11.
Les jours passent rapidement. Je me suis liée d'amitié avec Abigail, je la trouve vraiment gentille et drôle. Elle remet un souffle de fraîcheur dans ma vie et je pense que c'est ce dont j'avais besoin depuis quelques temps.
On est aujourd'hui samedi, jour de la fameuse soirée où toute la belle clique de Kurt sera. La soi-disant "jet-set".
Alors que je suis assise dans le canapé à regarder Revenge à la télé avec Lucy, Kurt descend les escaliers, habillé d'une chemise et d'un pantalon blanc. Ses cheveux blonds sont aussi teints d'épaisses mèches blanches comme la neige.
Kurt se met face à nous en tournant sur lui-même.
-Alors ? Je suis canon comme ça hein ?
Lucy éclate de rire en le voyant. Elle se lève pour se mettre à sa hauteur et tripote ses cheveux.
-T'as sorti le grand jeu toi, s'exclame-t-elle en gloussant.
Kurt retire la main de sa mère de sa tête.
-Bah ouais, c'est pas tous les jours qu'il y a des soirées comme ça. Ce sont les meilleures.
Lucy se rassoit en poussant son fils.
-Vas à ta soirée, tu gâches la vue et on ne peut plus voir la télé si tu restes devant.
Kurt râle et prend son trousseau de clés pour sortir de l'appartement.
-Attends !, dit Lucy à Kurt. Sara, tu ne veux pas y aller ?
Je secoua la tête.
-Non, c'est bon.
-Avant, tu aimais faire la fête, marmonne Lucy en faisant la moue.
-Mais c'était avant.
-Bon, je fais quoi alors ?, s'impatiente Kurt en tenant la poignée de la porte dans sa main.
-Vas-y, lui lancais-je.
Il part alors en claquant la porte derrière lui. Je me reconcentra sur l'épisode quand Lucy baissa le son et se tourna face à moi.
-Est-ce que tu veux en parler ?
-De quoi ?
-Je ne sais pas, de tout ! De ta nouvelle vie, tes sentiments... Ta mère...?
-Non, je n'en ai pas envie.
-Sara, je sais qu'avant le décès de ta mère, tu étais une fille qui profitait beaucoup de la vie. Tu aimais faire la fête tout en restant raisonnable, tu sortais en ville... Mais maintenant, tu as beaucoup changé. Tu te renfermes sur toi-même à chaque fois qu'on te propose quelque chose qui pourrait te redonner de la joie.
Je ne réponds rien car je sais tout simplement qu'elle a raison. Mais qu'est-ce que je suis censée faire ? Je ne me vois pas reprendre mon ancienne vie comme si rien ne s'était passé.
-J'en parlerais à Daniel. Il faut qu'on t'aide à remonter la pente.
-Pourquoi vous faites tout ça pour moi ? Je ne suis même pas de votre famille...
-Mais maintenant si. Alors c'est notre devoir de t'aider.
Je ne comprends pas pourquoi tout le monde tient toujours à vouloir m'aider. Ce n'est pas comme s'il m'arrivait des choses graves.
*****
Le week-end est terminé. Alors que Kurt a passé ses soirées à faire la fête et ses journées à sortir avec ses amis, je suis restée à l'appartement à ne rien faire.
J'ai vraiment une vie pourrie.
Abigail et moi rejoignons la cafétéria. Elle prend un burger et des frites tandis que moi, je ne mange pas. Je n'ai pas d'appétit. Abi prend une table dans le fond et je m'assois en face d'elle.
-Sérieux, Sara ? Comment fais-tu pour ne pas avoir envie en voyant ce bon burger et ces frites bien croustillantes...?
Pour accentuer ses mots, elle attrape une frite, la trempe dans du ketchup et croque dedans. Je ne réponds pas et la regarde manger. Elle prend son burger et en prend une grosse bouchée en roulant des yeux.
Abigail sait que je ne vais pas très bien et pourtant elle reste avec moi et tente de me remonter le moral. Avec elle, on ne parle jamais de mes problèmes personnels et elle ne me pose jamais de questions là-dessus. Elle sait que c'est difficile pour moi d'en parler.
Ça ne fait qu'une semaine que je la connais et pourtant j'ai l'impression de l'avoir toujours connue. C'est la seule amie que j'ai réussi à me faire ici, à Boston.
Mes yeux se rivent sur Brooklyn qui entre dans la cafétéria, son plateau à la main. Abi remarque que je le regarde et souris.
-Il est attirant hein ?, dit-elle comme une question rhétorique. Mais complètement inaccessible. Il y a des tas de rumeurs qui traînent sur lui.
-Comme quoi ?
-Il y en a une qui dit qu'il a tué quelqu'un lorsqu'il avait douze ans. Ou une autre, comme quoi c'est en réalité un riche héritier qui cache bien son jeu. Mais il y a tellement de rumeurs sur lui que je ne pourrais pas toutes te les citer.
J'observe Brooklyn qui s'assoit à table avec son meilleur ami Ash et d'autres de leurs amis. Ils sont en train de rire en faisant un concours de rots.
-Je le vois mal être un riche héritier ou un tueur, répondis-je.
-Ce n'est pas parce qu'il a une attitude de gamin de temps en temps que ces rumeurs sont forcément fausses.
-Parce que tu y crois ?
-Je ne sais pas. Mais je suis sûre que dans le lot, il y en a une qui est vraie.
-Mmh peut-être... Et à part le fait qu'il t'a baisée à une fête, tu ne veux pas savoir qui il est vraiment ?
-Je ne sais pas si j'ai envie d'être mêlée à ses histoires, dit Abi. Sa vie a l'air vraiment bizarre et je pense que ce n'est pas un mec très fréquentable.
-Pourquoi tu dis ça ?
Abigail se penche au-dessus de la table pour me parler tout bas.
-Apparemment, il se paie un dealer. Quelqu'un l'a déjà vu avec lui derrière le lycée.
Abi se rassoit à sa place en me faisant un regard entendu.
-Un dealer ?, demandais-je, surprise.
-Chut!
Je me pencha à mon tour par-dessus la table.
-Je ne pensais pas qu'il se droguait...
-Il y a des tas de choses sur lui que tu ne penses pas.
Abi et moi nous retournâmes pour regarder discrètement Brooklyn.
Oui, j'imagine...
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