Chapitre quinze - Athéna



Bonjour à tous :D

Voici un résumé du chapitre de la semaine dernière, sinon pour ceux qui s'en souvienne bien, vous pouvez scroller ! --------> Athéna est confrontée à sa première randonnée sur l'île de la Réunion et alors qu'elle doit affronter sa peur du vide sur un pont suspendu, son sac bien aimé s'est jeté dans le vide... 



Bonne lecutre !




Perdre la totalité de ses affaires de manière aussi brusque et stupide c'est comme se voir arracher son âme. Minimum. J'ai eu beau me libérer des bras de Soan plus vite que mon ombre pour aller me pencher à la ligne de vie du pont, je n'ai vu qu'une boule rouge informe chuter très vite jusqu'à disparaitre dans la forêt en contrebas. Je reste bouche ouverte, sous la pluie, sur cette construction mouvante.

— Ah. Oups.

Soan se penche à côté de moi et vise le bas du précipice tandis que je tourne la tête dans sa direction.

— On dirait bien qu'on est débarrassés de ton énorme et trop imposant sac, ajoute-t-il.

Il termine en mordant sa lèvres inférieure pour venir croiser mon regard. Je ne parviens qu'à cligner des paupières. Est-ce que ça vient vraiment d'arriver ?

— Voit le bon côté des choses, tu n'as...

— Plus rien à me mettre pour tout le reste du voyage ? que mes papiers et tout ce qui fait que j'existe dans ce pays vient de faire une chute de trente-trois mètres ?

— Ah non pas du tout, fait-il. Regarde, tu n'as plus peur de traverser le pont ! Tu as même couru après ton sac.

Je relève le nez autour de nous et je me rends compte qu'en effet j'ai complètement oublié où j'étais. Et maintenant que je suis au milieu, penchée vers le vide, je ne ressens plus la même panique angoissante de tout à l'heure.

— Oh mais quelle technique incroyable, Soan, articulé-je avec froideur. Balancer les affaires des autres par-dessus bord pour les guérir de leur angoisses !

Je le vois se retenir de rire. Il pince les lèvres, visiblement très fort parce que son visage change carrément de couleur.

— Et ça a fonctionné, non ? couine-t-il.

Je retiens mon souffle et mon envie de lui faire rejoindre mon sac. Je le contourne et je pars sans me retourner. Je vais dire à Irène qu'il est responsable de tout et que maintenant, je dois rentrer chez moi.

— Dire que tu as refusé de laisser ton sac dans le bus... ajoute Soan en se callant à ma cadence.

Le pont remue sous notre progression et même si je peine à garder mon équilibre, je ne vise que le bout avec pour objectif de trouver Irène. Je laisse Soan sans réponse.

— En plus regarde comme tu a l'air de te sentir légère, maintenant.

— Je suis ravie.

Le ton employé annonce l'ironie.

— Il a roulé tu sais. Je l'avais posé à mes pieds et puis quand je t'ai prise dans mes bras, il n'a pas supporté j'imagine et il a choisi la fuite...

Je mords l'intérieur de mes joues pour retenir le sourire qui voudrait éclairer mon visage. Non, je dois être en colère contre lui, il est responsable. Tu sais bien que non Athéna, ton sac a roulé, et Soan n'y est pour rien !

— Faut dire que cet espère de câlin était vraiment beau, ajoute-t-il.

Ça devient difficile de ne pas sourire alors qu'on arrive su la terre ferme d'ici quelques pas.

— Je pense que ton sac a compris, en nous voyant, que tu n'aurais plus besoin de lui... C'est la seule explication que j'ai rapport au chemin qu'il a parcouru dans notre dos et à cette chute.

Cette fois je libère un souffle perturbé par mon rire. J'aspire tout ça en m'arrêtant dans la boue après le pont. Soan apparait dans mon champ de vision.

— Du coup voilà, termine-t-il.

Je lève un index entre nous. Il le fixe et fronce les sourcils.

— Oh, oh. Pas bon ça, marmonne-t-il.

— Tu...

Mon binôme passe une main sur sa barbe en plissant les yeux.

— Je ?

— Tais-toi, bon sang, râlé-je.

— Oui, d'accord.

Je le regarde avec son petit sourire en coin et ses joues rosies et ma tête se vide. Tout ce dont j'ai envie à présent, ce n'est plus de lui reprocher le décès brutal de mon sac ou tout autre problème, c'est qu'il me prenne à nouveau dans ses bras. Parce que lorsque j'y étais j'ai ressenti un bien être jusqu'alors jamais atteint. C'était comme si d'un coup, l'air était pur autour de moi et mon cœur léger. Mais il est hors de question que j'admette que j'ai aimé. Que j'ai vraiment beaucoup aimé !

— Tu ne me prends plus jamais dans tes bras, Soan.

— D'accord. Pas de problèmes, Athéna.

Je hoche la tête, comme pour valider notre échange.

— Maintenant, on doit retrouver Irène pour qu'elle prévienne les secours et qu'on sauve mon sac, qui doit être apeuré tout seul dans la forêt, annoncé-je en me remettant en route.

— J'espère qu'il n'a rien de cassé.

— Mmh. Je suis si inquiète.

J'ai voulu donner le ton de l'inquiétude, mais c'était si exagéré que même moi je pouffe de rire. Soan me lance des petits coups d'œil en biais en marchant à ma hauteur.

Je ne vois plus rien du paysage et la pluie ne tombe plus. A la place, c'est une chaleur lourde qui s'écrase sur les épaules. Mon esprit se balade entre ses sensations extrêmement désagréables que je découvre et une autre beaucoup plus douce d'un câlin que je n'ai pas vu arriver.

Après un long moment sans se parler et à progresser plutôt efficacement, je sens Soan porter son attention sur moi. C'est comme des petits piques qui viennent percuter ma peau.

— Quoi à la fin ? dis-je en lui lançant un regard en biais.

— Mais... Je peux te poser une question ?

— Mmh, oui ?

— Tu as aimé ?

Je lui lance un regard en enjambant une racine.

— Le câlin ?

Mon cerveau, mon pieds, son regard, son sourire, ses mots : c'est trop pour moi. Je trébuche avec force parce que mon pied ne se soulève pas assez. Tout le reste de mon corps part vers l'avant. Ma main attrape l'avant-bras de Soan alors qu'il se précipite pour m'aider et en une seconde je retrouve mon équilibre. Son visage est juste là, à hauteur du mien. C'est vrai qu'il a une belle bouche, ses lèvres ont l'air douces...

— ça va ? questionne-t-il.

— Oui.

— Ah tant mieux, t'as failli rouler jusqu'à la cascade sans moi ou je rêve ?

— Oui.

— Tu aurais pu te faire mal, ou pire.

— Oui.

Il tique et s'interrompe pour m'observer trois secondes.

— Oui, quoi ? questionne-t-il finalement.

— Oui, j'ai aimé le câlin. Soan...

Ce mec est toujours souriant. Il envoie une dose de bonne humeur constante et égale à tous. Je l'ai vu être bienveillant avec tout le monde sans exception. Il semble tout simplement heureux et affiche une grande sérénité. Mais là, après les mots que j'ai prononcé, il n'affiche plus rien de tout cela. Il ne sourit plus et dans son regard il y a autre chose. Il... il est vulnérable, terriblement vulnérable et ça me touche en plein cœur.

— Ah... fait-il. Et euh... c'est vrai ?

— Bah non, à quel moment je peux aimer ça dans un endroit pareil, avoué-je.

Son visage souriant revient immédiatement alors qu'il évite mon regard.

— Alors là bien joué Athéna, je ne l'ai pas vu venir, ricane-t-il en retirant son chapeau de paille pour secouer ses cheveux.

— Je t'avais dit que j'avais un jeu d'actrice hors pair, tu ne m'as pas cru.

— Je t'ai cru. Je suis du genre à croire tout ce que tu dis, tu sais.

On se remet en chemin tandis qu'il garde son chapeau contre son torse. Sa main libre se calle sur sa tête.

— Il ne faut pas croire ce qu'on te dis, conseillé-je.

— Non, non tu n'as pas bien écouté, je crois tout ce que toi tu me dis, Athéna.

J'ignore le trémolo de mon cœur pour pouvoir tenir cette conversation sans m'arrêter pour le regarder avec admiration. En fait, j'aime bien tout ce qu'il dit et tout ce qu'il fait. Mais je ne suis pas assez forte pour l'admettre.

— Tu ne devrais pas, je n'ai pas la science infuse, soufflé-je.

Il m'adresse un sourire enjôleur.

— Oui d'accord, on fera un autre câlin, Athéna, j'ai compris, balance-t-il.

— Quoi ? Mais pas du t...

— Oui, bien sûr... Un autre et encore un autre, autant que tu veux même.

— Je t'ai dit que je n'avais pas ai...

— ... aimé, oui j'ai compris, termine-t-il sur un air de connivence.

La seconde suivante, il part en courant et s'écrie :

— Athéna aime mes câliiiiins ! Ecoutez tous ! Elle aime mes câlins !

Il me distance en quelques secondes et me laisse sur place avec un insupportable sourire plaqué sur le visage. Dire que j'étais déjà en train de m'en vouloir d'avoir fait machine arrière, mais Soan ne m'a pas cru contrairement à ce qu'il prétend. 


Bonne semaine à tous ! à lundi prochain :D

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