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Petit-déjeuner. J'ai la tête ailleurs, je n'écoute rien à ce que les petits me disent. Je n'ai pas vu Harry depuis... Enfin, depuis. Quand je me suis levé, il était déjà parti pour aller récupérer une livraison de nourriture. Je m'occupe seul du petit déjeuner. Je sais qu'il n'a pas du tout cherché à m'éviter, mais c'est juste... J'ai vraiment hâte de voir son visage. De voir ce qu'il pense, ce qu'il ressent. S'il va me sourire ou m'ignorer. Les lendemains sont toujours tellement importants... Les gens peuvent se comporter d'une certaine façon le temps d'une soirée, laisser échapper des promesses insensées et puis, le lendemain... Tout ça n'a plus aucune valeur. J'ai seulement besoin de croiser son regard pour être rassuré.
Je travaille d'arrache-pied avec Liam et les autres pour préparer tous les petits au départ à l'école avec Harry en moins pour nous aider. Mais je commence à connaitre mon travail, et à l'heure dite, ils sont tous en rang à la porte, habillés, dents lavées, avec leurs cartables. Ils partent seuls, menés par les plus grands. C'est la ronde des bisous pour les petits. J'adore ça, quand ils s'en vont et qu'ils m'embrassent un par un avant. C'est vraiment mignon. Je leur fait coucou depuis la porte. Après, Liam traverse la route pour rejoindre son bureau, et moi je fais la vaisselle en attendant le retour d'Harry pour l'aider à ranger la livraison. J'attends de voir son visage. Je pense à lui. Je pense à ses lèvres... Ses mains... Je pense à ses yeux, ses regards, sa façon de rire, le son de sa voix. Je pense à tellement de trucs et tout ça me rend tellement bête que je me dis que je dois être carrément amoureux de lui.
J'entends le klaxon de la camionnette de livraison. Il part en moto jusqu'à l'endroit où l'on livre, ramène tout en camionnette, puis ramène la camionnette et rentre en moto. Un sacré bordel. Je me sèche les mains, vais jusqu'à la porte, mais elle s'ouvre à la volée devant moi avant que je n'ai pu faire un geste, et Harry surgit. Mais il n'a pas le sourire que j'attendais.
Il est profondément choqué. Il hésite, mais très vite il se rue dans mes bras, les siens serrés autour de mon cou.
- Louis ! Louis, ils... Ils ont...
Il tremble. Se détachant légèrement de moi, il se force à respirer calmement et parvient à finir sa phrase.
- Ils ont bombardés le centre culturel. Les blessés sont en train d'affluer vers l'hôpital. Ils vont être débordés. Il faut qu'on y aille. Tout de suite.
J'ai instantanément mal au ventre. Le centre culturel est un endroit tout neuf construit au cœur de la ville. Il y a une bibliothèque, un cinéma, des aires de jeux et un grand amphithéâtre à ciel ouvert ou les gens adorent se réunir. C'est toujours plein de familles, d'enfants et de jeunes. On ne peut pas bombarder là-bas. Il n'y a que des personnes innocentes là-bas. Qui n'ont rien fait de mal. Des jeunes. Des gens avec la vie devant eux.
- Mets ta ceinture.
J'ai suivi Harry jusqu'à la camionnette sans même y faire attention. Mes jambes m'ont portées toutes seules. Tout le chargement de nourriture et de fournitures pour notre propre petit hôpital est encore à l'arrière, mais on n'a pas le temps. On fonce sur les routes, rapidement on est arrêtés par les autres voitures. C'est la folie. Tout le monde fuit au hasard en même temps. Harry se ronge les ongles. Je vois les gouttes de sueur perler sur son front et puis il s'essuie les yeux dans sa main.
- Merde, merde ! Ils n'avaient pas le droit, c'est que des gamins là-bas ! Ils n'ont qu'à, ils n'ont qu'à bombarder directement les écoles primaires, tient !
Je n'ose pas dire qu'ils le font, parfois. Ils. Qui qu'ils soient. Qu'il n'y a rien qu'ils ne puissent faire. Harry klaxonne mais on ne peut plus avancer. C'est impossible de ronger son frein et d'attendre alors qu'à cinq cent mètres, des gens sont en train de mourir. Je détache ma ceinture.
- Qu'est-ce que tu fous ?
- Viens, Harry. Regarde devant, ils sortent de leurs voitures. Ça ne va pas avancer. Viens, on va y aller à pieds. Ce n'est pas loin.
Il est choqué, il a du mal à réagir. Alors il s'en remet à moi et suis le mouvement. Je me détache et sors de la voiture.
Si tu décides de courir le plus vite possible à l'hôpital avec Harry, rends-toi au paragraphe 52.
Si tu préfères prendre le temps de récupérer dans la camionnette un peu de matériel médical avant cela, rends-toi au paragraphe 96.
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