22.

Il est déjà 23 heures et j'insère la clef de l'appartement dans la serrure. Brooklyn se tient derrière moi, près à me dire au-revoir.

Alors que je m'apprête à ouvrir la porte d'entrée, je me retourne pour lui dire bonne nuit.

-Salut..., murmurais-je.

Ma petite voix résonna dans le couloir vide et sombre. Je vis un sourire se former sur son visage.

-On se voit demain, dit-il. Tes "parents" doivent s'inquiéter pour toi, il est déjà assez tard.

-Tes parents aussi, ajoutais-je.

Il baissa les yeux au sol pendant une demi-seconde et releva son visage vers moi.

-C'est vrai, dit-il simplement.

Ses yeux se plantèrent dans les miens et on resta ainsi pendant une éternité -j'ai l'impression. Ma respiration s'accéléra et je sentis battre mon coeur plus vite que d'habitude.

Attendez... C'est ça, avoir le coeur qui bat la chamade ?

Je vis que ses yeux fixèrent mes lèvres et je regarda les siennes à mon tour. Mes mains devinrent soudainement moites et j'eus soudainement l'impression que tout mon sang me monta à la tête, comme si je venais de courir un marathon.

Qu'est-ce qui se passe là ?

Imperceptiblement, nos visages se rapprochèrent et nos souffles s'emmêlèrent doucement.

Brooklyn passa sa main droite sous ma chevelure, sur ma nuque. Il pencha légèrement la tête et je pris soudainement conscience de la situation. Je recula d'un pas pour écraser mon dos contre la porte.

-Euh, bonne nuit, lançais-je avant de rentrer à l'intérieur et de lui claquer la porte au nez.

J'ignora Lucy, Daniel et Kurt qui occupaient le salon et je monta directement dans ma chambre, trop secouée par ce qui vient de se passer.

Je ne rêve pas, j'ai failli embrasser Brooklyn !

Je m'assois sur mon lit, la mine encore choquée.

Non, je me corrige: il a failli m'embrasser. Ce n'est pas moi qui a mis ma main dans sa nuque et qui me suis rapprochée de lui, c'est lui.

D'abord nous avons fait une sorte de "demi-smack" au match et maintenant il s'apprêtait à réellement m'embrasser !

Jamais je n'ai voulu avoir une relation comme ça avec lui. Bon, peut-être que si mais jamais je n'en ai exprimé l'envie. C'est lui qui a sauté sur moi.

Mais s'il a fait ça, ça signifie qu'il a aussi de l'attirance pour moi ?!

Oh. Mon. Dieu. Je ne peux pas y croire, je vais faire un AVC.

Je me tape sur le front, me sentant soudainement idiote.

Il a tenté de m'embrasser et je lui ai foutu un énorme vent...

Mais il faut me comprendre, je n'ai jamais embrassé un garçon. Enfin si, mais c'était plus des bisous que des vrais baisers langoureux.

Je n'ai jamais eu de petit ami non plus, juste des amourettes en primaire et au collège. Bref, rien de concret et de durable.

Mais maintenant que j'ai grandi et que j'ai l'âge d'avoir une vraie relation, j'avoue que cette fois, tout change. Je vais pouvoir avoir un vrai copain, et qui sait ? À ce stade-là, ce sera sûrement Brook...

*****
La famille Campbell et moi sortons aujourd'hui au centre commercial. Lucy est toute excitée à l'idée que les soldes aient enfin commencé et je m'en réjouis aussi.

Lucy me tient par le bras et m'entraîne vers le magasin Pull&Bear tandis que les garçons ont préféré aller nous prendre des casses-croûtes au Starbucks. Mais je les comprends: suivre des filles qui font les magasins pendant plusieurs heures sans rien acheter par soi-même, c'est ennuyant.

Lucy et moi attrapons plusieurs vêtements qui nous plaisent et nous dirigeons vers les cabines d'essayage.

-Alors, avec ton petit-ami ?, me demande-t-elle de l'autre côté de la fine paroi qui nous sépare.

Oh non, elle va encore me parler de ce petit-ami imaginaire... C'est à cause de Kurt, je le déteste.

-Qui est ce mystérieux garçon ?, continue-t-elle.

-Je n'en ai pas tout court, dis-je.

Et c'est vrai. Brooklyn n'est pas mon petit-ami donc non, je ne suis pas en couple.

-Mais Kurt a dit que...

-Il raconte n'importe quoi.

-Alors qui était ce garçon avec qui tu es partie au match de basket hier soir ?

Je commence à me déshabiller et m'arrête net dans mon geste en entendant cette phrase. J'écarquille les yeux, une vague de stress s'emparant soudainement de moi.

Parler de Brooklyn à Lucy me gêne déjà, mais depuis ce qui s'est passé hier soir, je suis d'autant plus gênée.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai pas envie que les Campbell apprennent l'existence de Brooklyn. J'ai envie de prendre mon temps pour les présenter, faire en sorte que tout se passe bien et trouver le bon moment.

Vite, une excuse ..!

-Euh... C'était le petit ami d'Abigail. Il est venu me chercher pour qu'après on fasse une surprise à Abi parce qu'elle adore le basket et c'est bientôt son anniversaire, donc c'était un petit cadeau.

J'écarquille les yeux en entendant mes propres mots qui sont totalement faux.

Bordel, j'ai beaucoup d'imagination...

-Ah d'accord, dit Lucy, ne doutant pas une seule seconde de mon mensonge.

Au bout d'une heure, nous passons à la caisse et ressortons du magasin avec nos achats.

Kurt et Daniel sont accoudés à une rambarde avec nos gobelets Starbucks à la main. Daniel me passe le mien et Lucy se met à parler de nos nouveaux habits.

Mes pensées divaguent sur Brooklyn. J'ai déjà envie de le revoir, d'être près de lui. J'ai l'impression de m'être déjà beaucoup trop attachée à lui. Je ne sais pas si c'est bon signe ou non...

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