Chapitre 21 - Déviation
- J'ai peur du noir.
- J'ai plus de maillot de foot que de conquêtes.
- J'ai fantasmé sur Georgio pendant au moins trois ans.
- J'ai un problème avec les femmes.
- Tiens donc.
Ses pupilles brillent et ses commissures s'étirent. Je devine à son air qu'elle veut en savoir plus.
- Rêves pas, je souffle et elle roule des yeux.
- Je t'ai raconté mon blocage sur l'amour, moi.
- Ah ouais attends laisse moi ressasser tes mots... Mon ex est un gros connard de puceau.
- Je n'ai pas cette voix ! Geint-elle, avant de soupirer. OK, si tu veux tout savoir...
Elle prend place sur le bord de son lit, dos à moi et prends une grande inspiration.
- Bastien ce n'était qu'un détail... C'était un con parmi tant d'autres. Mais je me suis rendue compte que je détestais ce sentiment quand mes parents m'ont abandonné.
Je fixe le plafond sans un mot, et sens un regard furtif en ma direction.
- Ma mère est partie avant que j'sache parler, pour je ne sais quelle raison. Du coup c'est mon père qui m'a élevée. Il a été présent toute mon enfance, puis il a refait sa vie, et j'ai petit à petit été évincée.
Le silence nous surplombe et je n'ose rien répliquer pour le briser. Je l'entends se lever pour faire face au miroir de sa commode qu'elle observe avec attention.
- Quand on passe de tout à rien. Le choc est brutal. Je l'ai aimé mon père, mais là je n'éprouve que du mépris. Parce qu'il m'a abandonnée.
Elle renifle et semble retenir ses nerfs en combustion.
- Je lui en veux, j'suis sa première fille. Ça ne s'oublie pas comme ça ! Si ? Il me laisse dans cette maison froide et silencieuse tous les jours, il m'appelle une fois par tous les deux jours pour savoir si je mange bien et si j'ai assez d'argent. Mais j'men tape de sa thune.
Elle s'allume une cigarette, prise d'une soudaine agitation.
- De là j'ai cherché à combler mon manque d'affection avec les hommes. Elle rigole, ça a été un carnage. Le dernier ne cherchait qu'à tremper sa nouille, le truc de base, quoi. Rien de bien choquant.
- Les mecs à cet âge ont une teub à la place du veaucer faut pas leur en vouloir.
- C'est bien pour ça que mes yeux ne s'attardent que sur ceux qui ont un certain vécu.
- Fais pas l'ancienne non plus.
Elle crache sa fumée lentement et esquisse un sourire dévoilant sa parfaite dentition.
- Et toi alors ? Qu'est-ce qu'elles t'ont fait, les femmes ?
- Elles m'ont trahi.
- C'est pour ça que t'es matcho et mysogine.
- T'as tout faux, les femmes je les aime. Mais c'est impossible pour moi de leur faire confiance, avoué-je en me redressant.
- D'où tes précédentes accusations, souffle-t-elle avec conviction.
- Des interrogations, je corrige.
- Tu m'aurais demandé tu l'aurais eue, ta révélation.
- Tu lui aurais peut-être apporté quelques modifications.
J'hausse les sourcils pour soulever mes dires face à son indignation.
- On n'est jamais sûr de rien.
- Tu te méfies encore de moi ? S'enquit-elle, exaspérée.
- Possible.
Elle me tend sa fin que j'accepte après l'avoir remerciée pour l'attention.
- J'suis pas avec toi pour gratter ta notoriété, ni doubler mes notifications.
- Qu'est-ce que tu me trouves alors ? Je demande entre deux taffes.
Elle détache ses cheveux et les ébouriffent puis se tourne en direction.
- T'as un truc.
- Quel truc ?
- Du talent.
- C'est tout ?
- Un beau séant.
- Tu m'en vois ravi, dis-je après avoir ri.
- Quelque chose de troublant, aussi.
- Genre ?
- Tout. T'es attrayant, j'te l'ai déjà dit auparavant.
- J'pensais pas que c'était sincère, c'est plaisant.
J'écrase mon mégot dans un verre non loin de moi après avoir reçu son approbation. Puis nos regards se croisent, longtemps, se perdant dans une brulante attraction.
Je ne pensais pas que j'éprouverais un réel plaisir à céder quelques confessions.
Ma conscience à moitié endormie tente de me retenir d'une quelconque intention, mais c'est peine perdue face à cette typesse en exposition.
- Toi aussi tu m'plais, sans modification.
- J'ai fait exprès de rester naturelle, pour capter pleinement ton attention.
- C'est réussi.
Elle s'approche à pas de loup, accentuant ma délectation envers ses jambes nues puis s'arrête à quelques centimètres, prise d'une soudaine hésitation.
Et mon corps entier se prend d'une soudaine frustration.
Je viens de me confier à une gamine envers qui je me méfiais il y a encore quelques jours, et maintenant, elle est responsable de ma hausse de tension.
Je dois me sauver avant de faire une connerie et de regretter la seconde qui suit un quelconque acte d'exaltation.
Mon cerveau et mon membre établissent quelques négociations pour trouver un compromis, alors que nos prunelles entament un léger jeu de séduction.
- Jazz, j'crois que j'me fais des films et j'ai envie de faire une connerie, trouves une solution, vite. Chuchote-t-elle
Il faut que je résiste à la tentation.
Embrasser une fillette et me foutre dans la merde, juste parce que j'ai cédé à une putain de pulsion.
C'est mort.
Faut que j'trouve un moyen de mettre un terme à cette euphorisation.
Elle m'observe les yeux mis clos et attends que je la prenne en considération.
Le silence me rend dingue, il faut que quelqu'un entre, une interruption.
Scouic, c'est le bruit du lit qui grince sous notre impulsion,
Boum, le cognement de nos cœurs sous la passion,
Merde, l'injure de ma conscience,
Face à nos lèvres à l'unisson.
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