Je sortis du cimetière et m'asseya sur un banc à l'entrée. Je ne sais plus quoi faire. Je ne sais plus ce que je suis censée faire. Pour moi, plus rien n'a de sens, si au final on doit mourir.

-Ça va ?

Je tourna lentement la tête et me retrouva nez à nez avec Daniel, mon parrain.

-Je ne sais pas, répondis-je.

Parce que c'est vrai. Je ne sais pas si je vais bien, si je suis triste, en colère ou désespérée. J'ai juste envie de me laisser traîner par-terre et de ne rien faire.

Je me retourna pour me retrouver face aux immenses grattes-ciels de Seattle. Le monde grouille sur les trottoirs. La vie reprend son cours. Quand les gens regardent dans notre direction, ils ne voient que des personnes qui sortent d'un cimetière, habillés de noir. Ils ne ressentent pas le désespoir qu'il y a en nous. La perte d'un être cher que nous pouvons éprouver.

-Ella était une femme bien, dit Daniel en regardant à son tour les grattes-ciels. Elle t'aimait beaucoup. Tu as fait tout ton possible pour qu'elle vive bien ses derniers mois.

-Je sais.

Ella est ma mère. La fameuse défunte. Je me remémore les traits et les formes de son visage doux. Ses cheveux bruns virant sur le blanc qui retombaient en ondulations sur ses épaules. Ses rides rieurs au coin des yeux.

Je soupira et m'affaissa sur le dossier du banc. C'est alors que Lucy, la femme de Daniel, apparut. Elle s'asseya près de moi.

-Toutes mes condoléances, Sara.

Elle me frotta l'épaule en signe de compassion.

-Merci.

Je n'avais plus envie d'entendre les gens me présenter leurs condoléances. Ça rendait la chose officielle. Ma mère était bel et bien morte. Plus là.