Chapitre 14 - Athéna


Bonjour à tous :D

Voici un résumé du chapitre de la semaine dernière, sinon pour ceux qui s'en souvienne bien, vous pouvez scroller ! --------> La semaine dernière, Soan nous confiait un souvenir, avec Athéna, qui l'avait marqué. Nous retrouvons le binôme aujourd'hui lors du premier voyage il y a 5 ans en pleine balade en direction d'un site touristique, la cascade du voile de la mariée !

Bonne lecture :)


Pourquoi tout semble facile et logique pour les autres, alors que pour moi tout est compliqué ? C'est une question que je me suis posée plusieurs fois dans ma vie. Concernant des sujets divers et variés. Les études, les relations amoureuses, les amis, le boulot, faire un gâteau en suivant la recette, être organisée et ne rien oublier, monter dans un bus plein à craquer. Je finis par penser que je ne suis pas adaptée à ce monde, tout simplement. Du moins je peine énormément à trouver une place où je me sens bien. Ce qui explique pourquoi je passe ma vie à fuir. Je fuis les gens et les responsabilité trop exigeantes. Je me fuis moi-même en abrutissant mon cerveau devant des séries plutôt que d'affronter l'intérieur de moi-même. Et là, sur ce chemin boueux et glissant, je veux fuir mon existence toute entière. Mais pas avant d'avoir envoyé un autre message d'insulte à Nour et Hilo.

J'écrase ma main sur mon front où une piqure m'arrache une grimace douloureuse.

— Les moustiques bossent aussi le jour ici ? questionné-je pour moi-même.

— On dirait bien, répond une voix dans mon dos. Ils ne sont probablement pas syndiqués comme ceux en métropole.

Soan. Soan que j'ai retrouvé à faire un petit plongeon dans la piscine de l'hôtel ce matin alors que je peinais à me souvenir ce que je foutais sur Terre (spoiler, je n'ai pas la réponse) et qui n'a eu de cesse que de transmettre sa bonne humeur, inadéquate vue l'heure, à tout ce qui contient un cœur qui bat. Le tout en restant dans un périmètre de deux mètre autour de moi. Si je devais mettre une image sur nous, il me faudrait une belle fleur lumineuse, Soan et un vieux chat ronchon assis dans le noir, moi. Mais visiblement il s'en fout, puisqu'il reste là et qu'à chaque fois que je me plains, il répond des phrases de grands sages. D'ailleurs je vais le tester de nouveau. Ça devient un jeu.

— Et pourquoi il pleut autant ? On n'est pas censé être sur une île où il fait toujours beau ? balancé-je en repoussant une feuille gigantesque qui s'accroche à mon sac à dos.

— La pluie est synonyme d'épanouissement, elle fait du bien à la nature et la nature nous fait du bien, répond-t-il en ralentissant à ma hauteur.

Et voilà, il trouve toujours un truc positif à dire !

— La nature nous veut du mal : Insectes, plantes toxiques, sol glissant, rochers coupants, énuméré-je sur mes doigts.

— Mais une fois qu'on a compris tout ça, c'est l'osmose avec les éléments et ça c'est cool.

Je fais non de la tête.

— Pourquoi non ? Tu n'aimes pas cette balade ? questionne-t-il en tournant vers moi un regard surprit.

— Balade ? répété-je en m'arrêtant net.

Soan stoppe son prochain pas pour rester à ma hauteur.

— On marche, dans la nature et la vie est belle, alors c'est une balade ?

— Ceci est un trek, dangereux et interminable !

— ça fait trente minutes qu'on est parti, non ?

— Cinq heures en ressenti, grogné-je.

Un sourire s'affiche sur le visage de mon binôme.

— Athéna la guerrière, dit-il.

Complétement à côté de la plaque lui...

— Tu crois qu'on ne m'a jamais sorti cette vanne ?

— Très déçu de ne pas être le premier. Et j'admire ta combativité , pour de vrai.

Je fronce les sourcils. Mes baskets en toiles enfoncées dans la boue, l'eau dégoulinant jusque entre mes seins et la sensation de mon sac tirant mes épaules en arrière tant il est lourd. Je lève les bras de chaque côté, pas aussi haut que je le voudrais à cause du poids et je balance :

— Je suis l'exact inverse de la combativité !

Soan se met à rire en retirant son chapeau pour le secouer et chasser l'eau qui s'accumule dessus.

— Te débattre aussi longtemps contre ton destin, c'est un véritable signe de combativité.

— Allez, encore une réplique de Soan le grand sage, marmonné-je en reprenant immédiatement la marche.

Je le dépasse et ignore ce sourire qui habille son charmant visage. Je ne comprends absolument rien de ce qu'il raconte. De quel destin parle-t-il en plus ? Un trek sous une pluie tropicale ? Qu'est-ce que ça peut bien m'apporter à moi ? Rien d'autre que des ampoules aux pieds et des courbatures demain ! Et puis pourquoi je suis encore là ? J'ai une carte bleue, je peux me payer un billet retour tout de suite. D'ailleurs je devrais faire demi-tour et...

Je m'arrête après un visage en tête d'épingle. Je suis brusquement en dehors de la jungle touffue, je peux voir le ciel grisonnant qui s'étend à perte de vue, et là-bas il brille un grand soleil. La météo sur cette île, n'a aucun sens logique mais je dois admettre que c'est magnifique. Ça donne envie d'y aller, jusque là bas. Sauf qu'entre cet horizon et moi, se trouve un pont suspendu à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du vide.

Je ne suis pas Indiana Jones.

— Oh wouah, c'est tellement beau, souffle Soan en me passant à côté sans s'arrêter.

Il s'engage sur ce truc branlant dans se poser de question. Après trois mètres à faire craquer les lattes de bois trempées, il s'interrompe et tourne dans ma direction.

— Bah, tu viens ?

— Je ne suis pas Indiana Jones !

Il lève les mains jusqu'au-dessus de sa tête et affiche ce sempiternel sourire.

— Moi non plus ! Viens c'est safe !

Sa vois résonne jusqu'à la mienne. Il est tout petit d'ici, même avec ses bras en l'air.

— Allez Athéna la guerrière, c'est ton destin ce pont !

— T'en a pas marre de raconter que des conneries ?

— Jamais ! Je viens te chercher ?

— Nan ! Je rentre.

J'accompagne ma déclaration, prise dans l'urgence, par plusieurs pas en arrière. Soan laisse ses bras retomber lorsque je me détourne définitivement. Je ne traverserais pas ce truc en bois mouillé. Je rentre. Chez moi.

— Pas sauf dich auf !

Je relève brusquement le nez devant moi et tout mon corps est freiné dans sa lancé par un torse nu et bedonnant qui manque de me rentrer dedans. Ce monsieur me dépasse en m'évitant de peu, mais je ne peux rien faire pour le troupeau d'allemands qui le suivent à une cadence effrénée. Sans que je ne puisse rien faire, je suis emporté par cette mini marré humaine qui articule des syllabes déchirées contre mon volumineux sac à dos. C'est presque si mes pieds quittent le sol.

— Pardon, désolée, je vais par là... Aie, non, non dans l'autre sens, je... oh la la désolée...

Lorsque le groupe me dépasse finalement pour de bon, je suis sur un sol si mouvant que je ferme immédiatement les paupières. Je suis sur le pont.

Les battements de mon cœur éclatent aussitôt dans ma poitrine et mon souffle en pâti dans la foulée. Mes bras sont écartés de mon corps, à la recherche d'un équilibre sans cesse perturbé par les pas cadencés des touristes Allemands qui traversent le pont dans mon dos.

Où se trouve la rambarde ? Elle est loin ? Pourquoi je n'arrive pas à l'atteindre ?

— Eh... entends-je dans mon dos.

— Soan, couiné-je fébrilement. Je ne vais pas y arriver.

— C'est vrai, alors faisons-le ensemble...

Je sens ses doigts glisser sur mon bras, d'un côté puis de l'autre et il saisi les bretelles de mon sac.

— Je me permets, dit-il juste dans mon dos.

Je hoche la tête en serrant les dents tandis que le pont continu de remuer sous mes pieds.

— Ensuite tu ouvres les yeux, tu veux ?

Mon bagage quitte mes épaules et je manque de rejoindre le sol comme prise d'un violent vertige. Mais un bras passe avec douceur autour de ma taille et encercle mon ventre. Je pose mes paumes dessus en libérant un souffle de stupeur.

— Quand j'étais petit, ma mère m'a inscrit à la plongée sous-marine, dit-il alors que mon dos se plaque contre le sien. Ma mère disait que j'avais du mal à retenir mon souffle, alors elle s'est dit que la plongée pourrait m'apprendre à maitriser ça. Sauf qu'elle avait omit un détail : j'étais terrifié par la mer. Dans une piscine, ok, dans la mer, je paniquais. Je fermais juste les yeux...

Ses doigts libres passent sur l'une de mes pommettes. J'ouvre les yeux.

— Je tendais les bras de chaque côté, comme pour être plus grand...

Ses doigts frôlent mon coude. Mon bras s'abaisse.

— Et mon cœur battait la chamade à m'en couper le souffle.

Sa paume se pose à plat au-dessus de mon sein gauche.

— Tout ce dont j'avais besoin à ce moment-là, c'était quelqu'un pour me tenir.

Il ressert son étreinte autour de ma taille et je ne bouge plus. Je sens qu'il est contre moi tout entier ses deux bras m'enlaçant et la sensation que j'en retire est... irréelle. C'est comme si d'un coup, il n'y avait plus que lui et sa voix derrière mon oreille.

— Tu vois, on y arrive très bien, dit-il.

Je hoche la tête.

— Quand tu te sentira prête, on traversera ce pont. Parce que tu es une guerrière, Athéna.

Entre deux reprises de souffle, je parviens à libérer un léger rire.

— Tu as réussi à faire de la plongée, finalement ?

— Mmh, je n'ai trouvé personne pour me tenir... alors non.

— Et ton souffle ?

— Parti à tout jamais.

J'entreprends la manœuvre pour me tourner dans sa direction mais le pont qui se remet à bouger, m'empêche de le faire d'un mouvement. Je m'interrompe deux fois avant d'être face à lui.

— Mais j'ai appris ce jour là que la peur et le courage sont deux antithées liées l'une à l'autre. Si tu as peur de traverser ce pont Athéna, tu auras le courage de la faire. Et tu en sortira plus forte.

Mon regard est perdu dans le sien. Ces iris brunes pétillent au-dessus de son sourire et mon cœur se calme.

— ça va ? chuchote-t-il.

— Oui, beaucoup mieux. Merci So...

Ma voix s'interrompe net lorsque mon attention est attirée par-dessus l'épaule de mon binôme. Mon sac à dos, qui a été posé sur le pont est tranquillement en train de rouler sur lui-même.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Les Allemands sont déjà de retour ? interroge Soan en se tournant.

Mon sac se jette dans le grand vide sous nos yeux ébahis et nos bouches ouvertes.


Les amis, je change de le jour de publication car le dimanche, je n'arrive pas à caler un petit temps de travail alors que je suis en famille (ou tout simplement à rien faire et me déconnectée des ordis et des réseaux !) Donc je m'engage sur le lundi à présent :) Bonne semaine à vous !

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