Tome II, chapitre XLII.
Ilyes soupira en comprenant qu'Isaia n'avait pas bougé. Il était complètement crevé et n'avait même pas la force de le taquiner ou de le repousser correctement. Le brun, tout en gardant les yeux fermés, commença à se déshabiller et ne laissa que son boxer pour entrer finalement sous ses couvertures, sous le regard du châtain.
— Si tu veux me regarder dormir, y'a aucun soucis, lâcha-t-il finalement.
Un silence régna et Ilyes se risqua à poser un œil sur son invité, qui le fixait toujours. L'étudiant n'arrivait cependant pas à déchiffrer son expression.
— Isaia, c'est toi qui dit qu'il y a des non-dits entre nous, mais tu n'arrives même pas à me dire ce que tu ressens pour moi, si jamais tu ressentais quelque chose, souffla-t-il.
— Je te veux toi.
Ilyes se sentit réveillé d'un coup et reposa son regard sur celui qu'il aimait. Avait-il bien entendu ou l'alcool dans son sang lui jouait des tours ?
Un énorme sourire se dessina sur ses lèvres en voyant les joues rouges d'Isaia. Il était presque sûr que le châtain voulait lui dire bien avant mais que rien ne sortait quand il le désirait. Il s'étendit en étoile de mer sur son lit, toujours avec ce sourire de bien heureux collé au visage.
— Redis-moi ça demain, j'ai peur que la vodka me fasse entendre ce que je veux, pouffa-t-il.
— T'as bu ? demanda Isaia, un peu trop brusquement.
Ilyes rit légèrement, attendri par l'inquiétude de son petit châtain.
— Juste un peu. Allez, viens là mon cœur, lança-t-il en tendant ses bras vers lui.
A son plus grand étonnement, Isaia abdiqua de suite et vint se blottir contre lui. Depuis quand ils avaient si changés ? Depuis quand Isaia était devenu plus qu'un garçon colérique et qui repoussait tout le monde et depuis quand le brun était devenu plus qu'un taquin joueur ? Tout simplement, depuis que l'amour s'était mêlé à leur histoire.
Ilyes serra Isaia dans ses bras, nichant son nez dans ses cheveux.
— Tu as bu avec qui ? demanda le châtain, curieux.
— Simon. T'es jaloux ?
— Non, Simon est hétéro.
Le brun sourit, le lycéen était bel et bien jaloux, mais avait trouvé l'excuse de la sexualité pour se rassurer.
— Ouais mais j'attire tout le monde, taquina Ilyes.
Il sentit Isaia le pincer à son bras et sortit un petit couinement de ses lèvres.
— Tu parles, tout le monde me dit de me tenir à l'écart de toi, répliqua Isaia.
— Faut croire que je fais pas l'unanimité, rit le brun, pas touché le moins du monde.
Sa main vint fourrager dans ses cheveux et se mit à le caresser tendrement, faisant presque ronronner Gianni de bonheur. Il savait qu'il raffolait de ce genre de touché. Lorsqu'il avait fait une crise d'angoisse, c'est ce qui l'avait calmé. Le brun avait envie d'aller plus loin et poser ses doigts sur son ventre, mais il s'en abstint, puis il était trop crevé pour tenter quoique ce soit.
Il était juste bien, à l'heure actuelle, avec Isaia dans les bras, malgré son esprit bouillonnant encore de craintes face à l'avenir.
— D'ailleurs, t'es un petit thug toi, à venir dans l'antre du grand méchant loup, tu n'as pas peur que je te dévore tout entier ? s'amusa Ilyes.
— T'es à moitié bourré, répondit Isaia, la voix à moitié étouffée par son torse.
— Je ne suis pas bourré, je suis... Embrumé.
— Embrumé, répéta Isaia en lâchant un petit rire.
Cela fit sourire Ilyes, qui adorait entendre ce son si rare. Il le câlina encore de longues minutes jusqu'à ce que sa conscience laisse doucement place à son subconscient, l'emportant dans le monde des rêves.
Le lendemain matin, il se réveilla dans la même position, Isaia toujours contre lui. Il en profita pour glisser ses mains sur lui, sur son corps et embrasser ses cheveux et son front, tout ce qu'il avait à porter de sa bouche. Ilyes entoura ses bras autour lui et le serra fermement contre son corps, réveillant son partenaire par la même occasion.
— Je vais aller me doucher, je reviens, chuchota Ilyes.
Il lui embrassa la joue et fila rapidement dans la salle de bain. En sortant de la douche, il prépara une serviette, un gant de toilette, un boxer et un sweat chaud pour Isaia puis revint dans sa chambre. Le châtain était encore tout habillé dans son lit et se frottait les yeux.
— Tu peux aller te laver, il y a une serviette propre sur la commode, lança Ilyes, amusé par l'état brumeux de son châtain.
Isaia acquiesça de la tête et disparue de la chambre, sous le regard du brun. Il s'essuya le corps et enfila un nouveau boxer, un t-shirt et un jean banal, puis descendit. Il retrouva sa mère, sa petite-sœur et son grand-frère dans la cuisine, en train de prendre leur petit-déj avec la radio en fond sonore.
— Isia il va revenir quand à la maison ? demanda Mélina, presque en lui sautant au cou pour connaître la réponse.
— Dans cinq minutes, répondit-il en souriant.
Il vit les sourcils de sa sœur se froncer, tandis que sa mère arborait le même sourire que lui.
— Ça y est, vous sortez ensemble ? questionna Calvin.
— Il a juste dormi à la maison.
— Je savais pas qu'Isaia était comme ça, il parait si innocent à premier vu, se moqua Calvin, suggérant qu'ils aient fait des choses peu catholiques.
— Cal ! gronda sa mère. Moi je l'aime beaucoup Isaia, il a l'air d'être une bonne personne et je suis contente que mon fils côtoie ce genre de garçon, plutôt que ses amis habituels.
Ilyes ne répondit pas et tartina ses biscottes de beurre avant de les manger. Quelques minutes après, Isaia apparue dans l'embrasure de la porte, les cheveux trempés et portant le sweat à capuche du brun, qui sourit niaisement en le voyant.
— Bonjour, dit-il timidement.
— Bonjour Isaia, viens donc t'asseoir avec nous. Tu veux quoi pour ton petit-déjeuner ? demanda sa mère.
Aussitôt, Mélina changea de place pour se mettre à côté du châtain, qui lui lança un petit sourire et qui attendri Ilyes. Il était heureux de voir que sa famille acceptait aussi bien le garçon qu'il aimait, mais surtout, il se sentait si bien, de le savoir chez lui sans qu'ils ne se battent.
Le lycéen avait regardé Ilyes mais avait aussitôt baissé les yeux, l'air intimidé.
— Du café, merci.
Sa mère prit un bol et lui servit le liquide chaud. Le brun porta sa sœur sur ses genoux afin d'être à côté d'Isaia et posa une main sur sa cuisse, tandis qu'il discutait avec sa mère. Mélina, qui avait vu sa main sur le châtain, s'amusait à la lui enlever pour la remplacer par la sienne. Une petite bataille se faisait entre eux discrètement, sans que personne ne le remarque à part les concernés.
Le châtain aida la mère du sosie de Johnny Depp à débarrasser la table et Calvin en profita pour sonder son frère.
— Alors, c'était chaud cette nuit ?
— T'es le dernier à qui je le dirais, répondit Ilyes en le fusillant des yeux.
— T'es vraiment rancunier, comme mec, souffla Cal.
Ilyes se souvenait encore lorsqu'il s'était confié à lui pour les baisers, et que Calvin avait été tout répété à Isaac. Sa confiance en lui n'était pas revenue depuis.
Isaia revint vers eux, triturant ses mains entre elles.
— Hum, je vais y aller, annonça-t-il.
— Tu veux pas rester un peu ? proposa le brun.
— Je dois voir Claire et Mat' cet après-midi.
Le brun fit une mine boudeuse mais se leva.
— Je te ramène.
— Il y a des bus, c'est bon.
— Je te ramène, répéta Ilyes en prenant les clés de sa voiture.
Il posa une main sur ses reins pour l'inciter à sortir et Isaia obéit.
Ilyes posa de nouveau sa main sur sa cuisse, alors qu'il conduisait jusqu'à chez lui.
— Je ne savais pas qu'il pouvait y avoir plus tactile que Sélim.
Le brun sourit, se sachant coupable. Mais il avait besoin de le sentir, de le toucher, de l'embrasser. C'était limite devenu une obsession.
— Tu t'en plains ? demanda-t-il, malicieusement.
Aucune réponse du châtain, signe qu'il était totalement consentant. Devant chez Isaia, Ilyes passa une main derrière sa nuque, prêt à l'embrasser.
— Non, le coupa Isaia en s'écartant.
— Pourquoi ? questionna-t-il à la manière d'un enfant boudeur.
— On a pas encore eu notre rendez-vous, sourit Isaia en sortant de sa voiture. A plus tard, le salua-t-il.
Ilyes soupira, il en avait tellement envie que sa frustration ne faisait qu'augmenter. Il se dit qu'il aurait dû en profiter quand il dormait, mais il désirait un vrai baiser, celui avec la langue et la passion. Il chopa son téléphone et encore devant la maison du châtain, lui envoya :
" On se voit mercredi, demain j'ai des choses à faire. Hâte de te voir ;) " 10:02.
" D'acc, même si j'ai bien peur que tu veuilles me voir pour une chose en précise. " 10:02.
" Juste pour te voir, bébé. J'ai passé une trop bonne nuit avec toi, merci d'être venu, j'aime beaucoup ce genre d'initiative. " 10:02.
" N'oublie pas qu'on doit parler, on a rien fait hier. " 10:03.
" T'en fais pas, on parlera " 10:03.
Il démarra sa voiture et repartit chez lui avec un sourire heureux sur le visage. Il se sentait tellement mieux, désormais, après avoir passé presque une semaine à déprimer et à se remettre en question. Il avait toujours peur, mais il se disait que cela allait s'apaiser avec le temps.
*Point de vu d'Isaia*
— Tu t'es réconcilié avec ton chéri, alors ?
Isaia lui fit des yeux désespéré pour le surnom.
— J'ai été chez lui et... Je lui ai avoué que je le voulais lui, et pas un autre, se confia-t-il à sa meilleure amie.
Celle-ci écarquilla les yeux de manière théâtrale.
— Donc, vous sortez ensemble, là ? demanda Mattéo.
— Non, on a besoin de parler avant de faire quoique ce soit.
— Pourquoi ? Déterminer les termes du contrat ? se moqua la jeune femme.
— T'es bête. On veut juste mettre au clair certains points, histoire de commencer un truc sur de bonnes bases, et ne pas avoir peur tous les deux que l'autre se venge, expliqua Isaia.
Ses deux amis hochèrent la tête, comprenant là où il voulait en venir.
— Alors ça y est, après tout ce temps, vous allez enfin sortir ensemble, lâcha Claire.
Le châtain ne savait pas trop quoi répondre. Il avait encore du mal à s'imaginer en couple avec Ilyes. Il ne savait pas comment il allait devoir se comporter, ce qui allait changer, ce qu'il devait faire et surtout, qui disait couple, disait relations intimes... Il ne se sentait pas encore prêt à passer cette étape cruciale. Mais il connaissait le brun et avait conscience que jamais, il ne le forcerait à quoique ce soit. C'était primordial dans un couple, la confiance.
Il passa ses mains sur son visage.
— Je suis jamais sorti avec quelqu'un, j'ai peur, avoua-t-il.
Claire rit doucement avant de poser une main sur son épaule.
— Ça se fait naturellement, Isaia, il n'y a pas un procédé à suivre, ne sois pas effrayé par ça, tenta-t-elle de le réconforter.
— Tu crois que je fais bien ? lui demanda-t-il soudainement.
Claire fit une mine interrogatrice avant de comprendre ses mots. Isaia avait besoin de soutien, qu'on lui dise que son futur couple allait marcher et qu'il ne se plantait pas sur toute la ligne.
— Je ne peux pas te dire, Isaia, mais une chose est sûre, si ça ne fonctionne pas, c'est que vous n'êtes finalement pas fait pour être ensemble et au moins, vous n'aurez pas de remord, vous aurez essayé. Mais... Je dois me rendre à l'évidence maintenant, Ilyes est amoureux de toi et je sais que tu l'es aussi, alors j'espère pour toi que ça marchera et que tu seras heureux, c'est tout ce que je veux pour mon Isamour, sourit-il, pleine de tendresse.
Le châtain lui offrit un sourire en guise de remerciement.
— Tu en penses quoi, Mattéo ? demanda-t-il à son ami.
— Je suis du même avis que Claire, même si cette relation m'inquiète un peu. Mais je pense que ça peut fonctionner et je l'espère. De toute façon, on est là pour toi.
Il remercia ses deux meilleurs amis et ils continuèrent leur discussion, qui avait dérivé sur les aventures de Claire. Celle-ci leur racontait qu'Ethan l'embêtait encore et forçait pour qu'ils se voient, qu'elle était devenue amie avec Hugo et qu'ils s'entendaient mieux ainsi et qu'elle discutait, en ce moment, avec un garçon qui lui plaisait énormément. Elle n'avait pas voulu lui dire son nom, mais Isaia avait compris que c'était Adriano.
Puis ils rentrèrent tous chez Isaia pour y dormir, ne souhaitant se retrouver de nouveau seuls. Il avait hâte de retrouver Ilyes pour avoir une discussion et... Plus.
Est-ce que vous sentez la fin de TDN arriver petit à petit ? x)
Ça me rend triste en vrai. :(
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