Tome II, chapitre IV.
- J'ai pas envie que tu me remplaces, Isaia.
Isaia sentit toute la peine qu'il avait dans cette phrase et s'approcha encore plus de lui, faisant soupirer le plus petit.
- Et je ne l'ai pas fait, ne le fais pas et ne le ferais pas, affirma le châtain pour le rassurer.
Il le prit dans ses bras et Mattéo enfouit son visage dans son cou, passant ses bras autour de ses épaules en le serrant fort contre lui. Isaia était déconcerté, depuis quand Mattéo lui manquait autant ? Il ne s'était même pas rendu compte de l'attachement qu'il avait pour lui. Il devait se rendre à l'évidence, il aimait bien plus le petit brun qu'il ne le pensait. Cependant, en réalisant leur proximité, il s'en détacha doucement. Les marques d'affections, c'était pas trop son truc et ça le gênait énormément.
- Bon, t'as comprit ? Lança-t-il un peu maladroitement.
Son meilleur ami hocha la tête.
- Euh Isaia...
- Quoi?
- Je vais vraiment me faire pipi dessus.
Les deux rirent et Isaia sortit enfin de la salle de bain, laissant la vessie de son meilleur ami se soulager. Il était content d'avoir retrouver son petit Mattéo. Maintenant il restait plus qu'à concilier Claire et Mattéo.
*Pdv d'Ilyes*
Ça le faisait chier, mais vraiment. Se retrouver encore au lycée, après y avoir passer trois ans de vie, alors que lui avait rêvé d'une université à passer son temps dans les soirées étudiantes, pas en prépa dans son lycée pourri. Ce qui était le plus dure, était que pratiquement tout ses potes n'étaient plus là et le narguaient quand ils allaient en soirée. Alors certes, il y avait des fêtes étudiantes aussi dans sa prépra, mais sa classe... Elle craignait bien comme il fallait. Il avait l'impression d'être dans une classe de sixième, tous enfantins à souhait.
Enfin, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. S'il n'avait pas dit à ses parents qu'il ne savait pas quoi faire comme études, ceux-ci n'auraient jamais eu l'idée de le mettre en prépra. Pour la première fois de sa vie, il était obligé d'apprendre ses cours et de faire ses devoirs, c'était vachement plus compliqué que le lycée, ce qui lui donnait moins de temps pour ses occupations.
Sa seule consolation était une tête châtain, qu'il avait bousculer lundi et traiter de mioche, juste pour le faire enrager. Cependant, il avait remarqué quelque chose de changé en Gianni, pas vraiment physiquement, mais plutôt dans sa façon de se comporter, dans son regard. Était-il possible qu'il soit passé à autre chose ? Ilyes priait que non. Il ne lui donnerait, de toute manière, pas le temps de passer à autre chose.
Les heures de cours suivant, Hugo était plus distant envers lui et ça le saoulait un peu. Il savait très bien que Claire avait dû lâcher du dossier sur lui pour le mettre en garde, et qu'il l'ait écouté sans faire son propre avis le désespérait. C'était le gros problème de l'espèce humaine, les gens avaient tendance à croire bêtement au lieu de bouger leur cul et de découvrir par eux-même. Voilà pourquoi Johan était son meilleur ami, car lui ne croyait pas stupidement ce qu'on lui disait. Enfin, c'était une petite partie de la raison de leur amitié.
Après ces cours, il ne prit pas la peine de rentrer chez lui, prenant directement son service. Il travaillait dans un bar, qui faisait boite de nuit les week-end, dont il se rendait après les cours chaque jour, finissant à vingt-deux heures trente, sauf le vendredi et le samedi, où il terminait son service vers les quatre, cinq heures du matin le plus souvent.
Il entra dans l'enseigne et déposa ses affaires dans un casier, avant de se changer rapidement en enfilant une chemise blanche cintrée et un bas de smoking noir. Il replia le bas de son pantalon, c'était sa petite touche personnelle qui faisait rire ses collègues, le traitant de vieux.
Sa soirée passa lentement et il s'occupait à servir des hommes principalement dans la cinquantaine, venus pour boire un coup après leur travail. Ou alors c'était les bourrés de la ville, qui venaient se saouler la gueule encore une fois. Il commençait même à retenir certains noms d'habitués. En soit, il n'y avait rien d'intéressant la semaine, le week-end en valait plus le coup, et encore, s'il avait de la chance.
Autant dire, il se voyait mal rester ici toute sa vie et aspirait à plus d'ambitieux que ça, même s'il n'avait aucune idée pour un futur métier.
A peine eut-il le temps d'ouvrir la porte de sa maison, qu'il entendait des cris résonner dans toute la maison. Il soupira et partit ranger son sac dans sa chambre, pendant sa veste dans son dressing. Il redescendit dans le salon, là où sa sœur regardait des dessins animés.
- Qu'est-ce que tu fais encore en bas toi ? Il est vingt-trois heures sale monstre, tu dois aller te coucher, gronda-t-il sa petite sœur.
- Je suis grande maintenant, répondit-elle en fixant la télé.
Ilyes eut envie de rire en entendant cette phrase, c'était bien sa frangine. Il partit chercher la bouteille de whisky en dessous de l'évier, la cachette de son paternel, et en versa dans deux verres larges avant de revenir dans le salon. Il s'assit en soupirant et tendit un verre à Mélina, qui écarquilla les yeux en sentant le contenu.
- Quoi ? Tu m'as bien dit que tu étais grande maintenant, non? Lança-t-il très sérieusement.
Elle leva les yeux au ciel.
- J'ai que sept ans.
- Ah, c'est bien ce qui me semblait alors.
Il lui reprit le verre des mains et lui fit son regard réprobateur pour qu'elle aille dormir, mais celle-ci protesta encore une fois.
- Tu crois que je vais réussir à dormir en entendant papa et maman se disputer aussi fort ?
- Fermes les yeux et imagines toi qu'ils sont en train de répéter pour un balais.
Sa réponse eut le don de faire rire Mélina, qui se leva enfin du sofa.
- Ils s'engueulent encore à cause de toi, lui reprocha-t-elle.
Il ne répondit rien et elle partit enfin dans sa chambre. Il lui souhaita bonne chance mentalement pour trouver le sommeil. Il transvida le verre de sa sœur dans le sien et en bus une gorgée en grimaçant. Ça n'avait jamais été son fort, le whisky. En tendant l'oreille un peu et en baissant le volume de la télévision, il entendit sa mère hurler à son père :
- Il ne partira pas d'ici tu m'entends ?
Il sourit. Depuis combien de temps maintenant son père voulait l'expulser de sa maison ? Ah oui, quand il était sorti du ventre de sa femme. Dans la tête de son père, la famille parfaite était composée de : une maman à la maison, un papa qui rapporte l'argent, un fils intelligent destiné à de grandes études dans la recherche en médecine, et une fille qui sera parfaite sous tout les rapports et elle-aussi, destinée à de longues études dans un domaine noble. Pas de bol, entre les deux, il y a eu lui. L'enfant insupportable, cynique et qui désobéit à l'autorité familiale, et comble du drame, avait fait un bac littéraire ! Qui était, selon son géniteur, un bac des rejetés de la société, des futurs candidat à pôle emploi et sans avenir. C'était ce qu'il lui avait balancé quand Ilyes avait mentionné vouloir faire cette filière, en fin de seconde. Heureusement que sa mère avait été présente pour le soutenir et que son père, trop amoureux de sa femme, ait finalement cédé à sa requête.
Avant ses dix-huit ans, il avait toujours eu le droit à des remarques, à des reproches, à des crasses venant de son père mais après sa majorité, c'était sans cesse : " quand est-ce qu'il part faire sa vie ? ". Mais ce qu'il trouvait de plus pathétique, c'est qu'il faisait tout ça dans son dos. Son père était le plus grand hypocrite qu'il ne connaisse sur cette terre, il battait tout les records et ce à l'échelle mondiale.
D'ailleurs, Ilyes avait toujours pensé que cet homme avait acquit sa fortune en jouant à un tvshow, qui aurait pour intitulé " qui sera le plus grand faux-cul ? ", il avait dû y jouer plusieurs fois et gagnant à plusieurs reprises, fut expulsé par la chaîne, le jugeant trop imbattable pour eux.
Après vingt minutes de bruit pas possible, il posa son verre sur la table et se leva avec agacement. Il ouvrit la porte de la chambre de ses parents à la volée et lança, acerbe :
- Mélina veut dormir, demain elle a l'école je vous signale. Vous voulez pas encore recevoir un mot de son établissement pour vous prévenir qu'elle dort en classe, je suppose ?
Les deux s'étaient arrêtés et le regardaient, sa mère avec étonnement, son père... Avec neutralité.
- Oh désolé Ily, on... On savait pas que tu étais rentré. Ça c'est bien passé ?
Il aimait sa mère, plus que n'importe qui au monde, mais la situation l'avait agacé. Il ferma la porte sans prendre le temps de répondre et partit se brosser les dents avant de dormir. Laissant son verre sur la table, se réjouissant déjà de la tête furieuse de son père en découvrant qu'il avait osé toucher à son précieux whisky.
Le lendemain, il sortit son téléphone en cours, s'ennuyant comme un rat mort. Il se mit à lire et regarder l'actualité de son facebook, avant d'aller faire un tour sur son instagram. Il tomba sur une photo de Claire et d'Isaia, et curieux, il se rendit sur le compte de celle-ci, étant donné qu'Isaia n'en avait pas. Il défila les photos et regarda principalement celles où une tête châtain apparaissait. Il jeta un œil aux commentaires et cliqua ensuite sur un certain Jihane dont Simon lui avait parlé et qui avait commenté nombre de photos où Gianni était. Le trouvant absolument inintéressant, il appuya sur retour et partir sur le profil de Jenny, regardant à son tour les photos qu'elle avait posté et qui puaient l'amour avec son mec. Il resta bloqué sur une photo de Gianni en short de bain, à la mer et dont le regard était fixé sur l'objectif de l'appareil. Il semblait être prit au dépourvu, car son expression était celle de la surprise.
- C'est Isaia ça, non ? Demanda une voix à ses côtés.
Ilyes verrouilla son téléphone et le remit dans sa poche rapidement.
- Peut-être, répondit-il à Hugo, son voisin de table un peu trop curieux.
- Dis mec... Claire n'a pas voulu m'expliquer l'histoire, mais elle m'a dit que tu avais fait le bâtard avec lui, c'est vrai ?
- Chacun pense ce qu'il veut, lança-t-il évasif.
- Vous étiez en couple ?
Pour seule réponse, Ilyes lui lança un petit sourire en coin.
Je sais ce que vous allez me dire : c'est court ! Et vous avez raison ( 1800 mots ) mais je trouvais ça cool de finir sur cette phrase, alors... Je me suis arrêtée là ahah.
Ça m'avait manqué, de faire un point de vu d'Ilyes. :3
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