Chapitre XXXVIII.

Que devait-il faire maintenant ? Le frapper ? Lui parler ? Lui cracher à la figure ou s'enfuir le plus loin de lui ?


Toutes ces questions auraient été possibles seulement s'il pouvait bouger son corps, or, il était incapable de faire un geste. Seuls ses yeux se promenaient sur le garçon en face de lui. Isaia savait très bien qu'un regroupement s'était fait autour d'eux et qu'ils attendaient une quelconque réaction de lui ou du brun. Alors il se mit à prier pour qu'Ilyes parle, ne serait-ce que pour un dire un mot, même pour l'insulter, comme ça il pourrait répliquer et reprendre contenance. Mais à la place, le brun le fixait d'une expression incroyablement neutre.

Pourquoi diable ne disait-il rien ? Pourquoi son visage n'affichait pas de la satisfaction ou du remord ? Seuls ses foutus yeux noirs le perçaient ! Et Simon qui restait à l'écart, comme un bon chien derrière son maître ! C'était quoi ce délire ?


- Gianni, je...


Sa voix fut comme le déclencheur de la colère d'Isaia, qui était resté en retrait jusque là. Ilyes n'eut pas le temps de finir sa phrase que le châtain lui balança son poing en plein dans le visage, comme le brun l'avait fait à Isaac quelques minutes plus tôt. Simon fit un pas vers Isaia, sûrement pour défendre son ami, mais Ilyes le stoppa d'un signe de main, lui suggérant de rester à sa place et qu'il gérait le truc seul.

Le châtain fut légèrement décontenancé en voyant la tête du brun se relever et voir un sourire amusé sur ses lèvres.


- Bébé, pas si fort, si tu abîmes mon visage, je ne suis plus sûr de te plaire, lança Ilyes en posant sa main sur sa joue et en simulant une moue triste.


Isaia sentit une rage intense naître en lui, comment osait-il... ?! Il s'approcha une seconde fois et il lui envoya encore son poing, au même endroit, et Ilyes se laissait faire, endurant les deux coups sans protester. A la place de se défendre, il souriait, narguant le photographe. Isaia prit son col et l'approcha de lui, face à face. La dernière fois qu'ils étaient aussi proches, c'était pour s'embrasser...


- Fermes là, je t'en supplie ferme ta grande gueule sinon je te massacre ! Gronda Isaia terriblement furieux.


Ilyes approcha son visage, de sorte qu'ils ne soient plus qu'à quelque centimètres l'un de l'autre.


- Vas-y mon cœur, je sais que tu en as envie, alors ne t'en empêches surtout pas. Mais tu sais quoi, je sais surtout que tu crèves d'envie de m'embrasser autant que j'en ai envie, je sais que tu as le désir fou de me plaquer contre le mur de derrière et de m'embrasser sauvagement, comme si ta vie en dépendait.


Puis il dévia son visage vers son oreille et lui murmura tout bas, à l'abri des oreilles indiscrètes :


- Tu sais très bien que si tu le fais, j'y répondrai avec joie, finit-il en lui léchant le lobe d'oreille.


Isaia bouillait, il voyait noir, il n'avait plus qu'une envie : le faire disparaître de la surface de la terre !

Cependant, il eut une idée, Ilyes ne méritait pas sa colère, puis comme il le pensait, montrer ses sentiments étaient surtout exposer ses faiblesses au grand jour. Il prit énormément sur lui, d'ailleurs il n'aurait jamais cru pouvoir faire ça. Il fit comme Ilyes lui dit, il le recula de quelques centimètres afin que son dos touche le mur, et posa ses lèvres sur les siennes. Il vit les yeux grand ouverts de son vis-à-vis, alors il lécha sa lèvre inférieure et glissa ses mains autour de son cou. Il s'en fichait pas mal du monde autour, sa réputation n'était plus à faire, et il se moquait bien à présent de ce que les gens allaient penser. Quand il sentit Ilyes enfin lui répondre et fermer les yeux, il attrapa avec ses dents sa lèvre inférieure et se mit à mordre le plus fort qu'il le pouvait, avant de lui balancer son genou dans les parties intimes. Il relâcha sa prise et regarda victorieusement Ilyes s'accroupir au sol en poussant un couinement. Il plia les jambes lui aussi et releva doucement le menton du brun à l'aide de deux de ses doigts. Sa lèvre était rouge sang et sur le côté droit dégoulinait un liquide rougeâtre. Isaia lui sourit.


- Tu vois, mon cœur, si tu me connaissais si bien, tu aurais deviné que ma seule envie est de te faire le plus de mal possible. J'espère t'avoir pété ton organe reproducteur, connard.


Puis il se releva, passa une main sur sa bouche comme si l'embrasser le dégoûtait au plus haut point et il partit. Qu'avait-il dit déjà en Italie ? Ah oui, qu'il ne se laisserait plus faire. La tristesse venait de passer, laissant place à la colère, seulement à elle.

Isaia regagna sa classe à la sonnerie, pendant les deux prochaines heures, il s'était senti terriblement vide. Vide de toutes émotions, il s'était transformé en une épave, incapable d'aligner deux pensées. Il ne savait plus ce qu'il ressentait, ni si avoir réagit de la sorte avec Ilyes était bien ou pas. D'ailleurs, avait-il bien fait ? Il pensait que oui. Ainsi, le brun pensera qu'Isaia avait déjà passé à autre chose, lui montrant donc qu'au final, lui aussi s'en foutait de lui.

Pourtant, même s'il était satisfait de ce qu'il venait de faire, il se demandait pourquoi Ilyes lui avait parlé comme ça. Pourquoi lui avoir dit qu'il répondrait à son baiser avec joie ? C'était étrange, en plus devant tout le monde. Est-ce qu'il se foutait encore de sa gueule ? Bien sûr que oui. Il l'avait taquiné sur ça car il croyait qu'Isaia n'allait pas le faire, mais alors pourquoi commençait-il à réagir à son baiser ? Isaia était sûr et certain que s'il ne l'avait pas aussi farouchement mordu, Ilyes lui aurait répondu ! Et ça c'était pas normal. Se peut-il qu'au final, Ilyes ait eu des sentiments pour lui ? Non, impossible. Il chassa vite cette pensée de sa tête. De toute façon, combien même avait-il des sentiments pour le châtain, jamais il ne lui pardonnerait. Il n'avait même pas cherché à se défendre contre les propos d'Isaac en plus, ce qui confirmait sa culpabilité.


Isaia avait du mal à l'accepter, certes il était terriblement en colère, mais il n'arrivait pas à se dire qu'Ilyes avait été autant faux. C'était inhumain de jouer la comédie si parfaitement, même Johnny Depp n'avait pas autant de talent !

Puis d'un autre, il se traitait de sombre idiot. Comment ne s'en était-il pas aperçu avant ? Pile au moment du chantage, il est apparu comme ça, et semblait l'apprécier plus que de raison. Puis l'a dragué et embrassé, alors qu'il était censé être le parfait hétéro et que les relations entre hommes ne " l'excitaient pas ". Peut-être même quand ce moment même, Ilyes était dégoûté d'avoir jouéà ça avec lui, et que chaque fois qu'il l'embrassait, il avait eu des nausées. D'ailleurs, jusqu'où est allé son jeu de comédien ? Que savait-il vraiment de lui ?

Ilyes devenait un parfait inconnu à ses yeux à présent. Et il se forçait à changer son opinion sur lui, il devait lui faire payer et oublier tout ses sentiments qu'il avait ressenti à son égard.


Lorsqu'il revint à la réalité, il constata qu'il serrait sa trousse un peu trop fort, et que son voisin de la table d'à côté le regardait en fronçant un sourcil. Isaia avait envie de lui lever son majeur, à la place il reprit son air neutre. Il avait prit une deuxième décision, celle de redevenir le Isaia froid et sans expression que tout le monde connaissait.


Isaia avait toujours été froid envers tout le monde, depuis son plus jeune âge. La première fois qu'il avait tenté de s'ouvrir et de montrer ses sentiments, c'était il y a quatre ans, puis la seconde fois, c'était pour ce con d'Ilyes. Au final, Isaia était bien mieux en ayant ses sentiments bouclés à double tour au fin fond de son cœur. C'était stupide, il se l'avouait, mais il tentait de remonter la pente comme il le pouvait, qu'importe ce que tout cela impliquait.


La sonnerie de fin de cours retentit et le châtain rangea ses affaires avec une vitesse impressionnante, il était midi, donc il risquait de croiser des têtes qu'il ne voulait sûrement pas voir, d'où son empressement. Il évita même des gens qui le connaissaient et qu'ils savaient bavards, parce que s'il se faisait choper par l'un d'entre eux, il était foutu. Par miracle, il atteignit la porte sans encombre sans apercevoir qui que ce soit. Cette fois il prit le bus, il voulait rentrer rapidement chez lui et s'éloignait le plus de ce lycée.


Chez lui, il décida de ranger sa chambre. Il n'aimait pas le désordre et cela faisait depuis une semaine que c'était le bordel absolue. Il ramassa tout ses vêtements, les repliant et les mettant dans son dressing. Il soupira en voyant les photos qu'il avait déchiré joncher le sol et son matos brisé. Il partit chercher un sac poubelle et fourra tout dedans, gardant ce qui n'était pas trop cassé. Après l'avoir rendue propre, il décida de décrocher tout ce qui avait survécu à sa colère et de les ranger dans une boite qu'il glissait en dessous de son lit, il voulait rendre sa chambre neutre, comme sa nouvelle résolution. Lorsqu'il ramassa un dernier t-shirt sale à terre pour le laver, il vit en dessous de celui-ci son téléphone, qui lui était resté intacte. Des frissons firent leur apparition, dressant les poils blonds de ses bras. Il l'attrapa avec beaucoup d'appréhension, il n'osait même pas l'allumer pour voir ses messages et ses appels. De toute façon, il devait probablement être déchargé, cela faisait une semaine qu'il n'y avait pas touché. Il le brancha tout de même avant d'aller mettre son t-shirt dans le panier de la salle de bain.


Il s'assit ensuite sur sa chaise de bureau et sortit ses cours de français, il devait réviser, le bac français et sciences approchant à grand pas. Il ne devait pas oublier les priorités à cause de cette foutue histoire. Pendant une heure il plancha, mais bon, c'était comme de faire un saut en parachute et de prendre un coup de téléphone professionnel. Impossible de se concentrer.


Il referma enfin son classeur, glissant les feuilles volantes à l'intérieur de celui-ci. Il débrancha son téléphone, sortit une clé et se dirigea vers la pièce de sa mère, il s'y enferma et s'assit à même le sol, fixant les œuvres de " Asia Gianni ". Il tourna son téléphone entre ses doigts d'un air absent, se demandant ce qu'il devait faire. Est-ce qu'il devait tout arrêter ? Maintenant qu'il savait qui étaient les bourreaux, peut-être qu'ils allaient le laisser tranquille ? Dans ce cas, devait-il oublier cette histoire de chantage et passer à autre chose ? Ou devait-il se venger jusqu'au dernier ? Il ne savait plus rien.


Il soupira et se décida à rallumer son téléphone de ses mains devenues moites par le stresse de ce qu'il pourrait y trouver. A peine eut-il tapé son code que son téléphone se mit à vibrer en continue entre ses doigts, signalant une tonne de notifications. Il commença par ouvrir les messages de son père, il voulait y aller en douceur. Il zappa vite, c'était des vieux messages qui lui demandaient de répondre sur son téléphone avant qu'il ne comprenne que son fils répondrait seulement sur le fixe. Puis ceux inquiets de Sélim, qui paniquait légèrement et qui le menaçait de se ramener s'il ne répondait pas, avant qu'il ne l'insulte en lui reprochant le fait que ce soit son père qu'il l'ait prévenu pour son refus de venir chez lui. Isaia décida de lui répondre que tout allait bien et qu'il ne devait pas s'inquiéter. Il eut également quelques messages de Mattéo qui demandaient de ses nouvelles, ainsi qu'Adriano qui lui demandait pourquoi il n'avait toujours pas envoyé de message à Jenny.


" Gianni ? Est-ce que ça va ? Tu ne réponds plus à mes appels, c'est bizarre. Rappelles moi dès que tu vois ce message. Ça serait cool de se voir avant la reprise des cours ;) "


Ce message venait d'Ilyes. Isaia le supprima en sentant sa colère resurgir d'un coup, par la même occasion, il effaça également son numéro. Il ne voulait plus rien à faire avec lui. Ce n'était qu'un menteur psychopathe.

Il appuya ensuite sur le numéro inconnu.


" Salut, c'est Claire. Mattéo vient de m'apprendre pour ce que t'avait fait Ethan, c'est vraiment un gros con ! Si je peux t'aider, n'hésites pas. "


Claire ? Ce message datait de dimanche. Il fronça les sourcils en le relisant. Pourquoi Mattéo lui avait raconté ? C'était encore ce délire ? Il décida de ne pas lui répondre, comme s'il avait besoin d'elle.


" Salut mec, Ilyes fait une soirée chez lui samedi, et tu dois venir, si tu vois ce que je veux dire. "


C'était Simon. Alors c'est tout, maintenant ils ne se cachaient plus derrière le téléphone du bourreau pour lui envoyer des messages ?

Isaia serra les dents, il s'était trompé. Ils ne le laisseraient pas tranquille. Maintenant qu'Isaia savait quelques noms des bourreaux, ils allaient prendre un malin plaisir à le provoquer. Le pire, c'est que ça allait être chez Ilyes... Il ne voulait plus le voir, avait décidé de l'éviter et ne plus le regarder, et voilà qu'ils foutaient tout en l'air. Il allait devoir se rendre chez son ex coup de cœur, le mec pour qui il a craqué et qui s'est bien foutu de lui.

Un sentiment de tristesse s'empara de lui, il venait de s'imaginer aller chez lui, mais si Ilyes avait été innocent, il était certain que dans ce cas, ils se seraient amusés à se taquiner mutuellement, et Isaia aurait été content d'entrer dans sa maison, dans son monde, là où il vivait, mangeait, dormait, pensait. Il en aurait sûrement profité pour lui demander de sortir avec, qui sait... Mais maintenant, tout ça s'écroulait. Jamais plus il ne pourrait espérer une telle chose, et il sentit son cœur se serrer.

Bordel, il aurait tellement aimé être avec Ilyes ! Il se sentait tellement bien avec lui, même quand il le taquinait, le faisait rougir ou l'embêtait. C'était injuste. Mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui, il avait été trop con pour s'enticher d'un potentiel connard.

Il se croyait presque dans une mauvaise fiction, où il serait le protagoniste à qui on fait vivre des péripéties toutes pires les unes que les autres et à qui on retirait par sadisme le futur amour.


Mais c'était la vraie vie, et tout ce qui lui arrivait était réel, à son plus grand damne.


Il appuya sur répondre et envoya un simple " Enculé ". Il s'en foutait maintenant, il ne ferait plus attention à ses mots, ni à ses gestes ni à quoique ce soit d'autre.


C'est en sortant de la pièce qu'il eut une idée, qu'il trouvait fantasque aux premiers abords, mais finalement, il se laissa séduire par celle-ci. Après tout, il devait récupérer ses photos coûte que coûte. Et pour ça, il lui fallait des alliés, car Isaia venait de comprendre une chose : qu'il ne pouvait y arriver seul contre tous, dans ce cas, il se créera un groupe lui aussi.

Maintenant la question qui se posait, était qui mettre dans celui-ci ? Ces personnes devaient être digne de confiance et devaient avoir toutes un rôle précis. Le problème, était qu'il ne connaissait que Mattéo. Il avait déjà parlé à d'autres personnes, mais il les connaissait à peine, et il ne voulait pas prendre le risque de leur faire confiance pour qu'ensuite, ils lui mettent à l'envers. Il n'avait d'ailleurs même pas confiance à 100% à Mattéo. C'était bien beau de mettre en oeuvre des plans, mais il fallait savoir les exécuter !


Il fouilla un instant son téléphone, et se rappela du message de Claire. S'il se souvenait bien, la jeune femme avait dévoré du regard Sélim, et apparemment elle avait été de nombreuses fois à des soirées où se trouvait toute la brochette de cons, c'est-à-dire Ethan, Isaac, Simon, Ilyes, Nasrin, Fabien, Matthieu et bien d'autres encore. Elle devait sûrement savoir des choses et elle lui avait proposé son aide. Pourquoi ne pas l'intégrer à son nouveau groupe ? Il pourrait la persuader avec l'aide de Sélim. Il envoya donc un message à son cousin :


" Au fait, tu pourrais venir aujourd'hui...? "


Auquel son cousin lui répond qu'il allait prendre le train le plus tôt. Sélim devait probablement avoir cours, mais tant pis, s'il voulait bouger les choses, c'était maintenant avant qu"il ne change d'avis et qu'il continue à se morfondre seul dans son coin en tremblant dès qu'il voyait un de ses bourreaux.



Bon alors, impossible de corriger, mon pc bug trop -_-

Sinon, la suite est déjà écrite, parce qu'en fait, à la base, ce chapitre devait faire 5100 mots à près ( oui j'ai écrit, écrit, et encore écrit sans me rendre compte que ça faisait beaucoup ahah ) du coup je l'ai coupé en deux pour en faire deux chapitres. Voili voilou !

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