Chapitre un - Soan
Chapitre un - Soan
Cinq ans plus tard - 4 juin 2022
Athéna se redresse d'un bond dans le lit. Ses paupières se soulèvent difficilement tandis qu'elle envoie la couette valser par terre. Son regard dérive autour de la pièce, un peu perdu, puis il tombe sur moi. J'ai immédiatement le sourire. Je l'observe avec les bras croisés sur mon torse. J'aime sa peau mate, le bleu de ses yeux et son carré fouillis à peine blond. Même après cette courte nuit, la femme de ma vie est magnifique. C'est d'ailleurs le premier truc que je vais lui dire.
— Tu es belle mon amour.
Elle me fixe avec une moue.
— Il est beaucoup trop tôt, me dit-elle de sa voix éraillée du matin. Et on n'a jamais aimé se lever aussi tôt.
— C'est vrai, mais il le faut, allez, motive-toi ! Regarde, je suis déjà prêt, moi.
Elle se frotte le visage, baille longuement en gardant ses paumes devant sa bouche et repousse ses cheveux d'un geste vif. Après cet enchaînement plus ou moins organisé, elle saute du lit et ouvre les rideaux. Le soleil m'éblouit aussitôt et elle me passe devant.
— Donc, prendre une douche, s'habiller et go, récite-t-elle en lisant la petite to do list posée sur la table de nuit.
Athéna est la reine des listes. Elle en fait pour tout et n'importe quoi. Il y en a quelques-unes qui attendent encore que je les coche d'ailleurs. Celle de la salle de bain, par exemple, dit que je dois reboucher le trou au-dessus du miroir, depuis au moins trois ans. Mais ça devra attendre, car aujourd'hui, nous partons en voyage. Et ce ne sont pas des vacances détentes qui nous attendent à l'autre bout du monde, non c'est un pèlerinage qui va nous conduire sur les traces de notre rencontre, il y a cinq ans. Refaire ce voyage, qui lui avait été offert par ses meilleures amies, c'est la meilleure chose qui peut nous arriver en ce moment.
Athéna disparaît dans la salle de bain où l'eau se met immédiatement à claquer au fond de la douche. J'ai toujours adoré voyager, durant des années c'était même la vie que j'avais choisie, puis je l'ai rencontré elle et j'avais enfin quelqu'un qui m'attendait quelque part sur le globe. Son regard sur moi tous les matins était une raison suffisante pour que j'arrête de parcourir le monde. Et je n'ai jamais regretté ce choix.
Alors chaque jour passé à côté d'Athéna Garcia, j'ai encore le sourire. Et même si on quitte bientôt cet appartement qu'on a refait ensemble, même si les pièces sont à présent remplies de cartons, je suis heureux parce que je suis avec elle. Athéna, ce n'était pas gagné il y a cinq ans, nous étions si différents et pourtant, aujourd'hui nous serions incapables de nous séparer !
— Mais, y'a plus de gel douche ! s'exclame-t-elle dans l'autre pièce.
J'explose de rire depuis la chambre.
— Il y a un truc sur lequel toi et moi n'avons fait aucun effort en cinq ans, c'est faire les courses correctement !
Trente bonnes minutes plus tard, je suis planté dans l'entrée à côté du même sac de randonnée qu'elle avait sur le dos le jour de notre rencontre. Moi, comme à mon habitude je voyage léger. Elle fait les cents pas entre ici et le salon, le regard affuté.
— J'ai oublié un truc, non ? Mais c'est quoi...
— Mon amour ?
— Mmh...
— Tu oublies ton pass...
— Ah oui putain, le passeport ! Tu vois j'aurais dû garder cette banane que j'avais la dernière fois, c'était hyper pratique.
Elle va le récupérer sur une des piles de carton du salon puis elle déboule devant moi avec les joues rosies et le souffle court. Elle a couru partout depuis une heure.
— J'ai. On peut y aller, dit-elle en se penchant vers son sac.
Elle interrompt son geste pour me lancer un regard.
— Attends, câlin, annonce-t-elle en pivotant dans ma direction.
J'ouvre mes bras en grand tandis qu'elle me serre contre elle. Ah, là on est bien ! Son cœur battant résonne en moi et son souffle irrégulier me fait sourire de plus belle.
— Tu gères très bien, mon amour, murmuré-je. On ne voit presque pas que t'es super angoissée !
— Foutue anxiété, je te jure !
Elle se redresse, dépose un baiser sur mon front et part enfiler les larges bretelles de son sac.
— La bonne nouvelle, ce sac est moins rempli cette fois, fait-elle en m'attrapant d'une main. La mauvaise, il est toujours aussi moche.
— T'as même toujours l'air d'une tortue un peu bizarre, balancé-je.
Elle m'adresse cette grimace que j'adore avant de passer la porte en m'attirant à elle.
— T'es prêt beau gosse ?
— J'irai n'importe où avec toi, Athéna.
Elle affiche un sourire émue.
— Mais surtout, je t'attends depuis une heure, ajouté-je en riant. Bien sûr que le BG est prêt !
Elle secoue la tête et ferme la porte à clé.
Dans l'ascenseur on échange un long regard via le miroir. Je sais qu'on se comprend, ça été ainsi à la première seconde où nos âmes se sont croisées. J'ai su tout de suite que nous serions ensemble. De ton côté ça été plus compliqué, je l'admets ! Cette pensée qui apporte avec elle une tonne de souvenirs me fait rire.
— Tu ne serais pas en train de te moquer de moi ? dit-elle.
— Jamais de la vie ! pouffé-je.
On finit par quitter la cabine, collés l'un contre l'autre.
— Tu me sers un peu trop fort, marmonné-je alors qu'on pousse la porte du hall.
— J'ai peur que tu t'envoles. Même si, techniquement, c'est le projet du jour.
On relève le nez lorsqu'on aperçoit les deux meilleures amies d'Athéna qui nous attendent sur le trottoir d'en face. Nour la jeune maman, les cheveux brun bouclés et une tenue mi-pyjama, mi-sportive du dimanche et Hilo la banquière, sosie qui s'ignore de Virginie Efira.
— Salut vous deux, fait Nour avec un grand sourire.
— Te force pas, t'es encore plus moche avec ce truc sur le visage, balancé-je alors qu'elle pose sa main sur mon épaule.
— Soan, articule-t-elle. Je vais faire comme si je n'avais rien entendu.
Athéna pouffe de rire et Hilo lève les yeux au ciel.
— Ils sont repartis, dès le matin, c'est lourd !
L'amitié vache, c'est nous. J'ai rencontré ces deux-là, au retour de notre premier voyage et on s'est tout de suite bien entendu. Elles sont drôles, piquantes et franches, tout ce que j'aime. J'ai tout de suite compris pourquoi Athéna les avait pour amies.
— Ma Athéna, t'es prête pour l'avion ? interroge Hilo.
— Bonjour Hilo, comme toujours tu vas m'ignorer, placé-je alors qu'elle vient serrer Athéna dans ses bras.
La grande blonde me lance un regard avec un petit sourire avant d'envoyer sa main dans mes cheveux.
— Soan, t'as rien oublié j'espère ?
J'ai un petit rire. Les filles me connaissent bien, car je suis connu pour partir en voyage avec mon passeport en poche et rien d'autre.
— Très difficile d'oublier : rien.
Les filles échangent un rire, enchainent quelques vannes pendant que ma femme part déposer son encombrant sac dans le coffre, puis on grimpe tous à bord du monospace de Nour. Oh là, que s'est-il passé là-dedans ?
— Presque désolée Soan, fait-elle justement. Tu vas devoir t'installer dans le siège auto de mon fils.
— Heureusement qu'on est pas si loin de l'aéroport, ta caisse est immonde.
— Parce que j'ai trois enfants en bas âge, un CDI en temps plein et un mari un peu trop fan de Top Chef, se justifie-t-elle en me lançant un regard dans le rétro. J'ai pas le temps de ranger ce truc !
Athéna m'attire à elle pour se serrer contre moi. Une seconde passe et elle grimace en se redressant. Ses doigts saisissent et décollent une gourde de compote usagée de ma cuisse.
— Oh ? sympa, il en reste dedans ? J'ai un petit creux, chuchoté-je en provoquant son rire.
Elle jette le détritus par terre et la voiture s'élance dans la circulation.
— C'est parti, souffle-t-elle nerveusement.
Elle stresse beaucoup même si elle ne montre rien. C'est un truc qui ne m'arrive jamais, mais je comprends parce que ce voyage ensemble cinq ans après le premier, ça compte beaucoup pour nous. Après tout ce que cette dernière année vient de nous faire subir, c'est une manière de tourner cette page. La fin de ce voyage, ce sera un nouveau départ.
Les filles attendent avec nous à l'aéroport. Les soucis avec mon passeport nous prennent deux fois plus de temps qu'à la normale ce qui nous oblige à des aux revoir brefs et précipités. Je n'ai jamais aimé gérer ma paperasse, alors Athéna s'en charge.
Très vite, nous sommes dans l'avion et nous y retrouvons Irène, l'organisatrice de ce voyage et du premier offert par Nour et Hilo. Elle nous salue avec ses habituelles émotions en feu d'artifice. Elle a d'ailleurs les larmes aux yeux de nous revoir. J'avoue être aussi ému, mais je parviens à garder tout ça en moi. Athéna sourit avec les yeux brillent.
— Athéna et Soan, mes amours, je vous ai réservé des places d'exception, débite Irène à l'entrée de l'appareil. Allons-y suivez-moi.
Nous la suivons pour remonter l'allée centrale. Il y a déjà beaucoup de monde qui s'installe, plein de nouveaux couples en quête de road trip. Irène s'arrête tout au fond de l'appareil. Articule des mots déformés et elle est appelée ailleurs. J'ai un grand sourire en baissant les yeux sur les places qu'elle nous a attribuées.
— C'est comme la première fois, tu te souviens ? chuchoté à Athéna alors qu'elle s'assied.
— Comment ne pas s'en souvenir, chuchote-t-elle. C'était il y a cinq ans, pourtant j'ai l'impression que c'était hier.
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Salut à tous ! J'espère que ce chapitre vous a plu :) Pour ceux qui ne me suivent pas sur insta, j'ai expliqué là-bas que j'avais arrêté d'écrire, pour divers raisons, mais principalement parce que ça fonctionne moins bien pour moi en ce moment et que je suis concentrée sur la vraie vie, celle où on gagne des sous pour payer le loyer :p
Concernant ce texte, il a déjà quelques chapitres écrits et lorsqu'ils seront publiés, j'écrirais la suite. Pour les nostalgiques des jeudis sacrés (comme moi) j'espère parvenir à recréer ce rythme de publication. Cette idée de roman est dans ma tête depuis quelques années déjà. Je ne sais pas si c'est le bon moment pour elle (ou pour moi !), je sais juste qu'elle m'a tant marquée qu'elle est toujours restée dans mon esprit durant tout ce temps :) J'ai hâte de vous faire lire la suite. Un indice, vous allez probablement rire !
A la semaine prochaine :D
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