Chapitre X.
Il ramena Théo avec lui afin de porter les boissons jusqu'à bon port. Il commanda une autre boisson, tandis que Théo repartait déjà vers la table.
— Ajoutez un verre de whisky coca, s'il vous plaît.
Isaia avait décidément besoin d'un remontant pour ne pas laisser exploser sa rage et frapper ces sept garçons jusqu'à temps que l'un d'eux avoue. Il n'aimait pas vraiment l'alcool, mais dans cette situation, il n'avait que ça sous la main. Cette sortie le rendait dingue. Il essayait de garder l'esprit clair mais ce foutu lycée lui retournait le cerveau.
Il amena le reste et tout le monde se servit.
— Tu as commandé un verre en trop, Isaia, fit remarquer Mathieu.
— Non, c'est à moi.
Il se mit à rire.
— Tu as envie de te saouler ? le taquina-t-il.
— J'en ai besoin, ouais.
— Oh, raconte-nous, qu'est-ce qu'il se passe ?
Isaia grimaça. Il aurait tellement aimé balancer « alors, un petit enfoiré parmi vous s'amuse à me faire tourner en bourrique, il me harcèle et crois que je suis son pantin, d'ailleurs, ce ne serait pas toi, par hasard ? ».
Mais il se retint. Son bourreau lui ferait regretter amèrement son écart, ses photos étaient tout de même en jeu.
— C'est à cause de la fille qui t'envoie des sextos ? lança Ilyes, un sourire en coin.
Tous se mirent à rire, se moquant ouvertement de lui.
— Très drôle, répondit sèchement Isaia.
Isaia put remarquer qu'Ilyes avait touché dans le mile. Certes, ce n'était pas une fille qui lui envoyait des messages, mais bien une personne avec qui il était sur son téléphone. Étrange, non ?
— Mec, pourquoi t'es toujours sur la défensive ? On rigole, fin j'sais pas, notre but n'est pas de nous moquer de toi, c'est juste passer du bon temps entre potes, on te taquine, donc prends pas tout au premier degré sinon tu vas te gâcher cette soirée.
Isaia fut surpris par ce que venait de dire Fabien. Il avait raison, le châtain prenait tout au premier degré, ne laissant pas de place à l'amusement et se faisant passer encore plus pour un mec coincé du cul et sans humour. Ce n'était pas comme ça qu'il allait se faire apprécier et devenir ami avec eux pour connaître son harceleur.
Mais en même temps, pouvait-il vraiment se décrisper en sachant que l'enfoiré qui le harcelait était extrêmement proche de lui en ce moment même ?
Il devait prendre sur lui et arrêter de montrer qu'il était affecté, cela devait sûrement réjouir son bourreau, de le savoir si faible, il devait penser que son emprise sur Isaia augmentait et il allait en profiter.
— Ouais, désolé les gars, je suis un peu tendu en ce moment, mentit Isaia.
Il fallait montrer à ce connard que ce n'était pas à cause de lui qu'il était stressé, même s'il devait fortement s'en douter.
— Ah ouais ? lâcha soudainement Isaac.
Cela surprit le châtain. Isaac semblait s'intéresser à sa vie et il trouvait cela étrange, surtout qu'Isaac était le mec que connaissait le moins Isaia.
— Ouais, répondit seulement le châtain, lui faisant bien comprendre qu'il ne souhaitait pas s'étaler sur sa vie privée.
Ce qui boucla la conversation.
— Hey, les gars, vendredi je fais une soirée chez moi, vous avez juste à ramener de la chair fraîche, sourit Théo.
Isaia fut surpris, c'était bien la première fois où il était invité à une soirée. Il était curieux de savoir à quoi ressemblait une soirée entouré de lycéens, mais en même temps, voir autant de monde... Il pensa directement à refuser.
Isaia n'aimait pas la masse, surtout quand celle-ci était dans un endroit confiné. Cela le mettait indéniablement mal à l'aise, ça l'oppressait. Il préférait de loin un endroit vaste et calme, comme par exemple le grand parc près de chez lui, il n'y avait jamais grand monde, seulement quelques enfants et couples qui s'y promenaient, ou encore de vieilles maisons inhabitées, où Isaia s'y sentait comme un poisson dans l'eau, appareil en mains.
D'ailleurs, le jeune-homme se demandait depuis combien de temps il n'était pas parti avec son appareil photo dans des endroits insolites ou juste prendre des photos de visages qui lui plaisaient bien.
Isaia se remit à fixer Ilyes, qui était en grande conversation avec son voisin. Il se dit qu'il aimerait beaucoup prendre des clichés d'un visage si harmonieux. Il détenait tout ce que souhaitait le châtain, c'est-à-dire une belle bouche, fine et masculine, dont la teinte naturelle semblait être un léger rouge, comme s'il s'était mordu les lèvres quelques minutes plus tôt, ainsi qu'une mâchoire carrée, un nez fin et droit, une belle peau, bien qu'un peu trop pâle, ce qui laissait apparaître quelques traces d'une acné passée.
Mais deux éléments bien spécifiques étaient la cause de sa beauté à couper le souffle :
Tout d'abord, son regard : il était époustouflant. Pourtant, ses iris étaient d'un noir profond, sans fin, tellement sombres qu'on ne distinguait pas sa pupille. Deux globes noirs entourés de blanc. Il y avait quelque chose d'irrévocablement énigmatique et sexy dans la façon dont il regardait. Ilyes avait toujours les yeux légèrement plissés, comme s'il essayait de sonder l'âme de celui qu'il fixait. C'était à la fois effrayant et terriblement envoûtant.
Et enfin, ses cheveux noir de jais, mi-longs. Il avait de magnifiques cheveux brillants et la longueur était parfaite. Sa chevelure était un peu en désordre, parfois quelques mèches glissaient sur son visage, mais il les balayait rapidement d'un mouvement ample de la main.
L'envie de lui demander de poser pour lui démangeait Isaia, mais une seule ombre au tableau : et si Ilyes était son maître-chanteur ? Il était totalement inconcevable pour le châtain de prendre des clichés d'un être aussi abject que celui qui le harcelait.
Ilyes n'avait pas vraiment le comportement d'un coupable. Soit il n'était pas celui qu'il recherchait, soit c'était lui et il faisait justement profil bas pour que les soupçons d'Isaia se concentrent sur une autre personne.
Il se promit de lui demander lorsqu'il aura le fin mot de cette histoire et si Ilyes n'avait rien à y faire. Isaia se dit qu'il ferait un excellent modèle photo.
— Mh, je ne pense pas que je viendrai, finit-il par annoncer.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Ce n'est pas vraiment mon truc, les soirées.
Les garçons essayèrent de le convaincre de venir, lui intimant qu'il n'avait jamais été à une de leurs soirées et que cela en valait le coup. Isaia avait pris sa décision, il ne viendrait pas car il n'aimait pas ça, mais aussi car il ne souhaitait pas se retrouver entouré de personnes susceptibles d'être son harceleur.
Ils burent tous leur alcool, le châtain les suivit, même s'il n'avait pas l'habitude et qu'il grimaçait à chaque gorgée, qui lui brûlait la gorge en passant.
Pendant deux heures, les verres s'enchainèrent, rendant les conversations plus sonores et bruyantes, mais aussi bien plus drôles, enfin, c'est ce qu'ils croyaient, avec l'alcool dans le sang. Isaia se laissait entraîner par les autres et s'ouvrait, riant aux éclats pour des choses auxquelles il n'aurait même pas esquissé un sourire étant sobre.
— Allez, cette tournée est pour moi ! s'exclama l'un des garçons, qui ramena encore un alcool.
Le châtain, qui n'était pas habitué à l'alcool, sentit son esprit s'embrouiller. C'était une sensation si agréable, si libératrice, qu'il ne pût s'empêcher de continuer d'ingurgiter toutes ces boissons. Il était trop tard pour qu'il puisse se raisonner.
Isaia fut pris d'un fou-rire, comme il n'en avait pas connu depuis des années. Il regarda tour à tour ses camarades de beuverie et constata que tous avaient une chevelure assez importante, où alors était-ce dû à alcool ? Il imagina chaque garçon avec les cheveux de Tahiti Bob.
— Isaia est déjà mort, éclata de rire Isaac.
Ils le regardèrent tous et partagèrent son fou-rire. Le châtain regarda Isaac et sourit en se disant que lui-aussi, il était plutôt pas mal. Ses cheveux blonds et ses grands yeux marrons expressifs le rendaient attirants, bien qu'il était plus banal qu'Ilyes.
— Quel petit joueur ! balança un autre, qu'Isaia n'arrivait même plus à identifier.
Plus les verres s'enchaînaient, plus il se sentait léger. Il avait l'impression de flotter dans un univers parallèle, il n'avait jamais ressenti pareilles sensations auparavant et il trouvait cela totalement grisant. Son sourire ne se départait plus et il comprenait, désormais, pourquoi les gens se réfugiaient dans l'alcool.
— P'tain, j'ai... Vais... Pisser, tenta de prononcer Isaia, mort de rire sans aucune raison.
Il se leva tant bien que mal de sa chaise.
— Attends mec, j'vais t'aider.
Un des garçons lui prit le bras et le passa autour de ses épaules afin qu'il prenne appuie sur lui. Visiblement, son sauveur n'était pas aussi éméché que lui et savait comment placer un pied devant l'autre pour marcher.
Isaia l'entendit rire et il jurait avoir déjà entendu cette voix, d'ailleurs, cela lui injecta milles frissons et ses poils blonds se dressèrent sur sa peau.
Ils ouvrirent tant bien que mal la porte des toilettes et s'engouffrèrent dans une cabine. Isaia n'arrivait même pas à ouvrir sa braguette. Il sentit alors une main sur son entre-jambes, mais trop embrumé par l'alcool, il n'eut aucune réaction. La main déboutonna son jean à sa place et descendit sa braguette, puis baissa jean et caleçon.
En temps normal, jamais il n'aurait accepté une telle situation. Mais là, c'était le cadet de ses soucis. Il s'en fichait complètement, ses réactions et ses sensations étaient comme inhibées par l'alcool. Il sentait que l'on pouvait faire tout et n'importe quoi avec lui et cela ne lui faisait absolument rien.
Il soulagea sa vessie devant un mec qu'il ne reconnaissait même pas, qui le soutenait pour qu'il ne tombe pas et qui l'avait aidé à se débarrasser de son jean et son boxer.
— Pas mal, murmura le garçon à son oreille.
Isaia rit bêtement face à cette remarque totalement déplacée.
Le châtain se vida, il avait l'impression d'être une fontaine humaine. Comment son corps pouvait contenir autant d'eau ? Il se mit à pouffer de nouveau et s'imagina desséché à force d'uriner.
Il était complètement abruti par les effets de l'alcool.
La main remonta son sous-vêtement ainsi que son pantalon. Isaia se retourna afin de sortir, mais sentit la cabine tourner dangereusement. Il allait poser ses doigts sur la poignet, dont il avait tant de difficulté à trouver, mais fut interrompu par la main sauveuse qui le plaqua contre la porte, toujours fermée.
Il plissa les yeux pour voir qui était le garçon qui ne le laissait pas sortir, mais celui-ci plongea dans son cou et ses mains s'agrippèrent fermement à ses hanches, l'empêchant de partir. Isaia souriait bêtement, comme s'il pouvait s'enfuir dans l'état dans laquelle il se trouvait.
— Ne bouge pas, je vais juste te faire un petit truc, ok ?
Isaia hocha la tête d'un air amorphe. Par instinct, il plongea ses doigts dans les cheveux qu'il avait en face de lui et constata la douceur de ceux-ci.
— C'est doux, lâcha-t-il sans réfléchir.
Il entendit un petit rire. Un nez vint se frotter contre la peau de son cou et le châtain en frissonna, puis vint le tour d'une paire de lèvres. Isaia ferma les yeux et attendit patiemment, incapable de bouger. Personne n'avait été aussi proche de lui, à part sa famille, mais il comprenait rapidement que cela n'avait rien à voir avec un geste tendre qu'un proche pourrait lui offrir.
La fameuse bouche se posa sur sa peau sensible et déposa de petits baisers qui le firent fermer les yeux pour ressentir les sensations que cela lui procurait. Il était en terre inconnu et son esprit n'était plus très clair, mais il arrivait à deviner ce qu'il se passait pour l'avoir vu dans les films.
Etonnement, il eut des frissons au contact de cette bouche et se laissa embrasser. Un petit bruit sortit de sa gorge lorsque l'inconnu s'attarda plus longuement sur certaines zones. Même s'il souhaitait se débarrasser de ce garçon, il n'y parviendrait pas, ses muscles étaient trop ramollis.
Il ne se rendait même plus compte de ce qu'il était en train de subir, sans son consentement. Il était totalement à la merci d'un inconnu, qui pouvait profiter de lui de toutes les manières qu'il souhaitait.
Cette bouche envahisseuse remonta le long de son cou pour finir son trajet près de son oreille, le châtain ressentit son souffle brûlant.
— J'espère que tu te souviendras de ce moment, Gianni, de toute manière, je serais là pour te rappeler que celui qui t'a embrassé le cou dans les toilettes est aussi celui que tu recherches depuis quelques jours.
Puis ce fut le trou noir.
_______________________________________
Petit warning sur l'alcool : Isaia en fait l'éloge, mais il n'y a rien de pire que l'alcool pour noyer ses problèmes. Ça peut paraître libérateur sur le coup, mais lorsqu'on décuve, c'est la pire chose au monde car tout nous revient de plein fouet. De plus, vous êtes en droit de vous saouler, je n'ai pas à jouer les mamans ahah, mais assurez-vous de le faire avec des gens de confiance sinon... il peut se passer des choses comme Isaia vient de vivre : agressions sexuelles et beaucoup d'autres choses très horrible.
Faites attention à vous !
Sinon, j'ai fait énormément de changements sur ce chapitre ! C'était extrêmement dérangeant et malsain de lire que Isaia appréciait beaucoup les baisers de son bourreau et qu'il en redemandait. J'ai tout de même gardé le côté : c'est la première fois qu'une personne le touche et qu'il se demande ce que ça fait, donc il se laisse faire car il est bourré et qu'il ne comprend pas qu'il est victime d'une agression.
J'ai également changé les paroles du bourreau, bien trop perverses et monstrueuses à mon goût. Les " tu aimes ça hein " ou encore " j'espère que tu te rappelleras du plaisir énorme que tu as pris grâce à moi ", ou les gestes, du style le genoux qui remonte vers l'entrejambes etc. Ca m'a donné des frissons honnêtement, alors que c'est ma propre histoire. x)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top