18 - Un connard en vue

Angel

Mmh ?

Je suis à moitié en train de rêver quand je sens une présence près de moi.
Quelque chose de lourd se pose sur mon lit, et j'entends une voix que je reconnaîtrais entre mille.

-  Bonjour la marmotte, marmonne Sean en s’asseyant près de moi.

Je m'étire, encore tout engourdi, mais dès que je capte que c'est vraiment lui, je saute presque sur place, l'adrénaline me réveillant en un coup.

- Sean ! Enfin putain ! T’as pris un drakkar ou quoi ?! T’as mis une éternité à revenir !

Il éclate de rire, un de ces petits gloussements qu’il essaie toujours d’étouffer mais qui finit par éclater quand même.

Je me redresse un peu plus dans mon lit, les yeux brillants.
Il est enfin de retour.
Ça fait un peu trop longtemps à mon goût qu’il était parti voir ses parents en Norvège, et même si je ne le montre pas vraiment, il m'a manqué.
Vraiment beaucoup...

- Non, j’ai juste pris l’avion, comme une personne normale, il rit en défaisant son chignon.

- Dommage. Le drakkar aurait été plus classe, je rétorque en lui donnant un léger coup dans le bras.

On rigole tous les deux, avant que nos regards ne se croisent un peu trop longtemps.

C’est étrange de le voir là, juste à côté de moi, après ces jours où j’ai eu l’impression que l’appartement était vide sans lui...
Sean finit par casser le silence, comme toujours.

- Alors, comment ça s’est passé ici ? Tout s’est bien passé avec Cléa ? il demande en se penchant un peu, comme s'il s’attendait à un ce que je lui balance un secret.

Je hausse les épaules en détournant les yeux.

- Ça va. J’ai regardé un film avec elle, ça changeait un peu. Et… j’ai ralenti les clopes. Plus que cinq par jour maintenant...

Je le regarde du coin de l’œil, espérant secrètement qu’il soit fier.
Il sait à quel point c’est galère pour moi de lâcher cette mauvaise habitude. Son visage s’éclaire d’un sourire.

- Sérieux ? Cinq seulement ? C’est génial, Angel ! Je suis content pour tes poumons, il lance avec enthousiasme.

Je sens un petit soulagement m'envahir.
Si Sean est content, c’est que je suis sur la bonne voie, non ?

Mais son sourire faiblit un peu, et je capte qu’il n’a pas fini de poser des questions.

- Et ta dispute au téléphone, hier soir ? Cléa m’a dit que t’avais l’air… secoué.

Mon cœur se serre.
Bien sûr, il est déjà au courant...
C’est Sean après tout.
Rien ne lui échappe à ce viking.

Je passe une main dans mes cheveux, mal à l’aise, essayant de trouver une réponse qui ne me mettra pas encore plus mal.

- Ouais… c’était avec Lou. Rien de bien nouveau, tu sais. Elle veut toujours gérer ma vie à ma place. Ça me fatigue, c’est tout.

Je fais de mon mieux pour ne pas lui donner trop de détails chiants.

Je sais qu’il s’inquiète, mais il n’a pas besoin de tout savoir.
Pas besoin de comprendre que cette dispute est juste la pointe de l’iceberg...
Que tout ça remonte à des choses que je n’ai jamais vraiment réglées. Des trucs de mon enfance, de ma relation avec mes parents.
Des trucs que je veux oublier...

- Et ça va maintenant ? il lâche doucement.

Je hoche la tête, un peu trop vite peut-être.

- Ouais, ouais, c’est passé. Rien de grave. On s’engueule souvent, Lou et moi. Mais ça va.

Il me regarde encore un moment, comme s’il savait que je ne lui dis pas tout, mais il n’insiste pas.
Sean, c’est ça.
Il te laisse l’espace dont tu as besoin. Parfois, c’est exactement ce qu’il me faut.

- Bon, je crève de faim, t’as déjà mangé ? je me redresse, changeant rapidement de sujet.

- Non, j’attendais que tu te réveilles. T’as quelque chose de comestible ici ? il me sourit en se levant à son tour.

- Toujours. Allez, on va se faire des tartines. Y’a du beurre, de la confiture, tout ce qu’il faut pour se péter le bide !

Je me lève et on se dirige vers la cuisine.
En chemin, je m’arrête un instant pour jeter un œil par la fenêtre.

Cléa est dehors, avec son chien, comme souvent le matin.
Elle me fait toujours marrer avec son Mr Papuche.
Je me retourne vers Sean.

- Je vais juste descendre récupérer le courrier pendant que tu sors le pain, ok ?

- D'accord. Quand tu remontes, j'aimerais qu'on parle encore un peu. J'ai plein de choses à te dire. il siffle en allant vers la cuisine.

J'acquiesce et je descends rapidement les marches de l’immeuble.
Alors que je m'approche de la boîte aux lettres, j’entends des voix qui s’élèvent dehors.

Mon cœur rate un battement quand je réalise que c’est Cléa.
Elle est là, juste devant l’immeuble, mais elle n’est pas seule.
Un type est face à elle, et il a l’air de l’emmerder.

La rouquine a le visage crispé, ses bras croisés sur sa poitrine comme pour se protéger, tandis que l’homme en face d’elle gesticule et se rapproche dangereusement, un bras levé vers elle.

Je ne réfléchis pas une seconde de plus et je sors en trombe.

- Hey ! Un problème !? qu’est-ce que tu lui veux ? je crie en m’approchant.

L’homme se tourne vers moi, l’air agacé, mais je le vois hésiter.
Cléa, de son côté, a l’air surprise mais soulagée de me voir arriver, même Mr papuche couine en me voyant.

- Dégage, mec, c’est pas ton problème, il balance d’un ton méprisant.

- C’est mon problème si tu la fais chier, alors dégage avant que ça dégénère, je réplique, me plantant devant lui, les poings serrés.

Je ne sais pas trop d’où me vient cette assurance soudaine.

Peut-être que je ressens directement ce que ça fait, d'être face à quelqu'un qui peut et veut te faire du mal...

Le type grogne quelque chose d’inintelligible à Cléa, avant de reculer.
Il lance un dernier regard dans ma direction avant de tourner les talons.

Je souffle un bon coup alors qu’il s’éloigne enfin, les épaules tendues.

- Ça va ? je demande à Cléa en me retournant vers elle.

Elle acquiesce, secouée, mais déjà moins tendue.

- C’était qui ce type ? T’as l’air de le connaître…

- Léon...Mon ex. elle annonce, les joues rouges.

Je reste silencieux un moment.
Je ne savais pas qu’elle avait un ex dans le coin, mais ça ne m’étonne pas non plus. La ville n'est pas immense...

Ce type avait clairement l’air d’un bon gros pet foireux.

- Merci, elle murmure doucement. T’étais pas obligé de faire ça, mais… merci.

Je secoue la tête.

- Bien sûr que si. T’as pas à gérer ce genre de connard toute seule.

Elle sourit faiblement, son regard toujours un peu troublé.

Je veux dire quelque chose de plus, mais je n’ai jamais été doué avec ce genre de situations.
Les mots me manquent, et je me contente d’un signe de tête.

- Allez, rentre. Sean t’attend, et moi j’ai du courrier à récupérer.

Elle hésite, mais finit par suivre mon conseil.

Je la regarde rentrer avant de me tourner vers la boîte aux lettres.
Mon esprit est ailleurs.
Ce type…Léon.
Il l’a vraiment mise mal à l’aise.

Je me demande s’il reviendra, s’il va encore l’emmerder.
Mais une chose est sûre : s’il le fait, je serai là pour intervenir.

Parce que même si Cléa et moi ne sommes pas proches comme je le suis avec Sean, elle fait partie de cette petite bulle qu’on a créée dans cet appartement.

Et personne ne viendra briser ça.

×××

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