16 - Sans elles ∆TW∆
Angel
(TW : chapitre peut être considéré comme violent)
Ah bordel...
Épuisé de ma prise de tête avec Lou, je balance mon téléphone sur le lit et m'effondre à côté.
Les mots tournent en boucle dans ma tête.
« Je peux le faire seul »
J'ai tellement du mal à croire à mes propres mensonges...
Lou a toujours essayé de m'aider, mais elle ne comprend jamais vraiment...
Personne ne comprend...
Les yeux fermés, je sombre dans le sommeil, et comme d'habitude, les mêmes souvenirs reviennent.
J'ai six ans.
Ma mère me dépose devant l'école. Elle ne me regarde même pas, pas un sourire, pas un mot pour m'encourager.
Elle est déjà repartie avant que je ne puisse dire quoi que ce soit...
J'ai mal dans l'estomac, mais je fais semblant d'être courageux.
Il le faut.
Papa m'a dit que je devais l'être.
Durant les heures de classe, j'écoute très bien la maîtresse et je m'entraîne à écrire aussi bien que ma grande sœur.
La barre du P ne doit descendre trop bas, sinon, ce n'est pas joli.
La sonnette retentit et tous mes camarades portent en courant.
Mais pas moi.
Je marche doucement vers la cour de récréation, mon sac sur les épaules, plus lourd que d'habitude.
Elles sont toujours là, elle m'attendent.
Elles me regardent, rigolent, chuchotent entre elles.
Elles sont nombreuses aujourd'hui, plus que d'habitude...
Dès que j'entre dans le périmètre, elle m'encercle, leurs mains s'agrippent à mes vêtements, à mes bras et elles rient.
~ Angel, viens, t'es trop beau !
Ce sont des rires qui me font peur...
Comme je recule, elles se battent presque entre elles pour m'attirer au plus près...
~ Arrête Zoé c'est mon amoureux !
Je veux m'échapper, je veux crier, mais aucun son ne sort, ma gorge est trop serrée...
Je recule encore un peu, le cœur battant.
Pourquoi elles font ça ?
J'ai peur.
Je veux juste être tranquille, mais elles ne me lâchent jamais.
Pourquoi est-ce que c'est moi qu'elles choisissent ?
Je ne veux pas être leur amoureux, je ne veux même pas jouer avec elles.
Je veux juste qu'elles arrêtent...
L'une d'elle attrape mon bras si fort que je grimace de douleur.
Une autre tire sur le col de mon manteau, et vite, je sens des ongles contre ma peau.
Ça laisse des traces brûlantes, très rouges.
Elles rient encore plus fort, comme si c'était amusant...
Mais moi, ça me fait mal.
Je sens le tissu de mon manteau qui craque, ma peau devenir mouillé, et des larmes se bloquent sous mes yeux.
Je me débats et hurle d'un coup.
Elles s'écartent une seconde et je finis par courir vers la maîtresse, tirant sur sa manche avec des yeux pleins de panique.
- Maîtresse, je peux voir mon papa ? Je veux rentrer à la maison...les filles me font peur.
Elle me regarde, surprise.
Elle ne comprend pas, personne ne comprend.
À cet âge-là, personne ne prend ça au sérieux...
Personne ne voit mes griffures.
Elle me dit que tout va bien et qu'il faut être gentil avec les filles.
Mais pourquoi elles ne sont pas gentilles avec moi ?
Pourquoi ça me fait aussi peur ?
Je me sens faible, seul.
La journée est longue.
Le temps s'étire et je pense à la maison, à papa.
Lui, il va savoir quoi faire.
Il va me comprendre, non ?
Quand la cloche sonne enfin, je me précipite dehors, espérant que tout ira mieux à la maison.
Mais dès que je franchis la porte, je comprends que j'ai tort.
Papa est là. Il me regarde, son visage fermé à côté de la maîtresse.
Je n'ai même pas le temps de lui raconter ce qui s'est passé à l'école qu'il me gifle, violemment, ma joue brûle sous l'impact.
- T'es qu'une tapette, Angel. T'as peur des filles maintenant ? C'est ça que t'es ? Un faible ? Je t'ai pas appris à être une fillette, moi !
Ses mots résonnent dans ma tête comme des coups de marteau.
Mes yeux s'emplissent de larmes, mais je ne pleure pas.
J'ai appris à ne plus pleurer devant lui.
Il déteste ça.
« Les vrais hommes ne pleurent pas », c'est ce qu'il dit toujours...
Mais je suis un vrai homme, moi ?
Je ne sais plus...
À table, c'est encore pire.
Ma grande sœur Lou se moque de moi. Elle m'imite, me ridiculise devant tout le monde.
- Oh, Angel, j'ai peur des filles, je veux voir papa ! elle rit fort.
Je baisse les yeux, honteux.
Maman ne dit rien, elle reste là, indifférente, comme si je n'existais pas.
Pourquoi elle ne m'aide jamais ? Pourquoi elle ne dit rien ?
Est-ce que je suis si insignifiant que ça ?
Est-ce que je mérite d'être traité comme ça ?
Je suis seul, tellement seul.
À six ans, je ne comprends pas vraiment pourquoi tout ça arrive, mais une chose est claire pour moi : les filles, c'est dangereux.
Elles te tournent autour, te rendent vulnérable, et quand tu te fais avoir, personne ne vient te sauver...
Les filles te font du mal, elles te ridiculisent.
Je dois m'en méfier, toujours.
Si je veux être fort, si je veux que papa soit fier de moi un jour, je dois rester loin d'elles.
Pas de faiblesse.
Pas de peur.
Pas d'amour.
Je me réveille en sursaut, mon cœur battant à tout rompre.
Ces souvenirs me hantent encore. Toujours là, comme un poison dans mon esprit. Je me redresse dans mon lit, essuyant mon visage trempé de sueur.
Je ne suis plus cet enfant de six ans, mais parfois, j'ai l'impression de n'avoir jamais grandi, de rester coincé dans cette peur irrationnelle.
Les filles, ça me terrorise toujours.
Et je suis seul avec l'une d'elles en ce moment, dans cet appartement...
Sean, rentre vite merde.
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