Chapitre XXV.


Isaia Gianni venait de croiser son regard.

*Point de vu d'Isaia*

Isaia le savait, il était observé. Peu importe où était son maître chanteur, celui-ci pouvait aisément le voir, à en croire son message.

Depuis que Simon était parti, il n'arrêtait pas de regarder dans tout les sens, offrant un spectacle plutôt étrange aux autres lycéens qui étaient encore là. Cependant, il ne trouvait personne, aucun des sept suspects, ni même des vingt d'ailleurs.

Il continua à tourner la sucette dans sa bouche, jouant de sa langue sur la boule. Il n'éprouvait plus de dégoût, étant donné que la salive intruse était maintenant partie. Il pensa d'ailleurs que cette sucette avait vraiment bon goût, offrant un parfum fort mais très sucrée. Isaia adorait les choses très sucrées. Mais il se ressaisit automatiquement, reprenant sur lui, il n'était pas là pour juger le goût d'un bonbon, mais pour trouver un connard, dont il était sûr que le sourire lui mangeait tout le visage. Et ça le mit encore plus en colère, de l'imaginer ainsi, se moquant de lui ouvertement.

- Pourriture, souffla-t-il.

Il commençait à sérieusement désespérer. Cela n'avait servit à rien, encore une tentative vouée à l'échec. À croire que le destin ait décidé qu'il devait encore souffrir.

Il soupira quand il entendit le moteur d'un bus, ce qui lui fit tourner la tête vers celui qui s'apprêtait à partir, mais il n'y fit pas vraiment attention, il laissa vagabonder son regard sur les élèves qui s'y trouvaient. Il repéra d'ailleurs un garçon qu'il connaissait, mais dont il avait du mal à se souvenir. C'était le cousin de Mattéo, celui-ci l'ayant déjà fait venir à une de leurs anciennes soirées. Il continua sa découverte, mais arrivé vers les dernières rangées, il sentit une main sur son épaule qui le fit sursauter.

Il se retourna et tomba sur un petit blond aux yeux marrons, tout ce qu'il y a de plus commun en soit, qui le regardait dans les yeux avec un petit sourire en coin.

- Hey mon p... Oh pardon, je me suis trompé de personne ! S'exclama finalement le petit blond en souriant aimablement, ne semblant absolument pas gêné par son erreur.

Isaia le scruta quelques secondes, avant d'enlever sa sucette de sa bouche et de répondre, l'air détaché :

- Pas grave.
- Tu es... Isaia, non ? Demanda-t-il d'une voix enjouée.

Isaia reporta sa sucette à ses lèvres, puis il prit délibérément du temps à l'observer. Il avait des cheveux blonds clairs ainsi que des sourcils épais de la même couleur, ce qui indiquait qu'il était blond de naissance. Ses yeux étaient simples, marrons. Il portait un bomber noir et en dessous un t-shirt blanc avec inscrit une marque dessus, que le châtain ne connaissait pas, accompagné d'un jean noir craqué au niveau des genoux et des baskets à la mode, que tout le monde arborait.

Un type banale, en autre. C'était pas le genre de garçon sur qui les filles pourraient se retourner, il semblait ne dégager rien de particulier, ou peut-être se retournaient-elles sur sa façon de s'habiller ? C'était sûrement la seule chose attrayante sur lui.

Il remonta ses yeux vers ce petit blond.

- C'est ça, on se connait ? Questionna le châtain, distant.

Celui-ci lui sourit de toutes ses dents avant de répondre, toujours sur le même ton :

- Je m'appelle Ali, je suis dans la classe de ton meilleur ami.

Ledit Ali lui tendit la main en guide de bonjour, mais Isaia le regarda en fronçant les sourcils. Quel meilleur ami ?

- Mon meilleur ami ?
- Mattéo Berrada.

Oh, Mattéo. Après tout, qui d'autre ? Il traînait toujours avec lui, mais c'était bien la première fois qu'on le qualifiait de " meilleur ami ". Il lui rendit sa poignet de main et de l'autre garda précieusement son téléphone entre les doigts. Ce qui le surprit, c'était que celui-ci ne vibra pas, il n'annonçait donc aucun message. Est-ce que cela voulait dire que son bourreau ne l'observait plus ? Ou bien que ce garçon était un autre pion de celui-ci ?

Il ne savait pas pourquoi, mais ce garçon ne lui inspirait rien de bon. De plus, il le soupçonnait d'avoir simulé une tromperie pour venir l'accoster. Et il n'aimait vraiment pas ça. Que lui voulait-il ?

- T'es en ES c'est ça ? Continua l'inconnu.
- Euh ouai, mais comment tu sais ça ? Demanda Isaia, intrigué par les informations que détenaient Ali.

Ali rit doucement, pencha la tête légèrement vers un côté, continuant à fixer Isaia dans les yeux.

- Tu sais, t'es connu dans le lycée, qui ne connaît pas le fils de Leo Gianni ?

Isaia fit la grimace. Ali avait dit " tout le monde " mais le châtain savait que seule une partie infime était au courant. Son père n'était pas non plus Beyoncé.

- Bon je t'avoue aussi que j'ai déjà parlé de toi avec Mattéo, sourit-il.
- Ah bon ?
- Ouaip.

Isaia comprit par cette réponse, qu'il n'en dira pas plus sur leurs conversations à propos du châtain, et il se voyait mal insister, ils ne se connaissaient pas après tout.

- J'y pense, toi aussi t'as monsieur Canivet en math ?

Il rêvait ou ce garçon tentait de lui faire la conversation ?

- Ouai, répondit simplement Isaia.
- Pouah ! T'as vu comment il fait ses cours ? C'est horrible, puis en plus il a aucune autorité ce prof, rit Ali.

Isaia resta planté devant lui, le regardant de façon neutre, ne prenant pas part à la rigolade et Ali s'en rendit vite compte car il se stoppa de rire aussitôt, mais continua tout de même à sourire.

- Bon, je vais te laisser, mon bus est là, dit-il avec un peu moins d'assurance.

Isaia hocha juste la tête en signe de compréhension.

- Mh, à plus alors, finit-il par le saluer.

Ali lui sourit une dernière fois et partit vers son bus. Isaia l'observa partir, d'ailleurs il trouvait amusante la façon dont il marchait, mais il n'arrivait pas s'enlever de la tête qu'il était suspect.

Peut-être qu'il voulait juste lui parler sans arrière pensée, mais avec l'histoire de son harcèlement, il se méfiait de tout le monde, encore plus que d'habitude.

Il reporta son attention sur son smartphone, mais il n'avait toujours aucun message, mis à part un de Sélim lui demandant de ses nouvelles. Il lui répondit rapidement avant de le verrouiller et de le mettre dans la poche avant de son sac de cours. Puis il se mit en route pour aller chez lui, il avait décidé de marcher aujourd'hui, pas l'envie de rentrer en bus et d'entendre tout ses petits lycéens crier et parler à outrance dans l'autocar, lui refilant des maux de crâne atroces.

Il arriva chez lui à dix-huit heures et lorsqu'il passa le pas de sa maison, il reçut un message de Mattéo lui informant qu'il viendrait le chercher dans une heure pour se rendre devant chez Ethan.

Il prit le temps de monter dans sa chambre et de faire ses devoirs, il ne devait plus être autant laxiste sur ses études. D'abord les études, et tout le reste venait se placer en second. Enfin, c'est ce qu'il aurait voulu, mais décidément, il était obligé de consacrer une grosse part à son bourreau. À cette pensée, il vérifia encore son téléphone, mais celui n'affichait toujours rien.

Il était encore en train de plancher lorsque l'interphone de sa maison retentit. Il rangea ses affaires et enfila un sweat shirt simple et son manteau, avant de prévenir son père de sa sortie.

Les deux jeunes hommes se mirent en route lorsqu'Isaia vint rompre le silence.

- Ton pote est venu me parler.
- Lequel ? Demanda Mattéo, en marche vers la maison d'Ethan.
- Ali, un mec de ta classe.
- Il t'a dit quoi ?
- Trop rien, juste qu'il était dans ta classe et il m'a parlé de Canivet, c'est tout.

Mattéo sembla réfléchir, sûrement se demandait-t-il pourquoi Ali était venu parler à Isaia. Il n'avait aucune raison apparente de le faire.

- Il est genre venu te voir comme ça ?
- Non, il m'a prit pour un de ses amis, j'étais de dos à lui, puis ensuite il s'est présenté, répondit Isaia en haussant les épaules.
- Bah, il a sûrement voulu voir qui était mon pote, conclut Mattéo.
- Il a aussi dit que vous avez parlé de moi, tenta le châtain.

Mattéo se retourna vers Isaia, se stoppant net et le fixant, les sourcils froncés.

- Je me trompe ou tu le suspectes ?

Isaia détourna le visage et continua à marcher, pressant le pas.

- Mattéo, tout ce que je sais, c'est que j'ai un maître chanteur, qui me voit chaque jour, qui semble tout savoir de moi et dont je n'ai toujours aucunes informations sur lui, après un mois de chantage. Alors tu comprendras ma méfiance en tout ceux qui viennent me parler de façon anormal.

Mattéo soupira et le suivit. Il pensa qu'Isaia n'avait pas tord.

- Ali est le dernier que je soupçonnerai, il est super comme mec, et il est au courant juste car lui aussi a vu les affiches sur le tableau, c'est tout, termina Mattéo.

Isaia haussa les épaules, pas très convaincu. Temps qu'il n'aura pas trouvé son maître chanteur, il suspectera tout le monde.

Il était déjà de nature à ne donner que très rarement sa confiance aux gens, mais là c'était encore pire, même son propre ami, Mattéo, il s'en méfiait. C'était pour dire.

Mais en même temps, on pouvait le comprendre, même sans donner sa confiance, tout ceux qu'il avait cru sincère se sont révélés dans le secret du bourreau. Comment les croire suite à ça ?

Ils marchèrent pendant vingt minutes dans le silence, Isaia n'arrivait pas à oublier ce que lui avait fait Mattéo. Et le brun n'osait pas parler, constatant la froideur évidente de son ami.

- C'est là, annonça Mattéo.

Ils s'arrêtèrent derrière quelques voitures, à l'abri des regards, à quelques mètres de la maison d'Ethan.

- T'es sûr que c'est à dix-neuf heures trente qu'ils devaient se retrouver ? Demanda Isaia, plus très sûr de vouloir espionner des gens.
- Sûr et certain, répondit assurément Mattéo.

Les deux garçons s'accroupirent légèrement, afin que leur tête soit cachée par les voitures et observèrent l'entrée de la maison, qui semblait pour l'instant très calme.

Après un quart d'heure à attendre, le châtain s'impatienta, il voulait rentrer chez lui pour dormir, même si il allait être que vingt heure. Plus les minutes passaient, et plus ça agaçait Isaia, qui se demandait pourquoi il avait accepté de faire une chose aussi absurde. Comme si ils allaient découvrir des choses extraordinaires.

Isaia se passa une main sur le visage, désespéré et se sentant idiot.

- On devrait repartir, ça sert clairement à rien, annonça-t-il en s'asseyant à terre, derrière une vieille Twingo.

Mattéo se passa les mains dans les cheveux, fixant la maison d'Ethan. Puis il contourna la voiture et s'approcha de celle-ci.

- Hé mais qu'est-ce que tu fais ? S'exclama Isaia en se relevant très vite.
- Je vais rentrer, je vais faire genre je devais lui dire un truc important, mais je suis sûr qu'il y a Isaac, je te mens pas Isaia !

Isaia voulue le retenir mais son ami avait déjà beaucoup avancé, il le regarda donc s'approcher à grand pas, puis sonner à la porte. Il se remit derrière la voiture et fit dépasser sa tête de quelques millimètres du toit afin de voir Mattéo et éventuellement Isaac et Ethan.

Il vit la porte s'ouvrir au bout de la deuxième sonnerie, et Mattéo rentrer.

Isaia laissa une injure, il allait se retrouver à poireauter comme un con dans une rue gelée de l'hiver.

Il décida alors de se distraire, et il avait déjà idée sur la personne qui le sortirait de son ennui.

" Je te vois. " 19:48.

Il avait envie de le narguer un peu, ce soir. Mais si il savait pertinemment qu'il allait regretter bien vite.

" Est-ce que ça te plaît ?" 19:50.

Instantanément, les joues d'Isaia devinrent cramoisies. Il s'imagina toutes sortes de scène les plus gênantes les unes que les autres. Il s'insulta mentalement avant de répondre.

" Non. Jamais. " 19:51.
" Je suis sûr que si tu étais avec moi, tu ne dirais pas la même chose, Gianni. " 19:52.

Quel vantard, ce garçon avait un égo surdimensionné. Isaia soupira, ne sachant quoi répondre à ça, c'était clairement de la provocation. Le châtain était sûr que son maître chanteur ne s'intéressait absolument pas à lui, il le taquinait simplement, il était même fort probable que celui-ci était hétéro voire carrément homophobe.

" Si j'étais avec toi, tu serais en train de me supplier d'arrêter de te frapper. " 19:54.
" Si tu étais avec moi, tu me demanderai d'aller plus vite. " 19:55.

Isaia porta sa main à sa bouche en signe de surprise, mais aussi de gêne. Il sentit une chose se loger dans son ventre, et c'était très étrange. Il ne savait quoi en penser. Enfin, ce n'est pas comme si il méditait sur le sujet, il était trop prit dans les images qui défilées dans sa tête, mais cette fois, il s'imaginait lui avec cet inconnu.

Il poussa un gémissement avant de se forcer à stopper son imagination. Il repensa à ce qu'il avait demandé à son père.

Pourquoi aucunes filles ne lui avaient fait ce genre d'effet ? Pourquoi est-ce que c'était des hommes qui le faisaient se sentir bizarre ? C'était pas normal.

Il y a encore quelques semaines, il ne ressentait même pas le besoin d'être en couple et ne comprenait même pas quelle utilité cela pouvait avoir, ni même le fait d'être excité par l'une d'elle. Et voilà qu'aujourd'hui, il ne faisait qu'y penser, enfin, sur des hommes.

Il avait terriblement envie de se gifler, peut-être que cela pourrait l'aider à remettre ses idées en place.

Il se prit la tête dans les deux mains, lorsque son téléphone vibra de nouveau, annonçant un message.

" Tu crierai mon prénom et ta voix résonnerait dans toute ma chambre, comme un écho. Et moi, tu sais ce que je ferais Gianni ? " 20:00.

Non, non il ne voulait pas savoir, il ne voulait plus imaginer. Il voulait éteindre son téléphone, mais la curiosité mêlée à un autre sentiment qu'il ne connaissait, l'empêchait de le faire. Et lorsque son téléphone émit de légères secousses dans sa main, un tremblement lui prit le corps entier.

" Moi je prendrai mon pied à te faire hurler et à en redemander. " 20:01.

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