Chapitre XXVII.


Isaia savait très bien que cela s'annonçait mal, lui qui tenait mal l'alcool, qu'on lui demande de goûter plusieurs vins allaient le mettre dans un état pitoyable. Et si jamais ils finissaient tout les deux bourrés, dieu seul sait ce qu'il pourrait se passer...

Le châtain resta cependant méfiant, est-ce que son père savait qu'ils étaient dans sa cave, prêt à boire son vin? Ça, il en était moins sûr. Et puis Isaia savait très bien que certains crus valaient une somme astronomique.

Sur la table, se trouvaient deux coupes spécifique au vin, comme les dégustations que l'on pouvait voir dans les reportages, remarqua le photographe.

- Tu t'y connais en vin ?
- Absolument pas, lança franchement le châtain.
- Vraiment ? S'étonna le ténébreux.

Il savait très bien à quoi Ilyes pensait : son père était riche, donc automatiquement Isaia devait connaître toutes les choses les plus luxueuses et vivre sur l'or. Mais il se trompait sur toute la ligne. Les parents d'Isaia lui ont donné une bonne éducation, celle de travailler dure pour y arriver, et non pas obtenir en claquant des doigts.

- Je ne vis pas comme tout ces bourges, tu sais. C'est sûr que l'argent n'est pas un problème pour moi, mais je n'en abuse pas.

Ilyes haussa les sourcils, surprit par cette découverte, puis son visage s'illumina tout à coup, comme si il était content d'entendre ça.

- Tant mieux, dit-il en lui tendant une coupe.

Isaia la saisit, et observa Ilyes porter la sienne à ses lèvres, et n'en boire qu'une petite gorgée, ce dont Isaia imita.

- Il est doux celui-là, c'est un de mes préférés, finit-il par dire, fermant les yeux pour savourer le goût.

Le châtain eut envie de rire, la scène était comique. Deux jeunes lycéens qui faisaient comme dans les dégustations de vins pour riches.

Il trouvait le goût étrange, ni bon ni mauvais. L'alcool n'était pas son truc, même si depuis un mois il en avait souvent bu.

- Waouh Isaia Gianni qui sourit, j'en suis honoré ! S'exclama Ilyes, lui-même un sourire amusé aux lèvres.

Isaia se sentit rougir bêtement. Lorsqu'il fixait la bouche du brun, tout les souvenirs lui revenaient inlassablement en tête, comme si il faisait constamment du Replay sur une vidéo. Et quand il y pensait, il sentait toujours des fourmillements incontrôlables dans son ventre.

- C'est trop drôle, quand tu rougis, on dirait que je t'intimide, rit légèrement Ilyes.
- Prends pas ton rêve pour la réalité c'est juste que... voilà quoi, répondit-il en haussant les épaules, ne trouvant pas d'arguments assez convaincants.

Ilyes se remit à rire puis il se resservit un verre, toujours de la même bouteille. Isaia ne s'était même pas rendu compte qu'il avait déjà finit de boire son premier verre. À ce rythme là, Ilyes allait finir saoule dans la cave de son père. Et si les employés le découvraient, ou pire, si son père le savait, pas sûr qu'Ilyes s'en sorte indemne.

Isaia se força à tout boire et reposa son verre. Mais à peine eut-il touché la petite table qu'Ilyes lui versa un second verre.

- Bon je suppose que c'est inutile de te dire les noms des vins, parce que à part faire bobo, ça ne va pas te servir.

Le châtain hocha la tête et entama sa coupe, cette fois-ci d'un autre vin et il fut surprit de la douce odeur que celui-ci portait, c'était fin et délicat, une agréable sensation en bouche.

Pendant près d'une heure, ils restèrent face à face, discutant de tout et de rien entre deux verres de vin. L'idée d'Isaia se confirma : il appréciait réellement Ilyes. Non seulement il était gentil, ouvert d'esprit et intelligent, mais ils avaient également le même humour, et ils regardaient les mêmes films, émissions ou séries. Ils étaient comme en parfaite symbiose, se comprenant avec un mot, parfois.

Au bout de cette heure, Ilyes lui proposa de s'asseoir à même le sol, car d'après lui c'était plus cool.

Étrangement, Isaia ne sentait aucun effet de l'alcool, il était encore en parfaite conscience de lui-même, ce qui le rassura grandement. Cependant, il savait que si le brun s'entêtait à toujours lui resservir un verre quand il venait juste de finir, ça allait empirer. Et il avait trop peur de ce qu'il pourrait se passer si ils étaient tout les deux stones.

Ils s'assirent finalement sur le carrelage froid de la cave, côte à côte, s'appuyant le dos contre les tonneaux. Ilyes avait embarqué plusieurs bouteilles pour les installer à ses côtés.

- T'as une bonne situation, lança Isaia.
- Comment ça ? Demanda Ilyes, se retournant vers le châtain et fronçant les sourcils.
- Je veux dire, ton père est directeur, il doit bien gagner non ?

Ilyes rit faiblement, avant de boire une gorgée.

- C'est là qu'on se rejoint, Gianni, mon père est comme le tien, enfin non, mon père est surtout très radin. Il refuse catégoriquement que nous dépensons son précieux argent. Tu crois que j'ai eu mon permis comment ? Jamais il ne m'aurait donné autant d'argent, déjà que pour un macdo il tire la tronche, alors je te laisse imaginer le reste.

Isaia écarquilla les yeux, il n'aurait jamais cru son père comme ça. En fait, il ne comprenait absolument pas les gens qui gardaient leur argent précieusement dans une banque sans les dépenser, il concevait que l'on puisse les garder pour une retraite correcte, mais de là à en priver ses enfants alors qu'il y aurait assez d'argent pour contenter tout le monde, c'était tellement absurde.

- Tu travailles alors ? Demanda Isaia, curieux.
- Pendant les vacances ouai, je fais des petits trucs d'étudiant par ci par là.

Le châtain hocha la tête pour acquiescer. Il trouvait Ilyes assez courageux et déterminé.

Ce qui faisait peur à Isaia, était le fait qu'il n'arrivait pas à lui trouver de défauts. Est-ce qu'Ilyes en avait ? Ou les cachaient-ils tellement bien qu'aucun ne ressortait ? Ou alors Isaia l'appréciait tant qu'il ne les percevait même pas ?

D'ailleurs, ce n'était pas un peu étrange d'apprécier un garçon qui vous a déjà embrassé ? Et que vous avez, par dessous tout, aimé ?

Isaia frissonna à cette pensée.

- Et ta mère, elle fait quoi? Continua Isaia, avare d'informations.
- Elle est mère au foyer, elle s'occupe de Mélina, ma petite sœur.
- Elle a quel âge ?
- Six ans, et Calvin, mon grand frère, a vingt-deux ans.
- Tu t'entends bien avec eux?
- Ouai, on est super proches, même si Calvin est plus à la maison. Mais, ma vie t'intéresse tant Gianni ? Termina Ilyes, en lui faisait un clin d'œil.

Isaia se retourna immédiatement, prit sur le fait, et s'est gêné qu'il bue son verre d'une traite.

- Je demandais comme ça, dit-il tout bas, l'air boudant.

Il ne savait plus vraiment à combien de verres il en était, mais il commençait à se sentir bien, un peu plus léger que d'habitude.

La discussion reprit, et pour une fois, il n'y avait aucun silence entre eux, tout les deux participaient activement à la conversation. Puis ils parlèrent du week-end dernier, chez Théo, et Isaia se sentit défaillir, attendant inéluctablement le moment où Ilyes allait ressasser la scène du fameux baiser. Le châtain tenta plusieurs fois de changer de sujet, mais le brun revenait toujours sur la soirée.

- Comment on s'est fait baiser, éclata de rire Ilyes, se remémorant un jeu qu'ils avaient perdu lui et Isaia lors de ce week-end, un soir.

Isaia ne pût se retenir de rire à son tour.

- Non, toi seulement, répondit-il taquin.

Et c'est seulement lorsqu'il prononça cette phrase, qu'il comprit que son organisme commençait à répondre au liquide alcoolisé. Un petit merde retentit dans sa tête.

Alors qu'il se perdit dans une grande réflexion, il sentit deux mains enserrer sa taille et le tirer fermement afin qu'il se retrouve allongé sur le dos, faisant renverser son verre sous l'action. Il ne comprit pas de suite ce qu'il se passait, avant d'apercevoir Ilyes s'immiscer entre ses jambes, les écartant pour mieux se placer, un sourire prédateur aux lèvres et des yeux sournois. Il glissa ses mains sous ses cuisses et releva ses genoux, avant de s'étendre sur Isaia, qui le regardait incrédule.

- T'en es sûr ? Lui demanda-t-il, provoquant.

Isaia se sentit immédiatement réagir, son ventre se contractant et la chair de poule apparaître sur sa peau, ainsi que la chaleur lui monter sur le visage et descendre sur son bas ventre. Il n'osait se l'avouer, mais il mourrait d'envie qu'Ilyes se colle d'autant plus à lui, ou encore qu'il joue de sa bouche et sa langue sur son corps.

Ilyes rapprocha doucement son visage de celui d'Isaia, d'une lenteur telle que les sensations du châtain ont eu largement le temps de se décupler, et son imagination d'anticiper la suite. Il n'arrivait à décrocher son regard des lèvres entrouvertes d'Ilyes, si tentatrices...

Puis contre toutes attentes, et terriblement frustrant, le sosie de Johnny Depp dévia la trajectoire de sa bouche pour la poser sur sa joue et d'imprimer un léger baiser, pour enfin murmurer sensuellement.

- Est-ce que tu sais que tout peut déparer, Isaia ? D'une façon si vite, que tu ne te rendras même pas compte de comment cela à commencer.

Il accompagna le geste à la parole, passant une main sur le pull d'Isaia, venant caresser tendrement son ventre contracté. Isaia avala de travers sa salive.

- Comme à la soirée ? Répliqua Isaia, plus vraiment maître de lui-même.

Ilyes rit à cette question, amusé.

- Tout à fait, répondit-il avec un clin d'œil.

Isaia ouvrit grand les yeux, alors comme ça il se rappelait ? Ce fourbe, il avait fait comme si rien ne s'était passé ! Il eut vraiment envie de le frapper, car il se sentait coupable et pervers d'avoir profité de lui, mais le désir qu'il éprouvait en ce moment même l'en empêchait tout bonnement.

Pour rien au monde il n'aurait repoussé Ilyes. Il avait envie de plus. Il voulait que le brun continue, et fasse ce dont il voulait, enfin, dans ce qui rentrait dans le raisonnable.

Mais c'était ça le problème, rien n'était raisonnable, rien que le fait de se retrouver dans cette position, devrait le faire tiquer. Alors qu'absolument pas.

Non, à la place il replia et écarta encore plus ses jambes. Où était donc passé le Isaia timide et coincé ? Est-ce qu'il était plus imbibé d'alcool qu'il ne le pensait ?

Ilyes remonta son visage et le replaça en face de celui de son vis-à-vis, toujours le sourire aux lèvres.

- Dis moi Isaia, de quoi as-tu envie ?

Automatiquement, les pensées envahissantes du châtain lui crièrent " Embrasse-moi ! Embrasses moi ! " et bien d'autres choses tout autant gênantes mais il chassa rapidement ces pensées pour se reprendre.

- Je... J'en sais rien, bégaya-t-il.

Ilyes sourit, mais cette fois tendrement, comme si il était face à un enfant, et Isaia sentit ses joues et son ventre s'enflammer rien qu'en le regardant.

Le brun finit par soupirer, et perdre son sourire.

- Ça m'énerve, balança-t-il de façon lasse.

Isaia n'eut le temps de réfléchir plus amplement à cette phrase, qu'une bouche vient s'abattre sur la sienne, très rapidement, en une fraction de seconde. Le châtain poussa un gémissement de surprise et tout son corps se raidit, avant qu'il ne se détende sous les lèvres qu'ils désiraient se mouver contre les siennes.

Contrairement à la première fois, Isaia fut plus vite réceptif et se laissa aller, oubliant ses questionnements, ses craintes et ses non-dits, plongeant instinctivement les mains dans ses cheveux bruns, les appréciant énormément. Il bougeait même ses lèvres en parfaite synchronisation avec celles d'Ilyes. Son cœur s'emballat à une vitesse folle.

En revanche, si l'excitation commençait à monter, et qu'une langue commençait à s'immiscer dans l'autre bouche, Isaia repoussa brutalement le brun quand celui-ci descendit une main vers son entre-jambes, caressant sensuellement sa partie intime au dessus de son jean.

Ilyes tomba sur le côté, ses yeux noirs grand ouverts, perdus.

- Je... Tenta Isaia.

Mais sa voix mourut à peine avait-il commencé. Il se releva et passa ses deux mains sur son visage, trop honteux de ce qu'il venait de se passer. Autant l'embrasser le mettait dans un état de gêne extrême, mais toucher ce genre d'endroit... Ça, c'était clairement inconcevable. Ça l'effrayait. Il ne voulait pas qu'ils aillent jusque là. Jamais.

- Je suis désolé Isaia, je voulais pas... Te faire peur, pardon, je sais pas ce qu'il m'a prit, prononça Ilyes tout bas, dont la voix semblait remplie de regret.

Isaia ne répondit pas, il sentait son coeur battre toujours aussi fort, et se rendit compte, en ce concentrant sur son corps, avec horreur qu'il avait un début d'érection.

Impossible ! Se dit-il.

Il était improbable pour lui d'être excité à ce point. Pas avec juste un début de baiser. Pas avec un homme. Pas avec Ilyes. Pas maintenant.

Il appréciait seulement Ilyes comme ami, rien de plus. Et il doutait fort qu'on puisse bander pour un simple copain ou copine.

Il sentit une main se poser dans son dos, puis effectuer une caresse douce et lente, comme si elle avait pour but de rassurer, de réconforter.

- Isaia ? Demanda craintivement Ilyes.

Ledit Isaia releva lentement son visage, et tomba nez à nez avec le brun.

- Je devrai repartir chez moi, annonça Isaia, qui n'arrivait à affronter le regard désolé et triste du brun.

Ilyes mit quelques minutes à répondre, semblant réfléchir.

- Comme tu voudras, je te raccompagne.

Les deux jeunes lycéens se levèrent, Ilyes remit les verres sur la table ainsi que les bouteilles, puis ils quittèrent la boutique sans un mot.

Toujours silencieux, ils entrèrent dans la voiture.

- T'es sûr que tu peux conduire ? Je veux dire... T'as bu, fit remarquer Isaia.
- T'en fais pas, le vin me fait pratiquement rien et je tiens bien l'alcool.

Le châtain décida de lui faire confiance, même si il savait qu'il ne devrait pas. Si il n'avait pas eu autant envie de repartir chez lui, il aurait sans nul doute demandé d'attendre, afin que l'alcool disparaisse de son organisme, mais il se sentait trop vide pour ça.

Anormalement, son cerveau s'était mit en pause. Alors que d'habitude, il n'arrêtait pas de penser. Cette fois, il fixa juste le paysage défilé, comptant les arbres en essayant de les nommer par leurs types.

Après quelques minutes de route, Ilyes se gara devant la maison du châtain. Il faisait déjà noir dehors.

Alors qu'il s'apprêtait à sortir, son téléphone vibra, et trop curieux, Isaia ne put s'empêcher d'attendre d'être chez lui pour regarder son nouveau message.

Il resta pétrifié sur place en le lisant, une vague de joie et de peur se battant la place dans son esprit.

" Je ne te manque pas trop, Gianni ?" 18:30.

Il se retourna vers Ilyes, qui le regardait en haussant un sourcil, ne comprenant pas d'où venait ce sourire qu'affichait Isaia.

Puis sans savoir réellement ce qu'il faisait, le châtain s'approcha du brun et posa délicatement ses lèvres sur celles d'Ilyes, seulement quelques secondes, avant de le remercier et de quitter la voiture, ne souhaitant pas voir la réaction de son ami.

Il avait été joyeux, ce message prouvait qu'Ilyes n'était pas le bourreau, car ils étaient ensemble depuis quatorze heures de l'après-midi et pas une seule fois Ilyes n'avait dégainé son téléphone, mais également car quand il l'avait reçu, le brun était juste à ses côtés, il l'aurait vu si celui-ci avait envoyé un message.

Mais il avait aussi peur, car si ce n'était ni Isaac, ni Ilyes, alors qui se cachait derrière son bourreau ?

Lorsqu'il referma la porte de chez lui, il fixa un point imaginaire devant lui.

Mais qu'est-ce que je suis en train de faire ?

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