Tome II, chapitre XV.
*Point de vu d'Ilyes*
Ilyes regagna sa classe avec un grand sourire, s'asseyant à côté d'Hugo. Aussitôt, celui-ci fit parler sa curiosité.
— Qu'est-ce qu'Isaia te voulait ?
Le brun soupira. Il appréciait Hugo, il était plus doux et gentil que sa bande de potes l'année dernière, mais sa curiosité était bien trop grande pour ses nerfs. Ça l'agaçait toujours autant, n'aimant guère devoir se justifier sur ses moindres faits et gestes. Il avait l'impression de se faire fliquer, ses parents lui suffisaient amplement pour ça.
— Me dire un truc, répondit-il vaguement.
Hugo le fixa, souhaitant avoir davantage d'informations mais finit par détourner le regard, comprenant qu'Ilyes ne lui en donnerait pas. Le brun posa son sac sur la table et déballa ses cahiers sur la table.
— Et donc, ton pote là, il est allé chez Gianni hier ? demanda Ilyes.
— Ouais, lança simplement Hugo.
Ilyes sourit. Il avait mal calculé son coup. Il prit donc une grande inspiration, il savait que s'il ne disait rien, Hugo en ferait de même. Il fallait donner pour recevoir, même s'il préférait uniquement recevoir.
— Il voulait qu'on arrête de se chamailler comme des enfants et qu'on se comporte en adultes et blablabla, avoua-t-il finalement, mettant son agacement de côté pour assouvir sa curiosité.
— Oui il est venu le chercher au lycée et ils sont allés chez lui, d'après Jiji, ils ont passé du bon temps et il a vu l'autre facette d'Isaia.
— Laquelle ? demanda le brun, plus qu'intéressé par sa réponse.
— Celle plus douce, moins sur la défensive. Mais tu le connais, tu sais comment il est.
Le brun pouffa de rire. Est-ce qu'il croyait vraiment qu'il allait réussir à lui faire gober un truc pareil ? Ce Jihane aurait déjà vu l'autre Isaia, alors que lui a mis plusieurs semaines pour y arriver ? Foutaises !
— Pourquoi tu ris ? questionna Hugo en fronçant les sourcils.
— Comme tu as dit, je connais Gianni et je suis prêt à parier que c'est l'autre qui s'est incrusté chez lui et qui se fait des films.
Son ami resta silencieux, tandis qu'il recopiait les exercices qu'avait fait Hugo sur son cahier en vitesse avant que le prof ne débarque. Devant ce silence, Ilyes tourna le visage vers lui et vit qu'il arborait un sourire malicieux aux lèvres.
— T'es jaloux ou je rêve ?
— Pourquoi je le serais ? Je viens de te dire qu'il se fait des films.
— Oh putain ! s'exclama Hugo en tapant sur ses cuisses comme un enfant surexcité. Je savais qu'il y avait un truc entre vous ! Fin, pas grâce à toi, mais plutôt avec Isaia, je vois bien les regards qu'il te lance, dès que tu passes à proximité, il te fixe de fou chaque fois. Et j'sais pas, il semble être très en colère contre toi, c'est pas le regard amical ou encore amoureux, c'est celui qui dit « je hais ce type, mais je peux pas m'empêcher de le regarder », tu vois ? Le problème, c'est que j'arrive pas à comprendre si c'était de l'amitié très forte ou de l'amour... Je pencherai pour de l'amitié, j'ai dû mal à vous imaginer vous embrasser langoureusement, rit-il de la scène qu'il avait en tête.
— Tu penches mal alors, répliqua Ilyes avec un sourire mystérieux.
Il avait du mal à les imaginer s'embrasser ? Si seulement il savait qu'ils avaient fait plus que des baisers langoureux. Il avait déjà senti Isaia excité contre lui et... Il frémit en se remémorant ces moments plutôt chaud entre eux. Ca avait été tellement bon que l'envie de recommencer était omniprésente et avec l'annonce du châtain, cela allait peut-être se reproduire, pour son plus grand bonheur ! Il devait juste bien mesurer sa demande et argumenter, mais il était plutôt confiant. Il avait déjà su apprivoiser son petit animal, il saura le faire une seconde fois, même si la tâche s'avérait bien plus compliquée avec les conneries qu'il avait commises.
— Non ? Tu déconnes ? Vous êtes sortis ensemble alors ? fut choqué Hugo.
Les élèves de devant se retournèrent vers eux ainsi que ceux qui était sur leur côté droit, Hugo parlait trop fort et s'en rendit compte, car aussitôt il prit une mine inquiète.
— Merde désolé mec.
— Non, on est pas sortis ensemble.
— Donc vous vous êtes embrassés et avec la langue en plus ! Mais je comprends pas, qu'est-ce que Claire vient faire dans l'histoire ? demanda-t-il perplexe. Enfin, ça me rassure que tu me dises ça, je t'avoue que j'avais peur qu'elle t'aimait, vu la haine qu'elle te porte, j'avais l'impression que ça cachait quelque chose...
Ilyes le regarda se mordre l'intérieur de la joue. Ca se voyait à des kilomètres qu'il aimait cette nana, alors devait-il lui dire qu'effectivement, sa petite chérie était tombée amoureuse de lui ? Que la forte, grande, intelligente et indépendante Claire avait été envouté par son charme ?
Il n'était aussi cruel, enfin presque, il préférait garder cette information pour lui. Si Claire ne lui avait pas parlé de leur histoire, cela voulait dire qu'elle souhaitait le garder pour elle et c'était un bon moyen de pression pour lui. Un sourire sadique se dessina sur ses lèvres, il aimait avoir le dessus et actuellement, Hugo venait de lui faire un joli cadeau sur la fille qu'il aimait. Il rangea cette information dans le coin de sa tête et savait qu'en cas de pépin, il le ressortirait. Il ne disait pas qu'il allait tout balancer si elle refusait le deal, mais il allait s'en servir, ça c'était sûr. En temps normal, il se ficherait pas mal cette information et se serait tut, Ilyes ne comprenait pas les gens qui faisaient circuler des ragots juste pour le plaisir, aucun intérêt. Mais malheureusement pour elle, elle avait pour ami proche un certain châtain, et tout ce qui touchait à Gianni était bon à prendre.
— Claire est juste son amie, c'est truc de fille de détester tout ceux qui s'en prennent à leur pote, le rassura le brun.
— Ok, soupira Hugo de soulagement. Donc, qu'est-ce que tu lui as fait de si moche pour que ma petite Claire t'en veuille à mort et pour qu'Isaia te demande de te comporter en adulte ? poursuivit-il dans sa curiosité.
Ilyes chercha un instant à s'il devait lui dire ou non, si cela allait lui servir mais ne trouvant rien, il se contenta de hausser les épaules nonchalamment et reportant son attention sur son cahier, qu'il griffonna distraitement.
— Vieille histoire, conclut-il simplement.
— Donc tu es gay ? demanda Hugo, intéressé.
Le brun souffla sur la mèche de cheveux qui était descendue sur son front avant de prendre la peine de répondre.
— Pourquoi faut-il toujours ranger les gens dans des cases ? Toi tu es bi, toi héréto, toi transgenre etcetera etcetera...C'est pas parce que j'ai embrassé un type que je suis forcément gay, c'est pas parce que je suis sorti avec des filles que je suis hétéro et c'est pas parce que j'ai déjà été attiré par les deux sexes que je suis bi ou encore pan. Je suis simplement moi et j'aimerai la personne dont je tomberai amoureux, point.
— T'es pan quoi, taquina son ami en lui donnant une tape dans son dos.
Ilyes lui montra son majeur en lui tirant la langue de manière enfantine. Pan ? Non, il n'était rien de toutes ces conneries. Pour lui, donner un nom à sa sexualité était comme de dire qu'il préférait la salade à la carotte, inutile. Tout le monde aimait les deux sexes, certains étaient juste plus attirés par le même ou celui différent, c'est tout. Il approcha son visage du sien plus sérieusement et plongea ses yeux incroyablement noir dans les siens. Il lui attrapa sa mâchoire entre ses doigts et lui fit un sourire charmeur.
— Pourquoi, je t'intéresse bébé ? susurra-t-il mielleusement.
Hugo pouffa de rire en retirant sa main de son visage et en s'éloignant.
— Non sérieux, je t'imagine absolument pas embrasser un autre mec et encore moins Isaia.
— Pourquoi « encore moins Isaia » ?
— Parce qu'Isaia est doux, réservé et très gentil, toi t'es... L'inverse, rit-il. T'es taquin, arrogant et même par moment hautain. Ca se voit que dans ta tête, tu nous prends tous de haut.
Ouais, et Gianni était aussi incroyablement bandant en train de gémir dans son excitation, quand il lui avait voler ses lèvres de son propre chef, quand il lui avait mordu violemment la lèvre inférieure et foutu son genoux dans les parties intimes. Mais encore quand il avait frappé Ethan. Hugo n'avait juste pas vu les mêmes choses que lui et ne connaissait que le Isaia mesuré et calme, comme tout le monde. Isaia était profondément triste et très fragile, il se rappelait encore de la fois où il avait fait une crise d'angoisse dans ses bras, mais avait également un très fort caractère caché sous cette apparence froide et neutre.
Il adorait se dire qu'il était l'un des seuls à le connaître aussi intimement, il ne connaissait pas tout non plus, mais bien plus que la majorité des personnes à qui il parlait.
— Dernière question après promis j'arrête, mais donc, Isaia t'attire ?
— Si je l'ai embrassé, et en plus avec la langue, à ton avis ? répondit Ilyes en levant les yeux au ciel, jugeant sa question idiote.
— Mais pourquoi tu lui as fait du mal s'il t'attire alors ?
— Tu avais dit que c'était ta dernière question, fit remarquer le brun.
Hugo se renfrogna et au même moment, leur professeur débarqua dans la classe avec une tonne de copies dans les mains. Génial, interro surprise, ce qui mit définitivement fin à leur conversation.
A la fin des cours, tout le monde semblait soulager, ils avaient passé plusieurs heures devant leur copie à gratter et à faire surchauffer leur cerveau. Il n'attendit pas Hugo et sortit de la classe, enfonçant ses écouteurs dans ses oreilles, ceux-ci diffusant son chanteur préféré et il se retint pour ne pas chanter devant les lycéens. Il n'eut pas besoin de montrer son carnet aux surveillants qui étaient aux portes de sorties, ils connaissaient déjà tout ceux qui étaient en prépa. Comme à son habitude, il jeta un œil aux personnes devant le lycée et tomba sur Gianni, attendant son bus, qui était déjà en train de le regarder en fronçant légèrement les sourcils. Ilyes lui fit un petit sourire en coin, il savait que le châtain devait se creuser la tête pour savoir quelle était la deuxième condition de leur « paix ». Il lui aurait bien demandé de le raccompagner en voiture, mais il allait se prendre un refus directe s'il osait, il pourrait le faire uniquement après avoir annoncé la condition.
C'est donc tout excité qu'il rejoignait son lieu de travail. Il avait déjà super hâte d'être vingt-deux heures trente pour pouvoir aller chercher Gianni. Il mit ses affaires dans son casier et se changea avec un autre type, un nouveau apparemment. Il se mit ensuite directement le bar sans adresser la parole à ses collègues, mis à part Zélie. Il ne pouvait supporter qu'elle. Il commença son service sans grand entrain, enfin, il ne s'en plaignit pas, c'était toujours mieux que de taffer dans un fast-food ou en tant que vendeur dans un magasin de fringues. Il avait toujours préféré bosser dans les bars ou boites de nuit, c'était toujours plus intéressant et moins ennuyant et il savait de quoi il parlait, en terme de job d'étudiant, il en avait fait pas mal.
A vingt-deux heures, le brun avait deux numéros griffonnés dans son pantalon et avait du repousser les avances d'un vieil homme au regard malsain. Il jetait un œil tout les cinq minutes à sa montre, il n'en pouvait plus, il trépignait littéralement d'impatience. Quand les trente minutes furent enfin passés, il servit la dernière commande et se précipita dans les vestiaires pour se changer rapidement. Il remit bien ses cheveux ébènes en place, se passa de l'eau sur le visage dans l'espoir vain que ses cernes diminuent et regagna sa voiture. Il mit sa clé USB sur sa radio pour écouter ses musiques à lui, pour une fois qu'il pouvait les mettre en compagnie de Gianni sans craindre de se faire démasquer.
Devant chez le châtain, il klaxonna deux fois et attendit, fixant son regard sur la porte d'entrée. Quand Isaia sortit de sa maison, il eut un sourire en le voyant avec une grosse veste sur lui, ses mains fourrées dans ses poches, sa capuche sur la tête et une écharpe autour du cou, il était probablement malade puisqu'il ne faisait pas si froid que ça. Mais il le trouvait mignon, emmitouflé dans ses vêtements.
Gianni ouvrit la portière de la voiture et s'engouffra à l'intérieur, toujours sans le regarder. Il baissa sa capuche et Ilyes put découvrir son nez et ses joues rougis, ce qui l'amusa encore plus. Ses cheveux étaient en bataille et il semblait fatigué, tant mieux, il sera moins farouche comme ça.
— Où est-ce qu'on va ? finit par demander Isaia, toujours son visage vers lui pour plonger ses yeux bleus foncés dans les siens.
— Tu verras, répondit-il énigmatique, redémarrant son véhicule.
Il reprit donc la route, à vrai dire, il ne savait même pas où aller. Il souhaitait juste un endroit tranquille et hors de la ville.
— Si tu tentes quoique ce soit de déplacé, je te tue, annonça Isaia sans appel.
— Comme si c'était mon genre, lança Ilyes ironiquement.
Le brun tourna quelques secondes la tête vers lui et le vit appuyer sa tête contre la vitre et fermer les yeux. En effet, il était vraiment crevé. Il décida d'allumer le chauffage quand son hôte eut des petits tremblements et d'augmenter un peu le son de la musique.
— Tu comptes me la dire quand, cette deuxième condition ? questionna Isaia au bout de quelques minutes de silence.
— Je sais pas encore, j'ai un peu envie de faire durer le suspens, sourit-il.
Il entendit Isaia soupirer et se reposer contre la fenêtre. Ilyes le trouvait vraiment étrange, d'habitude il lui aurait lancé des piques et chacun se serait battu pour avoir le dernier mot, mais là, il se laissait presque faire, ça ne pouvait qu'être positif pour sa proposition.
— A ton avis, quelle est-elle ? combla-t-il le vide.
— Un truc qui ne va pas me plaire, répondit Isaia en se redressant.
— Ou plutôt que tu as peur de trop aimer, le reprit Ilyes en riant.
Aussitôt, il vit du coin de l'œil que Gianni avait braqué son regard sur lui, il savait qu'il commençait à paniquer. Alors il sourit.
— Si ça a un rapport avec toi, alors non, je sais que je n'aimerai pas, répliqua sèchement le châtain.
Enfin son chaton ressortait les griffes !
— Oh bébé, ne nie pas le plaisir qu'on a pu prendre ensemble.
— Ca arrive à tout le monde de faire des erreurs, lança Gianni.
— Oh oui, si j'avais su, j'aurais gardé pour moi seul ces photos et j'aurais écarté Isaac et Johan de l'affaire, se confia le brun.
— Alors c'est comme ça que tu marches ? Dans le mensonge et malhonnêteté ? T'es vraiment qu'un sale con, arrêtes toi tout de suite ! s'énerva le châtain, détachant sa ceinture de sécurité.
Quand Isaia appuya sur la porte pour l'ouvrir, il se dépêcha de se mettre sur le côté, même si la rue était déserte et à peine avait-il stoppé la voiture que son invité en sortit précipitamment. Ilyes l'imita, posant un pieds sur le macadam en soufflant. Gianni commençait déjà à prendre la fuite dans le sens inverse et il décida de le suivre.
— Gianni remonte dans la bagnole, lui demanda-t-il calmement.
— Isaia ! Je m'appelle Isaia et tu n'as aucun putain de droit sur moi alors lâches moi, j'abandonne, t'es vraiment qu'un connard et mon idée de faire la paix a été complètement stupide, voilà ! cria-t-il en marchant de plus en plus vite, loin de son ex-tortionnaire.
Ilyes se passa une main dans ses cheveux nerveusement, il n'avait pas prévu que leur petite sortie tourne de cette manière, s'il n'arrivait pas à arranger la situation, il pouvait dire adieu à sa deuxième condition, et ça c'était totalement hors de question.
— Isaia remonte dans la voiture, s'il te plait. On va parler, mais pas dehors, lui proposa Ilyes posément.
— Non ! Je sais plus quoi faire... Quoique je fasse, quoique je dise, tu es toujours là et j'en peux plus ! Même... Même ma mère t'aurait aimé bordel ! Ma meilleure amie était amoureuse de toi et me reproche de trop penser à toi ! Le seul mec qui s'intéresse à moi te connaît et le mec que j'aimerai avoir pour ami parce que c'est le seul qui me prend pour un type normal et qui ne cherche pas à me taquiner ou me déstabiliser traîne avec toi au lycée !
Le brun en resta bouche-bée, il ne savait pas trop comment répondre à ça, même si intérieurement, il était content de ces mots. Isaia Gianni n'arriverait pas à se débarrasser de lui aussi facilement, il avait un œil sur tout.
Isaia se retourna vers lui et il put lire dans ses yeux de la colère mais aussi du désespoir. Il semblait à bout. Il s'arrêta de marcher quand le châtain se dirigea vers lui et posa son index sur son torse, mordant fermement sa lèvre inférieure et l'assassinant de ses yeux sombres.
— Pourquoi faut-il que tout soit relié à toi hein ? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? J'aimerai tellement ne jamais t'avoir rencontrer, je te hais comme je n'ai jamais hait personne dans ma vie ! continua le châtain, complètement remonté.
Sa fatigue semblait l'avoir déserté et ses sourcils étaient froncés. Ilyes lui attrapa le poignet et le leva en l'air avant de rapprocher leur corps, à quelques centimètres de son visage, il prit une expression dure et lui dit :
— Tu me hais parce que tu ne retrouves pas le type que tu aimes, celui que tu as aimé embrassé et serré dans tes bras, celui qui te faisait rire en Italie et qui te charriait pour te voir rougir adorablement. Celui dont tu aime le caractère, celui qui t'obsède et que tu as toujours en tête, je me trompe Isaia ?
Dans l'obscurité de la soirée, Ilyes pouvait discerner un trouble évident chez Gianni. Il avait touché juste et cela le perturbait. De sa main libre, Isaia le repoussa brutalement et son aura haineuse revint en force.
— Je suis vraiment le plus con du monde ! Je me suis... Je me suis accroché bêtement à celui qui me faisait du mal, je suis atteint c'est pas possible autrement, mais tu veux savoir ce qui est de plus stupide et qui me ronge Ilyes ? C'est qu'à ce foutu air d'autoroute, j'ai... Je m'étais dit que je voulais essayer quelque chose avec toi. Ouais tu comprends bien, j'ai voulu qu'on sorte ensemble, je... Je voulais être avec toi !
Il le poussa une seconde fois pour le faire reculer et le brun eut les yeux écarquillés. Il ne savait plus quoi penser, il était certain que Gianni éprouvait de l'attirance pour lui, en revanche... Il n'aurait jamais imaginé qu'il avait voulu se mettre en couple avec lui ! Cette révélation le laissa pantois et il regarda Isaia se tourner et reprendre sa marche. Il n'arrivait plus à réfléchir correctement, tout se mélangeait dans sa tête et des visions d'eux sur cet air lui revinrent en tête. Comment cela avait-il pu lui échapper ? Est-ce qu'il connaissait si bien Isaia qu'il le croyait ? Merde ! Pourquoi était-il passé à côté de cette pensée ? Maintenant qu'il y repensait, il aurait du se douter que quelque chose avait changé chez Gianni, il l'avait embrassé de lui-même et paraissait plus timide mais content en reprenant la route.
— Fais chier ! injuria-t-il.
Il se remit à courir vers lui, tentant de le rattraper. Quand il arriva à sa hauteur, il enroula ses doigts autour de son poignet pour le faire arrêter de marcher mais le châtain se débattit en lançant, toujours sur le même ton colérique :
— Merde qu'est-ce que t'as pas comprit ? Lâche moi une bonne fois pour toute espèce de salop !
Le châtain allait repartir mais Ilyes fut plus rapide et le fit tomber au sol en plaçant rapidement un pieds devant lui, il le retint de justesse pour ne pas lui faire de mal et le retourna sur le deux, à quatre pattes au dessus de lui. Il mit une main à côté de son visage et de l'autre, il la posa sur sa mâchoire et serra un peu trop fort son emprise sur lui pour ancrer ses yeux noirs dans les siens.
— Arrête de m'en vouloir autant Isaia ! haussa-t-il le ton pour attirer son attention, mais aussi parce qu'il en avait plus qu'assez de cette haine immense qu'il lui portait. Je croyais que tu n'étais qu'un autre connard de bourge et je n'ai pas volé tes photos, Johan s'en est chargé auprès d'Ethan, je n'ai jamais eut l'intention de les balancer ! Je les gardais juste pour avoir un moyen de pression si jamais tu me dénonçais, je souhaitais juste te mettre les nerfs mais... J'ai finit par m'attacher à toi avec le temps, comme un abruti, alors peut-être que toi tu as développé le syndrome de Stockholm, mais moi je fais celui de Lima en puissance et tu peux me croire ! Alors j'avoue, je t'ai jugé trop vite et c'est ça ma seule erreur, je te l'ai déjà dit, je n'ai pas de regret parce que sans tout ça, on ne se serait jamais parlé et je continuerai de croire que t'es un bouffon de bobo qui pense qu'à sa gueule.
Il avait déblatéré ces mots à une vitesse folle, qu'il due reprendre sa respiration pour poursuivre, Gianni avait enfin fermé sa bouche pour l'écouter.
— Arrêtes de me tenir responsable pour tout ! Je t'ai évité les idées chelou de mon meilleur pote, je me suis même pris une bonne raclée parce que j'avais empêché Johan de te refaire le portrait. Je me suis contenté de t'envoyer des putains de messages uniquement alors que j'aurais très bien pu laisser faire les autres, j'aurais pu te baiser ou encore lâcher tes photos pour briser ta carrière, mais j'ai tout effacé pour que personne ne puisse les voir. Tu sais pourquoi Gianni ?
Il resserra ses doigts sur sa mâchoire et Isaia couina faiblement, ses yeux semblaient totalement perdus. Il s'approcha de son visage jusqu'à sentir son souffle sur sa peau, jusqu'à frôler ses lèvres.
— Parce que toi aussi, tu m'obsèdes...
Il ne savait plus ce qu'il faisait, si c'était bien de lui avouer des choses aussi énormes. Mais il l'avait mis en rogne avec ses paroles, il l'avait déboussolé et des images de lui et Gianni en train de s'embrasser librement envahissaient son esprit. Isaia était choqué, à en voir ses yeux grands ouverts et son corps figé. Ilyes glissa son regard sur ses lèvres rouges, il avait tellement envie de l'embrasser, de reprendre possession de sa bouche, de ce qu'il avait déjà gouté et qui l'avait rendu fou de désir. Il voulait ressentir une nouvelle fois ce qu'un simple baiser du lycéen pouvait provoquer dans son corps.
Aussitôt, sa main s'adoucit et remonta sur sa joue, les yeux d'Isaia se remplir d'eau mais rien ne coula. Il savait qu'il était en combat intérieur, qu'il luttait lui aussi pour ne pas se laisser aller, qu'il réfléchissait à ce qu'Ilyes avait balancé.
Le brun posa son front contre le sien en soupirant.
— Isaia, embrasses moi, souffla-t-il, profitant légèrement de son désarroi pour obtenir ce qu'il désirait plus que tout.
Il vit ses yeux se fermer, il réfléchissait. Et si Gianni réfléchissait, cela voulait dire que la réponse sera négative.
— Je... Non.
Ilyes sourit faiblement, qu'est-ce qu'il disait... Un silence s'installa entre eux, mais aucun ne bougea et cela le rendit dingue de sentir son souffle chaud contre son visage, sa bouche était si proche... Ils restèrent quelques secondes dans la même position, jusqu'à ce qu'Isaia rouvre les yeux.
— Quelle est ta deuxième condition ? demanda-t-il finalement.
Le sosie de Johnny Depp fut surpris de cette question et releva la tête légèrement. Alors il était tout de même prêt à entendre sa condition ?
— Je veux qu'on devienne amis...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une main s'était glissée sur sa nuque et l'avait conduit droit sur sa bouche. Il gémit en sentant les lèvres d'Isaia sur les siennes et mit quelques secondes à peine avant de se rendre compte de ce qu'ils étaient en train de faire. La joie et l'excitation gonflèrent son cœur et ses mains encadrèrent son visage pour maintenir leur baiser. Son ventre ressentit des milliers de papillons et il mourrait d'envie d'aller plus loin, il avait envie plus que d'un baiser mais il savait qu'il ne devait pas effrayer son petit animal craintif. Quand il quémanda l'accès à sa bouche et que Gianni entre-ouvrit les lèvres pour laisser passer sa langue, Ilyes eut l'irrésistible envie de lui retirer ses fringues et d'assouvir ses pulsions les plus enfouies. Mon dieu ce qu'il en avait envie !
Mais rien que le fait de ressentir une nouvelle fois cette délicieuse bouche contre la sienne l'envoyait au paradis. Il en avait tant rêvé qu'il se demandait un instant si tout cela était réel, et en plus, c'était Isaia qui avait commencé ! Que demander de mieux ? Il était aux anges. Il mélangeait sa langue à la sienne et se délectait des soupirs de son ancienne victime, lui-même gémissait comme un pré-ado tellement cela lui faisait de l'effet.
Puis, comme toute bonne chose a une fin, le baiser se termina par des respirations hachées et des lèvres rougies.
— C'est comme ça qu'on scelle un pacte d'après Claire. Mais crois moi, c'est la dernière fois qu'on s'embrasse.
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