enterré ! Regardez donc la famille de la victime dans les yeux et osez vous répéter !"
J'aurais été tentée de prendre en pitié ces pauvres gens, considérer un tant soit peu leur peine. Mais le sourire en coin de mon "collègue" et les larmes de crocodile de la dame, exagérées de manière grossière à la fin de la phrase m'en ont empêchée. Je continue mon discours sans un regard pour eux: je ne dois pas me laisser atteindre par les provocations.
"Comme je disais, là-bas, les vaches données à la naissances d'un enfant sont sacrées, même divines. Dès le plus jeune âge on les présente comme le bien le plus précieux du petit, qu'il devra protéger au péril de sa vie. Peut-on en vouloir à un jeune homme, tout juste sorti de l'enfance, de vouloir appliquer les principes qu'on lui a inculqués, et ce avant même qu'il ne sache parler ?"
Non loin de moi, un peu à l'écart, se trouve la famille de mon client. Ils sont vêtus de leurs tenues de guerres, le menton levé et la tête haute, comme pour m'encourager dans ma bataille verbale. Contrairement au couple à l'opposé, ils ne semblent pas malheureux de la situation, peut-être juste outrés qu'on ose s'en prendre à eux. Leur indifférence m'aurait fait croire qu'ils ne comprenaient pas un mot de ce que je disais, si je n'avais pas déjà discuté avec eux en anglais. Le père hoche imperceptiblement la tête, comme pour me faire signe de poursuivre.
"La victime, Mr. John McDucks, a tenté, lui aussi, de commettre un meurtre ce jour-là. Il a enlevé celle que mon client considérait comme sa plus précieuse amie pour la réduire en charpie et la proposer en plat à ses invités. Peut-on blâmer ce jeune homme d'avoir voulu défendre la vie de cette malheureuse génisse ? Peut-on le blâmer d'avoir voulu éviter un crime ?
- Ce n'était qu'une vache !" s'écrie l'autre avocat, ne sachant visiblement pas respecter les temps de parole.
"Pas pour lui, pas chez lui. Chez les Masaï, la vie de cette vache avait autant de valeur que celle de votre mère. Pourriez-vous déclarer "Ce n'était qu'une femme !" si c'était une noble mère de famille qui avait été assassinée ?"
Cet idiot se tait enfin, me laissant le loisir de continuer.
"Il y a actuellement des lois, messieurs-dames les jurés, qui contrôlent l'arrivée des anglais sur les territoires Masaï. Si cet administrateur avait le droit de pénétrer le territoire en tant qu'invité ou touriste, rien ne l'autorisait à s'octroyer les biens des habitants et les détruire. Peut-on vraiment en vouloir à ce jeune guerrier d'avoir fait respecter la loi et ses droits sur son propre territoire ? Est-il vraiment en tort de s'être défendu lorsqu'on a tenté de le voler ?"
Je prends une grande inspiration, prête à conclure mon plaidoyer. Une petite goutte de sueur perle sur mon front.
"Voilà pourquoi, messieurs-dames les jurés, je vous demande de faire preuve d'indulgence vis à vis de mon client, qui n'a fait que se défendre et défendre autrui. Merci pour votre attention."
Le silence est de mort dans le tribunal de la dernière chance. Ce soir, mon client perdra peut-être la liberté et la vie, exécuté pour un crime incompris. Je porte sur moi la robe de la défense, teintée d'un noir espoir pour ce jeune garçon et ses parents. Mon plaidoyer est fini et la salle se tait, seule la mère de la victime sanglote encore. Il ne reste maintenant plus qu'à attendre la décision froide des jurés, et le malheur qui en résultera, pour un camp comme l'autre.
(913 mots)
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