Chapitre 18
Anniversaire de Benjamin.
Adèle cligna des yeux. Frotta ses paupières.
Puis se pencha de nouveau sur le calendrier, pendouillait le long d'un clou, au mur de sa chambre.
Anniversaire de Benjamin, disait toujours la case du trois août.
Le trois août était à peine dans quelques jours...
Pourtant, Adèle le savait, que son petit-frère était né en ce mois estival... Mais elle n'avait jamais pensé un jour le fêter ici, à Trois-Rivières.
Elle aurait plutôt penser passer quelques semaines chez sa chère grand-mère, puis émerger de nouveau dans la réalité et la société, en retournant chez eux. Et là, ils auraient fêté cet anniversaire.
Benjamin n'y avait même pas fait allusion...
Ne voyait-il pas les jours défiler ?
Peut-être assimilait-il, comme sa sœur, son anniversaire à leur appartement...
Soudain, un sourire enthousiasmé naquit sur les lèvres d'Adèle.
Un anniversaire.
C'était exactement ce qu'il fallait pour faire remonter les choses.
Elle se souvenait du nombre de disputes, entre ses parents, stoppées par un jour d'anniversaire.
En ces journées-là, tout le monde semblait amis et unis. La cuisine sentait le gâteau, l'air pétillait de joie, et l'atmosphère était la plus agréable qui soit.
L'anniversaire de Benjamin tombait donc à point.
Adèle s'habilla simplement, et descendit les escaliers, armée d'une fraîche énergie matinale.
La porte de l'entrée était ouverte. Un bon vent frais s'engouffrait dans le hall, ramenant avec lui des centaines de senteurs florales.
Adèle inspira à plein poumons, et ces derniers frémirent de joie.
« Salut ! » lança t-elle en entrant dans la cuisine.
Nadia releva la tête de son bol, visiblement surprise, et Benjamin répondit :
« Bonjouuur Adèèèèèle ! »
La concernée lui renvoya un grand sourire, avant de s'attabler.
Il faisait légèrement frais, dans la cuisine, à cause de la porte ouverte.
Mais cette fraîcheur picotait agréablement la peau d'Adèle, et lui donnait envie de bondir sur ses pieds, et de courir à travers la rosée des champs.
« Ça va ? fit prudemment Nadia.
— Oui, et toi ? »
Nadia se contenta d'hocher la tête.
Adèle ne se préoccupa pas plus longtemps de son air étonné, et s'attaqua voracement à une tranche de pain.
Tout ce que touchait sa langue avait un goût merveilleux. Pourtant, elle mangeait ce même petit-déjeuner depuis des lustres, mais aujourd'hui, il avait une saveur spéciale : celle du bonheur.
« Où est mamie ? questionna Adèle, la bouche pleine.
— Partie faire un tour, expliqua Nadia. Elle voulait profiter de cette belle matinée, et je l'ai laissée faire, évidemment. »
Ce qui expliquait la porte ouverte.
Adèle acquiesça, et continua de s'empiffrer joyeusement, jusqu'à ce que son ventre crie grâce.
« Tu as faim, dites donc, observa Nadia.
— Oui. »
Adèle s'essuya la bouche, puis se dressa sur ses pieds, enjouée :
« Alors, qu'est-ce qu'on fait, aujourd'hui ? »
Elle se sentait prête à reconquérir le monde ! Traverser l'Atlantique à la nage ! Assiéger le ciel ! Explorer l'Univers !
Tout ceci lui semblait possible.
Nadia la fixa quelques secondes, comme si elle analysait sa jeune sœur, et son soudain enthousiasme.
« ... Eh bien... on peut... »
Ses yeux se mirent à briller, s'éclairant d'une idée nouvelle.
« On peut ? » l'encouragea Adèle.
Mais Nadia ne voulu en dire d'avantage, et se tourna vers Benjamin.
Je te dirais après.
***
Quelques minutes plus tard, Jeanne était revenue de sa petite balade matinale ; Benjamin jouait tranquillement sur le tapis du salon, et enfin, Nadia prit sa jeune sœur à part.
« Alors alors ? s'impatienta Adèle, alors qu'elles deux montaient les escaliers. Qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on fait ?? »
Elle sautillait de marches en marches.
C'était étrange, d'être gouvernée par la joie et l'enthousiasme... Mais c'était très agréable.
Nadia eut un petit rire amusé.
« Tu es toute excitée ! releva t-elle. Qu'est-ce qui se passe ? »
Adèle haussa les épaules.
« Je ne sais pas. »
Secrètement, Adèle sentait encore le pouvoir de la rivière influer dans sa poitrine, coulant délicieusement entre ses poumons.
Nadia emmena sa sœur dans sa chambre, et ferma soigneusement la porte.
Adèle prit immédiatement ses aises, et s'installa sur le matelas, dont la couette était parfaitement faite, sans qu'un pli ne barre le drap.
Elle gâcha cette véritable œuvre-d'art en s'y installant.
« Alors alors, commença Nadia, s'installant sur sa chaise de bureau, qu'elle avait tourné vers sa jeune sœur, sais-tu que bientôt, c'est l'anniversaire de Benjamin ? »
Adèle acquiesça vigoureusement.
« C'est marrant, parce que je m'en suis rendue compte ce matin, à peine ! Je ne l'avais pas vu venir ! On va faire quoi ?
— J'ai pas mal d'idées. On peut faire un gâteau, des jeux... »
Immédiatement, Adèle s'écria :
« Je m'en charge ! »
Nadia se coupa dans son discours.
Elle fit une petite pause.
« Tu es sûre ? »
Adèle hocha la tête.
Aujourd'hui, personne ne pouvait la battre.
***
Adèle travailla toute la journée sur une petite liste, de ce que la journée d'anniversaire de Ben devrait contenir.
Internet se faisant rare depuis leur maison, elle avait à se creuser la tête d'avantage, afin de trouver des idées de gâteaux, de repas, de jeux, et de cadeaux, surtout, car c'était cela qui intéressait particulièrement les enfants à cet âge-là.
Lorsque Nadia passa la tête dans sa chambre, afin de demander à sa sœur si elle voulait aller à la bibliothèque aujourd'hui, elle vit Adèle, plongée dans les réflexions, assise à son bureau, comme si l'anniversaire de Benjamin était le plus ardus des travails d'école.
Évidemment, Adèle refusa la proposition.
Vers dix-neuf heures, elle avait terminé.
Elle recopia soigneusement au propre ses idées.
Avec un peu d'organisation, Benjamin pourrait facilement ne pas capter ce qu'étaient en train de mijoter ses deux grandes sœurs.
Adèle relut fièrement sa liste, heureuse de pouvoir faire plaisir à son frère, et surtout, heureuse à l'idée d'égayer enfin les journées de tous, avec cet anniversaire.
Peut-être, après cette journée, que leur mère allait changer d'avis sur le déménagement ?
Peut-être, qui sait ?
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