12.
La semaine passe rapidement. Plus le temps défile et plus Brooklyn m'intrigue. Abigail a dû me citer près d'une vingtaine de rumeurs sur lui, toutes plus délirantes les unes que les autres. Il y en a même une qui dit que c'est un survivant de l'attentat des tours jumelles de New York.
Sérieusement, les gens inventent tout et n'importe quoi. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'intuition que tout ce que j'ai pu entendre jusqu'à maintenant est totalement faux.
-Sara ?
Je sors de mes pensées et me tourne vers Abi qui m'interroge du regard. Je remarque que toute la classe me regarde aussi et j'écarquille les yeux.
-Sara, intervient la prof d'histoire, donne-moi la date du début et de la fin de la Première Guerre Mondiale.
-Euh..., bredouillais-je, prise de court.
-28 juillet 1914 et 11 novembre 1918, me murmure Abi en faisant mine de regarder ailleurs.
-28 juillet 1914 et 11 novembre 1918, dis-je à voix haute.
La professeur me lança un regard suspicieux et continua son cours en se tournant vers le tableau.
-Merci, soufflais-je à Abi.
-De rien, ça sert à ça les amies aussi, me dit-elle en faisant un petit sourire.
Je lui rends son sourire et regarde en arrière. Brooklyn me fixe en souriant en coin, amusé. Il a dû voir Abi me souffler la réponse... Nous nous scrutons pendant quelques secondes, jusqu'à ce qu'il baisse les yeux sur sa table en continuant de sourire. Je me retourne alors vers le tableau en souriant moi aussi comme une idiote. Le cours d'histoire est le seul que Brooklyn et moi avons en commun. Et je viens de me rendre compte que c'est la première fois que Brooklyn me regarde vraiment.
*****
Alors que j'écoute de la musique en recherchant la page Facebook de Brooklyn sur mon portable, j'entends l'écho de la voix de Daniel qui m'appelle. Je retire mes écouteurs et tends l'oreille pour voir s'il m'appellera une deuxième fois. Au cas-où je n'ai pas halluciné.
-Sara !
J'éteins ma musique et sors de ma chambre pour descendre les escaliers. Daniel et Lucy sont assis dans le canapé, l'air grave. Quant à Kurt, il est parti à un concert avec ses amis. Ce qui fait que nous sommes que trois dans cet appartement.
-Assieds-toi s'il-te-plaît, me dit Lucy.
Je me place sur un fauteuil face à eux.
-Qu'est-ce qu'il y a ?, m'inquiétais-je.
-Sara, commença Lucy, Daniel et moi avons beaucoup parlé. Nous avons remarqué que tu ne mangeais plus -à part le Nutella le matin, que tu restais cloîtrée dans ta chambre sans jamais prendre l'air -excepté pour les cours, et que tu ne dormais pour ainsi dire jamais.
-Comment vous savez que je ne dors pas ?
-Ta chambre est juste au-dessus de la nôtre. On entend lorsque tu remues incessamment dans ton lit.
Je soupire.
-D'accord... et où vous voulez en venir ?
Daniel et Lucy s'échangèrent un regard.
-Nous t'avons pris un psy, déclara Daniel.
Je me leva brusquement du fauteuil.
-Quoi ? Mais je ne suis pas devenue folle !
-Non Sara, les psy ne sont pas forcément pour les fous, me rassura Daniel. Ça te permettra de t'exprimer avec quelqu'un qui n'a rien à voir avec la famille, de t'aider à remonter la pente. Ça ne t'apportera que du bien, tu verras.
-Non, je ne veux pas que vous payiez quelqu'un pour "m'aider à remonter la pente" ! Je vais très bien, ce n'est pas parce que je ne mange pas, que je ne sors pas et que je ne dors pas que je vais mal !
Sur ces derniers mots, je remonte dans ma chambre en claquant la porte derrière moi. Furieuse, je donne un coup de pied violent dans le pied de mon lit.
Sérieusement ? Me faire voir un psy ? Ils croient vraiment que... que je suis tombée au fond du trou ? Que je n'arriverai pas à faire mon deuil toute seule ?
Je m'assois sur mon lit. Hors de question que j'aille voir un psy. Il faudra m'y emmener de force s'ils y tiennent vraiment.
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