15.
J'ai passé la journée à choisir ce que je me mettrais ce soir. Kurt lui, ne m'a pas reparlé depuis hier soir et c'est tant mieux. Daniel et Lucy sont partis au restaurant avec quelques-uns de leurs amis, donc ils ne sont pas là ce soir.
J'enfile un top noir ample et un skinny comme d'habitude, finalement. Je lisse mes cheveux et me maquille légèrement. Je mets mes talons noirs et descends dans la cuisine pour me faire un sandwich jambon-cheddar. Je regarde ma montre et constate qu'il est déjà 20h45. Abigail arrive dans 15 min donc je prends mon temps pour manger. Je m'assois sur un tabouret au comptoir de la cuisine quand j'entends Kurt descendre les escaliers. Je croque dans mon sandwich et il vient dans la cuisine pour s'en préparer un aussi.
-Tu vas à ta soirée ?, lui demandais-je.
Pas de réponse. OK, il me fait vraiment la gueule. Quel gamin, c'est de sa faute si on en est là aujourd'hui.
-Tu vas à quelle soirée ?
Pas de réponse encore une fois. D'accord, j'ai compris le message.
On toque à la porte et je m'avance pour ouvrir. Abi se tient devant moi, vêtue d'un haut à bretelles qui laisse un décolleté dans le dos et d'une jupe noire qui lui va juste au-dessus des genoux. Grâce à ses bottines à talons, elle arrive à me dépasser d'une demi-tête.
-Salut ça va ?, me demande-t-elle, enjouée.
Elle me prend furtivement dans ses bras.
-Oui et toi ? Attends, je prends ma veste et on pourra y aller.
Je rentre à l'intérieur de l'appartement et attrape ma veste en cuir qui est sur une des chaises autour de la table à manger. Kurt, qui est toujours assis au comptoir de la cuisine, aperçoit Abi.
-Salut Abi, dit-il.
-Salut Kurt.
-Vous vous connaissez ?, demandais-je, surprise.
-Mini jet-set de Boston, m'explique Kurt comme si c'était logique.
-Ah ouais normal, dis-je avec ironie en enfilant ma veste. C'est bon Abi, on peut y aller.
Je referme la porte derrière nous en jetant un dernier regard à Kurt. Je ne sais pas si ça va s'arranger entre nous...
Nous descendons en bas de l'immeuble où la moto d'Abi nous attend. La nuit est déjà bien tombée et une petite brise me caresse les joues. Abigail me tend un casque que je mets.
Heureusement que je ne me suis pas attaché les cheveux !
Elle met aussi son casque puis nous montons dessus. Abi roule à toute allure en slalomant entre les voitures avec sûreté.
-Tu vas voir que les soirées d'Ash sont top, me dit-elle avec entrain.
-J'espère, ça fait un bail que je n'ai pas été faire la fête...
-Tu vas voir que tu ne regretteras pas d'être venue !
Je le pense aussi. Après plusieurs minutes, Abi arrête sa moto en bas d'un immeuble un peu plus petit que celui dans lequel je vis avec la famille Campbell. Je lève les yeux et remarque tout un étage dont les lumières clignotantes traversent les fenêtres. Nous entrons à l'intérieur et montons avec l'ascenseur. Lorsque nous arrivons à l'étage, nous pouvons entendre la musique résonner tellement fort que j'ai l'impression que le rythme bat à la place de mon cœur.
Abigail fait quelques pas et toque à une porte. Un homme ouvre, un gobelet à la main.
-Je suis Abigail Brown et j'ai invité une amie.
L'homme sourit et nous fait entrer.
-Plus on est de fous, plus on rit, dit-il en me reluquant, avant de boire une gorgée de son verre.
Dès que nous pénétrons dans l'appartement plein à craquer, nous arrivons dans une foule de personnes qui dansent et qui boivent. Je remarque que la plupart des personnes viennent de notre lycée. Abigail m'attrape le bras et me guide vers la cuisine. Elle prend un shot et me le tend.
-Du gin, me précise-t-elle en tentant de se faire entendre par-dessus la musique.
On cogne nos verres l'un contre l'autre puis nous buvons tout d'un trait. Puis, les shots s'enchaînent et nous nous laissons entraîner par la musique.
-On va danser ?, lui proposais-je.
Elle me hoche la tête et nous nous dirigeons vers tous les corps qui se mouvent en rythme. Des gars s'approchent et nous nous déhanchons avec eux. Je balance ma tête de tous les côtés lorsqu'un remix de Martin Garrix passe. Par la suite, une musique plus langoureuse se fait entendre alors je passe mes mains autour de la nuque du garçon qui danse avec moi depuis tout-à-l'heure.
-Moi c'est Carl, dit-il en souriant.
De là où je suis, je peux sentir l'odeur de l'alcool qui s'échappe de sa bouche. Je dis ça, mais je suis sûre que mon haleine ne sent pas mieux. J'ai dû ingurgiter sept shots d'un coup...
-Je m'en fiche, répondis-je en lui souriant à mon tour. Danse avec moi plutôt.
Il rigole et nous continuons de danser. Ouais, on n'est vraiment plus sobres... Je penche ma tête et découvre Kurt qui entre dans l'appartement avec trois autres mecs. Qu'est-ce qu'il fout là ?
Je le vois qui se dirige vers la cuisine et qui se sert un verre de vodka. Les autres garçons s'en servent aussi et ils trinquent. Je desserre mes doigts de la nuque de Carl et lui dit :
-J'y vais, OK ? On dansera peut-être ensemble plus tard.
Il hoche la tête et se retourne pour danser avec une autre fille. Je vais vers Kurt et attrape un shot sur la table. Je le bois d'un trait et lui demande ce qu'il fait là.
-Je suis à une soirée, ça ne se voit pas ?, me demande-t-il d'un ton sarcastique.
-Oui, mais tu ne m'avais pas dit que tu allais à cette soirée... Et puis tu ne connais pas Ash à ce que je sache ?
-Ash prépare toujours les meilleurs soirées. Et puis qu'est-ce que ça peut te foutre ?
Je soupire en ramassant mes cheveux en arrière.
-Rien.
Alors que je m'apprête à repartir pour danser, sa main attrape mon poignet.
-On devrait faire la paix, tu ne crois pas ?, dit-il d'un ton implorant.
Je souris et me remet face à lui.
-Je n'attendais que ça, répondis-je. On devrait se comporter comme des frères et sœurs au lieu de faire les cons.
-T'as raison. Pardonné ?
-Pardonné.
-Vas danser, je t'apporte un verre.
Je lui souris encore une fois et partis vers le centre de la pièce en me déhanchant. Je vis Abigail qui dansait aussi, complètement en transe. Elle semblait être dans un autre monde, remuant ses cheveux dans tous les sens. Je me mis à bouger aussi et attendit plusieurs minutes avant que Kurt apparaisse dans la foule.
-Enfin !, lâchais-je en prenant le shot qu'il me tendait. Qu'est-ce qui t'as pris autant de temps ?
-Je parlais à un pote, me répondit-il. Tchin ?
-Tchin !
Nous trinquons et buvons nos shots d'un trait. Il repose nos verres sur une table un peu plus loin et reviens pour danser. Une sensation de chaleur m'envahit et j'entame une danse beaucoup plus rythmée et endiablée que d'habitude. A ce moment-là, toute émotion disparaît de mon être. J'ai l'impression que plus je danse, plus je me sens bien. J'ai la sensation d'avoir le corps complètement anesthésié. Kurt se colle à moi et nous faisons un collé-serré. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'ai même pas la force de le repousser. Au contraire, je passe mes bras autour de lui et nous dansons de plus en plus près.
La musique change et il prend ma main pour m'entraîner dans un couloir toujours noir de monde. Je me laisse faire et ne proteste pas. Je ne sais pas ce qui m'arrive, en tout cas je n'ai plus aucune force. On dirait que j'ai quitté mon corps pour pouvoir flotter sur un nuage.
Kurt abaisse une poignée et me fait entrer dans une salle vide et sombre. Seules les lumières extérieures de la ville éclairent la pièce. Je plisse les yeux et remarque qu'il y a un lit, une armoire, un bureau en désordre et des photos accrochées aux murs. C'est certainement la chambre d'Ash.
Je sens les mains de Kurt qui me pousse sur le lit et je retombe lourdement sur le matelas. Étrangement, encore une fois je n'arrive pas à le repousser. Même pas à crier. Je prends conscience que mon état est anormal, parce que si j'avais encore mes esprits, je l'aurais repoussé et je serais partie de cette chambre il y a bien longtemps. Mieux encore, je ne l'aurais pas suivi jusqu'ici.
Les lèvres de Kurt se posent dans mon cou et ses mains se glissent sous mon haut. Je grimace de dégoût, ses lèvres sont humides et il ne m'attire pas du tout. Je tente toujours de le repousser et de crier, mais je n'y arrive pas. Même si j'étais complètement bourrée, je me connais : j'aurais quand même réussi à avoir un minimum d'autonomie pour me défendre. Alors qu'est-ce qui m'arrive ?
Kurt s'assoit à califourchon sur moi et m'enlève mon haut. Je me retrouve en sous-vêtements sous ses yeux, ses yeux qui me dévorent du regard. Je tremble de terreur, mais je n'arrive toujours pas à me dérober de son emprise. Je ne peux rien faire. Je suis impuissante.
Il m'embrasse le ventre et baisse la braguette de mon skinny. J'ai envie de lui donner un coup de genou là où je pense, mais je n'ai même pas la force de le faire. Putain de merde. Ses doigts accrochent le rebord de mon jean et il le baisse jusqu'à mes chevilles, pour ensuite l'enlever. Mes yeux s'ouvrent et se ferment lentement, j'ai la sensation d'être dans les vapes. L'alcool ne m'a jamais fait cet effet-là. Il m'embrasse dans l'intérieur des cuisses. Au moins, il n'est pas violent. Mais je ne veux pas le faire. Pas avec lui. Pas dans mon état. Ça reste donc un viol.
Ma vue se floute. Des larmes coulent le long de mes joues. Je n'ai que ça à faire. Pleurer. Parce que je n'arrive pas à crier, je n'arrive pas à me débattre. Comme si mon corps ne répondait plus à mon cerveau.
Il se relève puis se penche sur mon visage pour m'embrasser les lèvres puis la mâchoire. J'essaie de le repousser un minimum mais ses mains bloquent les miennes. Oui, je suis vraiment impuissante.
Je grimace en comprenant que je ne pourrais rien faire. Je vais me faire violer par le mec qui est censé être mon nouveau frère. Violer. Alors que je suis toujours vierge... Je vais me faire dépuceler sans le vouloir.
Kurt m'embrasse dans le cou et je fais un effort pour détourner ma tête sur le côté. C'est à ce moment-là que j'entends le bruit de la porte qui s'ouvre. Un raie de lumière s'infiltre dans la chambre et je sens la masse du corps de Kurt se soulever brusquement. Des cris fusent et puis plus rien. Le trou noir.
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