Chapitre douze - Athéna
Bonjour à tous :D
Voici un résumé du chapitre de la semaine dernière, sinon pour ceux qui s'en souvienne bien, vous pouvez scroller ! --------> Athéna a découvert que Soan dormait sur l'un des bains de soleil de l'hôtel et avant qu'elle n'ait le temps de dire ouf, elle se retrouve dans les cuisines de l'établissement à manger un Rougail saucisse en tête à tête avec lui et un petit chat tout blanc. Alors qu'elle se confie sur ses inquiétudes à Soan il lui dit qu'il serait incapable d'être fâché contre elle. Cette révélation laisse Athéna muette.
Lorsque les émotions prennent le dessus et que je perds le peu de contrôle que j'ai, je fais de l'humour merdique pour m'en sortir. Et Soan fait naitre en moi des ressentis d'une rare intensité. « Je serais absolument incapable de me fâcher contre toi, Athéna. » Ce n'est pas seulement cet enchainement de mots qui me touche, ni le ton profondément sincère qu'il emploi, mais le regard qu'il plante dans le mien et qui m'en dit plus. Autant je m'en veux souvent pour mon inattention constante, causée par mes angoisses, qui me fait louper les détails, autant là tout de suite, je suis focus sur lui et je vois avec clairvoyance qu'au fond de lui, il y a une blessure béante. Je ne sais pas ce que c'est, d'où ça vient, encore moins depuis combien de temps. Ce qui me surprends le plus c'est que je ne comprends pas le lien entre le fait de se fâcher ou non contre moi et cette douleur qui est apparue dans ses rétines. Soan est bien plus complexe qu'il en a l'air avec son chapeau de paille et sa chemise bariolée.
— Moi je me fâche contre tout et n'importe quoi, un jour j'ai embrouillé un enfant qui n'avait rien demandé, juste parce qu'il était là.
Et voilà, humour merdique, maladroit et tout sauf drôle. C'est ma seule défense parce que je suis incapable d'affronter la vague d'émotion qu'envoie Soan.
— Mais qu'est-ce qu'il faisait là cet enfant aussi ? enchaine-t-il avec un sourire.
Il n'y a plus rien dans ses yeux. Il est de nouveau lumineux, comme s'il avait remis un masque après l'avoir perdu trois secondes. J'ai presque envie de le remercier de m'aider à me sortir de là.
— Debout devant une école à huit heures un lundi matin ? Aucune idée, surenchérisse-je.
Soan libère un rire, son regard prend la forme de deux arcs joyeux et il se redresse.
— As-tu assez mangé, Athéna ? questionne-t-il.
— Largement assez et c'était super bon. Et toi ?
— Ouais, je crois qu'il est l'heure d'aller dormir, maintenant.
— Mmh. Tu as regardé le programme ?
— Non, pourquoi faire ?
— Bah pour... euh savoir et s'informer, non ?
— J'aime bien attaquer une journée sans savoir à l'avance ce qu'elle me réserve. Comment ça chaque jour est une fête surprise !
Je cligne des paupières, perdue dans l'incompréhension la plus totale et ma première pensée sort directement d'entre mes lèvres.
— Mais comment tu as survécu jusqu'aujourd'hui, toi ?
Soan se met à rire franchement et quitte son tabouret.
— Survécu ? J'ai tout simplement appris à vivre, dit-il en attrapant le petit chat qui se met à ronronner contre son torse.
— Vivre, comme tout le monde, non ?
Je quitte mon tabouret, réuni les restes de notre repas en une pile et nous nous dirigeons vers la sortie des cuisines tandis qu'il répond :
— Les gens ne vivent pas vraiment, je trouve. Ils pensent beaucoup, s'inquiète trop et se débattent pour tout prévoir. Pour moi ce n'est pas vivre.
On est dans le couloir et je tourne la tête dans sa direction. Il vient de décrire mon existence en trois phrases et je me rends compte qu'il n'a pas tellement tors. Mais il n'a pas raison non plus !
— Alors qu'est-ce que vivre si ce n'est pas ça ? interrogé-je.
Le couloir se termine et nous sommes dans le hall, totalement désert. Soan s'arrête au pied des escaliers, appuis son coude sur la rambarde et affiche un rictus de grande concentration. Une moue avec le regard en l'air, ses doigts bronzés posés sur son menton habillé d'une barbe de quelques jours qui ne semble pas pousser plus que cette épaisseur. J'aspire discrètement une bouffée d'air. Nour et Hilo seraient ravies d'apprendre qu'à cet instant je le trouve très beau. Mais je garde cette info pour moi et leur enverrais un autre message d'insultes demain matin lorsque je serais au bout de ma vie dans un bus rempli de couple en dating non-stop. Pour l'instant j'observe ce beau garçon chercher ses mots.
— Mmh vivre c'est... commence-t-il alors que le petit chat tente une roulade câline dans ses bras. C'est... tu vois je crois que les choses les plus simples sont les meilleures. Par exemple, respirer pleinement. Mais vraiment respirer comme si tu reprenais ton souffle après un temps infini sans air. Tu as déjà fait ça ?
Je plisse les paupières presque à grimacer. Ce qu'il me dit ne résonne nulle part en moi. Ou il est trop perché, ou je ne le suis pas assez, mais on ne se retrouve pas sur ce point.
— Je respire là tout de suite tu sais, dis-je. D'ailleurs figure toi que je respirais déjà quand tu étais derrière moi dans la file à l'aéroport.
— Alors là jamais de la vie, tu étais en apnée, coincée sous les bretelles de ton sac ! réplique-t-il en riant.
Je m'esclaffe et je secoue la tête.
— Oui bon là peut-être durant deux secondes, je n'avais pas d'air, admis-je. Mais le reste du temps, une vraie pro du remplissage de poumons.
— J'étais content de pouvoir t'aider en tout cas. Et si jamais tu veux vraiment respirer pleinement, n'hésite pas, je t'apprendrais.
— Mais je sais respirer, regarde !
J'aspire une grande bouffée d'air, au maximum de la capacité de ma cage thoracique et je bloque.
— Tu vois, j'y arrive de fou, articulé-je difficilement.
Ma voix semble être coincée entre deux morceaux de ferraille rouillés, ce qui déclenche le rire de Soan.
— Allez arrêtes, tu vas finir par faire un malaise. Et je ne tiens pas à réveiller Patrick pour une urgence vitale. Il ne s'en remettrait jamais !
Je libère immédiatement l'air.
— T'as raison, pouffé-je. En tout cas le débat est clos, je sais respirer comme tu le dis.
Je grimpe la première marche des escaliers et Soan s'éloigne vers la sortie.
— Oh que non, le débat ne fait que commencer.
Je suis sur la seconde marche.
— Pas du tout.
Je suis sur la troisième marche.
— Oh que si.
Mon pied reste en suspens au-dessus de la quatrième marche.
— Mais, ça suffit oui ? Je respire, regarde je suis en vie ! balancé-je excédée en remuant les bras. Aucun débat.
Soan m'observe avec un air que je ne comprends pas. Il semble... admiratif ? De quoi exactement, vu ma dégaine.
— Maintenant si tu veux bien, reprends-je en saisissant la rambarde en bois verni. Je vais dormir, en respirant profondément car dans quelques heures on doit être à bord du bus. Et tu ferais mieux d'en faire autant, Soan.
Il recule brusquement d'un pas, une main tenant le chat ronronnant et l'autre plaquée sur son cœur.
— Elle a encore prononcé mon prénom, marmonne-t-il. Ça m'atteint en plein cœur. Athéna recommence, je t'en supplie, que je respire pour de bon.
Je secoue la tête face à son cinéma.
— Vraiment très mauvais acteur, chapeau de paille, grommelé-je. « Athéna recommence... niah niah niah que je respire... » n'importe quoi, imité-je.
Il explose de rire en reculant vers la porte qui ne s'ouvre pas au contacte de son dos. Il se décale sur l'autre, même résultat.
— Bonne nuit alors, dit-il. Les narines grandes ouvertes, hein.
— Le tunnel sous la manche, pas moins, placé-je en montant la suite des marches avec lenteur.
Soan pouffe de rire et fronce les sourcils en tournant la tête vers la porte.
— Il faut tirer, soufflé-je.
— Ah bien sûr...
Il parvient à faire pivoter le battant et il passe dehors tandis que j'arrive au niveau du plafond. Je me penche un peu pour le voir encore.
— Bonne nuit, Soan.
Je grimpe sans me retourner.
J'arrive dans ma chambre dans un état bizarre. Comment je me sens ? C'est étrange cette sensation... Je passe la petite entrée et je croise mon reflet dans le miroir de plein pied. C'est un visage souriant qui me percute. Des joues rosies qui habillent ma pâleur habituelle. Quoi ? Qu'est-ce qu'il me prend au juste ? Je passe mes paumes de haut en bas, à m'en déformer les traits et je m'observe à nouveau. Ah c'est mieux. Athéna neutre, c'est la moi de d'habitude. Mon esprit envoie subitement un flash de Soan qui plaque la main sur son cœur durant sa sérénade. Je secoue la tête en tournant les talons mais mon regard croise ce sourire déjà de retour.
— Oh bon sang, non ! Il n'est même pas drôle, arrête de sourire.
Je me jette dans le litet je ferme les yeux très vite. Mais dans ma tête : un sourire joyeux sousun chapeau de paille apparait juste avant que je ne sombre dans le sommeil.
Bonne semaine ! à Dimanche :)
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