Tome II, chapitre XLVI.


           Isaia était très nerveux. Plusieurs raisons venaient s'accumuler en faveur du stress. La première était sans aucun doute, le fait qu'il allait voir les amis d'Ilyes, ceux qu'il détestait. La deuxième était que ceux-ci allaient se mélanger à ses propres amis, il avait peur que cela provoque une mauvaise ambiance, voire pire. Et enfin, pour finir, il avait terriblement envie de mettre des mots sur ce qu'il se créait entre Ilyes et lui. Il aurait aimé qu'ils passent la soirée juste ensemble, même si ça l'aurait angoissé.

Une boule de stress s'était logé dans son ventre et il se mit à hésiter pour s'y rendre ou non. Quand il entendit un coup de klaxon au dehors, il sut qu'il ne pouvait plus faire marche-arrière.

Le châtain se regarda une dernière fois dans le miroir, remettant correctement une petite mèche blonde sur le haut de son crâne et fila vers son chauffeur, Mattéo. Celui-ci venait d'obtenir son permis et avait emprunté la voiture de ses parents pour les emmener à la soirée. Ilyes avait insisté pour venir le chercher, mais il préférait arriver avec ses amis, il se sentait mieux ainsi.

— Alors, hâte de voir ton mec ? taquina Claire, qui était assise à l'avant, du côté passager.

— C'est pas mon mec.

— Pas encore, Isa, rit-elle.

Sur ce coup, elle n'avait pas totalement tort et il ne démentit pas. Il se contenta de lui lâcher un petit sourire. 

Isaia était tellement heureux d'avoir calmé les choses avec son ex-bourreau, il était content de la relation qu'ils avaient désormais, content d'avoir cessé leur chamaillerie pour ne laisser que de la tendresse et de l'amour entre eux. Néanmoins, il avait peur du regard des gens. Sortir avec un garçon qui vous a fait chanter auparavant, c'était mal vu. 

— S'il te plaît, Isaia, dis-moi juste que l'autre bouffon d'Ethan ne sera pas là, demanda Claire. 

— J'en sais rien, je ne sais même pas qui sera là et je t'avoue que j'ai aussi peur, souffla Isaia. 

Mais ce n'était pas pour les mêmes raisons que sa meilleure amie, Isaia craignait la présence de Johan, il le haïssait tellement, que le voir suffirait à lui plomber sa soirée et à vouloir faire demi-tour. Il priait intérieurement pour qu'il ne soit pas là. 

Le châtain pencha la tête en arrière, contre l'appui-tête et ferma les yeux. Ses pensées l'amenèrent à la soirée de la veille, lorsqu'ils avaient partagé un moment intime. Isaia sentit ses joues chauffer et  un frisson parcouru son corps. Il n'arriverait jamais à l'avouer à voix haute, mais il avait complètement adoré. Il serrait ses cuisses entre elles en pensant qu'il aimerait recommencer... Qu'il aimerait faire plus. 

— Enfin arrivé, prononça Mattéo. 

Il se gara sur le parking à côté de la boîte de nuit et ils sortirent tous de la voiture pour regarder le bâtiment. Isaia était encore plus stressé et Claire le remarqua, il lui attrapa donc la main pour le rassurer et ils entrèrent ensemble. 

Ils cherchèrent Ilyes et sa bande et une fois repérés, ils se dirigèrent vers eux, le pas traînant pour Isaia. 

Le brun fut le premier à les voir, un énorme sourire s'afficha sur ses lèvres, jusqu'à ce qu'il descende son regard vers les mains liées des deux meilleurs amis en fronçant les sourcils. Taquin, Isaia s'approcha de lui, leva sa main enlacée devant lui et lui murmura à l'oreille : 

— Je te présente ma petite-amie, Claire, mais je crois que vous vous connaissez déjà, non ? lâcha-t-il, fier de sa blague. 

Ilyes passa une main dans sa nuque et le colla à lui, sa tête se pencha et Isaia sentit des dents mordre la peau de son cou. Le châtain lâcha la main de Claire et repoussa Ilyes en souriant. 

— Je vais t'apprendre les bonnes manières, Gianni, lança Ilyes en lui faisant un clin d'œil. 

Il embrassa son front avant de se tourner vers ses amis, pour laisser Isaia dire bonjour. Le châtain chercha aussitôt une tête particulière, qui, avec grand soulagement, ne trouva pas. Il y avait Calvin, Ethan, Isaac, Simon, Timothée, Hugo et Nasrin. Il serra la main de chaque garçon, également Ethan, mais avec beaucoup plus de difficulté que les autres. Il était tellement heureux de ne pas voir Johan, qu'il se fichait de qui était là. 

Il laissa ses amis dire bonjour aux autres et repartit vers Ilyes, qui l'avait regardé tout du long. Aussitôt, le brun posa ses mains contre ses hanches et le regarda avec des yeux attendris. 

— Je suis heureux que tu sois là, mon cœur, avoua Ilyes. 

Isaia sourit, mais il était un peu mal à l'aise, il avait peur que les amis du brun les voient aussi proches l'un de l'autre. Est-ce qu'il les avait prévenu de leur rapprochement ? 

— Viens, on va aller chercher à boire, proposa Ilyes. 

Il passa une main sur ses reins pour l'inciter à se rendre au bar. Ilyes ne le lâcha et une fois éloigné du groupe, il retourna Isaia et déposa ses lèvres contre les siennes. Le châtain se laissa faire, il était content de pouvoir enfin l'embrasser, il avait pensé à lui toute la journée. Il passa ses bras autour de son cou et répondit au baiser, son corps collant le sien. Il se fichait qu'il y ait du monde autour, il ne connaissait plus personne. 

— Je vois que je ne suis pas le seul à avoir ressenti un manque, pouffa légèrement Ilyes. 

Le brun le prit dans ses bras pour lui faire un câlin, auquel Gianni ronronna de bonheur. 

— Prends pas trop la confiance, glissa Isaia. 

Il entendit son ex maître-chanteur rire et se détachait de lui. Ilyes embrassa de nouveau son front et lui dit : 

— Tu veux quoi, comme boisson ? 

— Mh, mojito. 

— Ok. 

Ilyes appela le barman, alors que tout le monde était affalé contre le bar pour commander une boisson. Après quelques minutes à l'appeler sans cesse, celui-ci vint enfin. 

— Un Virgin mojito, s'il vous plaît. 

Isaia lui donna un coup dans les côtes, vexé. 

— Un vrai mojito, Ilyes, pas un sans alcool ! s'insurgea le lycéen. 

— Bébé, tu veux que je te rappelle la fois où tu as bu, entouré de tous tes maîtres-chanteurs et que j'ai pu te faire un suçon dans le cou sans que tu ne t'en rappelles ? Si j'avais été mal intentionné, j'aurais pu faire bien pire que ça. Alors, tant que tu seras avec moi, pas de cuite, annonça le brun. 

— Juste un mojito, je ne comptais pas me saouler, soupira-t-il. 

— Très bien, tu en prendras un après, on va commencer en douceur, sourit Ilyes. 

Isaia laissa faire, il n'avait pas envie de se prendre la tête, mais il ne comptait pas non plus le laisser dicter sa vie. Il en était hors de question et plus ils avançaient, plus le châtain se rendait compte qu'Ilyes allait être envahissant dans sa vie. Isaia allait devoir le remettre en place le plus tôt possible. 

Le châtain essayait de se hisser sur la pointe de ses pieds pour regarder la table où étaient ses deux amis, entouré de la bande d'Ilyes. Il s'assura qu'ils n'étaient pas en train de se taper les uns sur les autres. Il remarqua Claire et Ethan discuter, sûrement était-ce l'initiative du garçon. Il savait que sa meilleure amie était à fond sur Adriano, elle en parlait tout le temps, alors il comprenait rapidement que Claire allait, encore, lui mettre un stop. Isaia n'avait jamais vu une personne si persévérante... 

— Tiens bébé, ton verre, lui tendit Ilyes avec un grand sourire. 

Isaia le regardait quelques secondes, avant de se dire que finalement, il connaissait bien une autre personne aussi persévérante. Il prit son verre et ils repartirent vers les autres. Isaia s'installa sur les sièges, à ses côtés, Ilyes et Timothée. Il avait fait exprès de s'asseoir près de lui, il était curieux de connaître qui était celui pour lequel Isaac aurait vendu un précieux ami. Le châtain essayait de lui jeter des coups d'œil pour le décrire, mais il sentait le regard d'Isaac sur lui. Cependant, ça ne l'empêcha absolument pas de décrire Timothée, au contraire, ça le poussait le regarder davantage. 

Timothée était vraiment très mignon, il avait une petite bouille d'ange qui mettrait en confiance n'importe qui. Il était brun, les yeux claires, lui semblait-il, un bon style vestimentaire et un joli visage. 

Rien que pour la provocation, Isaia s'installa plus confortablement, chercha le regard d'Isaac et lui lança un sourire triomphant. Le châtain savait qu'il avait le pouvoir sur lui, les rôles étaient inversés, même si lui,  contrairement au blond, ne dirait rien et les laisserait vivre tranquillement. 

— T'es Isaia, c'est ça ? 

Le châtain se tourna en voyant que Timothée s'était penché vers lui pour lui poser cette question. Isaia tenta de déchiffrer son expression, mais elle était si neutre qu'il n'y parvenait. 

— Et toi, Timothée ? renvoya Isaia. 

— C'est bien ça, sourit enfin Tim. 

— Tu vas bien ? demanda-t-il, ne sachant comment débuter la conversation. 

— Oui ça va, et toi ? Tu es venu pour Ilyes ? questionna Timothée. 

Isaia ne sut que répondre à cette question, il jeta un œil au brun, qui parlait avec Simon et Calvin, et revint vers le petite-copain secret d'Isaac. 

— Ouais, avoua-t-il. 

— Oh, alors vous êtes ensemble ? s'intéressa le plus jeune. 

— Euh, pas vraiment, non. 

— Je vois, sourit celui-ci. 

Timothée s'approcha de lui et lui dit à l'oreille, pour que personne ne puisse entendre : 

— Merci de n'avoir rien dit, pour Isaac et moi. 

Ce fut au tour d'Isaia de se pencher vers la sienne, pour lui dire : 

— Je suis désolé si je t'ai blessé en le menaçant, c'est juste que... 

— T'en fais pas, Isaia, je sais que mon copain fait de mauvaises choses dans la vie, je suis capable de comprendre. Je veux juste que tu saches qu'il n'est pas mauvais dans le fond, il est juste très influençable. 

Le châtain trouvait cela beau, que Timothée essaie de trouver des excuses à son copain pour que celui-ci le voit autrement. Isaia se contenta de lui sourire pour toute réponse. Il n'allait pas se prononcer sur ce qu'il pensait d'Isaac, ils avaient des avis complétements différents. L'un aimait, l'autre détestait. 

Dans un sens, Isaia avait l'impression que Timothée et lui avaient pas mal de point en commun, comme par exemple, aimer un ancien bourreau, une forte tête. Il avait aussi cette sensation qu'au niveau du caractère, ils se ressemblaient beaucoup. 

Il sortit de ses pensées en sentant une main sur sa cuisse. Ilyes, bien entendu. 

Après ça, Timothée était parti parler avec Claire et Mattéo, tandis que Simon et Clavin étaient venus lui parler. Autant il pouvait supporter Simon, mais Calvin était un calvaire. Il se demandait même ce qu'il faisait ici. Il avait ensuite danser avec Claire et Hugo, qui étaient restés amis après renoncer à une quelconque relation entre eux. Pour son plus grand plaisir, Ethan, Nasrin et Isaac n'étaient pas venus le voir, Nasrin et Ethan étaient toujours ensemble et Isaac et Simon également. 

Isaia passa la fin de soirée, collé à Ilyes dans le canapé de leur table. Tous avaient déguerpi, soit rentrés chez eux, soit au bar, soit en train de danser. Le brun en avait profité pour passer un bras autour de ses épaules, possessif. 

Ilyes avait fourré son visage dans son cou et embrassais tendrement sa peau sensible. 

— Sors avec moi, Gianni, soupira-t-il. 

— Pour aller où ? blagua Isaia. 

Il lui pensait soudainement la hanche et le châtain sourit. 

— Arrête, je suis sérieux. 

— Désolé, c'est juste que passer du temps avec toi, me fait devenir comme toi, s'amusa Isaia. 

Le châtain sentit Ilyes sourire contre sa peau, avant que celle-ci fut une fois de plus mordue. Isaia le poussa légèrement en couinant. 

— T'es un vampire ou quoi ? ronchonna le lycéen en se frottant la peau meurtrie. 

Ilyes arborait un immense sourire aux lèvres. 

— Ouais, et je sais divinement bien sucer, Gianni, lâcha-t-il en lui faisant un clin d'œil. 

Isaia manqua de s'étouffer avec sa salive. Malgré le choc, des frissons envahirent son épiderme. Putain, l'idée lui donnait tellement envie... 

Ilyes se remit contre son cou, mais cette fois, ne fit rien, mis-à-part cette main qui glissait vers l'intérieur de sa cuisse. 

— J'arrête pas de penser à ce qu'on a fait hier soir, soupira-t-il. J'ai tellement aimé te toucher, t'entendre gémir, sentir ton odeur et ton corps près du mien... Je veux qu'on recommence, qu'on continue, qu'on aille plus loin et qu'on explore tout ce que l'on peut faire ensemble. 

— Ilyes, gémit Isaia, plaintif. 

Il posa une main pour retirer la sienne de sa cuisse, ses mots lui donnaient beaucoup trop chaud. 

— Et si on partait ? proposa Ilyes. 

— Ok, je suis fatigué de toute façon, précisa Isaia, pour ne pas qu'Ilyes se méprenne. 

Celui-ci lui sourit et se releva, ils prirent leur manteaux et Ilyes enlaça sa main à celle d'Isaia pour les guider jusqu'à l'extérieur. 

— Attends, je veux au moins dire au revoir à Claire et Mat'. 

— Tu leurs enverras un message dans la voiture. 

Isaia n'eut pas vraiment le choix et ils rejoignirent la voiture du brun. Ils étaient autant pressé l'un que l'autre de rentrer. 

— On va chez moi, annonça le châtain. 

— Yes ! 

Ilyes alluma la radio et démarra rapidement. 

— Tu vois, ça s'est bien passé, lança le conducteur. 

— Parce que Johan n'était pas là. 

Ilyes rit doucement. 

— Pas faux. Je ne l'aurais pas emmené, il aurait plombé l'ambiance et c'est pas ce que je voulais. Mais quand on sera en couple, faudra y passer, annonça Ilyes. 

Isaia sourit et sentit un regard noir sur lui, tout aussi amusé. 

— T'as parlé avec Tim, alors ? demanda-t-il, changeant de sujet. 

— Oui, il a l'air vraiment gentil, d'ailleurs, j'ai l'impression qu'on se ressemble, lui et moi. C'est étrange, avoua Isaia. 

— Il l'est, et d'une part, oui, vous vous ressemblez. Tous les deux victimes de connard, lâcha Ilyes. 

— Comment ça ? questionna le châtain en fronçant les sourcils. 

— Bah, Isaac a aussi fait du mal à Timothée, avant qu'ils ne sortent ensemble. 

— Il lui a fait quoi ? demanda Isaia, curieux. 

— Longue histoire, je te raconterai plus tard. 

— Mh, ok. 

Ils arrivèrent rapidement chez le châtain. Ils se firent le plus silencieux possibles, pour ne pas réveiller Leo. Ils filèrent dans sa chambre et alors qu'Isaia s'attardait à retirer son blouson et sa chemise, Ilyes se retourna vers lui avec une boite dans les mains et un grand sourire scotché aux lèvres. 

— Ah ouais, t'avais tout préparé, petit coquin ! lança-t-il, se retenant de rire. 

Isaia fronça les sourcils et s'approcha pour voir ce qu'était la boîte. Il écarquilla les yeux comprenant qu'elle contenait des préservatifs. 

— Où est-ce que t'as trouvé ça ? demanda-t-il, surpris de le retrouver dans sa chambre. 

— Sur la table de chevet. 

— Je comprends pas... Oh putain, mon père ! s'exclama soudainement Isaia. 

Ilyes éclata de rire. 

— Putain j'adore ton père ! 

Isaia fronça les sourcils et se promit d'en toucher deux mots à son géniteur. 

Il n'eut pas réellement le temps de se fâcher contre son père, car Ilyes tira son bras pour le faire basculer contre le lit. Isaia sentit sa respiration se couper un quart de seconde, avant de se retrouver allongé, sur le dos. Au dessus de lui, se trouvait un Ilyes heureux, les yeux pétillants et le sourire de trois mètres de large.

— N'y pense même pas, Ilyes, on ferait rien du tout !

Le brun rit de nouveau, mais de manière plus contrôlé.

— J'y pense beaucoup c'est vrai, mais je sais qu'il est encore trop tôt pour ça, expliqua-t-il.

Puis, il coula sur son corps et vint attraper la lèvre du châtain entre ses dents. Il joua avec ses lèvres quelques instants, alternant coups de langues et de morsures et Isaia réagit très rapidement. Il entoura son cou de ses bras et se laissa faire bien gentiment.

Isaia craqua le premier et l'embrassa, d'un vrai baiser cette fois-ci, n'omettant la langue, qui plongea dans sa bouche pour rejoindre son amante. Il entendit Ilyes gémir contre sa bouche et cela enflamma le châtain.

— Isaia, ne me le fais pas demander une fois de plus...

Le lycéen ne comprit pas tout de suite, trop embrumé par le plaisir et le désir qui se faisaient entre eux.

— Oui, répondit-il simplement.

Ilyes se mit face à lui et leva un sourcil.

— Oui quoi ?

— Oui, je veux sortir avec toi, Ilyes, lâcha-t-il tout bas et les joues brûlantes.

Le brun resta incompris durant quelques secondes, avant de réaliser les mots qu'il venait d'entendre. Isaia jurait ne jamais avoir vu une expression aussi heureuse sur le visage d'une personne, tant, que son ventre se tordit en le regardant.

Ils s'embrassèrent tendrement et amoureusement, comme pour débuter leur relation de couple naissante.

Isaia n'aurait jamais pensé en arriver là un jour, mais tel était le destin. Ils avaient fini par se rendre compte qu'entre eux, c'était bien plus fort qu'une amitié et que cela pouvait dépasser la haine de leur début.

Après s'être longuement câliné, Isaia décida d'aller se brosser les dents et de se mettre en pyjama. En se regardant dans le miroir, des trasses rouges dans son cou l'interpellèrent, il s'approcha alors de son reflet et pencha la tête.

— Putain Ilyes, je vais te démolir ! cria Isaia.

Un rire dans la chambre se fit entendre, ainsi qu'une phrase :

— Faut bien montrer que tu m'appartiens.



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