Chapitre XLIV.
- Isaia, quand tu sauras la vérité, sache que je ne regrette rien.
Voilà la phrase qu'il se répétait mentalement en boucle. Il n'avait même pas eu le courage de lui demander de quoi il parlait, il s'était juste enfui, rejoignant la professeure. Dans le bus, il s'était presque jeté sur une fille seule dès les premiers sièges du bus, ceux près du conducteur, juste derrière les professeurs. Quand Ilyes était monté à son tour, il avait soupiré en découvrant la jeune fille aux côtés du blond foncé, blasé.
Maintenant qu'il se retrouvait seul chez lui, il se rendit compte que Sélim lui manquait. Puis il n'avait pas réellement envie de rester seul, car une fois avec sa conscience pour unique, on réfléchissait beaucoup trop, ce qui lui fit penser à cette phrase qu'il essaya d'interpréter au mieux. Mais là encore, son côté naïf lui intimait que si Ilyes ne regrettait rien de ce qu'il avait pu faire, cela voulait peut-être signifier qu'il était innocent ? Après tout, il avait embrassé Isaia, lui réclamait toujours des baisers et disait avoir aimé chacun d'entre eux. Quand on veut encore embrasser une personne, on fait tout pour lui donner envie à nouveau.
Cependant, la question de savoir comment Isaac pouvait bien être au courant des baisers était toujours d'actualité et aucune réponse n'avait été apportée.
Le temps que cette question ne soit résolue, il ne pouvait cesser de ressentir ce sentiment de haine qu'avait provoqué Ilyes mais, paradoxalement, il éprouvait toujours cette attirance inexplicable, même s'il tentait en vain de la refouler. Ses lèvres étaient des amantes aux siennes, tout en sachant qu'il était impliqué, il ne pouvait résister. Et c'était horrible. Il ne devrait le haïr que pour l'avoir trompé, pour s'être joué de lui. Et son corps, ses yeux ! Il les aimait tellement. Au final, il estimait que son regard sombre représentait bien ce dont il était capable et son sourire malicieux reflétait son côté hypocrite et manipulateur.
Son physique était le reflet de ses capacités et de son comportement, alors comment Isaia avait-il pu autant se laisser berner ? Comment Ilyes s'y était-il pris pour l'attirer dans sa toile et en faire une proie fragile et facile? Isaia n'avait rien vu venir. Il s'était laissé emporter par ses belles paroles et son physique très, très avantageux.
Le lendemain arriva difficilement, il n'arrêtait pas de penser à l'histoire d'Ilyes et du bourreau. Sur le trajet dans le bus, il fit défiler les messages qu'il avait échangés avec son bourreau et imagina bien Ilyes derrière. Lorsqu'il arriva au fameux " je te prendrai " il ne put empêcher son ventre d'avoir de drôles de sensations. Il lâcha un " connard " discret, mais pas tant que ça à en voir la tête de son voisin de siège. Isaia avait envie de lui demander s'il avait un problème, mais il ne voulait pas d'embrouille dès le matin, il était de trop mauvais poil pour supporter une conversation.
En entrant au lycée, il reçut un message :
" À 10h on se voit derrière la cantine ? J'ai parlé avec Ilyes, j'ai des révélations à te faire. " 07:57.
C'était de Claire. Déjà ? Ça ne faisait que depuis quatre jours qu'ils avaient mis ce plan en place et elle avait déjà des infos ? Il secoua la tête, impossible. Elle devait avoir appris de petites choses qu'il savait déjà, rien de bien intéressant, ça il en était sûr. Il ne voulait pas sauter de joie pour être ensuite déçu. Non, il voulait se faire le moins de faux-espoirs possible. Il lui répondit d'un accord et rangea son téléphone. Il croisa seulement Ali dans les couloirs, qui lui fit un grand sourire, avant d'entrer dans sa salle de cours.
À dix heures, durant la pause, Mattéo l'attendait devant sa classe. Quelque chose avait changé chez lui, mais Isaia ne sut dire quoi exactement.
- Je dois aller voir Claire, elle a des infos, annonça Isaia d'un ton las.
- Ok je viens, s'incrusta Mattéo sans même demander.
Le châtain réfléchit une seconde, après tout, son ami n'était pas au courant du plan Claire. Au final, il accepta, pensant que Mattéo ne se douterait de rien et, de toute façon, il était de leur côté, pas de quoi s'alarmer.
Ils vérifièrent qu'il n'y avait personne avant d'aller la rejoindre. La jeune fille fronça les sourcils en voyant le brun aux côtés du photographe, mais se tut.
- Tu devais me dire quoi? Demanda Isaia, légèrement impatient.
- J'ai parlé avec Ilyes hier soir et euh... bref, un autre jour et j'ai appris des choses. La première est qu'il t'aime bien, ça j'en suis presque persuadée, il n'aime pas quand on parle de toi, mais surtout quand on dit du mal de toi.
- Quoi? T'as dit du mal de moi? S'étonna le châtain.
- J'ai fait la fille un peu bête, je me suis moquée gentiment de toi et de ton air enfantin parfois, et il m'a direct stoppé. Il aurait très bien pu me laisser cracher du venin, mais il ne l'a pas fait.
Isaia ne savait quoi en penser. Était-il content qu'Ilyes puisse vraiment être attiré par lui? Ou cela le mettait dans une frustration pas possible de ne pas savoir si cela était vrai ou encore de la comédie ?
- Ensuite ?
- Ensuite, Andréa, tu sais celle châtain, yeux bleus, mignonne et qui rougit vite ? Elle a été lui parler en calquant ta façon d'être, mais... Il s'est juste foutu d'elle. En revanche, il me parle très bien, rigole beaucoup avec moi, mis à part quand tu es dans la conversation. Il n'aime pas Ethan, mais vraiment pas, j'ai essayé de l'approcher en lui racontant qu'Ethan me saoulait à me coller alors que je l'aimais pas, et il l'a enfoncé avec moi. D'ailleurs c'était drôle. Euh quoi d'autre déjà ? Ah oui, Simon n'est pas le petit toutou qu'on s'imagine, je pense qu'il a plus d'importance qu'il n'en a l'air, je pense ça car ce matin, mon bus est arrivé trente minutes en avance et ils étaient devant le lycée, alors j'en ai profité et dès qu'Ilyes parlait de choses bizarres ou allait trop loin, Simon le fusillait du regard et le reprenait à chaque fois, mais tu connais Ilyes, il répondait toujours avec son sourire mi-moqueur mi-provocateur. Franchement, je ne saurais dire qui a le pouvoir sur l'autre, c'est assez perturbant, mais t'inquiète je vais creuser le truc. Et demain on s'attaque à Isaac et Théo, termina-t-elle enfin sa longue tirade.
L'une des choses qui l'avait marqué était le fait qu'Ilyes rigolait et discutait facilement avec Claire, et vu comme celle-ci parlait de lui, Isaia avait peur qu'elle soit tombée sous son charme. Mais surtout qu'Ilyes la séduise... Il aurait aimé se dire que ce n'était que parce que Claire était devenu son " amie ", qu'il l'appréciait car elle était franche, naturelle et qu'elle l'aidait. Mais c'était simplement par jalousie, il ne supporterait pas de voir Ilyes en couple avec qui que ce soit.
En revanche, il avait du mal à croire que Simon en était peut-être au même stade que le brun. Ça se voyait, qu'il ne faisait que suivre. Enfin, s'il avait bien comprit une chose avec toute cette histoire, c'est que les apparences sont souvent trompeuses.
Il remercia Claire, même si ses informations ne l'avaient pas aidé des masses et il reparti dans la cour avec Mat.
À dix-sept heure, Mattéo demanda à Isaia s'il pouvait venir chez lui, juste pour passer un peu de temps ensemble. Le châtain fut un peu surpris mais acquiesça, de toute façon moins il était seul, moins il réfléchissait.
Mat' s'installa confortablement dans le sofa tandis qu'Isaia ramenait des canettes de bière.
- Je vais commander des pizzas, ça te dit ? Lui demanda Mattéo.
- Quoi? À cette heure là ? Il est à peine dix-huit heures.
- Ouais mais j'ai trop faim.
- Ok alors.
Trente minutes plus tard, les fameuses pizzas arrivèrent à bon port.
- Ça fait longtemps qu'on a pas fait ça, fit remarquer Mattéo.
- La dernière fois c'est quand vous aviez échangé mes numéros.
Il vit son ami se décomposer, mais n'en ressentit aucune peine, cette petite pique était bien lancée et c'était surtout la vérité.
Ils discutèrent beaucoup de tout et de rien, et c'était ça qui était génial avec Mattéo, tous les sujets l'intéressaient. Si le brun n'avait pas été si timide, il se serait sûrement fait un paquet de filles, rien que le fait d'écouter attentivement la personne et de ne parler que lorsqu'elle avait finie les attirait.
Vers vingt-deux heures, ils lancèrent interstellar, un film magnifique qu'Isaia avait déjà vu, mais qu'il acceptait volontiers de regarder une nouvelle fois pour son ami. Il décida donc de prendre un coussin, de le poser sur les cuisses de Mattéo et d'y mettre ensuite sa tête, à moitié allongé sur celui-ci.
Après une vingtaine de minutes, Isaia sentit une main caresser ses cheveux tendrement et il ronronna presque de joie. Mattéo avait un doigté formidable, qui le fit pencher dangereusement vers le sommeil.
- Isaia?
Ledit Isaia lâcha un simple " Mh ? " fatigué.
- Est-ce que... Tu arrives à oublier Ilyes? Demanda Mattéo d'une voix mal-assurée.
Le châtain écarquilla les yeux, maintenant bien réveillé. Il se mit sur le dos pour voir le visage de son ami.
- Pourquoi tu me demandes ça ?
Mattéo détourna les yeux, incapable de soutenir son regard.
- J'en sais rien... Pour savoir si je peux t'aider quoi... Lâcha le plus petit.
- Comment ?
Il haussa les épaules et Isaia vit ses joues se teinter. Était-il réellement en train de suggérer ce à quoi il pensait ?
- Dis-moi, je sais que tu penses à quelque chose. S'il te plaît Mat', le supplia Isaia en faisant une moue triste.
Il soupira en voyant le châtain.
- Mh, je... Si je peux t'aider, j'sais pas, peut-être euh, te... te faire un bisou, pour pas que t'y penses... tu vois ? Bégaya-t-il.
Isaia eut envie de rire devant son air stressé et perdu, il en bafouillait tellement sa demande était énorme.
- Tu veux dire que tu veux m'embrasser ? Sur la bouche ? Lui demanda de préciser Isaia.
- Ouais, mais seulement pour t'aider hein...
Le châtain sourit. C'était glauque, de s'imaginer embrasser son meilleur ami, mais en même temps... Et si ça fonctionnait et qu'ensuite, il ne pense plus à Ilyes ? Après tout, il savait que beaucoup de personnes oubliaient un ex en sortant avec quelqu'un d'autre. C'était limite normal. Pourquoi n'avait-il pas le droit d'essayer, lui aussi?
Il se releva et s'assit à côté, puis plongea ses yeux dans les siens pour lui faire comprendre sa réponse. Il porta une main sur sa joue et la caressa doucement, comme pour l'inciter à ne pas avoir peur, pas de lui. Puis sans réfléchir, Isaia s'approcha son visage du sien, et il sentait déjà le souffle de son ami s'accélérer, alors par curiosité, il plaça son autre main au niveau de son cœur et sourit légèrement en sentant son organe palpiter de l'intérieur. Il trouvait ça mignon, mais au moment de poser les lèvres sur les siennes, Isaia ne put continuer et dévia sa bouche sur sa joue, où il y claqua un baiser bruyant.
- Désolé mais... je peux pas, c'est glauque, limite malsain, se justifia Isaia en s'écartant de lui.
- T'en fais pas, comme j'ai dit, c'est juste pour t'aider, lui sourit Mattéo.
Puis le brun prit fermement Isaia dans ses bras, avant d'embrasser ses cheveux. C'était étrange, un Mattéo si tactile, si franc.
Isaia ne trouva pas ça désagréable, mais au bout de cinq minutes, ayant atteint son quota de tendresse, il se dégagea de son emprise.
Premièrement, je voulais un peu consacré ce chapitre à Mattéo, ça peut vous laisser réfléchir sur son cas et voir comment il est.
Et aussi sur Claire, je laisse des gros trucs sur elle là quand même !(x
Deuxièmement, je voulais remercier ma correctrice carole996 qui reprend tout les chapitres de cette histoire et qui fait un travail génial, merci beaucoup !
Troisièmement, le prochain chapitre sera quoi? LA SOIRÉE !
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