17
Je ne veux plus laisser Harry seul, j'ai peur de le perdre à nouveau, même une minute. Tandis que l'on marche au milieu des blessés, vers là où l'on nous appelle, je me rends compte que ce qui vient de se passer nous a rapprochés au point que j'ai l'impression que mon destin est désormais lié au sien, que je ne pourrais jamais le laisser partir. Je pose la main sur son coude, il me sourit légèrement, ralentis un peu l'allure – j'ai du mal à suivre ses enjambées.
Je crois qu'il est content que je sois resté près de lui. Que ça le rassure aussi, de pouvoir garder un œil sur moi.
On arrive là où l'on nous appelait et j'ai un haut le cœur. C'est la femme de tout à l'heure. Celle qui était enceinte. Soufflant fort, allongée sur un matelas par terre, les mains sur les jambes, les genoux relevés et les jambes écartées... Elle est en train d'accoucher.
Harry pose sa trousse de secours et s'accroupit à côté d'elle. Il lui prend la main, cale sa respiration sur la sienne pour l'aider à rester calme. Il lui parle en Dari, elle lui répond en remuant la tête. Ses yeux sont pleins de larmes.
- Je vais m'occuper de bébé, toi tu vas soigner ses blessures. D'accord ?
Je hoche la tête, blême. Harry bouge sa robe déchirée, lui jette un regard désolé et lui retire sa culotte. Elle serre les dents et me regarde. Son regard se plante dans le mien, elle ne veut plus regarder ailleurs. Elle a des plaies partout, un morceau de verre fiché dans l'épaule, du sang sur sa robe, des yeux sauvages qui ont besoin de moi. Je prends sa main. Et ça commence.
Elle hurle.
Je ne pensais même pas qu'un autre humain pouvait produire ce bruit. Ce n'est pas un hurlement d'hystérie ou de panique, aigue et incontrôlable. C'est un cri de souffrance, grave et profond, qui me donne mal au ventre. Harry crie aussi.
- Merde, merde !
C'est là que je comprends qu'il y a des complications. Harry regarde en panique autour de lui, mais il y a trop de blessés, pas assez de médecins, personne pour nous venir en aide. Je l'entends dire tout bas, effrayé :
- Mais j'suis pas gynéco, moi...
Il fouille à toute vitesse dans la trousse, met des gants. Et puis je détourne la tête, parce que je ne veux pas voir et parce qu'elle, a besoin que je la regarde. Je ne soigne même pas ses autres plaies, parce qu'elle serre mes mains de toutes ses forces. A chaque contraction, elle hurle comme si on l'éventrait. Harry est plein de sang, je ne comprends absolument pas ce qui se passe, mais je vois le sang sur sa robe et je sais que quelque chose va très mal. Harry redresse la tête d'entre ses jambes, il a les larmes aux yeux.
- Il va falloir que j'ouvre... Le bébé est complètement coincé, il ne sortira pas par voie basse... Il faut faire une césarienne.
Ma terreur explose brutalement en colère.
- Mais t'es malade ? Dans ces conditions ? On n'a pas de sang à lui transfuser, on est dans des conditions d'hygiène déplorable, elle en mourrait !
Très lentement, il hoche la tête. Et je comprends.
Si tu décides de sauver la jeune femme au détriment de son bébé, rends-toi au paragraphe 7.
Si tu préfères sauver le bébé au détriment de sa mère, rends-toi au paragraphe 75.
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