IV. 2014 Un conte de fées...

Les fées ne m'ont pas menti, le soir de mes vingt ans. Un an aujourd'hui que j'exerce mon don avec beaucoup de talent, je dois le reconnaître. Je suis devenue une experte en matière de sexe.

Une spécialiste du kamasutra.

Une reine du plaisir.

Une impératrice de la jouissance.

Que dis-je ! L'impératrice ultime !

Une sorte de super-héroïne de la baise.

Christian Grey peut aller se rhabiller ! Je sais exactement ce que je veux, ce que j'aime et, surtout, comment l'obtenir.

Cet été-là, j'ai enchaîné les partenaires. J'ai découvert mon pouvoir d'attraction et j'en ai usé et abusé ! J'avais tellement de choses à rattraper ! Gwen et Ashley n'en ont pas cru leurs yeux ! Moi, la pauvre fille que personne ne regarde, je suis devenue le fantasme numéro un des hommes !

Bon, d'accord, les débuts ont été un peu chaotiques. Disons que je me suis fait la main.

Au propre comme au figuré.

Quelques malheureux jeunes hommes ont ruiné leurs caleçons mais c'était pour la bonne cause ! Aujourd'hui, je maîtrise réellement mon sujet et grâce à eux, j'ai pu obtenir celui dont je rêvais depuis tellement longtemps : Gabriel.

Une fois prête et sûre de moi, je suis passée à l'action avec lui. La phase de séduction n' a pas été la plus délicate, à vrai dire j'aurais pu l'avoir depuis le début, grâce à mon don. Mais je voulais surtout le garder. Le rendre littéralement fou de moi.

Et j'ai réussi ! Nous filons le parfait amour depuis huit longs mois. Gabriel est merveilleux. Gentil, drôle, attentionné mais il sait se montrer passionné et fougueux quand il le faut. Je suis raide dingue de lui et savoure chaque instant passé en sa présence. C'est mon premier vrai amour (Pierrot Martinet ne compte pas) et je suis sûre que nous finirons nos jours ensemble. Kelly nous a un peu pourri la vie, les premiers temps, mais Gabriel est suffisamment amoureux de moi pour que je n'ai plus à m'en préoccuper.

Ma vie est parfaite. J'ai un homme merveilleux qui me comble à tous points de vue, je suis entourée d'amis et je viens de finir un stage de chargée de comm' qui se conclut par un contrat à durée indéterminé. Il faut dire que je suis faite pour ça ! Aisance relationnelle, diplomatie, pouvoir de persuasion. Je suis une winneuse !

— Je suis mort ! s'exclame Gabriel en passant la porte de son appartement où je l'attends, étendue sur le divan. Rappelle-moi de ne plus jamais accepté de remplacer Kevin en cuisine le samedi soir !

Gab travaille dans un fast-food pour financer ses études.

— Je pue la friture, désolée ma puce, s'excuse-t-il en m'embrassant.

— C'est vrai, mais ça ne t'empêche pas d'être horriblement sexy, réponds-je en l'attirant contre moi.

Mes doigts dessinent le contour de ses abdominaux. Sa peau est douce comme du velours. Je crois que je ne m'en lasserai jamais. Néanmoins, il n'a pas menti : il sent le fennec.

— Tu devrais peut-être prendre une petite douche...

— Si tu m'accompagnes, ça devrait me motiver.

Son sourire charmeur et ma libido débordante achèvent de me convaincre. Je hoche la tête et le laisse m'entraîner sous la douche. Nous arrachons nos vêtements à toute vitesse et nous nous retrouvons sous le jet brûlant en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. La douche est toute petite et nous avons peu de place pour nous mouvoir. Gab m'entoure de ses bras puissants et sa bouche fond sur la mienne. Je frissonne sous l'assaut de sa langue. Je gémis et lui tire les cheveux lorsque ses lèvres quittent mon visage pour s'aventurer plus bas. Ses dents agacent mes tétons et j'aime ça. Malheureusement, il glisse et m'écrase de tout son poids contre la paroi en plexiglas. Nous rions et je décide de m'occuper de lui. Mes nombreuses expériences et mon don font de moi une spécialiste des mises en bouche. Je soupçonne d'ailleurs Lation d'avoir insisté sur cet aspect-là de mes compétences. Je m'accroupis et introduis son membre impressionnant dans ma bouche. Je manque de m'étouffer car l'étroitesse de la cabine de douche fait que j'ai très peu de recul. Mais peu importe, j'aime ce que je fais et ça me met dans un état d'excitation proche de la transe. Je sens qu'il en faudrait peu à Gabriel ce soir pour jouir, mais je n'ai pas encore eu ce que je voulais. Je tente de me relever mais je suis coincée par le corps de mon amant, nous devons manœuvrer quelques secondes pour que je me retrouve à sa hauteur.

— Je te veux Gabriel.

Sur ces paroles, mon petit ami me retourne et me plaque contre le mur carrelé. Ma tête cogne contre le pommeau de douche mais je m'en moque. Je suis tellement excitée que je veux seulement qu'il me prenne. Tout de suite.

Gabriel m'incline légèrement et vient frotter son érection entre mes fesses, me faisant languir.

— Gab, si tu ne prends pas immédiatement, je te jure que tu ne jouiras plus pendant des lustres !

Il me pénètre violemment, sans doute convaincu par ma menace plus qu'explicite. Je gémis et mords ma lèvre inférieure en bénissant tous les saints d'avoir un petit ami si compétent. Ses mouvements sont lents, nous avons peu de place. Mais l'étroitesse de mon vagin est à l'image de celle de la cabine de douche et je parviens rapidement à la jouissance. Cependant, Gabriel semble avoir repris du poil de la bête et continue à me pilonner inlassablement. Non pas que je n'aime pas ça mais l'inconfort de la situation et ma tête qui frappe en cadence me poussent à prononcer ces trois petits mots magiques :

— Jouis pour moi, bébé !

Le corps de mon amant est secoué de spasmes et il pousse un long râle en s'affalant sur moi.

— Bébé, t'es une déesse, souffle-t-il à mon oreille.

Allongé à mes côtés, ses cheveux bruns lui retombant sur les yeux, Gabriel dort du sommeil du juste. Comment fait-il pour être aussi sexy même en dormant ? Je laisse courir mes doigts sur sa mâchoire carrée, descend dans son cou et vient caresser ses biceps. J'ai envie de me blottir contre son corps chaud mais je n'ose pas de peur de le réveiller. Alors je me contente de l'observer.

Soudain son portable se met à vibrer sur la table de chevet. Je me précipite pour que le bruit ne le réveille pas et voit qu'il a reçu un message de cette garce de Kelly. Cette fille ne lâchera donc jamais l'affaire ! La curiosité est un vilain défaut mais je suis la déesse du sexe, pas celle de la sagesse, alors j'ouvre le message et découvre ces mots qui me brisent :

[ Tu me manques déjà mon amour ! Pourquoi es-tu obligé de retourner près d'elle à chaque fois ? :'( Au fond de moi, j'espère qu'elle ne sera pas dupe et découvrira que cette odeur de frites ne vient pas du restaurant... Mais je ne peux pas m'empêcher de trouver nos rdv clandestins si excitants !! Je t'aime. Pour toujours et à jamais. Ta lily ]

Une rage puissante s'empare de moi. Mon cœur cogne contre ma poitrine, mon sang échauffe mes veines, je sens les larmes affleurer. Ce n'est pas possible ! Comment a-t-il pu me faire ça ? Je croyais qu'il m'aimait ! Je jette son téléphone à travers la pièce et il explose contre le mur, à l'image de mon cœur en miettes. Le fracas réveille Gabriel qui se redresse subitement.

— Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ? demande-t-il, encore ensommeillé.

Et même comme ça, la tête dans le cul, je ne peux pas m'empêcher de le trouver beau.

Je suis pathétique.

Je sors du lit et lui crache :

— Ta Lily t'a laissé un message, annoncé-je alors qu'il blêmit. Tu lui manques déjà et elle ne comprend pas pourquoi tu te sens obligé de revenir près de moi. À chaque fois. Moi non plus, d'ailleurs.

— Candy, je vais t'expliquer...

— J'y compte bien !

— Tu me plais... Tu me plais même énormément ! Je suis inexorablement attiré par toi, quoi que je fasse. Mais mon cœur appartient à Kelly.

Chacun de ses mots est un coup de poignard dans mon âme.

— Alors pourquoi es-tu avec moi ? demandé-je d'une voix tremblante.

— Je... Je ne sais pas... Je ne peux pas me passer de toi. C'est inexplicable. Tu m'as envouté !

J'ai peur de comprendre.

— Tu ne peux surtout pas te passer de mon cul !

Il ne répond pas mais son expression confirme mes doutes.

— Depuis quand ? Depuis quand tu la revois ?

— Je... Je n'ai jamais cessé de la voir.

J'encaisse mais cette fois je ne peux pas retenir mes larmes, elles coulent sur mes joues sans que je puisse rien n'y faire.

— Casse-toi !

— Euh...

— Casse-toi je t'ai dit !

— Mais on est chez moi, bébé...

— Ne m'appelle plus jamais bébé ! hurlé-je en ramassant mes affaires et en quittant l'appartement.

Seule dans la rue noire et déserte, je suis encore sonnée. Se pourrait-il que mon don ne soit en fait qu'une malédiction ? Les hommes n'en voudraient-ils uniquement à mon corps, et seraient incapables de ressentir des sentiments sincères pour moi ?

Je erre longtemps dans les rues de ma ville ne sachant que faire ni où aller. Je me sens honteuse. Sale. Et si malheureuse.

Se pourrait-il que les fées m'aient offert ce pouvoir uniquement pour me montrer que c'est le sexe qui dirige le monde, c'est le sexe qui dirige la Terre et qu'on le veuille ou non, c'est comme ça, on ne peut rien y faire (1). Pour me faire comprendre que les hommes ne sont que des bêtes insensibles et que je dois utiliser mes pouvoirs uniquement pour arriver à mes fins ?

Oui. Sans aucun doute.

Et c'est comme ça que ça va se passer, à présent.

(1)Libre adaptation de la chanson La monnaie des Neg'marrons

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