Chapitre XI.
*PDV : Leo Gianni*
Alors que Leo Gianni travaillait sur son ordinateur, dans le bureau de sa maison, il reçut un message. Il hésita à regarder, il n'aimait guère être dérangé lorsqu'il était sur un projet, mais se dit que cela pouvait être son fils, ce qui le poussa à déverrouiller son téléphone.
Bingo, c'était bel et bien Isaia. Il fronça les sourcils en lisant :
« Pouvez-vous venir chercher votre fils ? Il est bourré » suivit de sa localisation.
Isaia, son fils, saoul ? Il avait dû mal à y croire. Il ferma aussitôt son ordinateur, inquiet, et enfila manteau et prit ses clés de voiture. Il accéléra sur la route, il espérait qu'il était entouré de ses amis et pas seul.
Arrivé devant un bar, Leo repéra directement son enfant, qui était supporté par un homme. Il ne pouvait pas vraiment le voir, celui-ci portait une capuche et un gros blouson noir, et de toute manière, ce n'était pas ce qui l'intéressait pour le moment.
Un frisson de frayeur se glissa sur sa peau lorsqu'il vit Isaia, totalement dans les vapes. Il était mort d'inquiétude et s'empressa de le prendre dans ses bras et de relever son visage. Ses yeux étaient mi-clos et dans le vague, il semblait déconnecté de la réalité. Il n'avait jamais vu son fils de la sorte de sa vie.
Le froid glacial vint le faire trembler et Leo l'emmena dans la voiture, au chaud, et boucla sa ceinture. Isaia posa sa tête contre la vitre et ils repartirent chez eux. Son père savait qu'il ne tirerait rien de lui aujourd'hui, il attendrait le lendemain pour lui poser des questions.
Cela ne lui ressemblait tellement pas. Que s'était-il passé pour qu'il se saoule autant ? Isaia avait toujours été un enfant très responsable. Leo Gianni eut un pincement au cœur. Est-ce qu'il travaillait trop, pour ne pas se rendre compte que son fils allait mal ?
Il passa un bras sous les épaules d'Isaia pour l'emmener dans sa chambre et le mit sous ses couvertures bien chaudes.
Leo Gianni ne trouva le sommeil que très tôt au matin, surveillant sans cesse son fils.
*PDV : Isaia*
Le châtain eut beaucoup de mal à se réveiller. La première chose qu'il remarqua, était ce mal de ventre horrible qui lui donnait des nausées. Puis, quand il ouvrit les yeux, il couina sous la lumière ambiante de la pièce. Il avait également mal à la tête. Il se recouvrit entièrement de sa couverture et se mit en position fœtale.
Il continua de gémir de douleur et les larmes menacèrent. Il se sentait tellement mal... Isaia pensa d'abord à une gastro bien sévère, avant de se souvenir qu'il avait été dans un bar, la veille, et que d'après son état, il avait probablement dû rentrer bourré.
Il prit son courage à deux mains et décida de se rendre au rez-de-chaussée pour aller chercher de quoi le soulager. Le grincement des escaliers en bois intensifia son mal, le rendant hypersensible au moindre bruit.
Quand il atteint la cuisine, il fut soulagé et prit de l'aspirine, qu'il avala avec un peu d'eau. Il ne savait même plus quel jour il était.
— Enfin réveillé ? lança son père, posé contre la porte de la cuisine.
— Hum.
Isaia n'avait clairement pas la force de répondre, de parler tout court, en fait. Il voulait juste repartir se coucher, que sa tête arrête de jouer des claquettes et son ventre arrête de se croire pour un volcan en éruption.
— Est-ce que tu peux m'expliquer, maintenant, ce qu'il s'est passé ?
Isaia tira une chaise haute et s'assit dessus, suivit par son père, qui lui tendit une tasse fumante. Le châtain renifla les effluves et grimaça.
—C'est quoi, ça ?
—Une tisane pour la gueule de bois. J'ai vu ça sur internet, alors j'ai été cherché les ingrédients ce matin, c'est du chardon marie, de l'artichaud et du bourrache, expliqua-t-il.
Le fils eut un léger sourire. Son père semblait en colère, mais il prenait bien soin de lui.
—Qu'est-ce que tu veux que je t'explique ? questionna Isaia, qui piquait déjà du nez.
—Pourquoi étais-tu saoul ?
Il réunit les quelques neurones encore actifs pour se souvenir, son bourreau lui avait demandé d'aller à un bar, il y était allé, accompagné de ses sept suspects. Ensuite, cela devenait plus compliqué. Il prit sa tête entre ses deux mains et tentait de se concentrer, difficile, avec cette migraine. Que s'était-il passé ? Il se souvint avoir bu, énormément, enchaînant les verres.
— Allez, Isaia, souviens-toi, se murmura-t-il pour lui-même.
Cependant, aucune autre information ne lui parvint, il se demandait même comment est-ce qu'il avait atterri chez lui. Il se tourna vers son père, qui comprit instantanément que son fils ne se souvenait plus des événements récents.
— Isaia, tu me dois des explications sur ce comportement, ajouta son père, la voix douce mais ferme.
—Je suis désolé pour hier, je ne me souviens de rien, j'ai... un peu trop bu.
— J'avais remarqué, heureusement que ton copain a eu la bonne idée de m'envoyer un message avec ton téléphone pour que je vienne te chercher. Tu imagines ce qui aurait pu t'arriver ? Depuis quand es-tu aussi inconscient, Isaia ?
Comme un déclic dans son esprit, Isaia réagit instantanément au mot « ton copain ».
— Qui ?
— Quoi qui ? répéta Leo.
— « Mon copain » c'était qui ? Tu l'as vu ? demanda précipitamment Isaia.
Une lueur d'espoir raviva le cœur d'Isaia, tant et si bien qu'il oublia l'horrible douleur qui lui torturait la tête.
—Je ne sais pas, je ne connais pas tes amis.
— Non, non je sais, je te demande juste comment il était physiquement ?
— Tu sais, je n'ai pas vraiment fait attention à ça, j'étais plus concentré sur mon fils complètement saoul, dit-il en appuyant son regard sur le châtain. Je me souviens qu'il avait mis une capuche et un gros blouson noir, je crois, et il avait été un peu brusque, comme s'il était mal à l'aise. Il a attendu que je te prenne dans mes bras, puis il a filé comme un voleur, sans même m'expliquer la situation. C'était bizarre.
Isaia était extrêmement déçu, ce genre d'informations ne lui servaient à rien...
Soudainement, il se rappela une phrase de son père, qui disait que le bourreau avait envoyé un message depuis son téléphone. Il avait pu récupérer toutes ses photos, tous ses contacts, tous ses messages, absolument tout !
La peur au ventre, il s'imagina toutes sortes de scénarios, tous plus catastrophiques les uns que les autres. C'était affreux, il avait offert à son bourreau d'autres moyens de lui faire du chantage...
Sans même répondre aux questions initiales de son père, Isaia se précipita dans sa chambre pour récupérer son téléphone. Lorsqu'il le trouva sur sa commode, il se dépêcha de l'allumer et regarder.
« N'oublie pas les toilettes. Repose-toi bien, Gianni, avec la cuite que tu t'es prise. » 01:55.
Toilettes ? Isaia pâlit instantanément, redoutant ce qu'ils avaient bien pu faire aux toilettes, tous les deux.
Après tout, il avait été complètement imbibé l'alcool et n'avait plus eu la capacité de réfléchir correctement. Et dire qu'il avait trouvé que l'alcool était une chose extraordinaire... Maintenant, il se retrouvait avec une bonne partie de sa soirée tombée aux oubliettes. Les larmes montèrent de nouveau. Il était effrayé à l'idée d'apprendre de nouvelles informations sur la veille, il ne savait plus s'il souhaitait se souvenir ou non.
Serait-ce possible que son bourreau l'ait... touché ? Il eut un haut le cœur en y pensant et son corps se mit à trembler.
Il avait envie de lui envoyer un message pour lui demander, mais il craignait bien trop la réponse.
Isaia se rendit dans la salle de bain et ferma derrière lui, il s'assit sur le carrelage bleuté et gelé et ramena ses genoux contre son torse, son téléphone en main. Il le tourna quelques minutes entre ses doigts, se demandant ce qu'il pouvait bien faire.
Lorsqu'il se décida à lui envoyer un message, ce fut la boule au ventre.
« Comment as-tu eu le code de mon téléphone ? »13 :56.
Il commençait doucement, avec des questions qui avaient peu d'importance.
« Je te l'ai demandé et tu me l'as gentiment donné : 2510. »14 :00.
Automatiquement, Isaia changea le mot de passe de son téléphone, même si cela ne servait plus à grand-chose désormais...
« Est-ce que tu as volé d'autres trucs dans mon téléphone ? »14 :01.
« Que tu me crois ou non, je n'ai rien pris. Les photos de cette japonaise me suffisent amplement, je m'en suis juste servi pour contacter ton père. »14 :02.
Isaia se demandait s'il pouvait le croire, il préférait se méfier. Il posa son téléphone sur la machine à laver et regarda son visage cadavérique dans le miroir en face du lavabo. Il faisait peur à voir. Il enleva son sweat de la veille et une marque rouge attira son intention. Le jeune-homme se pencha pour analyser cette trace, il posa ses doigts dessus en se demandant d'où est-ce que cela venait.
Ses yeux s'écarquillèrent en faisant le lien entre la trace sur son cou, et ce qu'il avait déjà vu sur la peau d'Ethan, qui se vantait de coucher avec des filles qui marquaient leur « territoire ».
Était-ce un... suçon ? Il se mit alors à frotter cette marque dans l'espoir qu'elle disparaisse, mais celle-ci était bien empreinte sur sa peau et rien ne semblait la faire partir, pas même du savon.
Sa tête tourna et il s'appuya contre le rebord du lavabo. Il ferma les yeux un instant et comprit le « n'oublie pas les toilettes ». De ses mains tremblantes, il envoya :
« Qu'est-ce que tu m'as fait ?? » 14 :15.
« Calme-toi, rien de mal. Je t'ai juste laissé une jolie petite marque. »14 :16.
« T'as abusé de moi, connard ! »14 :16.
« Je ne suis pas un agresseur, je t'ai juste fait un suçon. »14 :17.
« Ah ouais ? Tu penses que profiter d'un type bourré pour l'embrasser et lui laisser un suçon, ce n'est pas agresser ? T'es vraiment qu'une sale petite merde et tu paieras pour tout ce que tu fais. »14 :19.
Etrangement, il n'eut plus de réponse. Il retira le reste de ses vêtements et prit une douche bien chaude, qui détendait l'ensemble de ses muscles et qui apaisait un temps soit peu ses maux de tête et de ventre. Il se saisit d'une dose généreuse de gel douche et frotta sa marque, comme pour la nettoyer, la purifier de cette bouche dégoûtante qui s'était posée sur sa peau.
Isaia était démoralisé. Il avait tout foiré durant cette sortie. Non seulement il s'était saoulé, mais avait laissé son téléphone sans surveillance et s'était laissé toucher par son harceleur.
Alors qu'il retourna dans sa chambre, son téléphone vibra de nouveau et il savait très bien de qui il s'agissait.
Ses yeux s'arrondirent en recevant une photo de son harceleur.
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