Casey
La voix d'Annabelle fut étouffée par les portes qui se refermèrent sur elle. Elle trahissait à vexation, sa propension à exagérer et faire la capricieuse. Mais je ne lui ai pas vraiment laisser le choix. En fait, je regrettai l'Annabelle d'hier soir. Mais je n'avais pas la tête à essayer d'arrondir les angles et encore moins lui courir après, là, tout de suite.
Je retournai dans mon appartement en me frottant les yeux. J'avais peu dormi à cause d'elle et elle s'était même incrustée dans mes rêves. Je grognai et claquai la porte, énervé.
Je filai vers la console où mon téléphone attendait sagement et consultai ma messagerie. J'avais vaguement l'idée que mes jumeaux allaient se pointer bientôt et franchement je ne savais ce que je pouvais bien leur raconter au sujet de la veille. Autant je leur avais certifié que mon plan était infaillible, qu'en réalité c'était tout autre chose. Pourquoi avais-je pensé qu'Annabelle aurait été aussi malléable ? Alors que clairement elle se montrait intouchable. Était-ce le fait que son connard de frère avait commis la bourde de trop ? Elle-même voulait lui faire payer son écart. Putain, quel abruti ! Je devais la rattraper pour parlementer avec elle ! Je serrai les poings et soupirai de dépit ! C'était elle qui avait bu et c'était moi qui avais le cerveau ramolli. Je connaissais son adresse, je n'avais plus qu'à la rejoindre et arranger les choses à mon avantage. J'enfilai un t-shirt à la va vite, une paire de chaussettes et sautai dans mes baskets.
Je pris mes clefs et ma veste et sortis rapidement rejoindre ma voiture. En réalité, je m'étais retrouvé juste à trois bagnoles derrière elle sur la route. Elle était furieuse, cela se voyait à sa façon de conduire. Nerveuse et trop aléatoire.
Elle se gara à l'arrache à dix mètres de son immeuble et je trouvais une place un peu plus loin.
Lorsque je posai le pied sur le trottoir elle fonçait dans ma direction furieuse. Elle avait remarqué que je la suivais.
- Tu es vraiment qu'un sale con ! s'exclama-t-elle en me pointant du doigt.
La voir si furibonde lui donnait un petit air dominatrice qui lui va à ravir. J'en souris malgré moi.
- Pourquoi tu te marres ? s'insurgea-t-elle surprise par ma réaction.
- Si tu m'offres un petit-déjeuner, je te raconte tout. Ça te va ?
Elle baissa son bras étonnée et ne trouva aucune autre invective à me balancer à la gueule.
- Ouais, grogna-t-elle avant de me jeter un dernier regard tendu avant de se diriger vers son immeuble.
Je la suivis en silence. Cette fois-ci pas d'escalier et de démarche sexy. L'ascenseur s'ouvrit et elle nous fit monter à son étage.
Elle me fit entrer dans son petit appartement coquet. Les deux verres et la bouteille de rhum etaint toujours à la même place. Je la revis se déshabiller désinhibée par l'alcool, m'invitant à une partie de jambes en l'air. Partie que j'avais refusé par respect pour elle. Même si, putain, je n'avais jamais été aussi près du but que beaucoup rêvaient à propos d'elle. Bon peut-être pas mon frère. L'enfoiré s'était bien gardé de nous le raconter. Je m'en serais vanté, c'est certain.
Annabelle ramassa les verres et la bouteille. Elle me proposa de m'asseoir sur son divan et je pris mes aises.
Elle s'assit en face de moi sur la table basse comme la veille. Elle attendit que je lui raconte notre entrevue. Mais je n'avais pas envie de lui faciliter la tâche. Le silence s'installa, s'égrèna tandis qu'Annabelle me scrutait.
Je me raclai la gorge et elle s'exclama à bout.
- Bon sang cesse ce suspens, Haymes !
Je secouai la tête et me redressa pour m'accouder sur mes genoux. Je posai mes yeux sur elle et plongeai dans ses iris assoiffés d'informations manquantes.
- J'exige des remerciements à la fin, j'annonçais.
Elle haussa un sourcil et j'écartai les mains de bonne foi.
- J'attends mon petit dej'. C'est la condition. Et puis t'es quand même venue me tirer du lit à une heure indécente !
- On est le milieu de l'après-midi, je te signale !
- Et tu m'as promis un petit déjeuner.
- Je ne t'ai rien promis. C'est un deal convenable que j'ai accepté pour obtenir des infos importantes. Infos que tu refuses de me donner.
Je m'affalai de nouveau dans son canapé et atte dis les bras croisés. Je jouai avec le feu mais c'était tellement tentant de la rendre dingue.
Elle soupira, résignée et alla préparer notre petit-déjeuner. J'en profitai pour visiter son salon. Je contemplai ses œuvres et ne pus m'empêcher de me laisser happer par son coup de pinceau, son imaginaire, ses couleurs. Elle est vraiment douée. Elle serait parfaite pour notre collection jeunesse. Je garde cette remarque dans le coin de ma tête dans l'idée d'en parler à mon père. Si Maxime LaPierre voulait se la jouer voleur de talent, on pouvait frapper encore plus fort. Avoir Anbabelle chez nous serait un pied de nez non négligeable. Je voyais déjà se profiler un plan encore plus fou pour nous venger. Idée carrément géniale à soumettre à mes frères.
- Ce sont les paysages de mon enfance, dit la voix douce d'Annabelle sur ma droite.
Je sursautai et me repris aussitôt. Je posai mes yeux sur elle. Elle avait une salle tête. Les cheveux dans tous les sens, le maquillage dans un état lamentable et semblait s'en foutre pas mal. Seul son regard éprouvait une sorte de nostalgie face à ses aquarelles.
- Tu es vraiment douée. Elles sont splendides.
Elle posa ses yeux fatigués sur moi. Le silence s'éternisait.
- Merci. C'est...gentil de ta part, fit-elle presque embarrassée.
Mes sourcils grimpèrent sur mon front étonnée de sa réaction mitigée.
- Je le pense vraiment. Ce n'est pas parce que tu pense que je suis un sale con que je le suis vraiment. Au même titre que j'imagine que tu es une sainte nitouche. Tu comprends ?
- Essaies-tu de me dire que tu ne me trouves pas désagréable ?
- Je crois qu'on ne se connaît pas Annabelle. Toi comme moi on a une mauvaise image de l'autre. Et ce n'est pas ça qui va nous aider à communiquer.
- Parce qu'on a besoin de communiquer ?
Elle est toujours sur la défensive et c'était vraiment agaçant.
- Si tu veux obtenir le détails de la soirée d'hier, oui, je dis en fronçant les sourcils devant sa défensive.
Elle baissa les yeux et souffla :
- Tu as raison. Je m'excuse.
Je fus surpris de voir qu'elle ne le dit pas du bout des dents. Elle redressa la tête et je décelai un épuisement bien plus profond dans son regard. Un abattement qui voûtait ses épaules.
- Et si on avalait quelque chose pour commencer, je murmurais presque pour la rassurer.
La voir abattue me fit quelques chose. Pas de la pitié. Non, de la peine. Qu'est-ce qui la rongeait au point de se cacher en permanence derrière son caractère de merde ?
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