Chapitre 12 - Coup de poker

Elle a attendu deux petits jours avant de me texter. Et de me demander avec cette même innocence, si je n'avais pas mis la main sur son bijou préféré. J'ai souri et j'ai préféré confirmer, toujours nourri parce cette infinie curiosité.

Pourquoi cherche-t-elle à me voir sans arrêt ? Puisqu'il est évident après réflexion, que toutes les fois où nous nous sommes rencontrés, n'étaient pas le fruit du hasard. J'aime croire au destin mais son comportement est tellement bizarre qu'il ne m'est même pas venu à l'esprit d'être vantard.

Quelque chose me pousse à croire qu'elle ne cherche pas à me revoir pour mes beaux yeux, elle cherche forcément à obtenir quelque chose en ma présence.

Mais quoi ?

Je doute que ce soit une notoriété, elle n'a jamais réclamé ne serait-ce qu'une photo ou un autographe. Nous n'avons que brièvement parlé de ma carrière musicale, et même si j'ai su déceler les quelques perches qu'elle m'a tendues, elle n'a jamais été irrespectueuse.

Seulement, je ne vois pas ce qu'elle pourrait m'extorquer d'autre.

De l'argent peut-être ?

C'est tellement banal que je refuse de le croire. Tout comme je refuse de croire qu'une adolescente s'accapare mes pensées même lors de mes rares soirées tranquille où je suis censé laisser mes blempro de côté.

-       À toi, me dit Ess' qui me sort de ma bulle.

Je couche mes cartes et il souffle.

-       Putain t'es nul. Ils sont en train de tout rafler depuis tout à l'heure ces fils de pute ! T'es sur quelle planète, là ?

Si seulement je savais...

Je dois probablement être emprisonné dans une sorte de couloir céleste.

-       T'inquiète, la prochaine je la sens bien.

Un bouclé dont je ne me souviens jamais du nom mélange puis distribue les cartes. Mon téléphone vibre une nouveau dans ma poche. Elle me demande quand est-ce que je peux la lui rendre, alors je lui réponds qu'elle n'a qu'à venir la chercher.

Mon tour passe et je m'aperçois que la chance a décidé de ne pas me sourire pour ce soir. Esso grogne une nouvelle fois, comme si je l'avais cherché.

-       Mais tu casses les couilles toi, la vérité. Et tu parles à qui là ? Donnes moi ce phone, aboie-t-il en me l'arrachant des mains.

Deux, trois insultes fusent mais je me laisse faire. Je n'ai rien à cacher. Je n'aurais juste pas imaginé que sa réponse serait instantanée.

-       Y'a un zéro six, trente quatre qui te demande où t'es. Tu permets que je lui réponde de chercher dans son cul ?

La table rigole.

-       Sois cool, elle mérite ap'.

-       Ça y est, tu t'es enfin décidé à relayer ta grosse tshoin qui te sert d'ex ?

-       Je suis passé à autre chose depuis. Mais elle n'a rien à voir là dedans.

-       C'est qui alors ?

-       Une pote.

-       Bon, Ess' tu fais quoi ? Nous coupe Julien.

Il tient la mise et garde ses cartes.

-       Présente, non ?

-       Casse toi.

-       Ah ouais, c'est comme ça ? S'indigne-t-il. Moi je t'ai présenté ma cousine avec plaisir enculé, va.

-       Mais normal elle est mariée frère.

-       Et alors ?

-       Même célib'mon gars elle aurait pas goûté à mon gland, j'te le dis. Désolé mais je crois que la laideur c'est de famille.

Il rigole et me rend mon portable.

-       J'veux bien oublier de ce que tu viens de dire si tu m'aides à gagner les soixante dix balles que j'ai perdu, reprend-t-il en misant les deux jetons qu'il lui reste.

Je souris et le prends au mot.

La soirée se termine sous les meilleurs hospices, même si Ess' n'a réussi qu'à récupérer la moitié de son fric perdu. Je sors mon téléphone sur la route du retour, et me rends compte que je ne lui ai pas répondu.

« Vas dormir, demain t'as école. »

Je range mon téléphone quand j'arrive dans la bouche de métro.

Arrivé chez moi je vois qu'elle m'a répondu, en plus du message d'une tass que j'avais perdu de vue.

Elle occupait mes heures de libre au bon vieux temps, et maintenant qu'elle sait que je me suis fait un nom elle veut qu'on se revoit. Je crois qu'elle ne sait pas que je sais qu'elle s'est foutue de moi.

On dit que les hommes sont tous des connards, mais les femmes...

Elles ont ce truc pour nous attirer et nous chauffer même en sachant qu'on va finir par bruler dans les flammes.

Des nibards.

Plus que ça, une manière d'être, des mimiques, qui les rendent irrésistibles même quand on a juste envie de les tarter du plus profond de notre âme.

Des êtres fragiles, mon cul.

C'est pour mieux nous amadouer qu'elles jouent les filles frigides. Le pire c'est que ça marche à chaque fois.

« Pour apprendre à calculer des exponentielles ? J'préfère que tu me racontes comment t'as perdu tes cheveux, c'est plus intéressant que les maths qui me feront perdre les miens. »

À chaque fois.


L'histoire vous plaît toujours ? Je préfère demander parce que je remarque une baisse considérable de vues entre les chapitres.

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