41. Casey.

La conversation houleuse d'Annabelle avec sa mère m'avait laissé un arrière goût dans la bouche. Je désirai tellement connaitre les raisons pour lesquelles sa mère l'avait mencé mais elle fut incapable de me dire pourquoi. Elle ne se livra pas plus sur l'échange et se contenta de me demander de l'envoyer chez ses parents.

Dans la voiture, je tentais une approche pour qu'elle s'épanche un peu plus mais elle garda ses distances à ce sujet.

— Est-ce que Max a encore fait des siennes et que notre maison d'édition doit s'inquiéter ?

Elle fixait le paysage urbain en silence avant de souffler une réponse à peine audible.

— Non...

— Non... quoi ? Max a fait des siennes ou...

— Cela ne te concerne pas.

— J'aimerais t'aider Anna et ...

— J'ai dit que cela ne te concernait pas.

— Donc je joue aux taxis ?

Elle soupira agacée.

— Je pensais que notre amitié avait évolué, certes elle est particulière mais elle est bien plus que du sexe ? On se parle, on se confie non ?

— Je crois qu'on est plus que des amis puisque on couche ensemble.

Je n'avais pas aimé le terme coucher. Et je ne savais pas pourquoi cela me blessait mais je fis en sorte de repousser cette désagréable sensation.

— On est des amis qui couchent ensemble et qui complotent pour faire capoter la réputation de ton frère, je repris dans ses termes.

Elle grogna et son profil se froissa.

— Est-ce que notre complot va tomber à l'eau ? demandai-je quitte à pousser le vice.

Elle soupira sans pour autant me faire face.

— ... J'en sais rien.

— Si tu veux qu'on soit ok la dessus, il faut que je sache ce qu'il en est exactement, Annabelle. Que je sache ou je mets les pieds.

Elle serra les poings et s'agita. Elle repoussa la tête contre l'appui et ferma les yeux. Je la lachai du regard et me concentrai sur la route.

— Je vois bien que ça ne va pas, mais tu peux compter sur moi. Tu peux me parler...

Elle poussa un cri qui me surprit et je donnai un coup de volant qui me valut des coups de klaxons.

— Oh ! Calme toi Anna ! Je veux simplement t'aider.

— C'est la merde ! Ok ! C'est la merde ! s'écria-t-elle en tapant du poing contre le tableau de bord.

Je n'osais pas en rajouter elle semblait prête à cracher ce qui la travaillait.

— Ma mère...

Elle poussa un ricanement mauvais et secoua la tête pour reporter son attention sur la vitre passager. Me cachant au passage son visage et ses émotions.

— Anna...

— Eva n'est pas ma mère, ok ? elle n'est pas ma putain de mère ! Je ne sais même pas si je dois en rire ou en pleurer, si je dois me sentir soulagée de ne pas avoir sa génétique afin de ne jamais lui ressembler. Putain, je n'ai jamais été voulu ni par ma mère biologique qui m'a abandonné et voila que celle qui m'a élevé me renie d'un coup de téléphone. C'est une putain d'ironie de la vie ça ! Je ne vois pas ce que cela peut être d'autre ! dit-elle furieuse et profondément blessée.

Enfin. Marcher sur des œufs n'avait jamais été mon fort, mais là, sa confidence m'enlevait une épine du pied.

— Attends tu viens de dire que ta mère n'est pas ta mère ? m'inquiétai-je faussement.

J'espérai être suffisamment crédible.

— Ouais... cracha-t-elle sans pour autant me regarder.

Pourquoi se cachait-elle de moi. Je n'allais pas la juger pour ça, c'était déjà assez triste et traumatisant d'apprendre que la femme qui vous élevé n'était pas votre mère et qu'en plus la veritable s'était barrée des années plus tôt. Enfin, c'était ce qui se racontait jusqu'à preuve du contraire.

— C'est ça qui t'a perturbé l'autre jour, c'est pour ça que tu as débarqué chez moi en pleine nuit ?

— Oui, souffla-t-elle en reniflant. Mon père me l'a appris le jour même. Putain, quand je pense qu'ils auraient pu me le dire bien des années auparavant. Je ne comprends pas pourquoi ils ont tenu à garder cette information secrète. Ils me croyaient trop fragile pour accepter ce fait ? Ok, elle m'a adopté et alors de nombreux enfants se font adopter et ils n'en sont pas morts que je sache !

— Nos parents font des choix que parfois nous ne comprenons pas. Et malgré ça il ne faut pas toujours en chercher les raisons.

— Si tu étais à ma place tu aimerais connaître ces putains de raisons.

— Et pour ce qui est de ton frère... D'après ce que j'ai cru comprendre il a fait une nouvelle bévue ?

— Ce connard n'est pas non plus mon frère. Ce qui est un soulagement. Je saisis mieux notre différence. Il ressemble tellement à ma mère, coriace dans la bêtise, vil et jamais coupable des conneries qu'il fait. Elle lui a toujours passé tous ses caprices. Je comprends mieux pourquoi à présent. Lui, il est son fils.

Elle était en train de livrer ses états d'âmes et je devais en prendre partie. Si je pouvais en savoir plus sur l'état des relations dans la famille, cela nous permettrait d'agir en conséquence.

— Qu'a-t-il fait ?

Elle secoua la tête, repoussa ses cheveux qui lui barraient le visage et soupira.

— Cet abruti a été pleurer dans ses jupons en disant que je voulais prendre sa place à la direction des éditions. J'ai déjà eu cette conversation avec mon père. Il en est hors de question. Pourquoi il s'échine à dire le contraire ? Ma mère ne va pas venir m'égorger pour lui assurer le poste quand même ! Mais cette conne le croit bien sûr !

— Et ton père qu'en dit-il ?

— Pas sûre qu'il soit au courant de ce qu'il se trame entre ces deux-là. Il ne réagit pas quand je lui dis que Max file un mauvais coton. Qui sait ce que ma mère... Eva lui raconte.

Le silence gagna l'habitacle où seul le ronronnement du moteur nous berçait lentement.

— Tu ne trouves pas la situation étrange ? je demandai pour connaître sa position.

— Qu'est-ce que tu entends par là ? s'inquiéta-t-elle en tournant la tête enfin vers moi.

— Depuis que Max à fait sa connerie, on dirait que les langues se délient et que la situation s'aggrave. Et ta mère, enfin Eva, reporte toute la faute sur ton dos. Tu ne trouves pas ça bizarre ? De plus ton père ne réagit pas plus que ça. Ça ne cache pas quelque chose ?

C'était idiot de jouer à qui profite le doute mais je devais bouleverser un peu le jeu. Obliger Annabelle à se poser des questions, fouiller un peu dans les affaires de ses parents et de Max. Elle devait mettre au jour les raisons qui ont poussé Max et Eva à retourner leur veste à ce moment précis de leur vie et pas avant. Annabelle m'en voudrait si elle apprenait que finalement je la dupais malgré elle pour mettre Max plus bas que terre. Qu'elle l'accepte ou non, notre vengeance était forte et si Wade avait raison, cela risquait de faire mal.

Nous voulions faire tomber le château de cartes.

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