Chapitre 22 - Désir et désillusion

J'ai débranché mon veaucer et mit ma conscience en mode muet. J'suis sûrement en train de commettre une erreur irréparable mais je n'éprouve même pas l'envie d'arrêter.

Son corps frêle sur le mien tremble à chaque fois que nos langues se lient, et dès que nos cœurs sont en cohésion, le mien défaillit.

Je mentirais si je disais que je n'avais jamais ressenti cela avec une autre, mais cette fois c'est différent. J'ai l'impression de braver les interdits, et d'outrepasser une horde de pêchés qu'aucun repentir ne pourra sauver.

Elle sent la fleur.

C'est le seul argument rapide que je me suis trouvé pour rester proche d'elle.

Même si c'est une erreur, je ne peux pas nier que cette étreinte a fait des étincelles.

Et pourtant ce n'est qu'un baiser, ni chaste ni impur. Mais Céleste n'en dessert pas moins quelques idées obscures.

-       Fais ce que tu veux de moi, murmure-t-elle contre mes lèvres.

Elle se redresse et retire lentement son t-shirt avant de revenir à la charge.

-       Attends, lui dis-je en la stoppant, c'est pas une bonne idée.

-       Evidemment, que c'est pas une bonne idée.

Elle lorgne par la suite mes lippes comme si elle voulait les dévorer.

-       J'sais que t'en a envie, ajoute-t-elle.

-       C'est pas la question.

-       Alors c'est quoi le souci ?

-       J'sais pas...

Je tapote légèrement sa cuisse pour qu'elle se retire de mes jambes, et je me lève de son lit, complètement absorbé par le goût de ses lèvres et désespérément perdu pour la suite des évènements, en plus d'être brûlant.

Je crois que j'ai de la fièvre.

Ou c'est simplement le pic de libido présent dans la pièce qui me chamboule complètement.

-       C'est trop précipité, finis-je par lâcher.

-       Je comprends pas.

-       On s'connaît à peine.

-       Et depuis quand t'attends de connaître une meuf avant d'explorer son antre secret ? S'enquit-elle en se rhabillant.

-       T'en sais rien.

-       C'est vrai.

Elle soupire et s'allonge tout en me fixant.

-       Tu dis ça parce que j'suis qu'une gamine à tes yeux.

-       C'est pas ça...

-       Si. Depuis le début t'as pas confiance en moi et tu me traites comme une enfant. J'sais pas pourquoi j'ai daigné espérer quelque chose...

-       Tu comprends pas.

-       Explique-moi.

-       J'peux pas.

Parce que moi-même j'ignore la raison de mes actes.

Elle m'attire certes, mais je me rends compte d'avoir dépassé les limites. D'abord en l'emmenant chez moi, puis en allant chez elle, en s'échangeant nos numéros et maintenant en l'embrassant.

J'suis en train de m'embarquer dans une connerie dont je ne vois pas le bout ni les répercussions, voilà pourquoi j'appréhende autant la suite des évènements.

Et des actions.

-       Si j'te plais pas dis-le, mais ne cherches pas d'excuses bidons. J'suis assez grande pour me prendre un râteau. Et de ta part, ce ne sera pas le premier.

Je m'apprête à répliquer, mais nous sommes coupés par la sonnerie. Nous nous regardons simultanément, et ses yeux s'écarquillent lorsqu'on entend deux coups à la porte.

-       Merde ! Dit-elle en se levant d'un bond. Faut pas que tu restes là.

-       Pourquoi, c'est qui ?

-       C'est mon père.

-       Tu déconnes ?

Elle ouvre la fenêtre et y jette son cendrier, puis range son paquet de cigarettes dans un des tiroirs de sa commode. Elle avale ensuite un bonbon à la menthe et asperge la pièce de désodorisant.

Tout ça sous mes yeux ébahis.

-       Restes pas là, je t'ai dit !

-       Où tu veux que j'aille ?

-       Sous le lit !

-       T'es pas sérieuse, là.

-       J'ai passé l'aspirateur y a deux semaines, tu ne risques rien. 

Je rigole faussement et elle m'y pousse tout en sentant ses doigts.

-       Mais arrêtes tes conneries, laisse moi le saluer, y a rien d'ambigu.

-       On s'est embrassés, tu trouves pas ça ambigu ? 

-       Il n'en sait rien !

-       Il veut pas de mec ici.

Elle referme ensuite la fenêtre tout en me suppliant d'obéir. Ce que je finis par faire, en ruminant.

Honte à moi, de me retrouver dans des bails que ma go de l'époque me demandait de faire ; quand on avait quinze ans.

J'ai pas fait tout ce chemin pour revenir en arrière. C'est clair et net. 

Céleste accoure jusqu'à la porte d'entrée et j'entends quelques secondes après, les voix se rapprocher.

-       Tu m'as fait attendre, qu'est-ce que tu caches ?

-       Mais rien, j'avais la musique dans les oreilles c'est tout !

-       La musique dans les oreilles ? Ou des joints ? Ça sent quand on rentre, tu te fous de ma gueule ?

-       Papa !

-       Y a des gens qui sont venus ici ?

-       Personne.

-       Tu mens.

-       Je te dis que personne n'est venu, putain.

-       C'est ça que tu fais quand j'suis pas là ? Ton lycée m'a appelé, apparemment tu désertes depuis deux semaines déjà. Qu'est-ce que tu fous de tes journées ?

Silence. 

-       Réponds ! T'invites des gens ici ? C'est qui, des hommes ?

-       Qui sait.

-       T'amuses pas à ça Nina, elle va partir, tu vas voler.

Nina ?

-       Peut-être que si tu te comportais comme un père, j'aurais pas besoin de chercher une présence masculine. 

Un bruit sourd retentit. Il vient de la gifler.

-       T'as de la chance que ta mère ne soit plus là, parce que c'est chez elle que je t'aurais dégagé.

Elle ne répond pas et son paternel semble s'éloigner. Je n'entends plus rien pendant quelques minutes qui semblent durer une éternité, puis enfin, la porte d'entrée claque. Elle refait apparition dans la chambre, j'en profite pour sortir.

-       Désolé de t'avoir infligé ça, souffle-t-elle, dos à moi.

-       C'est rien, dis-je en dépoussiérant mes vêtements. Toi, ça va ?

Elle ne répond pas et refuse de me faire face. Je vois bien qu'elle y met toutes ses forces pour se contenir.

-       Vaut mieux que tu partes.

-       Tu me fous dehors ?

-       C'est un peu ça.

-       D'accord.

J'attrape alors ma veste et ma casquette dans le salon et m'apprête à partir.

Je fais abstraction de son ton sec et hostile, même si j'ai du mal à ne pas me vexer.

Je la salue tout de même de loin avant de sortir.

Je n'étais pas certain, mais maintenant je suis fixé.

Elle sur moi ne sera qu'un souvenir.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top