Le voyage m'est ce moment unique et étrange où je glisse à nouveau mes clefs au fond de ma poche. Il devient alors ce retour aux choses connues, aux petites habitudes indicibles, presque invisibles, qui se font volontiers oublier et qui, lorsque le voyageur rejoint finalement la surface, lui apportent la matière nécessaire à sa respiration. Plus que l'eau qui s'écoule sur ses yeux quand il revient des profondeurs, les bribes du voyage résident dans sa respiration saccadée, hachée menue par la violence du retour sur la terre si ferme de ses petites habitudes insignifiantes. La douceur réconfortante du cliquetis et du poids de mes clefs au fond de ma poche éclaire d'une toute autre lueur le chemin parcouru. Je sais qu'il a commencé lorsque mes épaules ploient enfin sous le poids des habitudes qui me retrouvent, le concluent.