Tome II, chapitre XXX.


Isaia retint un rire en entendant l'exclamation joyeuse de Sélim en bas. Aussitôt, le grincement des escaliers l'alerta que son cousin allait venir dans sa chambre et comme il venait de le prédir, sa porte s'ouvrit à la volée, le brun se posta en face avec un grand sourire lui mangeant tout le visage et tenant son téléphone dans la main.

- Le con vient pas !

Le châtain se laissa gagner par un petit rire et répondit au check de son cousin.

- Allez bouge maintenant, je veux dormir, lâcha Isaia en se réinstallant correctement dans son lit.

Sélim fila rapidement en poussant des petits couinements ridicules mais qui donnait le sourire à Isaia.

Il était soulagé, car cela lui promettait une tranquillité assurée et un véritable repos. Cependant, il se demandait pourquoi Ilyes ne pouvait pas. Isaia aurait juré qu'il ferait tout pour venir, rien que pour le faire chier, mais non. Qu'avait-il de plus important ?

Le lendemain, le réveil fut encore dure, mais moins que le précédent et Sélim n'eut cette fois pas à le secouer pour le sortir de son sommeil. Son cousin avait, comme d'habitude, passé un bras autour de ses hanches et dormait à moitié sur lui, voilà pourquoi il mourrait de chaud.

- Ecole ? marmonna le plus vieux, sans ouvrir les yeux.

- Ouais, alors... Ca serait bien si tu me lâchais, tu vois ?

Sélim pouffa d'une manière déformée, avec son visage à moitié contre le coussin, et enleva son bras, libérant le petit châtain qui put s'éclipser pour se préparer. Il remit des vêtements très chaud, il était comme ça, à toujours avoir froid. C'était peut-être son sang italien qui le rendait si sensible au froid ? Il sourit.

Dans le bus, il repensa aux mots d'Adriano. Son cousin étranger voulait finir ses études en France, alors que lui voulait les faire en Italie après sa terminale. Cela avait beaucoup attristé Jenny, qui ne désirait pas être séparé de son petit-ami, mais Adri semblait déterminé. Puis, il fallait aussi dire qu'il souhaitait apprendre le français et être aussi bilingue que Jen'. Peut-être qu'il était complexé et que le seull moyen de résoudre ce problème, était de s'installer dans ce pays ?

Enfin, il essaierait de lui en parler, Isaia voulait aller en Italie aussi pour rejoindre sa famille, alors si celui qu'il cotoyait le plus disparaissait... La joie d'être avec eux serait moins intense. Même si au fond, il doutait encore pour finir ses études en Italie. Sa mère était en France...

Il se passa une main sur son visage, il ne devait pas penser à ça.

Devant le lycée, il rejoignit Mattéo et Ali. Il serra la main des deux garçons et sortit une cigarette pendant qu'ils papotaient à propos de leurs cours, si Isaia avait bien compris. Il s'éloigna de deux, trois pas, pour ne pas leur lancer la fumée au visage et tournait la tête quand il recrachait ce qu'il aspirait.

Il porta une nouvelle fois sa clope à sa bouche, mais au même moment, il sentit une main se poser dans le bas de son dos et une autre venir cueillir sa cigarette d'entre ses lèvres. Il se tourna et à quelques centimètres de lui, le visage souriant de Jihane.

- C'est pas bien de fumer, jeune homme, susurra-t-il avec un clin d'oeil.

Le blond était si proche, qu'Isaia eut une idée en tête.

- T'as un truc entre les dents, lâcha-t-il très sérieusement.

Aussitôt, la gêne se fit ressentir sur le visage de Jihane qui se recula et referma sa bouche. Il retira sa main de son dos pour mettre son indexe et le passer sur ses dents. Isaia eut un petit sourire.

- Je déconne, déstresse.

Son ami sembla soulagé et se mit à rire en lui donnant un coup d'épaule.

- Salaud.

- Ma cigarette ? réclama Isaia en tendant sa main vers lui.

Jihane se rapprocha de lui et porta la nicotine à ses propres lèvres, surprenant le châtain.

- Tu fumes ? demanda-t-il.

L'étudiant prit une taffe en haussant les épaules avant de lui redonner.

- De temps en temps.

Etonnement, Isaia arriva à se remettre à fumer avec sa cigarette. En temps normal, il détestait boire ou manger après un autre mais... Ca ne le dérangeait pas vraiment avec Jihane. Il lui tendit même sa clope après avoir lui aussi prit une latte. Le blond sourit niaisement en la récupérant.

- Qu'est-ce que tu fais là, au fait ? questionna Isaia, se rendant soudainement compte que ce n'état pas normal que l'étudiant en sociologie soit présent.

- Claire a dormi chez moi, alors je l'ai ramené ici et je me suis dit que ça serait sympa de te voir, avoua-t-il.

- Elle est où ?

- Partie dire bonjour à un groupe de filles.

Isaia hocha la tête et continua de faire des passes avec Jihane, ils se regardaient droit dans les yeux, l'un souriait et l'autre restait neutre.

- Ca va être cool, demain, lança Jihane.

Il posa d'ailleurs son avant-bras sur l'épaule du photographe, les rapprochant davantage. Isaia ne détourna toujours pas les yeux, d'habitude, il aurait rougi ou ce serait reculé, mais il se sentait en confiance avec le blond. Aucun jugement, aucune mauvaise pensée envers lui. Jihane ne se préoccupait même plus de lui rendre sa cigarette et le faisait fumer avec ses doigts, le châtain se laissait faire docilement, les bras ballants.

- Sûrement, resta évasif Isaia.

- J'ai hâte de te voir au réveil, avec de tout petits yeux et une moue endormie, s'amusa Jihane.

- Pour ta peine, je ferais en sorte d'être correctement réveillé quand on se verra, le taquina le châtain en le repoussant.

Jihane forma un parfait " O " avec sa bouche, prenant un faux air choqué. Il posa sa main libre sur sa poitrine dans un geste théâtral.

- Tu ne peux pas briser mes rêves de la sorte ! s'exclama-t-il, toujours dans son rôle.

Isaia esquissa un sourire amusé avant de lui voler des mains sa cigarette, prenant la dernière bouffée et l'écrasa au sol.

- Je suis un bad boy, ça se voit non ? ironisa le lycéen.

Jihane retint un rire et se mordit la lèvre inférieure en regardant les lèvres d'Isaia. Il sentit l'atmosphère changer, mais ne sut dire exactement en quoi elle avait dérivé et honnêtement, il n'avait pas l'envie de chercher.

- Je... Je vais y aller, lança le blond en bégayant.

Il s'avança vers le châtain et l'étreigna rapidement avant de partir vers la sortie.

Bizarre, se dit Isaia.

- C'était quoi, ça ?

Le châtain se pencha la tête vers l'auteur de cette question et tomba sur Mattéo, lui et Ali l'observaient en plissant des yeux.

- Quoi ? demanda-t-il en haussant un sourcil.

- Bah... Vous étiez proche et je te connais Isaia, tu n'aimes pas mettre ta bouche là où quelqu'un a déjà mis la sienne.

Ali pouffa de rire et aussitôt, les deux amis le regardèrent, il se contenta de lever les mains au ciel.

- Pardon pardon, continuez.

Isaia replongea son regard dans celui de Mat', qui avait fait de même et attendait des explications. Le châtain haussa simplement les épaules.

-Jihane est sympa, répondit-il naturellement.

- Au point de poser tes lèvres où les siennes s'y trouvaient ? insista le petit brun.

- T'es jaloux ? lança Isaia en souriant.

Mattéo s'empourpra, comme à chaque fois qu'il était mal à l'aise. C'était tellement facile de le faire rougir, que pas mal de leurs amis en jouaient et s'amusaient à le faire devenir tomate.

- N'importe quoi, souffla-t-il en baissant la tête.

Isaia passa ses mains autour de ses épaules, connaissant le côté possessif de son meilleur ami.

- Si tu veux, je boirai après toi dans ta bouteille d'eau, le taquina-t-il.

Cela eut le don de soutirer un petit sourire à Mattéo, qui repoussa le châtain et remit ses mains sur les lanières de son sac. Au même moment, Claire débarqua, toute pimpante et rayonnante.

- Mes chériiiiiis ! s'exclama-t-elle en les prenant dans ses bras.

- Que nous vaut ta bonne humeur ? demanda Mattéo.

Elle les lâcha et leur offrir un sourire qui dévoilait toutes ses dents.

- J'ai trop hâte pour ce week-end ! On en a discuté avec Jiji hier et on a déjà fait nos petits plans, rit-elle.

- Vos plans ? répéta Isaia, perplexe.

- Oui Isou d'amour. D'ailleurs, c'était ultra sexy ce que tu viens de faire avec Jihane ! On a tout vu avec mes potes et... On a tellement fangirlé ! lâcha-t-elle d'une voix surexcitée.

Elle plongea sa main dans ses cheveux et les ébouriffa avec tendresse. Isaia roula des yeux, quoiqu'il fasse, il était toujours observé. Les uns voulaient le voir avec Ilyes, les autres avec Jihane, il n'en pouvait réellement plus. Et si au final, lui ne voulait être avec personne ? Le but de sa vie n'était pas de se caser avec un garçon et encore moins l'un des deux, même si l'un l'attirait bien plus que l'autre. Il se voyait mal avec Jihane, il le considérait plus comme un bon ami qu'un amant alors qu'Ilyes... Lui, avait le don d'enflammer son corps. Peut-être que finalement, il n'était attiré que charnellement par lui ?

Il s'embrouillait dans ses pensées.

Les portes s'ouvrirent et les lycéens entrèrent en masse à l'intérieur. Les amis se séparèrent pour rejoindre leur classe respective, débutant leur première heure de cours.

Isaia trouva le temps long, car dès que sa journée allait se finir, il allait enfin être en vacances et l'impatience le gagnait entièrement.

Il avait également chercher Ilyes durant les pauses et à midi, mais pas moyen de le trouver et le suspectait même d'avoir séché les cours, car il voyait des gens de sa prépra.

Découragé, il sortit du lycée à seize heures, Sélim lui avait envoyé un message pour lui dire qu'il venait le chercher en voiture, il se dirigea donc en dehors de l'établissement. A peine les portes passées, qu'un corps vint le percuter et le retenir pour ne pas qu'il tombe, il s'était accroché à ses manches de manteau et se remit correctement, prêt à remercier celui qui lui avait évité une chute. Cependant, il bloqua en voyant une tête qu'il connaissait bien, mais qu'il n'avait pas vu depuis un certain temps, alors qu'ils allaient au même lycée. Une tête qu'il haïssait et qu'il avait envie de frapper. Mais il s'abstint de faire quoique ce soit en voyant la pourriture qui était à ses côtés.

Il se dégagea de sa main, qui le retenait encore au poignet, et allait disparaître le plus loin possible d'eux mais aussitôt, les doigts se saisirent une nouvelle fois de son poignet.

- Lâche-moi, pesta Isaia.

- On dit pas merci à son sauveur de rétalage de gueule ? sourit narquoisement Ethan.

- J'aurais préféré me rétaler que de t'avoir toucher, cracha le photographe.

Le châtain se contint quand l'autre attapa plus fermement son poignet et le serra brutalement en le tournant légèrement.

- Ca peut se régler Gianni, lança-t-il sur un ton méchant.

A ses côtés, Johan riait bêtement, comme une pimbêche devant son crush.

- Montre lui c'est qui le vrai homme entre vous, chantonna le meilleur ami d'Ilyes, le regard mauvais et rieur.

Isaia en eut des frissons. Ce type l'effrayait. Mais il ne se démonta pas et tint tête à son agresseur. Pas mal de lycéens leur jettaient des regards inquiets et curieux en passant à côté d'eux, certains s'étaient même arrêtés pour admirer une possible altercation et être au premier rang. Le châtain n'en menait pas large, à deux contre lui, il ne faisait pas le poids.

Son poignet fut soudainement tordu et Isaia se mordit l'intérieur des joues pour ne pas laisser échapper un gémissement de douleur. Il tenta de contrer, mais le con avait beaucoup de force ! Il se rappelait de leur altercation il y a quelques mois, Isaia avait largement l'avantage et là, il se faisait maîtriser pathétiquement juste avec une main !

Ethan continua de le tordre, mais une personne s'interposa entre eux, le cachant de la vue de son tortionnaire.

- Si tu le lâches pas tout de suite, je te promets que tu vas comprendre la définition du mot " douleur ", gronda la voix sombre de son ex-tortionnaire.

Assez comique en soit, deux hommes qui l'avaient blessé se faisaient désormais face. Après quelque seconde, Isaia put récupérer sa main et se massa la peau avec ses autres doigts en grimaçant Au même moment, Sélim débarqua derrière lui.

- Y'a un problème ? demanda son cousin d'une voix sèche aux autres, incluant Ilyes.

Tout le monde se jaugea et Johan, grande gueule qu'il était, s'avança et lâcha :

- Ouais, cette petite tafiole ne sait même pas dire merci.

Il avait fixé Isaia en prononçant ses mots. Cela fit directement réagir Sélim qui s'apprêtait à foncer sur lui pour lui en coller une bien placée, mais Ilyes et Isaia le retinrent, l'autre par les bras et l'autre par le torse.

- Hop hop hop on se calme mec ! Johan est un abruti qui ne sait pas ce qu'il dit, se précipita Ilyes pour calmer les tensions.

- Il n'en vaut pas la peine Sélim, laisse tomber, ajouta son cousin.

Isaia put remarquer la mâchoire serrée du rugbyman, qui aurait fait un massacre si le châtain lui avait donné le feu vert.

- Si j'apprends qu'un de vous ait osé touché à un cheveu d'Isaia, je vous bute tous bande de merdes ! assura-t-il d'un ton qui fit frissonner Isaia.

Il se tourna ensuite vers Ilyes, qui l'avait lâché.

- Ca vaut pour toi aussi.

Le sportif prit son cousin par la main et ne donna pas le temps aux autres de répliquer, qu'il l'emporta avec lui vers sa voiture.

Isaia se retourna une dernière fois vers Ilyes en partant et celui-ci le regardait partir avec son cousin attentivement, sans aucune réaction. Lui qui voulait le voir pour lui demander pourquoi il ne venait pas... C'était raté.




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