Chapitre 3
« Mille et un secrets à Trois-Rivières, lut Nadia. Eh bien ! C'est pas mal. »
Adèle acquiesça, rayonnante.
Nadia lui rendit son livre, et Adèle le rangea en quelques instants dans son sac de tissu, avec les autres romans, et elles enfourchèrent leur vélo, quittant la ville pour s'engager sur les routes des champs.
« Qu'est-ce qui t'as donné envie de le lire ? voulut savoir Nadia. La couverture ? »
Adèle haussa les épaules.
« Je ne sais pas. Le hasard. »
Nadia plissa les yeux, scrutant le visage de sa jeune sœur, avant de reporter son intention sur la route.
« J'espère que maman est réveillée, marmonna-t-elle sombrement, sinon ça va barder. »
Adèle leva les yeux au ciel.
T'es pas obligée de jouer l'adulte, Nadia, t'es juste ridicule.
Elle en avait tellement marre, parfois, de voir sa grande sœur secouer sa mère de cette manière ! Un divorce, tout de même, c'était important dans la vie de quelqu'un, émotionnellement parlant.
Elle en savait quelque chose.
Elles rentrèrent à la maison, et par chance, leur mère était déjà levée, attablée dans la cuisine devant un mug fumant, les cheveux relevés en épis désordonnés.
« Bonjour les filles ! Alors, c'était bien la bibliothèque ? »
Nadia grinça un « ça peut aller », tout en quittant la cuisine, s'engageant dans les escaliers.
Adèle retint un énième soupir, puis se tourna vers sa mère.
Sa chère maman n'avait rien relevé du comportement de Nadia : elle trempait d'un air tranquille et jovial ses lèvres dans son thé, le regard perdu dans des pensées visiblement agréables.
« Où est mamie et Benjamin ? » questionna Adèle.
Soudain, quelque chose s'agrippa à ses jambes ; de tout petits bras s'enroulèrent et se nouèrent autour de ses genoux.
« COUCOU ! » cria une voix enfantine.
Adèle eut à peine le temps de détourner la tête pour l'apercevoir que Benjamin s'était déjà décollé de sa sœur, et fonçait à travers la cuisine comme un boulet de canon.
« Adèle, Adèle ! Attrape-moi !
— Non, Benjamin, souffla la jeune fille, je suis un peu fatiguée...
— Déjà ? »
Il semblait tellement déçu que le cœur d'Adèle fondit de douleur.
Du bout des lèvres, elle rectifia :
« Peut-être tout à l'heure. »
Les enfants ont toujours une très bonne oreille pour ce genre de chose : aussitôt, le petit Ben sauta au plafond, dans une grande exclamation :
« YOUPI !
— Moins de bruit ! » ordonna subitement leur mère, qui se réveilla de sa léthargie.
Son sourire enthousiasmé et rêveur avait disparu : des lèvres courroucées et accusatrices se serrèrent, et des rides se creusèrent durant quelques instants.
Le bambin plaqua une main sur sa bouche, et détala en moins de deux hors de la cuisine.
Adèle vit sa mère grogner, puis plonger son regard dans sa tasse de thé.
Et lorsqu'elle vit ses yeux se voiler de tristesse, la jeune fille fit demi-tour, et s'engagea à son tour dans les escaliers.
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