Bonjour à tous :D
Voici un résumé du chapitre de la semaine dernière, sinon pour ceux qui s'en souvienne bien, vous pouvez scroller ! --------> Cinq ans plus tard, Soan et Athéna s'envolent pour l'île de la réunion une seconde fois et prennent connaissance du programme du road trip qui les attend en ce remémorant la manière dont ils sont tombés amoureux l'un de l'autre. Mais qu'en est-il de ce foutu parapluie dont Athéna parle ?
Je ne reprendrais plus jamais l'avion de ma vie ! C'est la pensée qui tourne en boucle dans mon esprit alors que je viens de passer trente minutes à simplement quitter l'appareil. L'impatience fébrile qui s'est emparée des passagers au moment où le pilote annonçait qu'on pouvait partir, était étouffante. J'ai détesté et pire encore, plus j'essayais de fuir l'habitacle et Soan le Souriant, moins je parvenais à avancer, me retrouvant bloquée par un dos trop large, stoppée par un grognement ou bien arrêté net par un bagage à main soulevé au-dessus des têtes. J'ai fini par m'extirper après un long couloir rempli de conversations enthousiastes.
Maintenant je suis à la recherche de l'endroit où je dois récupérer mon sac. Mais avec cette foule de gens tous plus grands que moi, je ne suis qu'un petit poisson perdu dans une forêt d'algues. Je me cogne contre des membres, on plante des coudes dans mes côtes, des halènes fétides viennent à ma rencontre et je découvre que des talons peuvent causer des douleurs aux orteils hors du commun. Mais le pire est la chaleur qui me fait regretter ce col remontant jusque sous mon menton. L'air est lourd et si humide que je suis en sueur rien qu'à tourner la tête.
Soan le touriste doit bien kiffer son short de bain. D'ailleurs il a insisté pour rester avec moi, mais je l'ai largué vite fait bien fait en me faufilant entre les gens. J'ai besoin d'une pause de bla-bla humain. Ma réserve sociale est déjà dans le rouge alors que j'ai dormi pendant tout le trajet. Même si je me suis réveillée avec un plaid étalé sur moi et qu'il, je dois bien l'avouer, n'a fait que sourire et être sympathique avec qui lui donne un regard, je ne sais pas comment il fait pour passer son temps à activer chaque personne qu'il croise.
Ah, la salle aux tapis de valises ! Mon sac, où est mon sac. Et si je perdais toutes mes affaires ? Comment je ferais ? Sans raisons, comme toujours, les scénarios catastrophes se succèdent dans mon esprit alors que je m'arrête au bout d'une file qui contient des passagers du vol duquel je sors. Je suis le mouvement un instant, puis à l'arrivée des bagages tout le monde se disperse le long des tapis roulants qui ondulent sur une distance à donner des sueurs froides à un serpent. Très vite, dans un brouhaha de conversation dans plusieurs langues, je n'observe plus que des mains qui saisissent des poignées sur le tapis roulant. Mais dans tout ce manège inorganisé, mon sac n'apparait pas.
Mon pied remu fébrilement dans le vide tandis que mon regard est planté sur le boa métallique qui ne roule plus. Les gens de mon vol sont tous partis avec leurs bagages, et puis les autres aussi, donc je suis seule dans le grand espace. J'ai demandé aux personnes qui bossent ici que j'ai pu croiser ce que je devais faire, ils m'ont dit d'attendre, que mon sac allait forcément passer. Mais j'attends depuis un très long moment et toujours rien. Respire Athéna !
Après un autre instant interminable à remuer mon pied dans l'air, je lance un regard vers le couloir où les passagers sont partis. Ils doivent tous m'attendre dehors. Irène nous a dit qu'on allait directement à l'hôtel, car il est tard. Et s'ils ne m'avaient pas attendu ? Comment je vais faire ? Je ne connais rien de cette ville. Je ne suis même pas certaine de parvenir à quitter l'aéroport dans l'état d'angoisse où je suis. Condamnée à errer dans ces couloirs vides pour le restant de mes jours. Ma gorge se noue et je dois me redresser pour aspirer une grande bouffée d'air. Calme-toi... ton sac va arriver et tu vas rejoindre les autres dehors. Tout simplement.
Le tapis se remet en route soudainement. Enfin ! Les lames en caoutchouc noir défilent sous mon nez durant un long moment puis mon horrible sac est littéralement expulsé du trou dans le mur, comme si quelqu'un le poussait de toutes ses forces de l'autre côté. Lorsqu'il est devant moi, je saisie une bretelle, le sac m'emporte sur deux mètres et je le tire assez fort pour qu'il atterrisse par terre. Foutu bagage, là tout de suite je te hais !
Je ne sais pas par quel miracle je parviens à remettre ce truc sur mon dos. Mais je traverse l'aéroport au pas de course pour ne pas faire attendre plus le reste de mon groupe.
J'ai suivi les panneaux de sortie et maintenant, plus facilement que ce à quoi je me suis attendu, je passe une double porte automatique qui donne sur l'extérieur. J'avance de quelques pas sous un auvent métallique bien haut, une main sur ma banane et l'autre tirant sur ce col roulé étouffant. Euh, mais... il fait nuit ? Mon regard parcourt ce large trottoir. Quelques voitures garées, un chauffeur de taxi se fume une cigarette en criant sur je ne sais qui au téléphone et rien. Où est passé mon groupe de trente personne ? Je tourne sur la gauche, emportée par mon sac. Je ne vois pas de groupe de futurs amoureux. Je tourne sur ma droite, emportée par mon sac. Pas de Patrick allergique au soleil ou d'Irène pianotant sur sa tablette d'organisatrice. Ils sont partis sans moi.
L'angoisse est une chose, mais lorsqu'elle explose elle se transforme en panique et cette dernière est incontrôlable. Mon esprit s'emplit de scénarios catastrophes alors que je cherche une solution d'urgence. Mon portable, je vais appeler Irène et... non, mais je n'ai pas son numéro ! Mes doigts tremblants s'arrêtent sur la fermeture éclaire de ma banane. Le poids de mon bagage tire sur mes épaules et un vent chaud vient coller mes cheveux échappés de ma queue de cheval directement sur mon front suant. Je les repousse d'un revers de manche bref et je relève le nez autour de moi. Comment je vais faire ?
Je ne sais pas ce qui est le plus humiliant dans cette histoire. Le fait que le groupe n'a probablement pas remarqué mon absence ? Ou alors que je sois incapable de réagir ? Je suis juste debout sur un trottoir à 8000 km de chez moi avec la gorge nouée et les larmes coulant sur mes joues.
Je ferme les yeux et j'aspire une grande bouffée d'air. Nour et Hilo se foutent de moi depuis des années car elles disent que je ne suis pas adaptée à ce monde de découverte. Je constate avec douleur que c'est vrai. Je suis incapable d'être là. Je repousse les bretelles de mon sac qui tombe derrière moi et je m'assieds dessus. Quelques solutions germent dans mon esprit mais s'enfuient aussitôt contrées par des embuches toujours plus insurmontables. Je pourrais aller à l'hôtel par mes propres moyens, en demandant au taxi lorsqu'il aura terminé de crier au téléphone ? Sauf que je ne sais pas quel est l'hôtel en question, que son nom est indiqué sur le plan du road trip, plan que j'ai laissé à Soan. Et puis le taxi vient de monter dans sa voiture, il s'en va dans un crissement de pneu.
Je soupire, chasse mes larmes d'un geste fébrile et peu assuré. Je vais passer quinze jours ici sur ce trottoir, ça va être super ! Tu parles d'un voyage où je vais découvrir une nouvelle vision des choses. Pour l'instant c'est un parking sombre et quelques palmiers.
— Hey.
Je sursaute en me retournant d'un bond maladroit. C'est une chemise pleine de motifs entremêlés qui remplit mon champ de vision puis, d'un mouvement de tête vers le haut, je découvre le visage de Soan sous son chapeau de paille.
— J'ai bien fait de t'attendre on dirait, souffle-t-il sans un sourire.
Il se passe un truc dans ma poitrine qui remonte dans ma gorge. De nouvelles larmes coulent sur mes joues et j'évite son regard pour me lever. Je le fais avec une certaine lourdeur, parce que c'est comme ci j'avais le monde sur mes épaules à cette seconde.
Soan attrape les bretelles de mon sac et le lance sans mal sur ses épaules. D'un coup d'œil vers moi il me montre une direction. On se retrouve à marcher l'un à côté de l'autre sans un mot.
— Attends, dit-il lorsqu'on dépasse l'auvent métallique de l'aéroport.
Il s'arrête en fronçant les sourcils, avec le nez en l'air, comme s'il allait pleuvoir. Je l'imite et constate que le ciel de nuit est sans nuage et étoilé. Lorsque mon regard revient sur lui, Soan fouille dans son dos, vers la ceinture de son short. Une seconde après, il en sort un petit parapluie pliant qu'il ouvre sous mes yeux. Qu'est-ce qu'il fait ? Soan tend le bras et place l'objet au-dessus de ma tête. Hein ? Je lève les yeux puis les porte directement dans les siens.
— Mais... commencé-je.
— Je trouve qu'il a assez plu sur tes joues pour aujourd'hui, coupe-t-il doucement.
C'est immédiat, d'autres larmes déboulent sur mon visage. Soan réagit et secoue le parapluie.
— Merde, il fonctionne pas bien, marmonne-t-il en tripotant le mécanisme.
Je pouffe de rire en chassant mes larmes.
— Si, il est très efficace, au contraire.
Soan le touriste m'adresse un sourire qui fait écho au mien et on se remet en route, avec un parapluie qui ne protège d'aucune pluie mais qui chasse mon spleen.
Bonne semaine ! :D en espérant que vous n'aurez pas besoin de parapluie ;)
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