Annabelle

Je n'aimais pas être sous les feux du regard scrutateur de Casey. J'avais tellement peur qu'il lise en moi comme dans un livre. J'étais épuisée et ne pas savoir ce qu'il s'était passé hier soir, me tuait. Et pourtant au-delà de ça,  il semblait s'être adouci et inquiet.
Nous nous toisâmes un court instant.
- Le petit-déjeuner est prêt, je lâchai avant de le délaisser pour m'installer dans le canapé.
Casey me rejoint en silence. Je l'évite soigneusement du regard. Je préfère qu'il entame la discussion. Et prie très fort qu'il ne me raconte pas des cracks.

Je le regardai s'asseoir posément et la seule chose que je me dis alors c'est que Casey Haymes est chez moi. Pas sous son meilleur jour, mais je n'allais pas le blâmer parce que j'étais  dans un état pire que le sien. Si j'avais eu dans l'optique un jour de séduire Casey, il était clair que mes chances étaient largement réduites à cet instant. Je devais avoir une tête affreuse et le mal de tête qui me poursuivait n'arrange rien au sentiment pitoyable qui me comprimait.

Nous gardâmes le silence un moment, avant que je ne servais une tasse de café à Casey. Il s'en saisit en murmurant un bref merci et retourna dans son silence. J'exécrai les silences. Ils en disent toujours plus qu'il ne le faut. Et Casey semblait prendre plaisir à jouer avec.

Je poussai un long soupire, piochai un petit pain dans la panière et mordis dedans. Ce que je regrettai aussitôt. Mon envie de vomir n'était pas passée et je venais d'ajouter de la matière pour le prochain tour. J'avalai difficilement ma bouchée et reposai le petit pain sur la table basse.

— Tu vas jouer encore longtemps à ce jeu du silence ? je demandai agacée.

Un sourire fleurit sur ses lèvres et il lâcha :

— Je me demandais combien de temps tu allais tenir avant de râler.

Je le fusillai du regard et il sirota son café content de son coup. J'avais très envie de me lever et de lui en coller une ! Il me jeta un œil par dessus sa tasse et leva un sourcil.

— Je ne te cache pas que c'est un régal de te rendre folle. Ce n'est pas tous les jours que je me retrouve chez Annabelle La Pierre à petit déjeuner avec elle. Y a des tas de gens qui ne me croiront pas.

A mon tour d'être surprise et hausser les sourcils pour montrer mon étonnement.

— Il n'y a rien d'exceptionnel à ça !

Casey baissa sa tasse de son visage et s'assit de façon plus élégante.

— Je ne sais pas si tu es au courant, mais tu es quand même la nana que tout le monde veut se faire et que personne ne peut approcher.

Entendre ce que je soupçonnais ne me fait pas du tout plaisir. Surtout venant de la bouche de Casey.

— Je ne suis pas ce que tu dis ! je marmonnai en me laissant aller dans mon fauteuil.

— Ne le prends pas mal Von Teese. C'est plutôt une qualité.

— Je ne vois pas en quoi ? On me prend pour la reine des glaces ! je grognai en me renfrognant dans mon fauteuil.

— Donc tu es au courant ?

Je levai les yeux sur lui et il attendit que je lui réponde. J'hésitai à être sincère avec lui. J'avais comme le sentiment qu'il serait bien capable de se foutre de moi une nouvelle fois.

— Je ne suis au courant de rien. Je soupçonne seulement ce que les rumeurs racontent sur moi.

— Et tu as aussi un regard critique sur toi même. Je suis assez étonné. C'est une autre qualité que je ne pensais pas voir chez toi, remarqua-t-il avec un air entendu.

Il ne se moquait pas. Il remarquait simplement. Je ne savais pas trop quoi en penser.

— Est-ce que tu vas me raconter ce qu'il s'est passe hier soir ou non ?

Il afficha un sourire amusé et termina sa tasse d'une traite.

— La pression psychologique chez toi est ta faiblesse. C'est bon à savoir.

Je fermai les yeux pour contenir mon agacement et soufflai pour me calmer. Je ne cachai même pas mon énervement. Je n'étais  plus à ça près.

— Pas de panique Von Teese. Je ne fais que te charrier.

— A quoi cela te sers de me rendre dingue avec tes sarcasmes ? je le questionnai en ouvrant les yeux la colère toujours à fleur.

— J'en sais rien. J'ai l'impression d'avoir du pouvoir sur toi et par la même occasion sur ton frère.

Qu'il parla de Max m'interpella.

— C'est un peu le cheval de bataille de votre famille, non ? je ricana pincé sans rire, le pouvoir, l'abus de pouvoir, bla bla bla.

Casey éclata de rire et se tint le ventre tant il trouva ce que je venais de dire drôle.

— Oh bon sang et tu fais de l'humour ! Putain tu as vraiment tout pour toi La Pierre ! Je ne comprends pas pourquoi tu es toujours célibataire.

— Ben il y a trop de mecs comme toi dans le monde ! Pas facile d'éviter les connards quand les rues en regorgent !

Il cessa de rire et me fixa abasourdi.

— T'as vraiment une dent contre nous. Qu'est-ce qu'on t'a fait pour mériter autant de haine, La Pierre ?

— Je te retourne la question ?

Ma repartie sembla lui couper la chique. Et pourtant je rêvais de connaître la réponse à cette question.

Casey se renfrogna et je dus me rendre à l'évidence je n'aurais pas la réponse.

— En fait, on a rien contre toi. C'est juste ta façon d'être qui rendent les gens bavards et mauvaise langue. On a suivit le mouvement.

— De vrais petits moutons. Jugement hâtif, tu ne crois pas ?

— Je ne vais pas te contredire. Mais en ce qui te concerne je pourrais dire pareil, non ?

Je venais de me prendre à mon propre piège. Autant être directe et dire la vérité.

— Je n'ai jamais aimé les mecs qui se sentent au dessus de tout. Ceux qui changent de nanas comme de chemise et qui brisent les cœurs comme on collectionne les timbres. Heureusement, je n'ai jamais fait partie de cette longue liste que tu gardes bien au chaud dans ta poche, à côté de ta réserve de capote.

— Tu me juges sur des apparences La Pierre. Je n'ai eu que cinq petites amies dans ma courte vie. Ne fais pas la sommes de toutes le filles que mes frères et moi avons eu dans notre vie respective, pour en faire la mienne.

— Et la nana des toilettes ? je demandai avant de me rendre compte que je faisais un étalage d'une jalousie qui ne devrait même pas exister.

Il fronça les sourcils d'incompréhension et je ne pouvais m'empêcher de rougir. Et merde mais qu'est-ce que j'étais  en train de faire ?

— Quelles toilettes ?

Je fermai les yeux, les serrai fort et j'entendis Casey pousser un ah de compréhension.

— Tu es encore avec cette histoire ? Ça remonte à loin. Pourquoi tu en fais encore allusion ? Serait-ce la première fois que tu voyais ce genre de chose, La pierre ? Serais-tu jalouse de ne pas avoir été à sa place ?

— Non ! je m'exclamai trop vite en ouvrant les yeux plus rouge qu'il ne m'était permis de l'être.

Il ricana amer et ajouta.

— Cette fille devait être ma nouvelle petite amie ce soir là. Mais ton apparition qui, soit dit en passant m'a permis de me donner la meilleure pipe de tous les temps, a aussi mis fin à cette relation aussi vite qu'elle avait commencé. Cette fille pensait que tu était ma petite amie. Elle croyait que je m'amusais avec elle, alors qu'elle pensait que j'étais avec toi. Qui a envie d'être le bouche trou quand ça va pas dans un couple. Mais j'avoue que t'imaginer à sa place n'a jamais été égalé depuis.
Je n'arrivai pas à en croire mes oreilles. Casey Haymes avait fantasmé sur moi et ça avait été pour lui une putain d'expérience orgasmique !
- Ne rougis pas La Pierre, tu peux te satisfaire d'être bandante quand tu y mets du tien.
Son côté branleur revint sur le devant de la scène assez vite.
- Est-ce qu'on a couché ensemble hier soir ? je soufflais en bloquant ma respiration.
Son air hautain disparut, il fronça les sourcils et son sérieux accapara ses traits.
- Non. Je ne suis pas celui que tu te plais à croire. Je peux être un sale con parfois, mais je ne le suis pas au point d'abuser une femme, encore moins saoule. Et sûrement pas toi.
Je le dévisageai pas tout à fait sûre de comprendre.
Il remarqua mon visage chiffonné par sa remarque et croisa les doigts entre eux.
- Tu es la fille de notre concurrent direct, et combien même ton enfoiré de frère nous a fait un sale coup de merde, je n'aurais jamais profité de la situation.
- Tu n'es pas du genre à rechigner sur les filles faciles, je soulignai un peu mauvaise.
- Putain tu penses vraiment que je ne respecte aucune femme ? Tu penses vraiment que j'aurais profité pour te baiser sur cette putain de table ? Tu crois qu'elles sont un jeu pour moi ? s'exclama-t-il en se levant d'un bon.
Je sursautai et l'observai un brin paniquée par sa réaction. Merde.
Il avait raison.
- Tu es ... commença-t-il en me pointant du doigt, hors de lui.
Je baissai les yeux et il soupira.
- Pardon, je soufflai du bout des lèvres.
Je tournai la tasse entre mes mains, le cœur battant, me fustigeant d'être si perfide parfois.
- Wade l'est. Il aime les femmes et elles le lui rendent bien. Mais ce n'est pas mon cas
Je n'osai plus trop le regarder, j'étais  allée trop loin. Avoir une dent contre lui et ses frangins ne datait pas d'hier, mais je ne me souvenais plus vraiment pourquoi j'en étais arrivée à être si amère vis à vis d'eux.
-Hier soir tu voulais rentrer chez toi au volant de ta voiture. Je t'en ai empêché. Tu avais trop bu et il était hors de question que tu conduises dans ton état. Alors je t'ai ramené.
Un silence m'obligea à relever la tête vers lui. Il était tourné vers la fenêtre et observait le bâtiment en face de lui.
- Tu as voulu m'offrir un verre pour me remercier. Je ne sais pas ce que j'attendais réellement de cette invitation, mais j'ai accepté et t'ai suivi.
Jusqu'à ce que tu me proposes un jeu à la con.
Je reste comme une idiote face à ses révélations. Quel jeu bordel ?
- Quel jeu ?
Il me fit face, posa une main sur sa hanche puis passa l'autre dans ses cheveux en vrac.
- Un effeuillage. Tu avais l'intention de t'envoyer en l'air avec moi.
Mon sang se glaça. Merde
- Si tu n'avais pas bu, si tu avais été pleinement conscience de ce que tu faisais j'aurais accédé à ta demande. Mais cela ne serait jamais arrivé. Tu es trop en colère contre nous, contre moi.
Il garda le silence me toisa de sa place quelques secondes. Il vint s'asseoir sur la table face à moi.
- Et si je t'avais dis oui, dans l'état où tu étais, ça aurait été dommage que tu ne te souviennes pas du coup d'enfer que je suis !
Je penchais la tête sur le côté et un sourire agrandit ses lèvres d'un air moqueur et amusé qui fit presque disparaître ses yeux.
- Tu m'exaspères La Pierre, mais je te respecte.


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