Chapitre VI
Pendant deux jours, le jeune lycéen se creusa la tête avec les maigres informations qu'il detenait. Il passait son temps à observer ses principaux suspects, mais également les personnes qui lui portaient un regard trop insistant à son goût.
Un soir, alors qu'il réfléchissait toujours et encore à son harceleur, il eut une idée. Il connaissait un garçon populaire au lycée. Celui-ci s'appelait Simon et ils se connaissaient depuis la primaire, bien que Simon ait un an de plus que lui. Isaia avait eu quelques problèmes durant son enfance avec des camarades de classe et Simon l'avait souvent aidé, c'était la raison pour laquelle Isaia le considérait comme étant une bonne personne. Ils n'étaient plus vraiment amis, mais ils continuaient à se dire bonjour et Simon était toujours aussi aimable envers lui. Il se disait alors qu'il pouvait bien tenter sa chance.
Sans compter que Simon traînait beaucoup avec Isaac, Ilyes, Raphaël, ainsi que Nasrin, des prénoms qui apparaissaient sur sa liste de suspect.
Il prit donc son téléphone et l'appela, incertain de comment il allait lui demander des informations sur ses propres amis. Lorsque Simon décrocha, ils s'échangèrent des banalités, mais très rapidement, Isaia entra dans le vif du sujet.
« Ecoute mec, c'est un peu délicat ce que je vais te demander alors est-ce que je peux compter sur toi pour n'en parler à personne, pas même tes amis ?
— Mh, dis-moi. »
Isaia lui raconta l'histoire depuis le début, essayant d'être le plus clair possible mais fit l'impasse sur les événements de la boite de nuit. Il se sentait beaucoup trop honteux pour avouer qu'un sale con avait voulu l'obliger à embrasser des mecs et qu'il s'était enfui, la peur au ventre. Il lui avoua même les prénoms des gars qu'il suspectait.
« Chaud mec ce que tu me dis, réagit Simon après avoir écouté attentivement Isaia. Mais je ne vois pas en quoi je peux t'aider.
—J'aimerai que tu m'aides. Je sais que je te demande beaucoup car ce sont tes amis, mais j'ai vraiment besoin de toi, tu es le seul à pouvoir faire avancer les choses alors je suis prêt à te supplier s'il le faut... »
Il entendit comme un soupir en réponse à sa supplication. Il priait pour que Simon soit de son côté, même si c'était lui demander gros.
« Mec, t'as quand même mes potes en suspects.
— Je sais, je sais très bien que ça ne se fait pas mais... Si c'était l'un de tes potes, tu serais d'accord avec ça ? Avec le fait qu'il harcèle une personne qui n'a strictement rien demandé ? Puis je ne te demande pas de dénoncer, je veux juste connaître leur caractère, qui serait capable de faire une telle chose... tu vois ? »
De nouveau, Simon souffla légèrement. Il semblait perdu, signe que les propos d'Isaia faisait mouche dans son esprit.
« Je sais que tu es quelqu'un de bien, Simon, c'est la raison pour laquelle je te demande de l'aide. Je suis sûr que tu ne cautionnerai pas ça, si tu savais. Tu m'as toujours défendu, quand j'avais des problèmes à l'école, alors que tu ne me connaissais même pas et tu as aidé bien d'autres personnes. Je veux juste que... tu m'aides une dernière fois, parce que j'ai besoin de ce Simon-là, celui qui m'a soutenu juste parce que c'est une personne bonne, droite et juste, qui n'aime pas l'injustice. »
Isaia donna tout ce qu'il avait pour le convaincre. Il savait où appuyer pour, peut-être, le faire céder.
« Très bien, je vais t'aider, mais ne prends pas mes mots pour argent comptant et sache que je ne sais rien de cette histoire. Ce sont mes amis mais ils ne me disent pas tout, comme tu le sais, je n'aime pas ce genre de comportement et ils le savent. »
Le châtain se sentit infiniment soulagé.
« Pour commencer, je pense que tu peux enlever Mathieu et Théo de ta liste. Ils sont trop honnêtes pour faire ce genre de chose, sans compte que la sœur de Mathieu a subi du harcèlement assez sévère, alors il sait les dégâts que ça peut produire. Quant à Théo, c'est un type droit, il a sa copine, ses amis et vit sa vie tranquillement, loin des problèmes. »
Isaia se dépêcha de récupérer sa feuille où se trouvait les noms et gribouilla Théo et Mathieu, même s'ils restaient dans un petit coin de sa tête. Cela lui faisait deux cas en moins, un bon commencement.
« En ce qui concerne Ilyes, Isaac, Raphaël et Nasrin, je n'aime pas dire ça mais... c'est possible. Attention, je ne suis pas en train de te dire que c'est l'un d'eux, juste qu'ils ont un point en commun : ils sont intelligents mais utilisent mal leur cerveau. Ils aiment beaucoup jouer et seraient capable de se trouver un petit passe-temps pour briser leur routine. »
Le lycéen tiqua au mot passe-temps. Alors c'est ça, il n'était qu'un passe-temps pour son harceleur ? Un jouet pour couper son ennui ? Il serra les dents. Simon disait qu'ils étaient intelligents, mais harceler une personne n'était pas preuve d'un QI supérieur, bien au contraire.
« Ilyes est aussi mesquin, il a parfois tendance à faire du mal aux autres, un peu comme de la projection face à son propre mal-être, Isaac est un vrai gamin, mais il en veut à la terre entière, va savoir pourquoi. Raphaël est sadique et un peu immoral sur les bords et pour Nasrin... il a déjà harcelé une personne au lycée. Bon, c'était son ex, mais il lui a fait vivre un enfer pendant un an. »
Isaia frissonna en écoutant ce que Simon lui apprenait. Il avait l'impression qu'ils étaient tous potentiellement son harceleur, où alors était-ce un mélange savant de toutes ses personnalités ?
Le signe que Simon ne mentait pas, était qu'il avait mis de côté deux garçons qu'il côtoyait de temps en temps et avait émis la possibilité que ce soit l'un de ses amis. Il acceptait de lui faire confiance.
« Pour ce qui est des autres mecs, je ne les connais pas vraiment alors je ne peux pas t'aider.
— Pour les quatre que tu as mentionné... d'après toi, lequel serait le pire ?
— Peut-être Isaac ou Ilyes, comme je l'ai dit, ils en ont dans le cerveau, mais pas seulement, ils sont du genre à se lasser rapidement et n'auraient aucun scrupule à balancer les photos une fois qu'ils ne trouveraient plus d'intérêt à jouer avec toi. »
Cette fois, il blêmit. Il priait pour ne pas tomber sur le pire, même si une petite voix en lui, lui disait qu'il avait bel et bien le plus gros enfoiré sur le dos.
« N'oublie pas que je te parle juste de ce que je connais. Celui qui te fait ça est sûrement un autre gars. N'oublie pas que ce qu'il te dit n'est pas forcément la vérité, ça peut être un type que tu n'as jamais vu, jamais entendu parlé, ne te fais pas berner.
— Je sais, t'en fais pas. Mais pour l'instant, ce sont les seules informations que j'ai, alors je fais avec. Merci beaucoup pour ton aide, ça va m'avancer. Si tu sais quelque chose... j'espère que tu me tiendras au courant, ou que tu essaieras de dissuader cette personne de faire du mal.
— Si je sais quoique ce soit, compte sur moi pour tenter de changer la donne. Tu me connais, Gianni.
— J'espère. Merci encore, à plus.
— Au fait, Gianni ! Essaie d'en parler à quelqu'un, tu es victime de harcèlement alors ne garde pas ça pour toi.
— T'en fais pas, je vais gérer. »
Son portable se mit à vibrer juste après la fin de son appel, signe qu'il avait reçu un message. Isaia eut un coup de stress, avoir parlé de tout ça à Simon lui confirmait dans quel pétrin il était. Son harcèlement devenait un peu plus réel. Il était angoissé par ce que l'avenir lui réservait.
« Tes recherches avancent ? » 20:01
Envoyé par son harceleur en question. Ses doutes se confirmèrent, il était presque sûr que c'était l'un des vingt lycéens dont il avait demandé le numéro, sinon, il n'aurait jamais posé cette question, car il n'aurait pas su qu'Isaia débutait l'enquête.
« Tu le sauras bientôt. » 20:04
« Hâte de connaître ton choix. » 20:05
« Dis-moi, pourquoi est-ce tu fais ça ? Est-ce que je t'ai déjà mal parlé ? Ou est-ce que la fille que tu convoitais t'a mis un vent car elle m'aimait ? » 20:07
Le châtain savait qu'il jouait avec le feu, mais il voulait un peu le provoquer pour voir comment il réagissait.
« Demain rendez-vous au centre commercial de la ville à 17h, juste après les cours. C'est ta dernière chance de te rattraper, ne me déçois pas. » 20:10
Isaia savait que cette fois-ci, il n'avait pas le droit à l'erreur.
________________________________________________________________
Juste pour être sûre : Isaia aurait dû directement en parler à un adulte ou à une personne de confiance. PERSONNE n'a le droit de vous obliger à faire quoique ce soit. Parfois, on pense pouvoir gérer seul mais les événements nous dépassent très vite et la situation ne fait qu'empirer.
Isaia dit se sentir "honteux" de parler des baisers qu'il devait échangé avec des hommes, dans le sens où il s'est fait manipuler, mais Isaia ne devrait pas se sentir honteux, il était juste animé par la peur et a cru qu'en donnant à son bourreau ce qu'il souhaitait, celui-ci le laisse tranquille. Mais souvent, les personnes exerçant un chantage sur autrui vont toujours de plus en plus loin et pour couper cette boucle, il faut absolument en PARLER.
Quant à Simon, il aurait dû insister auprès d'Isaia pour lui faire comprendre d'en parler à une personne (police/professeur/personne de l'établissement/sur le site du gouvernement etc...) et non pas le laisser se débrouiller en pensant que ce sont pas ses affaires.
A ne pas oublier que c'est une histoire, de la pure fiction et que ce n'est pas le schéma à suivre car mon but est seulement de vous divertir.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top