Son visage a l'air tranquille et reposé. Ses paupières sont fermées et sa respiration ressort régulièrement de ses narines. Je pourrais rester là, à l'observer pendant des heures entières.
Je pose ma tête sur la paume de ma main, le coude posé sur le matelas. Ça doit faire plus de dix minutes que je suis réveillée et je n'ai pas la motivation de sortir du lit. Non seulement j'ai une légère gueule de bois mais en plus de ça je préfère rester au chaud, sous les draps.
Hier soir, je me suis effrondrée de sommeil. Brooklyn m'a juste serrée contre lui mais il n'a rien tenté de plus. Il sait très bien que j'ai envie d'aller doucement dans notre relation et il le respecte. C'est vrai qu'on n'en a pas parlé concrètement mais parfois, on n'a pas besoin de mots pour se faire comprendre.
Les rideaux ont beau être tirés, il y a un petit rai de lumière qui traverse la chambre en formant un halo jaune et lumineux. J'entends les bruits des klaxons et des voitures à l'extérieur. J'aime beaucoup cette ambiance calme, je trouve ça agréable.
-Ça fait longtemps que tu me regardes comme ça ?
Je sursaute. Brooklyn garde ses yeux fermés mais je sens qu'il est bien réveillé. J'en profite pour poser mon bras sur son torse et ma tête sur son épaule en l'embrassant sous la mâchoire.
-Hum, quelques minutes...?
-Psychopathe, me taquine-t-il.
Il sourit et me serre contre lui en ouvrant légèrement les yeux pour me regarder.
-Tu as bien dormi ?
-Oui, répondis-je. Il n'y a pas de meilleur réveil qu'avec toi.
Je me redresse légèrement pour poser mes lèvres sur les siennes. Sa bouche s'étend pour former un grand sourire sous notre baiser.
-J'aimerais me réveiller tous les matins comme ça avec toi, me murmure-t-il contre mes lèvres.
Je l'entoure de mes bras et le serre fort. Ses jambes s'enroulent aux miennes et ses pieds froids se frottent aux miens qui sont brûlants. Je parcours distraitement les tatouages qui couvrent ses avants-bras du bout des ongles.
-Mais ça ne peut pas se reproduire, dis-je. Les parents de Kurt doivent s'inquiéter de mon absence de cette nuit, surtout en sachant que j'ai été à une soirée arrosée...
-Envoie-leur un message pour qu'ils sachent au moins où tu es. Comme ça tu pourras rester autant de temps que tu le voudras avec moi ici et sans voir Kurt.
Si seulement il savait...
Je ne suis pas sûre que leur dire que je suis chez Brooklyn les rassurera. À mon avis, ils seront enragés et feront tout pour me ramener de force à l'appartement. Non, je préfère leur mentir et leur dire que je passerais quelques jours chez Abigail. Étant donné que c'est la fille du proviseur, cette nouvelle passera mieux auprès de Lucy et Daniel.
Je me dégagea de Brooklyn et extirpa mon portable de la poche de mon jean, roulé en boule sur le parquet. Je me plaça au bout du lit afin que Brooklyn ne voit pas le contenu de mon message -qui dira très clairement que je suis chez Abigail au lieu de lui. Il ne comprendrait pas pourquoi je mentirais et le connaissant, il serait très vexé.
Je déverrouilla mon portable et découvris une dizaine d'appels manqués de la part de Lucy et Daniel, allant de tard dans la nuit dernière jusqu'à tôt ce matin. J'ouvris mes contacts et décida d'envoyer le message à Lucy. Je sais qu'elle est plus gentille et plus douce que Daniel et qu'elle acceptera plus facilement que je dorme "chez Abi" pour plusieurs nuits de suite.
Moi: Bonjour, désolée de ne pas avoir répondu au téléphone. Je suis chez Abigail, ne vous en faites pas pour moi.
Je vois Brooklyn qui se lève du lit et qui enfile un tee-shirt, pour le plus grand regret de mes yeux.
-Je vais préparer à manger, il est déjà treize heures.
Je jette un petit coup d'oeil à mon portable et découvre que oui, il est déjà un peu tard pour se réveiller. Il sort de la chambre en s'étirant exagérement. Je secoue la tête en souriant. Il est trop mignon. Je me cale contre ses oreillers et les draps tièdes. La réponse de Lucy ne tarde pas.
Lucy: Ta soirée s'est bien passée ? On s'est beaucoup inquiété pour toi, Kurt est rentré à la maison bien amoché.
Je me mords la lèvre inférieure. D'un côté, je suis soulagée qu'elle ne me pose pas plus de questions que ça en rapport avec l'endroit où j'ai passé la nuit. Mais c'est encore pire de parler de Kurt. Une montée de stress s'empare de moi.
Moi: Qu'est-ce qu'il a eu ?
Autant dévier sa question et jouer l'innocente.
Lucy: Il saignait du nez et à l'arcade sourcilière, il a beaucoup de bleus. Il n'a pas voulu nous dire pourquoi il a été blessé, il nous a juste dit que tu étais présente à la soirée. Tu peux me dire ce qui lui est arrivé ?
Soit elle est inquiète, soit elle est en colère. Au choix. Je décide d'approfondir mon mensonge.
Moi: Je suis restée à la soirée juste une heure, je n'ai pas vu de bagarre
Lucy: Ah d'accord, en tout cas fais attention à toi. Daniel et moi préférions que vous assistiez à moins de soirées de ce genre.
Je soupire en lisant son message. Bon, c'est vrai que mes deux dernières soirées n'ont pas été très concluantes et qu'elles se sont très mal finies... Mais j'adore faire la fête et je refuse d'en être privée. Alors que je commence à lui écrire un message, Lucy m'en envoie un autre.
Lucy: Combien de nuits comptes-tu rester chez Abi ? Il faudrait qu'on t'emmène un sac d'affaires
Moi: Je ne sais pas encore et je me débrouillerais pour mes vêtements. Je vous tiens au courant, bisous
Je coupe court à la conversation et verrouille mon portable pour le poser sur la table de chevet.
Ça, c'est fait.
Je suis rassurée que Lucy ne m'ait pas posé plus de questions que ça. J'attrape le sweat gris à capuche de Brooklyn qui est posé sur le dossier de sa chaise de bureau. Je l'enfile en sentant son odeur dans le coton. Je descends dans la cuisine et le découvre, cuisinant des pâtes et des côtelettes.
Je passe derrière le comptoir de la cuisine pour me coller à lui en posant ma tête contre son dos, enroulant sa taille de mes bras.
-Ça a l'air bon, dis-je.
-Avec moi c'est toujours bon.
Il tourna la tête vers moi en me faisant un sourire pervers. Je ris et m'écarta de lui pour le laisser tranquille. Brooklyn retourne les côtelettes sur la poële, produisant des petits crépitements. Une délicieuse odeur me monte aux narines et ça y est, j'ai terriblement faim.
Il garnit nos assiettes et les dépose sur la table à manger avec nos couverts. Brook s'assoit en face de moi et nous commençons à manger.
-Mon coeur ?
-Mmh?
Je relève le nez de mon assiette et le regard de Brooklyn croisa le mien.
-Tu veux bien me dire ce que Kurt t'as dit hier soir ?, me demanda-t-il d'un voix douce.
Je déglutis difficilement en clignant des yeux. Je ne veux pas mettre Brooklyn en colère, je sais qu'il est d'un tempérament jaloux et plutôt possessif et qu'il a un gros caractère.
-Tu étais là, dis-je en prenant une bouchée de pâtes. Tu sais très bien ce qu'il m'a dit.
-Mais il t'a bien dit autre chose dans le couloir, non ?
Au ton de sa voix, je sais qu'il tente de me rassurer pour m'encourager à lui avouer la vérité. Je sens bien qu'il se doute qu'il se soit passé quelque chose dans le couloir. Il doit penser qu'il m'a dit des choses horribles au point où j'aurais trop peur de lui en parler. Mais là n'est pas la problème. J'ai surtout peur de sa réaction, en réalité.
-Bébé, ne me dit pas qu'il a essayé de t'embrasser pendant plus de dix minutes quand j'étais encore dans l'appart' ?
Je secoue la tête négativement. Ses épaules s'affaissent légèrement, l'air soulagé.
-Hum, il m'a dit qu'il m'aimait.
-Quoi ?
Je répète ma phrase d'un ton un peu plus hésitant tandis que ses sourcils se fronçent de plus en plus.
-C'est vraiment un enfoiré, lâche-t-il en reposant fermement sa fourchette sur la table en faisant rebondir son assiette au passage.
Je ne réponds rien et me contente de manger mes pâtes et ma viande. Brooklyn a l'air de ruminer sur sa chaise, il ne prend même pas une bouchée alors que d'habitude il a un bon appétit.
-Mon coeur..., dis-je doucement.
-Il ose te balancer des saletés à la figure et après il prétend t'aimer ?!, explose-t-il. C'est quoi son problème ? C'est de la provoc' ?
-Je ne sais pas.
-Je ne veux plus qu'il t'approche. Il n'est là que pour t'apporter des emmerdes. Sérieusement, il a voulu te violer ! Quelle personne normale ferait ça ? Comment quelqu'un qui est amoureux serait capable de faire de telles choses ? Il t'a même menacée et insultée en parlant de ta mère ! Rien que d'en parler, ça m'énerve à un point... Bordel, il a un problème mental. Ce n'est pas possible autrement.
-C'est aussi ce que je me suis dit... Brooklyn, je ne veux pas le revoir.
J'étouffa un sanglot en cachant mon visage avec mes mains. Brooklyn se leva de sa chaise et s'assit près de moi en me prenant dans ses bras, me berçant doucement. J'enfouis ma tête dans son cou en respirant son odeur. Il me caressa le dos avec sa main gauche tout en massant ma nuque sous mes cheveux avec sa main droite.
-On va trouver une solution, d'accord ?, me rassura Brooklyn.
Je hocha la tête. Il pressa ses lèvres contre ma tempe puis passa son pouce sur les gouttes d'eau qui coulaient sur mes joues.
-Sèches tes larmes, tout ira bien.
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