51
Je lâche tout, j'arrache mes gants, je sors de la salle. Les couloirs sont plein de brancards et de blessés, mais il y a beaucoup moins de bruits. C'est plus calme mais justement, cet espèce de silence, il bourdonne dans mes oreilles, il renforce ma peur. Qu'est-ce qu'il se passe, pourquoi personne ne dit rien ? Le deuil est en train de descendre sur nous, l'âme des morts s'envole tout autour de nous, nous sommes plongés dans un brouillard de détraqueurs.
Mais mon cœur, il bat, Et il cherche celui d'Harry, qui doit être par-là, à battre sur le même rythme. Je n'entends que ce tic-tac, celui de son cœur qui n'est pas loin. Je sais qu'il fait le même bruit que le mien. Je crois que je l'aime, je sais que j'ai besoin de lui. Il faut que je le trouve, j'ai besoin de ses bras. Qu'il aille bien, qu'il se batte avec moi. Je traverse les couloirs, il allait vers les salles d'opération.
Il ouvre une porte, il sort d'une salle juste devant moi. Sa blouse est pleine de sang et d'horreurs. Son visage est très dur, fermé, tout blanc. J'arrive devant lui, je prends ses mains.
- Harry...
Son regard est perçant, il serre mes poignets, je sens la tension, la force qui le parcourt, il est comme une panthère prête à bondir.
- Qu'est ce qui se passe ? Ils ont besoin de moi ? On est un peu moins débordés, je peux venir. Qu'est-ce que c'est ?
- Je voulais juste... J'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose.
- Quoi ?
- J'avais peur...
- Tu as laissé tous ces gens en train de mourir sur place parce que tu as PEUR ?
Il serre trop fort mes poignets, sa colère me terrifie, mais il faut que je crie plus fort que lui, c'est trop important.
- Je les aie soignés ! Je les aie sauvés, mais cette femme elle m'a dit, elle m'a dit PROTEGE CEUX QUE TU AIMES.
J'ai le souffle court, il est complètement immobile. Finalement, il m'attire à lui, un bras autour de ma nuque. Il embrasse mon front, je sens l'humidité de ses lèvres, leur chaleur, j'ai envie de pleurer mais j'ai encore besoin de ma force.
- Oh, Louis... Je vais bien.
- C'est tout ce que je voulais savoir. J'y retourne.
Je vais pour me dégager et retourner là-bas, mais il me tient contre lui. Il y a des gens qui passent dans le couloir, des gens assis avec des plaies, des pleurs et des paroles rassurantes, mais tout semble en demi-teinte, éloigné de nous. Il me serre encore, il embrasse ma tempe. Il murmure :
- Moi aussi, j'avais peur pour toi.
On ne peut pas s'embrasser, pas au milieu de ce couloir. On se regarde un moment sans rien dire, puis on se sépare. J'ai vraiment mal au cœur de le laisser, mais je sais qu'il va s'en sortir, qu'on va s'en sortir tous les deux. Ce soir, demain peut-être, les choses retourneront petit à petit à la normale, si on peut appeler ça comme ça. On rentrera, on s'allongera l'un contre l'autre dans mon lit, on se regardera. J'écouterais son cœur battre. Je veux l'écouter aussi longtemps que je le pourrais, je veux m'assurer qu'il ne va pas s'arrêter.
Je me perds un peu dans les couloirs en essayant de retourner à la salle ou d'autres blessés m'attendent encore. Quand j'y arrive enfin, je vois une femme et un homme tout vêtus de noir et portant un large paquet qui s'engouffrent dans un endroit interdit au public.
Si tu décides de les suivre pour voir ce qu'ils font, rends-toi au paragraphe 74.
Si tu préfères rejoindre les blessés qui t'attendent depuis tout à l'heure et ne plus rien laisser te perturber de ta tache, rends-toi au paragraphe 16.
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