Tome II, chapitre XXXVII.


*Pdv d'Ilyes*


     Ilyes se prélassa sur le siège, au dehors, le soleil tapant sur sa peau et le réchauffant légèrement.  Les mains derrière la tête, il fermait les yeux malgré le froid mordant de cette fin d'octobre, seul, alors que la grande majorité dormait encore, dont Gianni. Il eut un frisson en se remémorant la sensation du corps du châtain blottit contre lui durant toute la nuit. Un soupir s'échappa de ses lèvres, Isaia n'était pas conscient de la torture qu'il lui infligeait. Avoir la personne aimée dans son lit, collée à soi plusieurs heures et surtout, à moitié nue étaient ultra frustrant. Il aurait tellement aimé l'embrasser et pousser la caresse un peu plus loin, mais Gianni n'était pas en état. Il était à la fois heureux et triste. Heureux parce qu'Isaia était venu dans sa chambre, dans son lit, avec lui pour trouver du réconfort, alors qu'il y avait ses meilleurs amis et son cousin pas loin. Triste parce qu'il avait refait une crise d'angoisse et qu'Ilyes n'en connaissait pas la cause, même s'il avait une petite idée.

— Déjà réveillé ?

Ilyes ouvrit les yeux et trouva Jenny en face de lui, elle portait un blouson épais et avait encore son bas de pyjama. Le brun tapota le siège d'à côté.

— Il est midi, sourit-il.

— Ouais, mais hier on a dormi hyper tard, fit remarquer la jeune Italienne en s'asseyant à ses côtés.

— Pas faux.

— Ça été, avec Inana ?

Ilyes sentit une pointe d'amusement dans sa question et il soupira, se rappelant de la sangsue auquel il avait eu à faire. Toute la soirée, elle l'avait collé et le brun regrettait qu'Isaia était parti dormir aussi tôt, il aurait pu lui échapper en restant avec. Puis, lorsque tout le monde s'était couché, elle avait tenté de le rejoindre par trois fois dans sa chambre, jusqu'à ce que Gianni arrive à son tour. 

 —  M'en parle pas, elle a forcé toute la soirée et a essayé de s'incruster dans ma chambre, soupira Ilyes. 

Jenny pouffa. 

 —  Je sais, c'est une grosse forceuse avec les gars, mais c'est parce qu'elle a pas l'habitude qu'on lui résiste, informa-t-elle. 

— Faudrait peut-être lui dire que c'est archi mort avec moi.

— Je lui dirais que tu as dormi avec Isa.

Surpris, Ilyes se retourna vers Jenny, qui lui lançait un petit sourire.

— Pourquoi tu dis ça ? demanda le brun.

—  Quand je me suis réveillée et que j'ai vu personne, je me suis dit qu'Isaia était probablement levé, étant donné qu'il a été dormir tôt hier, donc je suis allée dans sa chambre mais je ne l'ai pas trouvé.

— T'en as donc conclu qu'il est venu avec moi ? sourit-il.

Jenny ne répondit rien et sourit elle aussi, avant de fermer ses yeux et de croiser ses bras, prenant un bain de soleil à son tour.

— Vous êtes amoureux l'un de l'autre, évidemment qu'il est venu  dans ta chambre.

Ilyes l'imita dans sa position et prit le soleil. Que pouvait-il répondre ?

— Tu es amoureux d'Isaia, n'est-ce pas ? insista Jenny.

Le brun n'eut même pas à réfléchir pour cette question, il connaissait déjà la réponse. Mais le dire à voix haute était autre chose, bien plus compliqué que de l'admettre.

— Je le suis, avoua-t-il, essayant d'être le plus sincère possible.

— Isaia le sait ?

— Non.

— Tu comptes lui dire ? demanda curieusement Jen'.

Ilyes soupira. En revanche, il n'avait pas réponse à celle-ci.

— Je sais pas Jen', on verra.

Il entendit la jeune femme bouger et ouvrit les yeux, la voyant se mettre sur le côté afin de pouvoir se faire face.

— Pourquoi tu ne lui dis pas ? continua-t-elle.

Ilyes sourit. Lui dire ? Sûrement pas maintenant.

— Tu as vu comme il m'en veut ? Je dois d'abord apaiser les tensions pour espérer quoique ce soit avec cette petite teigne.

Un silence se fit entre les deux et le brun savait que Jenny mourrait d'envie de lui poser une question précise. Ce qui était normal, après la petite tempête qu'elle avait provoqué en lui envoyant une vidéo de Gianni se déhanchant superbement sur lui.

— Vas-y Jen', pose ta question, l'incita-t-il.

— Qu'est-ce... Qu'est-ce que tu as fait à Isaia ?

— Des choses pas très correctes. J'ai volé des photos de son shooting avec d'autres personnes, on l'a fait chanté, on l'a obligé à embrasser des mecs, à sortir dans des bars, on l'a affiché sur le tableau de notre lycée et encore d'autres trucs, avoua Ilyes.

De toute manière, c'était fait, alors il n'avait plus à se cacher, à envoyer balader les gens quand ils leur demandaient des précisions sur cette histoire. Il devait se repentir.

Jenny s'était allongé de nouveau dans son siège, le regard dans le ciel. 

— Je suis vraiment déçue de toi. Je ne te pensais absolument pas capable de faire ça. Quand je t'ai rencontré, j'ai tout de suite vu une complicité entre vous, je me souviens encore qu'Adriano blaguait à propos de vous deux en disant que tu es le chéri d'Isaia... Comment aurait-on pu ne serait-ce qu'imaginer que tu étais... Que tu faisais ça.

— C'est du passé maintenant, jamais je ne recommencerai.

— Est-ce que tu regrettes ?

Il détestait se livrer autant, se mettre à nu devant une personne, et même s'il appréciait beaucoup celle-ci.

— Bien sûr que non, j'adore galérer comme un malade pour récupérer le mec que je veux.

Son ironie eut le don de faire sourire Jenny.

— La vie serait injuste si tu arrivais à l'avoir sans même te faire pardonner.

— Je sais.

La petite copine d'Adriano se leva et lança, avant de repartir dans la maison :

— Tout le monde a le droit à une seconde chance, surtout si cette personne fait tout pour se faire pardonner.

llyes lui fit un petit sourire et la regarda partir. Elle avait raison, il fallait juste que Gianni ait le même raisonnement qu'elle.


*Pdv d'Isaia*


      Le châtain prenait tranquillement son petit-déj, même si l'heure n'était pas la plus adéquate pour ça. Il n'avait croisé que Jenny, Mattéo et Claire pour l'instant, tous s'ennuyaient fermes et se plaignaient ne rien faire à cause des gros dormeurs qui ne daignaient pas bouger leurs fesses. C'est donc déterminées, que les deux filles présentes cherchèrent une activité à faire.

— Du body painting ! s'exclama tout à coup Claire. 

— Y'a quoi d'amusant dans le fait de se mettre en peinture ? répliqua Mattéo, pas convaincu.

— Tu ne comprends pas, on sera en combinaison et il y aura plein d'affiches autour de nous et on devra mettre en peinture avec nos corps, sourit-elle de toutes ses dents.

— Je suis carrément pour ! s'empressa Jenny.

— Mh, ouais, ça peut être drôle. T'en pense quoi, toi, Isa ?

Isaia haussa les épaules, son bol de céréales dans les mains. Il s'en fichait un peu, même si le fait qu'il allait être rempli de peinture sur lui le touchait particulièrement. Sa mère aurait adoré faire ça, il en était sûr...

— Je pars réveiller les autres et on se met en route, se précipita Claire en courant déjà vers les chambres.

Alors que le châtain posa son bol encore rempli de lait, Ilyes fit irruption dans la pièce, des petits yeux et l'air fatigué.

— Jen' t'aurait pu me réveiller, je me suis endormi sur le transat, ronchonna-t-il la voix enrouée.

Isaia ne put s'empêcher de le trouver adorable, en train de se frotter les yeux et bailler. Jenny pouffa légèrement et s'excusa. Il ne calcula personne d'autre et partit de la pièce. Le lycéen en fut surpris. Que lui arrivait-il ? Ce n'était pas le genre de son ex-bourreau, de l'ignorer comme ça ! Surtout après la nuit qu'ils avaient passé. Attristé, il tenta de réprimer son énorme déception.

Cependant, il revint quelques minutes plus tard et s'assit aux côtés du châtain, se collant à lui et passant son bras derrière lui. Mattéo et Jenny avaient les yeux rivés sur eux, mais le brun ne semblait pas s'en soucier et plongea sa tête dans son cou pour lui donner un doux baiser. Isaia en était extrêmement gêné, mais il était incapable de le repousser et il ne comprenait pas trop pourquoi. Peut-être avec les événements d'hier ? Ilyes avait été abjecte de le faire chanter sans scrupule avec ses amis, néanmoins, sa réaction de la vieille lui montrait bien qu'il avait changé. Il avait pris soin de lui toute la nuit. Parce que même quand il s'était réveillé pour quelques secondes durant la nuit, il avait senti automatiquement les bras du brun se resserrer contre lui et sa chaleur le rassurer.

Est-ce qu'une pleine conciliation était possible entre eux ?

— Tu as bien dormi, mon cœur ? murmura-t-il, toujours la tête fourrée dans son cou.

Isaia sentit une légère odeur mentholée et il sourit. Il venait de comprendre pourquoi Ilyes ne lui avait pas dit bonjour, préférant s'enfermer dans la salle de bain d'abord.

— Ouais... Merci, le remercia-t-il.

Jenny les regardait avec un sourire en coin, tandis que Mattéo essayait de comprendre ce qu'il se passait sous ses yeux, à en voir son expression d'incompréhension. 

Ilyes se recula un peu et lui sourit, il embrassa cette fois sa joue et se rassit correctement, mais toujours en étant collé à lui.

— On fait quoi aujourd'hui ? demanda Ilyes.

— Body painting.

— Cool !

— Je vais aller me laver, annonça Isaia.

Il s'écarta d'Ilyes et fila dans l'immense salle d'eau. Avant de quitter la pièce, il regarda derrière lui et aperçut le brun le regarder avec un petit sourire. Que se passait-il ? Aucune remarque déplacée ? Aucune tentative de l'embrasser sur la bouche ? Aucun geste poussé ? Qu'arrivait-il à Ilyes ? Était-ce à cause d'hier ? Décidément, ça avait perturbé son ex-bourreau, pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il le voyait dans cet état.

Sous l'eau brûlante, il tenta de se remémorer sa crise d'angoisse en Italie. Il se rappelait du prénom de sa maman, d'une main caressant ses cheveux, une voix qui murmurait à son oreille, rassurante et surtout, il se souvenait s'être réveillé dans les bras d'Ilyes, qui le tenait fermement contre lui. Est-ce qu'à ce moment, il tenait un peu à lui ? Isaia mourrait d'envie de lui demander. Tout ça lui montrait que le brun était attentionné envers lui, qu'il s'inquiétait pour lui.

C'est dingue, comme un malheur pouvait rapprocher deux personnes. Il ne ressentait aucune haine pour Ilyes en ce moment. 

Il s'essuya et s'habilla rapidement, puis rejoint les autres dans le salon, autour de la piscine. Tout le monde était réveillé et il fit le tour pour dire bonjour. Ils se mirent en route une fois que tous furent prêt, se répartissant dans les voitures.

    Arrivé au lieu d'activité, Claire et Jenny étaient les plus excitées. Une personne vint les prendre en charge et leur expliqua, avant qu'ils n'aillent dans les vestiaires se changer :

— Vous aurez chacun une combinaison qui vous recouvrira le corps, un sot de peinture sera versé sur vous. Une personne égale à une couleur et si vous voulez mélanger des couleurs, il faudra vous débrouiller entre vous, sourit la dame.  Le principe est de recouvrir les murs et le sol de la pièce le plus rapidement possible, car vous serez en concurrence avec deux autres groupes. Évidemment, vous gagnerez des points en faisant des mélanges de couleur.

Isaia observa ses amis, et tous, indéniablement, avaient des sourires qui en disaient long sur leur intention.





J'avoue, je me suis légèrement inspirée du film " Grave " pour le body painting x)) Ceux qui ne l'ont pas vu, je vous le conseille, il est génial *-*

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