12- Compliqué
Sean
Je suis dans la boulangerie,
attendant que la vendeuse emballe les croissants.
Mon esprit vagabonde, pensant à la discussion que je vais avoir avec Angel concernant la nuit dernière...
Mais mon téléphone vibre dans ma poche, m'arrachant à mes pensées. C’est Cléa.
Je décroche, et tout de suite, je sens que quelque chose ne va pas.
- Sean… Angel vient de faire un malaise… je sais pas quoi faire…
Elle a la voix tremblante, au bord des larmes.
Je n’écoute même pas la suite.
Mon cœur rate un battement, et je me précipite dehors, laissant tout sur place.
Il faut que je rentre au plus vite !
Je cours aussi vite que possible jusqu’à l’appartement, mes pensées se brouillent dans un tas de peur et d'incompréhension...
Quand j’arrive enfin, totalement essoufflé, je trouve Cléa à genoux près d'Angel.
Elle a un verre d’eau et un morceau de sucre dans les mains.
Le brun est en pleurs, recroquevillé sur lui-même, et son corps est secoué de sanglots.
Je m'approche doucement, et dès qu’il me voit, il se jette dans mes bras, tremblant et recouvert de sueur.
Je le serre fort contre moi, essayant de faire disparaître la panique qui l'a mis dans cet état.
Même si j'ignore encore la raison...
- Ça va aller, je suis là, Angel… je murmure en le berçant doucement.
Il se calme un peu, son souffle devient plus régulier, mais je sens qu'il est encore crispé...
Je l’aide à s’allonger sur le canapé, en caressant ses cheveux pour le rassurer, comme hier.
En quelques minutes, il s’endort d’un coup, épuisé par ce qu’il vient de traverser.
Je me tourne alors vers Cléa, qui est encore sous le choc, les yeux brouillés d’inquiétude.
Elle se sent visiblement coupable, mais je secoue la tête pour la rassurer.
- Il fait souvent des... cauchemars… et des crises d’angoisse, je lui explique, ma voix douce mais un peu tendue. Il faudra s’y habituer…
Elle hoche la tête, même si je sens bien qu'elle voudrait me poser des questions.
Je comprends, c’est beaucoup à gérer, et ça intrigue...
Angel est fragile, c'est comme ça...
Ça fait parti de lui.
Après un moment de silence, où l’on se contente d’écouter la respiration d’Angel qui s’apaise et se transforme en ronflement, Cléa finit par briser la glace.
- Dis, Sean… Est-ce que toi et Angel, vous êtes en couple ?
Sa question me prend complètement par surprise et j'avale ma salive de travers.
Je sens la chaleur monter instantanément à mes joues, et je deviens sûrement rouge comme une tomate.
- Euh… non… enfin, je pense pas, non. On est juste… très proches. je bafouille, essayant de trouver les mots justes.
Je me frotte l’arrière de la tête, mal à l’aise.
Je sais pas trop comment expliquer ce qu’il y a entre nous...
C’est plus que de l’amitié, mais est-ce que c’est vraiment de l’amour ?
Je n’en sais rien...
Cléa, elle, ne semble pas trop s’en formaliser. Elle glousse doucement, brisant la tension qui flottait dans l’air.
- Donc, t’es pas gay… chouette.
Je m'apprête à répondre à Cléa, mais mon téléphone se met à sonner.
Je soupire et jette un coup d'œil à l’écran et vois que c’est ma mère...
C'est inhabituel à cette heure-là.
Je m'excuse auprès de Cléa d'un geste et décroche.
- Hei, mamma. Hva skjer? (Salut, maman. Qu'est-ce qu'il se passe ?)
- « Sean, pappa er syk. Det er ikke veldig alvorlig, men jeg er bekymret. Jeg vil gjerne se deg snart, bare i tilfelle... » (Sean, ton père est malade. Ce n'est pas très grave, mais je suis inquiète. J'aimerais te voir bientôt, juste au cas où...)
Je sens un poids s'installer dans ma gorge. Même si elle dit que ce n'est pas grave, ça m'inquiète...
- Hva har skjedd? Er han veldig dårlig? (Qu'est-ce qu'il a ? C'est sérieux ?)
- « Nei, bare en kraftig forkjølelse, men han må hvile. Det er bare... alt dette fikk meg til å tenke på hvor lite jeg ser deg. Og med pappa borte fra jobben, trenger vi litt hjelp med pengene...» (Non, juste un gros rhume, mais il doit se reposer. Tout ça m’a juste rappelé à quel point je te vois peu. Et avec ton père qui ne peut pas travailler, on aurait besoin d’un peu d’aide financière...)
Je frotte mon front en faisant des allers-retours dans le couloir, essayant de réfléchir rapidement.
- Jeg kan komme opp neste uke. Det er kanskje best at jeg er der. (Je peux venir la semaine prochaine. C’est peut-être mieux que je sois là.)
- « Ja, det ville være fint. Takk, Sean. Det vil bety mye for oss begge. » (Oui, ce serait bien. Merci, Sean. Ça signifierait beaucoup pour nous deux.)
- Jeg skal ordne det, mamma. Ikke bekymre deg. (Je vais arranger ça, maman. Ne t’inquiète pas.)
-« Jeg er glad i deg. Vær forsiktig.» (Je t’aime. Prends soin de toi.)
- Jeg er glad i deg også. (Je t’aime aussi.)
Je raccroche et reste un moment immobile, l'esprit en ébullition.
Je vais devoir monter en Norvège la semaine prochaine, ce qui veut dire que je vais devoir laisser Cléa et Angel seuls ici.
J’espère que ça se passera bien entre eux.
Angel a déjà du mal avec sa présence, et Cléa semble encore un peu sur la défensive...
Rien qu'aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il s'est passé pour que Angel fasse une crise aussi violente...
En plus, il va falloir que je trouve un moyen d’aider ma mère financièrement.
Peut-être qu’un prêt à la banque serait une solution... ou alors je pourrais travailler plus, ça va être compliqué de faire plus de dix commandes en même temps.
Un autre soupir m'échappe.
La situation me semble de plus en plus complexe, mais je n'ai pas vraiment le choix.
Il faut que je trouve une solution, et vite...
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