Tome II, chapitre XXVI.

Merci pour m'avoir donné vos avis, et je prends en compte tout ce que vous m'avez dit. :)

Bonne lecture !



Isaia resta pantois devant la porte clos, il n'en revenait pas du ton Ilyes. Jamais il ne l'avait envoyé boulet de la sorte, il se sentait comme mis à la porte, alors que c'était le châtain qui était parti de lui-même.

Ses poings se serrèrent et il tourna les talons d'un pas rageur. Certes, il n'aurait pas dû s'enfuir, il savait que c'était très irrespectueux, mais Ilyes n'avait pas à ramener son ex, à ne pas le calculer durant tout le repas et à lui mentir ! Désormais, le brun saurait à quoi s'attendre s'il osait encore lui faire un mauvais plan.

Il monta dans la voiture de Jihane et lui serra la main.

— Wow, t'as pas dormi de la nuit ? demanda l'étudiant en l'observant.

— Pas beaucoup, répondit-il.

— Tu veux que je te ramène pour que t'ailles dormir ? s'inquièta le blond.

— Non c'est bon. On va faire quoi ?

— Hum d'accord. Un ami vient de me rendre ma play, ça te dit qu'on y joue ? proposa-t-il avec un petit sourire.

Isaia hocha la tête.

— Ok mais on va chez moi.

Ce fut au tour de Jihane d'acquiescer. Il démarra sa voiture et ils partirent pour chez lui. Ils discutèrent de banalités durant le trajet, enfin, surtout Jihane, qui avait toujours été bien plus bavard. Quand ils arrivèrent chez lui, il lui demanda si son père était là, avec une certaine appréhension dans sa voix et Isaia retint un sourire en se souvenant du malaise et de l'extrême timidité du blond face à Leo, lors de leur rencontre chez lui. Il le rassura immédiatemment en lui disant que le célèbre photographe était parti en Italie pour son travail.

Jihane embarqua sa console, qui avait été posée sur la banquette arrière de sa voiture et ils la posèrent près de la télé. Pendant qu'Isaia branchait les fils, l'invité prit son téléphone et regarda les enceintes avec envie.

 —Je peux mettre de la musique ? demanda-t-il finalement.

— Je t'en prie, mets juste pas trop fort, j'ai la tête en compote.

— Pas de problème maestro ! s'exclama-t-il en joie.

Isaia constata la différence entre Ilyes et son Saez, et Jihane et son Lil Yachty et Young thug - on me, le côté français versus le côté américain. Le classique contre l'excentrique, mais " bad " boy contre le " good " boy, du moins en apparence. Deux amis, qui avaient tout les deux commencés très mal, même si l'un des deux avait été bien plus fort que l'autre pour le descendre. En ce moment, il alternait toujours entre les deux. Est-ce qu'on faisait constamment des comparaisons de ses amis ?

Il partit chercher des canettes de soda et des paquets de skittles et de maltersers et ramena le tout dans le salon.

Ils passèrent leur temps à rigoler et à s'amuser en jouant au nouveau call of duty, Isaia se laissait complètement aller et à la différence d'Ilyes, Jihane ne remarqua même pas que c'était la première fois qu'il le voyait rire ou sourire, ce qui le rendit plus à l'aise et ouvert. Il passa un très bon moment, oubliant même le stress de son exposition de photos dans quelques jours. Il s'amusait juste et passait une bonne soirée avec un ami, comme avant. Il eut un pincement au coeur en se disant que les soirées console avec Ethan, Mattéo, Jeremy et Louis lui manquaient beaucoup.

Il se rassurait en se disant que maintenant, il était bien mieux entouré, il avait de vrais amis comme Mattéo et Claire. Jihane aussi pourrait faire parti de sa bande, mais il devait d'abord faire ses preuves.

Vraiment fatigué, il posa sa tête contre l'épaule de Jihane, qui était toujours en train de jouer sa partie et qui ne fit aucune remarque, même si Isaia l'avait senti se tendre avant de se reprendre. Il posa sa manette sur le côté, il s'était fait tué dans le jeu, donc il devait attendre. Peu à peu, ses yeux se fermèrent et il finit par s'assoupir contre son ami, sa voix se faisant de plus en plus lointaine pour disparaître complètement.

Cette nuit là, il n'entendit même pas Jihane le porter jusque dans sa chambre - en ouvrant plusieurs portes avant de trouver, celle qui lui semblait sienne, sa chambre -, le coucher dans son lit en retirant chaussures et chaussettes, son jean et son sweat avant de redescendre, d'éteindre la télé et sa play, ranger la table et repartir chez lui.

Le lendemain, il fut surpris en découvrant sa tenue, ne se rappellant pas de s'être couché en caleçon et t-shirt. Il le fut davantage en découvrant que le bas était rangé de ce qu'il avait pris hier pour sa soirée. D'ailleurs, il repéra un petit mot sur la table, qui disait :

" Je me suis permis de te mettre dans ton lit, comme tu t'es endormi sur moi. C'était vraiment une soirée superbe et j'espère qu'on en aura encore beaucoup d'autre de ce style.

Bisous, Jihane :) "

Isaia tenait le petit bout de papier entre ses doigts, il se sentait extrêmement gêné en imaginant Jihane le mettre en sous-vêtements. En revanche, il ne comprit pas pourquoi il avait laissé sa play ici. Il avait tout de même sa petite idée, cela lui ferait un bon prétexte pour revenir chez lui et le revoir. Il ne put s'empêcher de laisser un petit sourire naître sur son visage. Sa soirée avait commencé très mal, mais c'était plutôt bien finie.

Tout son dimanche, il le passa à plancher sur ses photos pour faire de nouvelles retouches et pour se creuser une dernière fois la tête pour s'assurer qu'il ait fait les bons choix. Son exposition était mercredi et malgré qu'il avait déjà fait ce genre de chose auparavant, il était toujours aussi stressé.

Les trois jours qui s'en suivirent, il ne croisa pas Ilyes - enfin, faisait tout pour l'éviter - et passa tout son temps avec Claire et Matteo. Mais il avait l'impression que le brun ne voulait pas non plus le voir, ou ne le cherchait pas, du moins.

Il avait également envoyé un message à Jihane pour lui demander de venir mercredi, étant donné qu'il exposait des photos de lui et le blond lui avait répondu positivement. Il s'était abstenu de prévenir Ilyes. Pas envie de le voir, pas envie d'être mal à l'aise durant sa prise de parole et surtout, pas envie qu'il voit l'abondance de sa tête accrochée, cela ferait gonfler sa fierté encore plus qu'elle ne l'est déjà. Il ne souhaitait pas lui donner cette victoire.

Le mercredi après-midi, il se rendit au lieu de l'expo avec ses photographies agrandies et commença à les placer à l'aide de deux organisateurs et d'un artiste. Quand il eut fini, il regarda l'ensemble plutôt satisfait, il y avait plusieurs photos de personnes en noir et blanc.

Il se mordit l'intérieur des joues en découvrant sa plus grande photo, qui projettait Ilyes en sous-vêtement, de côté, assis sur le canapé blanc, une jambe relevée, la tête inclinée vers l'arrière et le bras qui tombe lâchement vers le bas. Il était à coupé le souffle ainsi, mais ce n'était pas vraiment la pause qu'il prenait qui était subjuguant, c'était surtout son visage, son expression profonde et ses yeux intensément noirs. Il reprit sa respiration et partit se changer dans les toilettes de la salle, il devait être classe pour accueillir tout le monde. Le vernissage était un moment très important, il ne devait faire aucun mauvais faux pas, pour lui, mais aussi pour son père, pour sa réputation.

Il avait juste mis un costume et avait troqué le nœud papillon à la cravate, il se recoiffa rapidement et souffla pour se donner contenance. La boule de stress était toujours logée dans son ventre. Quand il sortit des toilettes, quelques personnes étaient déjà là et regardaient avec attention les oeuvres présentes. Il décida de lui aussi faire le tour pour regarder les travaux de ses camarades et discuta même avec quelque uns d'entre eux, jusqu'à ce que Jihane le rejoigne. Il fut soulagé en reconnaissant une tête familière et quelques minutes à peine plus tard, Mattéo et Claire firent également leur apparition, détendant l'atmosphère avec leur présence.

Alors qu'il bavardait en attendant l'heure de son passage avec ses amis, son père lui envoya un message :

" Je suis désolé de ne pas avoir pu me déplacer pour être présent à ton vernissage, mais je pourrais être là demain promis. Profite bien mon fils et aies confiance en toi, ce que tu fais est génial n'en doute jamais, tu as le talent indéniable de ta mère, je t'aime fort.

P.S : tu auras une petite surprise durant ta soirée, je pense que cela te fera très plaisir ! "

Ce message l'attendrit et lui redonnait un peu confiance en lui, même si l'évocation de sa maman lui donnait un goût de tristesse. Il fronça les sourcils en lisant la dernière phrase, qu'est-ce que son père avait bien pu lui concocter ?

Il remit son téléphone dans sa poche quand l'un des organisateurs commença son discours pour introduire les artistes. Au moment où l'homme dit à Isaia de présenter ses oeuvres, les derniers arrivants firent leur entrée et Isaia écarquilla les yeux en les voyant. Il venait d'avoir la réponse de son père, voilà sa surprise. Son excitation grandit en observant Adriano, Jenny, Sélim et Ilyes entrer les uns après les autres. Il était si heureux de les voir, enfin, un peu moins pour Ilyes, mais il en fit abstraction en voyant le grand sourire de ses cousins et son amie d'enfance. Il se plaça aux côtés de ses photos et eut un petit sourire pour ses invités personnels, débutant son explication de ses photos.

À la fin de son monologue, il fut applaudi et quelques personnes lui posèrent des questions, s'intéressant à son raisonnement et il répondit avec entrain... Jusqu'à ce qu'Ilyes lève la main pour intervenir lui-aussi. Isaia lui donna, avec beaucoup de mal, la parole pour le laisser formuler sa question.

— J'aimerai savoir, pourquoi as-tu mis cette photo, alors qu'elle ne concorde pas avec les portraits que tu as exposé, et pourquoi avoir choisi ce grand format, soit-dit en passant, le plus grand de ton exposition ? demanda-t-il avec un sourire en coin.

Le châtain pâlit quand Ilyes lui montra sa propre photo en boxer. Il l'avait presque oublié.

— Euh, je...

Il resta bloqué. Il ne se souvenait même plus de la présence de cette photo, mis à part qu'il était sublime dessus. Il toussota, nerveux et tenta de se reprendre.

— Elle est présente aux côtés des autres car elle porte le même thème : le portrait. L'important dans cette photo, n'est pas la plastique du sujet, mais plutôt l'expression que dégage la personne sur celle-ci, elle a quelque chose d'intéressant, car on a l'impression que ce regard nous est personnellement destiné, qu'il est capable de nous scruter. On entre alors dans une inversion des rôles, on devient l'œuvre, et l'œuvre devient réel.

Ilyes hocha la tête, sans se départir de son air satisfait.

L'organisateur vint le sauver en passant à l'autre artiste. Isaia lança un regard meurtrier à Ilyes pour lui faire comprendre que cette question, il allait lui payer.

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